Carême 1849. Cathédrale.

Informations générales
  • TD51.198
  • Carême 1849. Cathédrale.
  • 8. LA GRACE.
  • Orig.ms. BN11, pp. 265-270; T.D. 51, pp. 198-203.
Informations détaillées
  • 1 AUGUSTIN
    1 BIEN SUPREME
    1 GRACE
    1 LOI NOUVELLE
  • mars-avril 1849
  • Cathédrale de Nîmes.
La lettre

Gratia Dei non potuit gratius commendari, quam ut ipse unicus Dei Filius in se incommutabiliter manens, indueret hominem, et spem dilectionis suae daret hominibus, homine medio quo ad illum ab hominibus veniretur, qui tam longe erat immortalis a mortalibus, incommutabilis a commutabilibus, justus ab impiis, beatus a miseris. Et quia naturaliter indidit nobis, ut beati immortalesque esse cupiamus, manens beatus, suscipiensque mortalem, ut nobis tribueret quod amamus, perpetiendo docuit contemnere quod timemus. St Aug. de civ. Dei, l. 10, cap. 29.

Ebranlement soudain qu’éprouve un homme. Pourquoi tout à coup changé? pourquoi transformé? pourquoi changement, même dans les moeurs? cela s’est-il vu dans le paganisme?

Ab hujus tam miserae quasi quibusdam inferis vitae non liberat, nisi gratia Salvatoris Christi Dei ac Domini nostri… maxime ne post hanc miserior hac sempiterna suscipiat non vita, sed mors…, adhoc meliores quosque in his malis adjuvat gratia, ut quanto fideliore tanto fortiore corde tolerentur. De civ. Dei.

D’où la nécessité de la grâce.

Quel est le bonheur des élus? St Augustin déclare impossible de le dire exactement. Pax Dei…

Praemium itaque fidei nobis visio ista servatur, de qua et Joannes apostolus loquens, cum apparuerit, inquit, similes ei erimus, quoniam videbimus eum sicuti est; facies autem Dei manifestatio ejus intelligenda est. St Aug.

Deum… spiritu semper videbunt. St Aug.

Nous verrons en quelque sorte Dieu à travers les corps, et c’est ainsi que l’on peut dire: Videbit omnis caro salutare Dei.

Proemium virtutis erit, ipse qui virtutem dedit, quique seipsum quo melius et majus nihil possit esse promisit. St Aug.

Ut sit Deus omnia in omnibus. Ipse erit finis desideriorum nostrorum, qui sine fine videbitur, sine fastidio amabitur, sine fatigatione laudabitur; hoc munus sui affectus, hic actus profecto erit omnibus sicut ipsa vita aeterna communis. St Aug.

Il y a gradation dans les récompenses. Quelle? Nul ne le sait. Ils auront le libre arbitre, délivrés de la pente vers le mal. Primum liberum arbitrium quod homini datum est, quando primum creatus est rectus, potuit non peccare, sed potuit et peccare: hoc autem novissimum eo potentius erit, quo peccare non poterit. St Aug. (De civ. l. 22, c. 30). Aliud est enim esse Deum, aliud participes Dei. Deus natura peccare non potest, particeps vero Dei ab illo accipit, ut peccare non possit. Lire tout le dernier chap. de la Cité de Dieu.

Vacabimus et videbimus; videbimus et amabimus; amabimus et laudabimus. Ecce quod erit in fine sine fine. Nam quis alius noster est finis, nisi pervenire ad regnum, cujus nullus est finis. St Aug. (ib.).

Jésus-Christ est venu apporter la loi nouvelle.

Loi écrite par le Saint-Esprit au fond des coeurs.

Gravée dans les coeurs non seulement – Non solum in diem quid faciendum, sed etiam adjuvans ad implendum.

La loi nouvelle porte sa justification avec elle. Non erubesco evangelium. – Virtus enim Dei est in salutem omni credenti.

Dans la chose essentielle la force pour faire le bien. Lex extrinsecus posita est, qua injusti terrerentur, sive intrinsecus qua justificantur.

La grâce du nouveau testament ne rend pas impeccable, et rend plus coupables ceux qui l’ont reçue.

Il ne fallait pas qu’elle vînt dès le commencement du monde: non prius quod animale, sed quod spiritale.

Le progrès de la loi nouvelle empêchait qu’elle ne fût donnée dès le commencement.

C’est une loi de grâce; pour en faire sentir le prix il fallait la faire attendre.

Quibuscumque non datur, hoc est ex justitia; quibuscumque autem datur, hoc est ex gratia.

Cette loi doit durer toujours.

Réponse aux arguments contre l’évangile.

La grâce est le principe extérieur des actes humains. L’homme sans la grâce peut connaître la vérité?

Sans la grâce l’homme ne peut rien faire dans l’ordre du salut.

L’homme en état d’innocence pouvait faire un certain bien, proportionné à sa nature.

Tombé, il ne peut tout ce bien, quoiqu’il en puisse une partie, parce que la nature humaine n’est pas entièrement corrompue; mais il ne peut pas tout bien.

L’homme a donc besoin d’une grâce, même pour le bien naturel qu’il pouvait faire seul dans l’état d’innocence, à plus forte raison pour le bien surnaturel.

Hoc pertinere ad haeresim pelagianorum, ut credant sine gratia hominem posse facere omnia divina mandata. Quant à la substance, l’homme eut pu accomplir dans l’état d’innocence tous les commandements; quant au principe, c. à d. la charité, l’homme en aucun état ne le peut sans la grâce.

L’homme sans la grâce ne peut mériter la vie éternelle.

L’homme ne peut se préparer à recevoir la grâce.

L’homme sans la grâce ne peut sortir du péché.

L’homme sans la grâce ne peut être exempt de tout péché.

L’homme ne peut, même avec le secours de la grâce, être exempt de fautes au moins vénielles. Ego ipse mente servio legi Dei, carne autem legi peccati.

Dieu seul donne la persévérance.

De l’essence de la grâce.

La grâce est un secours surnaturel accordé à l’homme.

La grâce est une qualité.

La grâce n’est pas une vertu.

Gratia gratum faciens, et gratis data.

Grâce opérante et coopérante.

Prévenante et subséquente.

La grâce gratum faciens est la plus excellente.

Cause de la grâce. – Dieu seul, Necesse est, quod solus Deus deificet, communicando consortium divinae naturae.

Il n’est pas besoin de préparation de la part de l’homme, c’est Dieu qui commence toujours.

L’homme n’a aucun pouvoir de forcer Dieu à lui accorder la grâce.

Unicuique data est gratia secundum mensuram donationis Christi; l’un plus, l’autre moins.

Nul ne sait s’il est digne d’amour ou de haine.

Par révélation? – oui; par certitude, non; par présomption, oui. Nihil mihi conscius sum, sed in hoc non justificatus sum.

Effets de la grâce.

La justification c’est la rémission des péchés.

Point de rémission de péché sans l’infusion de la grâce. Mais personne ne vient à Dieu par la grâce justifiante sans un mouvement du libre arbitre. Dieu conduit chacun selon sa nature. Or dans l’homme il y a le libre arbitre. La conversion de l’impie exige un mouvement de foi. Il faut pour la conversion l’éloignement du péché.

La rémission des péchés est la fin de la justification.

Cette conversion est quelque chose d’instantané.

La première chose opérée est l’infusion de la grâce.

Le plus grand acte de Dieu est la justification de l’impie.

Du mérite.

L’homme peut mériter par la grâce de Dieu.

L’homme pécheur ne peut de lui-même mériter la vie éternelle.

La charité est le grand principe du mérite.

L’homme ne peut pas mériter la premirèe grâce.

L’homme peut se relever après sa chute.

L’homme peut mériter une augmentation de charité.

PLAN.

Je veux examiner le travail mystérieux, par lequel Jésus-Christ prenant dans les trésors de son amour sauve les hommes.

1° L’homme est tombé, il ne peut rien par lui-même.

Sa volonté brisée, il pouvait faire quelque chose dans l’ordre naturel, rien de plus; dans l’ordre surnaturel, rien. Et qu’eut-il fait? n’était-il pas l’ennemi de Dieu? pouvait-il se réconcilier avec Dieu sans la permission de Dieu?

Incapable d’arriver au bonheur, enfant de colère, avec la grâce même encore pécheur. Il ne trouve donc absolument rien en lui qui puisse attirer l’amour de Dieu. Ce sera donc un secours parfaitement gratuit.

Bonté de Dieu.

Mais quoi! il ne l’accorde pas à tous? A quoi St Augustin répond: quand il ne l’accorde pas c’est parce que Quibuscumque non datur, hoc est justitia; quibuscumque autem datur, hoc est misericordia.

Vérité effrayante sans doute, mais qui vous prouve précisément la nécessité où vous êtes d’en profitez si vous l’avez, de la demander si vous ne l’avez pas.

SECOND PLAN

Pourquoi aborder un sujet aussi terrible? La tête tourne.

1.

1° Personne n’est damné que par sa faute.

2° L’homme tombé, Dieu le regarde en pitié.

3° Trésors amassés par son Fils fait homme et mort.

4° Dons purement gratuits.

5° Qui rendent l’homme capable du bien.

6° Qui respectent le libre arbitre.

2.

L’homme incapable de bien. – de tout le bien, dans l’ordre de la nature.

D’aucun bien dans l’ordre de la grâce.

Toujours pécheur.

Cependant peut espérer le ciel, voilà sa destinée.

Folie de ceux qui niant la grâce parlent du progrès.

Progrès impossible, puisqu’il faut partir du péché originel.

Notes et post-scriptum