[Notes d’instructions et de retraites vers 1854]

Informations générales
  • TD51.250
  • [Notes d'instructions et de retraites vers 1854]
  • Retraite pour un collège.
    [C. Ce que vous avez à faire pour vous convertir]
  • Orig.ms. BV3, pp. 157-181; T.D. 51, pp. 250-254.
Informations détaillées
  • 1 APOSTOLAT
    1 CONFESSION SACRAMENTELLE
    1 CONVERSION SPIRITUELLE
    1 CORRUPTION
    1 IMMOLATION DE LA CHAIR
    1 PEUR
    1 PRIERE DE JESUS-CHRIST
    1 REVOLTE
    1 VIE DE PRIERE
  • Collégiens.
  • vers 1854
La lettre

XVII.

Prière.

Et erat pernoctans in oratione Dei.

Oratio est ascensus mentis ad Deum. Saint Jean Damascène.

Il faut prier Dieu pour vous, pour l’Eglise, pour lui-même.

1. Pour vous.

Quelle n’est pas votre indigence! Gratiam et gloriam dabit Dominus.

Votre misère: Cor meum dereliquit me.

Votre dégradation. Elle est si grande qu’elle expliquerait le désespoir; cependant ne dites pas: je suis trop mauvais. Omnis qui petit, accipit.

Votre faiblesse: Grandeur du chrétien qui prie Dieu.

Il s’élève dans le sein de Dieu même. Oratio est ascensus intellectus ad Deum.

Mais pourquoi prier? Ut exerceamus in oratione desiderium, et possimus capere quod Deus praeparat dare. St Aug.

2. Pour l’Eglise.

Pour les âmes. Pour les âmes du purgatoire. Pour la cause de l’Eglise.

3. Pour Dieu lui-même.

Le but de la création. – Action de grâces. In omnibus gratias agentes.

Adoration.

XVIII.

Immolation.

Obsecro itaque vos, fratres, per misericordiam Dei, ut exhibeatis corpora vestra hostiam viventem, sanctam, Deo placentem. Rom. 12, 1.

Il faut vous immoler: 1° pour lutter contre un des plus effrayants principes de votre dégradation. 2° Pour entrer librement dans le plan de la régénération.

1. Egoïsme et dévouement.

Luttes depuis le péché. L’égoïsme veut tout posséder. Le dévouement donne tout.

L’égoïsme veut jouir, le dévouement veut souffrir.

L’égoïsme veut paraître, le dévouement s’ignore.

Posuerunt in coelum os suum, et lingua eorum transivit in terra.

L’égoïsme veut tout immoler à lui, le dévouement s’immole à tous. Omnia omnibus factus sum.

2. Réparation de l’homme par l’immolation.

1° L’homme ayant brisé le lien d’amour qui l’unissait à son Dieu, Dieu l’a rétabli d’une manière douloureuse par le sacrifice de la croix. Les sacrifices païens s’y rapportent [et] les sacrifices de la loi ancienne; tout cela figure.

Jésus-Christ s’immole et à sa suite, tradidit semetipsum, le don de soi implique le martyre, la pénitence, les voeux.

2° Le sacrifice devient aussi un besoin de l’amour. On s’immole pour s’unir à ce que l’on aime.

Prodige de cet amour partant de l’Eucharistie, victime perpétuelle, se communiquant à ceux qui ont compris le don de Dieu.

Bonheur de s’immoler.

XIX.

De l’Evangélisation.

Vae mihi, si non evangelisavero.

Ce devoir d’évangélisation est peut-être et le moins connu et le moins pratiqué des hommes de nos jours. On défend une opinion, un intérêt, un parti; la cause de la vérité est seule abandonnée. Je viens vous dire que chaque chrétien, dans une certaine mesure, est obligé d’évangéliser: Vae mihi, si non evangelisavero. Pourquoi? pour divers motifs qui ressortiront de deux caractères que je donne à l’évangélisation , et qui résultent du double sentiment qu’inspire l’objet de l’évangélisation. La vérité [a] double caractère: 1° de respect; 2° d’amour.

1. Il faut évangéliser avec respect.

Lutte entre la vérité et l’erreur, le bien et le mal, la lumière et les ténèbres, Jésus-Christ et Bélial. Or, qu’est-ce que la vérité? Dieu lui-même. La vérité est le Verbe qui était au commencement, et le Verbe est Dieu. Les ténèbres s’efforceront d’effacer la lumière. Et il y a là un premier caractère chez les ennemis de la vérité: Et dilexerunt tenebras magis quam lucem.

La multitude l’insulte, lui fait subir un adultère, selon cette terrible expression de saint Paul: adulterantes Verbum Dei.

Que doit faire le chrétien? Confondre ce honteux alliage, cette prostitution: Non enim sumus sicut plurimi, adulterantes verbum Dei, sed ex sinceritate, sicut ex Deo, coram Deo in Christo loquimur. Comme la vérité sincère l’unit à Dieu! Matthathias: propitius sit nobis Deus; non est nobis bonum relinquere legem, et justitiam Dei.

La vérité n’est pas seulement insultée, elle est méprisée. Scène du prétoire: Ego in hoc natus sum… Pilate: Quid est veritas? Voilà le mépris, le mépris du pouvoir.

Le mépris de la science. Vah! qui destruis templum Dei, et in tribus diebus illud reaedificas… Deux espèces d’hommes ont prononcé cette insulte à la vérité: les savants, les voluptueux.

En face de cette insulte il faut connaître la vérité. Et après vous avoir dit le crime de Pilate et le crime des pharisiens, j’ai à vous dire le vôtre.

C’est vous qui par votre indifférence dites aujourd’hui comme Pilate: Quid est veritas? et la vérité se recueille.

Jésus-Christ dit peut-être sur vous: Pater ignosce illis.

La [la vérité] défendre, l’étudier(1).

2. Il faut évangéliser avec amour.

Si la vérité et le bien suprême ne sont qu’un en Dieu, le bien veut être aimé et nous devons aimer la vérité comme Dieu même.

Mais comment l’aimer en tant que vérité?

Différence du bien de l’intelligence et des biens matériels. Il se communique et s’augmente en se communiquant.

L’amour de la vérité.

L’amour de la vérité fait les apôtres. Dominus dabit verbum evangelisantibus virtute multa.

L’amour de la vérité fait les martyrs: Congregate illi sanctos ejus, qui audierunt testamentum ejus super sacrificia.

L’amour de la vérité fait les plus beaux caractères.

Signasti super nos lumen vultus tui, Domine.

Comment? Par les exemples: Quam speciosi pedes evangelizantium pacem, evangelizantium bona.

Par l’influence: quam speciosi…

Par la prédication: Quam spêciosi…

Sainteté de la parole, profanation de la parole.

J’ai fini par Marie, mère du Verbe éternel, au pied de la croix, souffrant des insultes faites à la vérité et enfantant les martyrs et les apôtres de la vérité.

XX.

Jésus modèle de la prière, du sacrifice et de l’évangélisation.

XXI.

De quelques répugnances pour la confession.

Ite, ostendite vos sacerdotibus.

Paroles dites aux dix lépreux, paroles qui nous sont adressées et que vous ne voulez pas entendre pour le temps pascal. Examinons-les une dernière fois. Je vais en indiquer trois [répugnances].

1° L’esprit de révolte; 2° de la corruption de votre nature; 3° de la peur.

1° Esprit de révolte.

Il date de loin. – Satan. – Eve. – Les hommes du temps de Noé. – Cham. – Les Israélites au désert avec Moïse. – Les Juifs avec les prophètes. – Jerusalem, Jerusalem, quae occidis prophetas, et lapidas eos qui ad te missi sunt. – Les pharisiens avec Jésus-Christ. – Les hérétiques avec l’Eglise.

Les mauvais chrétiens avec les sacrements.

Et vous, descendez au-dedans de vous-mêmes.

Et je viens vous demander l’humilité.

2° La corruption de votre nature.

D’abord elle vous empêche de voir. Vae vobis, Scribae et Pharisaei hupocritae, quia mundatis quod foris est calicis et paropsidis: intus autem pleni estis rapina et immunditia. Pharisaee caece, munda prius quod intus est.

Et c’est ce que l’on ne veut pas, et c’est là le grand argument contre la confession. On veut avoir les dehors d’un honnête [homme], et l’on veut avoir le droit d’être au-dedans un coquin. On ne trahit pas volontiers de pareils secrets.

A quoi j’oppose le sentiment de la dignité chrétienne. Proba me, Domine, et tenta me: ure renes meos et cor meum.

3° La peur.

Peur des hommes, respect humain. – Je ne veux pas y revenir.

La peur d’aller trop loin. – Moïse eut cette peur. Jésus l’a eue. Saint Paul l’a eue.

Mais il y a une mauvaise peur. Jusqu’où Dieu me poussera-t-il?

Mais ne craignez pas, à cette peur il faut opposer la confiance, et Dieu vous y invite. Fili, praebe cor tuum mihi. – Venite ad me, omnes qui laboratis.

La veille d’une retraite écouter, se recueillir, obéir.

Notes et post-scriptum
1. La première partie doit être refaite en ce sens qu'il faut opposer à la fureur des incrédules le courage chrétien; à l'ironie des passions la pureté et le cristal de l'âme, au scepticisme de l'ambition la puissance du désintéressement; au mépris des savants l'hommage de la foi; à l'insouciance des chrétiens l'étude de la religion.