[Notes d’instructions et de retraites vers 1854]

Informations générales
  • TD51.234
  • [Notes d'instructions et de retraites vers 1854]
  • Retraite pour un collège.
    [A. Prétextes pour refuser la conversion]
  • Orig.ms. BV3, pp. 101-132; T.D. 51, pp. 234-242.
Informations détaillées
  • 1 ABUS DES GRACES
    1 CONVERSION SPIRITUELLE
    1 DESOBEISSANCE
    1 HABITUDES DE PECHE
    1 IDEES DU MONDE
    1 LEGERETE
    1 PARESSE
    1 RESPECT HUMAIN
  • Collégiens.
  • vers 1854
La lettre

I.

Légèreté.

Praevaricantes, redite ad cor.

On croit avoir tout dit quand on a dit qu’on est léger.

Il y a plusieurs espèves de légèreté.

1° Légèreté d’inattention, et il faut prendre l’habitude de réfléchir.

2° Légèreté de dissipation, et il faut prendre l’habitude de se recueillir.

3° Légèreté d’insouciance, et il faut contracter l’habitude de prendre la vie au sérieux.

1. Légèreté d’inattention.

L’impie fait le mal, dit le sage, et il dit ensuite: je l’ai fait sans le savoir. Ignorans, feci.

C’est là ce que vous dites. Je n’y ai pas pensé, je n’y ai pas réfléchi. Vous êtes tenu de réflexion [sic]. Pourquoi avez-vous une intelligence sinon pour penser?

Et quand serez-vous un homme, si vous ne réfléchissez? Savez-vous ce que c’est que la réflexion? C’est la réception des rayons de la vérité dans son âme comme dans un miroir. Et savez-vous ce que c’est que l’irréflexion? C’est le mépris de la vérité qui est Dieu; c’est le gaspillage de vos facultés.

2. Légèreté de dissipation.

Mais vous ne réfléchissez pas, parce que vous êtes des dissipés. Vous réfléchissez, à proprement parler; mais à quoi réfléchissez-vous?

à des rêves, et vous vous énervez.

A des plaisirs, et vous vous pervertissez.

A des mensonges, et vous vous séduisez.

A vos passions, et vous vous dégradez.

Au mal, et vous vous perdez.

Il faut vous séparer de vos rêves, de vos plaisirs, de vos mensonges, de vos passions, du mal, et vous recueillir sous l’oeil de Dieu et de votre éternité.

3. Légèreté d’insouciance.

L’état affadi du jeune homme qui ne se soucie de rien est ce qu’il y a de plus affreux.

De quoi vous souciez-vous?

De vos parents? vous les désolez.

De votre honneur? vous le souillez.

De vos maîtres? vous les repoussez.

Du devoir? constamment vous y manquez.

De l’avenir? vous le gaspillez.

De l’éternité? vous la compromettez.

De Dieu? vous l’insultez.

Cependant la crainte est utile quelquefois. Quand saint Pierre commença à prêcher aux Juifs, la crainte s’empara d’eux: Fiebat autem omni animae timor. La crainte est donc quelquefois utile.

Et après cela vous viendrez me dire: Ignorans, feci.

Oh! votre légèreté est bien coupable. Prenez donc enfin la vie au sérieux et tournez-vous vers Dieu.

II.

Idées humaines.

Obstacle non moins puissant à votre conversion, ce sont les idées humaines, et j’entends par là un ensemble de notions que l’on se fait et qui sont opposées à l’esprit chrétien.

Partageons-les en trois catégories: Idées humaines sur vous, sur le monde, sur Dieu.

1. Sur vous.

La première chose à votre âge, vous vous croyez, en général, immortel. La plénitude de la vie est si forte que vous croyez [ne] pouvoir jamais la perdfre. Votre corps vous préoccupe plus que votre âme.

Voyez le temps que vous donnez au corps: 8 heures de sommeil, 1 heure au moins pour les repas; 2 heures de récréation. Que donnez-vous à votre âme?

Comment envisagez-vous le travail? In sudore vultus tui vesceris pane.

Votre destinée? quelle pensée chrétienne? Vos habitudes:

Pourquoi vous êtes placé sur la terre?

2. Sur le monde.

Deux mondes: 1. Le milieu dans lequel vous vivez.

Quelles idées vous faites-vous de vos devoirs envers vos parents?

Quel respect, quelle obéissance? quelle reconnaissance?

Envers vos maîtres. Quelle facilité donnez-vous à leur action sur vous?

Vos condisciples. Quels scandales et quels bons exemples?

Vos relations. Quels devoirs?

2. Le monde proprement dit, maudit par Notre-Seigneur, aimé par vous.

Le monde et son ambition.

Le monde et ses curiosités.

Le monde et ses plaisirs.

3. Sur Dieu.

Que pensez-vous de Dieu?

Que faites-vous de l’idée de Dieu?

Quel culte rendez-vous à Dieu?

Quelles insultes vous attirez-vous de la part de Dieu?

Non irridetur Dominus.

III.

Paresse.

Considérons dans le paresseux cinq choses: 1. Ses désirs; 2. Sa sagesse; 3. Ses anxiétés; 4. Ses peurs; 5. Ses résultats.

1. Ses désirs.

Il en est plein, et le Saint-Esprit le savait. – Il travaillera, il aura une carrière, il aura des prix, il fera la joie de ses parents. Desideria occidunt pigrum.

Et mon enfant, mettez-vous-y: Usquequo dormies, piger, et consurges de somno tuo?

2. Sa sagesse.

Elle est admirable, il ne travaille pas, ne faut-il pas qu’il se ménage? la santé avant tout.

Tant pis pour les gens pressés! Il a le temps, ce sont les imbéciles qui se fatiguent; lui a plus d’esprit que tous ses camarades.

Et ses maîtres? Ses maîtres n’ont pas le sens commun. Sapientior sibi piger videtur septem viris loquentibus sapientiam. Plus sage que tous les professeurs, plus sage que sa famille. Voilà l’effet que les autres lui produisent.

Voulez-vous savoir l’effet qu’il produit aux autres? Sicut acetum dentibus et fumus oculis, sic piger his qui miserunt eum.

3. Ses anxiétés.

Vult, et non vult piger. Il prend des résolutions tous les matins, tous les jours de classement, toutes les fois qu’il est privé de sortie ou que ses parents le demandent au parloir: Vult, et non vult piger. Omnis piger semper in egestate est.

4. Ses peurs.

Pigrum dejicit timor. Rien n’appauvrit le caractère comme la paresse. Dicit piger: Leo est foris, et in medio platearum occidendus sum. Tout lui est monstre, et il s’en fait de volontaires.

Mais il en a de vraies [peurs]: Pigrum dejicit timor. Peur des reproches, peur des punitions, peur du travail, peur de l’effort: Pigraum dejicit timor. Oh le triste caractère!

5. Ses résultats.

Propter frigus piger arare noluit: mendicabit ergo aestate, et non dabitur ei. Que d’échecs volontaires et prévus! que de ruines de familles! Propter frigus arare noluit piger.

In lapide luteo lapidatus est piger, et omnes loquentur super aspernationem illius. Quel mépris! Et vous acceptez ces angoisses, ces péchés, cette misère, cette infamie, et vous drapant dans votre prétendue bonne volonté et votre sagesse, vous prétendez que Dieu s’en contentera! O paresseux, combien durera ton tourment! Usquequo dormies, et consurges e somno tuo.

IV.

Amour du plaisir.

Idolatrie qui met le corps à la place de Dieu. Esclavage le plus honteux de l’âme.

V.

Indépendance.

L’indépendance est un des obstacles les plus forts à la piété. Etudions-en les causes et les résultats.

1. Les causes de l’esprit d’indépendance.

Les gâteries des parents, les mauvais exemples de vos camarades, votre caractère.

1° Gâteries des parents. – L’enfant gâté par orgueil; on l’admire de tout, on ne prend rien au sérieux.

2° Les mauvais exemples. – L’éducation publique a ses inconvénients et ses défauts; un de ces défauts, c’est l’esprit d’indépendance contagieux. Un enfant arrive au collège bien formé; un camarade bien élevé le gâte. Appel à vos souvenirs.

3° Le caractère. Vous avez un caractère détestable et vous ne le corrigez pas.

2. Les résultats.

1° Le dégoût et la critique de l’autorité. Malédiction de Cham.

2° Révolte contre l’autorité. 1° De vos parents, de vos maîtres, esprit des révolutions.

3° Egoïsme. Toute cette horreur du joug se traduit en égoïsme.

4° Despotisme.

5° Haine de la loi de Dieu.

6° Union avec le diable.

VI.

Respect humain.

Chaque temps a ses épidémies.

Le respect humain a fui de bien des endroits, il se réfugie dans quelques maisons. Examinons-le dans ses instruments et dans ses victimes.

1. Instruments du respect humain.

L’auteur en est le démon; la chose, pour l’appeler par son nom, c’est la peur. Quels sont les instruments?

1° De beaux discours.

2° Quelquefois des imbéciles.

3° Des fanfarons qui se vantent même du mal qu’ils n’ont pas fait.

4° Dans tous les cas des mauvais sujets.

5° Des ennemis de Dieu.

6° De grands coupables.

Erat autem peccatum puerorum grande nimis, quia retrahebant homines a sacrificio Domini.

2. Ce que sont les victimes du respect humain.

1° Des esclaves. Ils ont perdu leur liberté, ils voudraient et ne peuvent pas, et c’est là leur meilleure excuse.

2° Des imbéciles. Ils n’estiment pas leurs camarades et ils en subissent le joug.

Vous aurez beau faire, vous ne pourrez pas plaire à tous vos amis.

[3°] Des poltrons. Au jugement dernier ne faudra-t-il pas vous afficher?

4° Des apostats: In his omnibus quaedam apostasia fidei est.

5° Des gens qui acceptent que Jésus-Christ rougisse d’eux. Qui me erubuerit, erubescam et ego illum.

Voilà la honte qu’il faut fuir.

Mais, direz-vous, puis-je pareille chose sans m’afficher? Heureux celui qui dit: Non erubesco evangelium.

VII.

L’abus des grâces.

Si scires donum Dei.

Un des sujets les plus épouvantables, l’abus des grâces. – Si scires donum Dei.

Je viens vous dire: 1° Vous abusez des grâces; 2° Réfléchissez aux conséquences de cet abus.

1. Vous abusez des grâces.

Vous abusez de la grâce de la prière. Ce que c’est que cette première grâce.

Vous abusez des avertissements. Si non venissem, et non locutus eis fuissem, peccatum non haberent.

Vous abusez des sacrements.

Vous abusez de votre âge.

Modo te foris doleo, utrum sis futurus intus ignoro. St Aug. de ovibus. Ezéchiel.

Vous abusez de la patience de Dieu. An divitias bonitatis ejus, et justitiae, et longanimitatis contemnis?

2. Conséquences de l’abus des grâces.

L’affaiblissement de l’âme.

La puissance donnée à Satan.

La perte de la lumière. Haec est hora vestra, et potestas tenebrarum. Adhuc modicum bonum in vobis est: ambulate, dum lucem habetis, ut non vos tenebrae comprehendant.

La colère de Dieu. Torcular calcavi solus, et de gentibus non est vir mecum; calcavi eos in furore meo, et conculcavi eos in ira mea, et aspersus est sanguis eorum super vestimentum meum, et omnia indumenta mea coinquinavi. Dies enim ultionis in corde meo.

Levate oculos vestros, et videte regiones, quia albae sunt jam ad messem.

[Autres notes sur l’] Abus des grâces. [sur feuille volante]

Si scires donum Dei. Parabole de la Samaritaine.

1. Comment on perd la grâce.

De la prière, des avertissements: Si non venissem, et non locutus eis fuissem, peccatum non haberent.

Des sacrements. De votre âge, de votre position. De la patience de Dieu. An divitias bonitatis ejus, et patientiae, et longanimitatis contemnis?

2. Conséquences.

Affaiblissement de l’âme. In quantum mali sumus, in tantum minus sumus.

Puissance donnée à Satan. Perte des lumières. Haec est hora vestra, et potestas tenebrarum.

Ambulate, dum lucem habetis, ut tenebrae vos non comprehendant.

Colère de Dieu. Quis est iste qui venit…? Torcular calcavi solus; calcavi eos in furore meo, et conculcavi eos in ira mea, et aspersus est sanguis eorum super vestimentum meum, et omnia indumenta mea coinquinavi: Dies enim ultionis in corde meo.

Examen de conscience.

Vouloir se connaître. Prendre les moyens de se connaître. S’examiner.

VIII.

Habitude du péché.

L’habitude du péché est une sorte de maladie chronique. Etudions-en les causes et les résultats.

1. Causes de l’habitude du péché.

1° La fausse conscience. On se la fait selon ses désirs. Quodcumque volumus bonum est, quodcumque placet sanctum est.

Selon ses passions. Selon son intérêt.

2° La fausse honte.

3° L’habitude même.

2. Résultats de l’habitude.

La paralysie de l’âme.

La haine de Dieu. Excaeca cor populi hujus, et oculos ejus aggrava, et aures ejus claude.

L’endurcissement du coeur.

Notes et post-scriptum