Carême 1849. Cathédrale.

Informations générales
  • TD51.180
  • Carême 1849. Cathédrale.
  • 4. CHUTE, REDEMPTION, MORT.
  • Orig.ms. BN11, pp. 241-247; T.D. 51, pp. 180-187.
Informations détaillées
  • 1 AME
    1 ANGES
    1 CONNAISSANCE DE DIEU
    1 DEMONS
    1 MAL MORAL
    1 MORT
    1 PECHE
    1 PECHE ORIGINEL
    1 REDEMPTION
    2 AARON
    2 ADAM
    2 PAUL, SAINT
  • mars-avril 1849
  • Cathédrale de Nîmes.
La lettre

Utrum autem et beatus et mortalis homo esse possit, magna est inter homines questio? De civ. Dei, lib. 9, c. 14.

Peindre l’état de l’homme en face des incertitudes qui l’attendent au-delà du tombeau, si la foi ne l’assiste pas.

Sur la manière dont les volontés bonnes se nuisent à elles-mêmes par le péché. Voir le chap. 3 du liv. 12 de la Cité de Dieu.

Il n’y a pas de cause au péché, sans quoi il ne serait pas déraisonnable.

But social de l’origine du genre humain par un seul.

Prévision de la chute; il n’est pas arrêté.

L’homme auteur du mal par sa liberté, respect de Dieu pour la liberté de l’homme.

Mors igitur animae fit, cum eam deserit Deus, sicut corporis, cum id deserit anima. St Aug. De civ. Dei, lib. XIII, c. 2.

Si tout homme baptisé devenait immortel, où serait le mérite de la foi? Nunc vero majore et mirabiliore gratia Salvatoris, in usus justitiae peccati poena conversa est. Tunc enim dictum est homini: morieris si peccaveris, nunc dicitur martyri: morire ne pecces (S. Aug. de civ. 13, 4).

Mortis autem regnum in homines usque adeo dominatum est, ut omnes in secundam quoque mortem, cujus nullus est finis, poena debita praecipites ageret, nisi inde quosdam indebita Dei gratia liberaret. S. Aug., De civ. Dei, lib. 14, c. 1.

De même qu’Aaron par le peuple, Salomon par les femmes, ainsi Adam par Eve. Non enim frustra dixit Apostolus, sed et Adam non est seductus, mulier autem seducta est: nisi quia illa quod ei serpens locutus est, tamquam verum esset, accepit, ille autem ab unico noluit consortio dirimi, nec in communione peccati; nec ideo minus reus, sed sciens, prudensque peccavit. (S. Aug. de civ. Dei, l. XIV, c. XI).

Le crime se trouve dans la facilité même d’accomplir le commandement.

Obedientia quae virtus in creatura rationali mater quodammodo est, omniumque custos virtutum.

Quid est superbia nisi perversae celsitudinis appetitus? Voilà la mauvaise volonté d’Adam.

Justice du châtiment.

In illius poena peccati, quid inobedientiae nisi inobedientia restituta est. St Aug. La désobéissance punit la désobéissance, et c’est justice.

Proinde peccatores, et angeli, et homines nihil agunt, quo impediantur magna opera Domini exquisita in omnes voluntates ejus. St Aug.

Rien n’est troublé dans les oeuvres de Dieu.

On ne comprendra rien à la question du péché, si l’on ne pose d’une part l’extrême justice de Dieu, et le respect extrême de Dieu pour la liberté de l’homme et pour les siens. En face d’une chute si profonde je voudrais bien savoir ce que devient la dignité humaine; c’est comme si le galérien dans son bagne, après avoir avili l’humanité par ses crimes, venait parler de dignité.

Quidquid est in Deo ut intellectum, est ipsum vivere, vel vita ejus; unde cum omnia que facta sunt, sint in ipso ut intellecta, sequitur quod omnia in ipso sunt ipsa vita divina(1).

Vous dites que Dieu a créé le monde et pourtant le mal y existe. Si Dieu est tout-puissant, comment laisse-t-il le mal qui est opposé à sa nature? donc Dieu n’est pas tout-puissant, donc il n’est pas.

Essayons de répondre.

1° Le mal n’est rien de réel. Si le mal était quelque chose de réel, il serait créé de Dieu, ce qui répugne, ou créé par un autre principe que Dieu, et nous voilà manichéens. – Comment le mal est-il donc entré dans le monde? Cette question veut une double réponse, il faut d’abord prouver que si le mal existe, Dieu ne l’a pas créé; secondement que le mal vient de la créature intelligente et libre.

Prouvons d’abord que dans tout ce qui est sorti des mains de Dieu il n’y avait rien de mal. Et ici je ne prétends rien réfuter, je vous donnerai la pure et simple doctrine catholique.

Dieu crée deux substances, la substance spirituelle et la substance matérielle, et une espèce d’être composé d’esprit et de corps. Substance spirituelle pure, les anges.

Qui facit angelos suos spiritus. Dieu en créant doit vouloir créer des êtres le plus possible semblables à lui. Or Dieu est un esprit, donc – et pour la perfection de l’ensemble de l’univers.

Les anges sont de pures intelligences, n’ont donc quant à leur substance rien de commun avec la matière qui ne peut penser.

Leur perfection même est la raison de leur multitude. Incorruptible puis immatériel.

Dans l’ange, substance immatérielle, il n’y a que l’intelligence et la volonté.

L’intelligence de l’ange s’étend à tout, puisque l’objet de l’intelligence c’est l’être, mais elle ne connaît pas toutes les choses par leur essence.

Leur perfection gît dans leur plus grande capacité de comprendre. En Dieu plénitude d’intelligence. Plus ils sont près de Dieu, plus ils comprennent.

Le Verbe illumine les anges et leur communique la science d’eux-mêmes et la raison des choses, chacun selon sa capacité.

Les anges voient Dieu de la même manière que nous voyons les objets, dont l’image est imprimée dans notre oeil, mais non pas comme nous y voyons la lumière qui y pénètre. Dieu seul se connaît ainsi.

L’ange connaît Dieu en tant que l’image divine est gravée en lui; or lui-même est cette image.

Par eux-mêmes les anges ne connaissent pas les mystères de la grâce, lesquels dépendent de la pure volonté de Dieu.

C’est par une grâce spéciale qu’ils connaissent dans le Verbe les mystères de la grâce, chacun selon sa perfection et selon les temps.

Ils saisissent sans discours ni raisonnements.

Connaissance des anges allant toujours se perfectionnant.

Les anges ont une volonté naturellement inclinée vers le bien universel, c.à d. le plus grand.

Les anges avaient un libre arbitre d’une perfection admirable. Dans les anges est la puissance d’aimer naturelle. Et cet amour, ils le tournent vers quoi il leur plaît, ce qui constitue leur mérite ou leur démérite.

Les anges s’aiment entre eux.

L’ange naturellement aime Dieu plus que lui-même.

Ont-ils été créés avant la matière? question libre, et toutefois ils ne furent pas parfaitement heureux du premier coup. – La vie éternelle est une grâce: Gratia Dei vita aeterna.

Mais ils avaient la grâce pour mériter du premier coup.

Le premier acte méritoire les confirma ou les damna.

Confirmés, ils ne peuvent plus pécher, tant ils sont unis à l’essence divine, à son être, à son intelligence, à son amour.

Or, quelques-uns sont tombés par orgueil.

Les démons connaissent toujours la vérité par les lumières naturelles qui leur ont été laissées.

Création de la matière.

Dieu créa la matière, d’abord informe, puis il la pétrit.

Ténébreuse, sans germe.

Tenebrae erant super faciem abyssi.

Le temps commence avec la succession.

La lumière apparaît.

Ce que sont les jours. – Liberté.

Création de l’homme.

L’homme a une âme, pur esprit.

Cette âme meut un corps et lui est uni.

L’âme est tout entière dans chaque partie du corps.

Puisqu’elle est y est par son action.

L’âme dans son intelligence est passive et active tout à la fois.

Et l’âme reçoit la lumière intellectuelle de Dieu.

Signasti super nos lumen vultus tui Domine.

Il a une volonté et le désir du bonheur.

Il a aussi des désirs par les sens.

Lesquels doivent obéir à la raison.

Sa volonté désire nécessairement le bonheur.

Sa volonté est libre.

Homo est liberi arbitrii alioquin frustra essent consilia exhorationes praecepta prohibitiones et poenae.

L’âme juge des choses extérieures par les sens.

L’âme ne peut saisir les choses immatérielles par l’énergie de sa nature.

Dieu crée l’âme.

Convenances du corps de l’homme.

L’homme est l’image de Dieu.

Dieu ne se manifestait point au premier homme selon son essence: il n’eût pas pu pécher.

Mais il le connaissait bien plus parfaitement que nous ne le connaissons: ses facultés plus fortes, ses sens plus obéissants, – presqu’autant qu’aux anges. Fortassis Deus primis hominibus loquebatur, sicut cum angelis loquitur, ipsa incommutabili veritate illustrans mentes eorum, etsi non tanta participatione divinae essentiae quam capiunt angeli. St Aug.

En relation avec les anges.

Il pouvait, s’il l’eût voulu, ne pas être trompé, – il n’est tombé que sciens prudensque.

Dieu a créé le premier homme en état de grâce. Deus simul erat in eis condens naturam, largiens gratiam. En lui était Imperturbatus in Deum amor. Ses passions toutes soumises à la raison.

Princeps vitiorum vidit Adam de luto terrae ad imaginem Dei factum, pudicitia ornatum, temperantia compositum, claritate circumdatum. Il avait en lui toutes les vertus ou en germe ou développées.

Plus de facilité pour mériter.

Domaine sur la création, – sur les animaux et sur toute créature moins noble que lui.

Toujours une certaine inégalité de sexe, d’âge et de grâce.

Il y eût eu hiérarchie, pour qu’il y eût ordre comme parmi les anges, mais gouvernement sans coaction. Libre de vivre, s’il ne péchait pas.

Il se fut multiplié.

Tous nés dans l’état d’innocence, quoique probablement ils eussent eu, eux aussi, à mériter la justice.

Placés dans un lieu de délices.

Servata semper moderatione piae gravitatis, nihil temere de re obscura credere debemus. St Aug.

Pour le plan voir page 55(2).

Suite des notes du péché.

Il y a dans l’homme: 1° des actes contre la loi.

2° la malice dans la manière dont il accomplit ces actes.

3° Des habitudes mauvaises.

La nature des péchés change selon l’objet.

Péchés de l’esprit, péchés de la chair.

Chaîne effroyable des péchés et en même temps opposition par les excès.

La volonté est le sujet du péché – et les désirs qui se rapportent à la volonté – la sensualité – la raison.

L’amour de soi est la cause de tout péché.

Le péché originel – il faut considérer l’humanité comme un seul tout, et la volonté d’Adam comme la volonté de ce tout.

Mais je ne comprends pas – je le sais bien, mais c’est un fait. – Fait une fois établi, tout s’explique. Enfants morts sans baptême, malheureux oui et non, car sans raison ils ne connaissent pas Dieu; s’ils le connaissent, ils ne désirent pas le posséder plus qu’ils ne le possèdent.

La concupiscence est la peine du péché originel.

Il attaque d’abord la volonté.

Un péché en enfante un autre.

Quatre blessures: blessure d’ignorance, de malice, de faiblesse, de concupiscence et le tout blessure de la nature. Vulnus naturae per unum hominem peccatum intravit et per peccatum mors. La mort n’était pas naturelle à l’homme, Deus mortem non fecit. L’âme perd l’éclat de la grâce, c’est ce que l’on appelle la tache du péché, la tache reste après l’acte du péché jusqu’à l’ablation.

Peine du péché. Tribulatio et angustia super omnem animam operantis malum.

Notes et post-scriptum
1. Une ligne horizontale est tracée sous ce paragraphe.
2. De l'origine du mal (T.D. 51, p. 145; D01655).