19 juin 1859

Informations générales
  • TD51.291
  • Sur la miséricorde envers les pauvres. Prêché à Cette le jour de la Sainte-Trinité 1859.
  • Orig.ms. BT4, pp. 61-64; T.D. 51, pp. 291-293.
Informations détaillées
  • 1 ADORATION
    1 AUMONE
    1 MISERICORDE
    1 MISERICORDE DE DIEU
    1 PAUVRE
    1 PERFECTIONS DE DIEU
  • 19 juin 1859
  • Sète.
La lettre

Estote ergo vos misericordes.

Paroles prises dans l’évangile du 1er dimanche après la Pentecôte. Paroles applicables à une réunion, où des gens qui donnent leur temps aux pauvres demandent des secours à ceux qui n’ont pas le temps de visiter les indigents.

Pourquoi faut-il être miséricordieux?

Comment faut-il l’être?

1. Pourquoi faut-il être miséricordieux?

L’aumône est ou une restitution pour le prochain, ou une expiation pour vous, ou un acte d’adoration par rapport à Dieu.

1. Restitution. – Saint Jérôme, et après lui Bourdaloue devant Louis XIV, disait: Omnis dives, iniquus aut iniqui haeres. Je ne dis pas que vous avez volé à tel ou tel, – il faudrait leur restituer, – mais n’y a-t-il pas des choses qui vous gênent dans vos spéculations? Voilà les pauvres à qui vous devez restituer.

Puis dans l’ordre de la providence, le bien des riches se partage en deux, le nécessaire et le superflu. Gardez le nécessaire, le superflu ne vous appartient pas. Je ne tranche pas la question du superflu et du nécessaire, mais enfin elle existe. Je m’en rapporte à votre conscience. Mais enfin faut-il la trancher?

2. Expiation. Le temps présent est un temps de plaisirs et une époque d’argent. On veut de l’argent pour avoir des plaisirs. Et comment associez- vous l’amour du plaisir avec la parole du Sauveur: Faites pénitence? Voulez-vous voir où les plaisirs poussent? L’énervement produit? Vous êtes devenu égoïste. Vous avez à expier vos plaisirs, et votre égoïsme. Expiez en donnant.

3. Adoration. – La grande notion [illisible] est celle-ci: que nous devons adorer Dieu, c’est-à-dire reconnaître son suprême domaine: Domini est terra.

Vous n’êtes pas propriétaires, vous n’êtes que fermiers. Voilà pourquoi le pauvre n’a pas le droit de vous prendre, car il ne vous vole pas, il vole Dieu; mais vous, fermier, vous êtes tenu de payer votre fermage entre les mains du pauvre, et par là vous reconnaissez le suprême domaine de Dieu.

Paul devant Félix parle de ces trois grandes questions: Disputante autem illo de justitia et de castitate et de judicio futuro. C’est toujours le même loi.

2. Comment faut-il être miséricordieux?

Sicut et Pater vester misericors est.

Trois caractères de puissance, d’intelligence, d’amour.

Les attributs en Dieu sont égaux; cependant par rapport à nous le plus précieux est la miséricorde, et comme elle tient du Père, du Fils et de l’Esprit, elle porte un caractère de puissance, d’intelligence et d’amour.

1. Puissance. – Qui se manifeste par la persévérance et la patience. Il n’y a que ce qui est fort qui dure; voilà ce que doit être votre charité.

Puis patiente. Mais les pauvres sont impatientants. Et vous qui êtes le mendiant de Dieu, vous ne l’impatientez pas?

2. L’intelligence. – Intelligence dans la manière de faire le bien: Beatus qui intelligit.

Intelligence dans ce que vous dites. Non in solo pane vivit homo. En faisant du bien au corps, faites-en donc à l’âme.

Impossibile enim esset, ut caro panem suum haberet, et anima panem suum non haberet. Ainsi s’exprime saint Augustin.

3. Amour. – Le Saint-Esprit épuise dans un éternel amour l’adorable Trinité, et pourtant Dieu dans son amour veut par un acte de sa très libre volonté créer le monde.

Il nous donne l’être. Il nous donne son Fils – Il nous donne le Saint-Esprit. Quoi de plus? Il faut que de même aussi nous nous donnions, Quia charitas Dei diffusa est.

Estote ergo vos misericordes, sicut Pater vester misericors est.

Notes et post-scriptum