Retraite sur l’esprit des Oblates de l’Assomption.

Informations générales
  • TD51.315
  • Retraite sur l'esprit des Oblates de l'Assomption.
  • IV. Foi de l'Oblate en Dieu et en ses perfections.
  • Orig.ms. ACOA: cop.ms. J48; T.D. 51, pp. 315-319.
Informations détaillées
  • 1 CONNAISSANCE DE DIEU
    1 DIEU
    1 FOI
    1 MISERICORDE DE DIEU
    1 OBLATES
    1 PERFECTIONS DE DIEU
    1 RECHERCHE DE LA PERFECTION
    1 VERTUS
  • Oblates de l'Assomption.
  • septembre 1876
  • Nîmes.
La lettre

Quicumque vult accedere ad eum, oportet credere quia est.

La perfection sans doute se trouve dans la charité; mais la charité manifestée par les actes. Or ces actes ne doivent pas être passagers, ils doivent se répéter, former des habitudes que l’on appelle des vertus. Nous examinerons les principales de ces vertus; elles sont au nombre de sept; trois se rapportent plus directement à Dieu, quatre qui se rapportent aussi à Dieu, [mais qui] se manifestent plus spécialement dans nos devoirs envers nous-mêmes et envers le prochain. Nous commencerons aujourd’hui à parler de la foi. St. Paul la définit: sperandarum substantia rerum, argumentum non apparentium, la substance de ce que nous devons espérer, la preuve de ce que nous ne voyons pas.

La foi est considérée dans son moyen la révélation, la substance de ce que nous devons espérer, c’est-à-dire dans son objet. Je laisse à d’autres de vous expliquer cela, si vous ne comprenez pas ce qu’on vous en a dit. J’établis que par cette substance de ce qu’il faut espérer, c’est Dieu, et les moyens qu’il nous a donnés pour le posséder éternellement.

Parlons aujourd’hui de Dieu dans son unité et ses perfections, sujet difficile, si vous le voulez, et pourtant sujet indispensable, si nous voulons arriver à la perfection.

Notre but, ainsi que je l’ai dit, notre but éternel, c’est Dieu dont nous devons jouir sans partage, face à face, mais seulement dans la patrie. Ici-bas personne n’a vu Dieu, nous déclare Jésus. Le fils unique de Dieu qui est dans le sein du Père nous l’a révélé; nous ne connaissons Dieu que par son Verbe incarné, c’est lui qui nous le raconte: ipse enarravit.

Par la lumière de la raison nous le connaissons tant bien que mal dans les créatures, mais nous ne savons exactement ce que nous devons en croire que par la foi. Et plus nous croirons, plus nous en connaîtrons ce que nous pouvons en connaître ici-bas. Et je ne saurais trop insister sur cette parole de mon texte: quicumque vult, quiconque veut s’approcher de Dieu doit croire qu’il est et doit croire ce que J.-C. nous enseigne de ce qu’il est. Travail merveilleux par lequel le Verbe de Dieu fait homme nous montre tout ce que nous devons croire de la nature divine par la foi, en attendant que nous la recherchions comme bien infini par l’espérance, et que nous lui soyons unis par la charité sur la terre et par la vue claire de sa substance dans le ciel. Donc notre effort c’est de croire; nous avons reçu le don de la foi, nous sommes obligés d’y correspondre par l’effort qui transforme le don en vertu.

Cet effort de la foi nous introduit dans une vie nouvelle par laquelle nous nous unissons à Dieu avec notre intelligence, soutenue par les dons du Saint-Esprit. La foi seule n’est pas une preuve de sainteté, on peut avoir la foi et être damné. Les démons croient et tremblent, creunt et contremiscunt. Leur foi en Dieu est leur plus cruel supplice, ils savent qu’ils souffriront tant que Dieu sera Dieu et Dieu est éternel, il sera Dieu toujours. Cependant, le premier degré pour aller à Dieu, c’est la foi.

Ce principe posé, que nous révèle la foi sur Dieu?

Dieu est Un. Ecoute, Israël le Seigneur ton Dieu est un: Audi, Israel, dominus Deus tuus unus est. Et si Dieu est un, nous n’avons pas à courir après divers buts. L’unité de Dieu auteur de notre être, terme de notre existence est le principe de l’unité de notre vie; telle est la raison pour laquelle les hommes sont insensés quand ils cherchent autre chose que Dieu? Voyez pourtant: ou nous cherchons les créatures, ou nous nous cherchons nous-mêmes. Que nous donneront les créatures? Que nous donnerons-nous à nous-mêmes? De qui venons-nous? De la première de toutes les causes qui est Dieu. Pourquoi retourner ailleurs? Je voudrais vous faire comprendre l’unité de votre vie, qui découle de cette vérité que vous venez de Dieu qui vous a créées, que vous existez par Dieu qui vous conserve, que vous tendez à Dieu, terme unique qui vous a créées pour lui. Mettez donc, autant que vous en êtes capables, la plus grande unité en rapportant tout à Dieu.

4° Perfection de Dieu.

Dieu, principe de tous les êtres, est infiniment parfait, il est l’être par excellence et possède en lui toutes les perfections. Il les a en lui à un degré incommunicable. Cette perfection infinie est sa gloire: Et gloriam meam alteri non dabo.

Mais s’il ne communique à personne la perfection infinie qui lui est propre, il communique aux créatures comme un écoulement imparfait de sa perfection, et cela à plusieurs degrés dans la nature; la pierre, la plante, l’animal, l’homme, l’ange; de même dans l’ordre surnaturel, avec cette différence que dans les choses matérielles les perfections ne s’accroissent pas; dans l’ordre surnaturel, au contraire, les perfections vont toujours s’accroissant et l’on correspond à l’action de Dieu. Voilà donc le modèle dont nous sommes l’image, dont nous pouvons, si nous le voulons, devenir la ressemblance. Et il ne faut pas dire que cette perfection est trop haute pour nous. Puisque Notre-Seigneur nous dit: soyez donc parfaits, comme votre père céleste est parfait; tant que nous n’aurons pas atteint la perfection de Dieu, et nous n’y arriverons jamais, nous devons travailler à une perfection qui nous rapproche de celle de notre père. Quant à la ressemblance aussi grande que la créature peut ressembler au Créateur, elle ne se réalisera que là-haut: Cum apparuerit, similes ei erimus. Mais là-haut cette ressemblance sera en proportion des efforts que nous aurons faits pour l’acquérir sur la terre.

5° Bonté de Dieu.

ieu, être infiniment parfait, est l’être infiniment bon; il est le bien par excellence, nous sommes tous imparfaitement bons. Dieu est la bonté même, et tellement la bonté qu’il est le bien par excellence. Le bien a-t-on dit, est ce que tous les êtres désirent. Il y a selon les êtres différentes espèces de biens; la pierre cherche son centre; la plante sa nourriture qui l’alimente, l’air, la lumière; l’animal sa nourriture; mais l’être capable d’aimer a le sentiment d’un bien infini. Il se trompe, il met son bien dans les créatures, mais c’est une erreur. Cherchons Dieu, notre bien suprême. Et toutefois chercher Dieu comme son bien, c’est la fois bon et surnaturel; mais c’est le chercher pour soi-même; c’est l’espérance; il faut le chercher pour lui, et c’est la charité. Mais nous examinerons cela plus tard. Examinons toutefois: parce que Dieu est bon, il désire se communiquer. Il faut être bonnes et pour cela non pas vous communiquer, mais communiquer Dieu en le faisant connaître et aimer. Voilà la mission de l’Oblate, de communiquer la bonté de Dieu et en cela d’être bonne, si je puis dire, comme Dieu.

° Infinité de Dieu.

ieu n’a pas de limites. Voilà pourquoi nous ne le comprendrons jamais, même au ciel. Etre infini, c’est être sans limites. Qui peut limiter l’immensité de Dieu? Et telle est la cause de notre humilité. En dehors de nos péchés, nous sommes si peu de chose que nous sommes comme un néant devant Dieu. Acceptons notre néant et perdons-nous dans l’immensité de Dieu qui n’ayant pas de limites reculera dans sa bonté celles de notre être, si nous proclamons que souverainement indépendant parce qu’il n’est limité par rien, il nous a tirés du néant et [qu’il] agrandira notre être par sa miséricorde. Si Dieu est infini, il est partout; il est en moi pour me conserver, pour me gouverner, et par sa grâce pour me sanctifier. Je ne puis le fuir. Infini, il est partout; c’est en lui que je suis, que je vis. Et je ne respecte pas sa présence!

° Immutabilité de Dieu.

l est toujours le même, puisqu’il est infiniment parfait, et moi je change sans cesse. Je dois tendre à la fixité dans le bien. Immuable, il est éternel pour me récompenser ou me punir. Enfin, Dieu sait tout, il est la vérité infinie, et ce qui l’éloigne de lui est mensonge. Il est infiniment puissant, il m’a créée quand il l’a voulu, il m’enverra la mort quand il voudra; il me ferait entrer dans le néant s’il le voulait. Et quand j’aurai dit tout cela, je n’aurai rien dit, parce qu’il est incompréhensible. Mais enfin je vais à lui, il m’appelle, il m’attire, il veut que je le connaisse pour l’aimer tous les jours davantage. Qu’ai-je à faire que chercher à l’aimer chaque jour plus fortement, mais d’un amour pratique? Quel honneur ne me fait-il pas quand il me dit: Je t’ai créé pour moi! Quel honneur plus grand quand il me dit: Je suis ton père, et tu me diras: Notre Père qui es dans les cieux! Mais quel honneur plus admirable quand il me dit: je t’appelle à me prouver ton amour en travaillant à me faire connaître. Travaille donc par l’étude, par la prière, par l’obéissance, par l’amour à te rendre digne de moi. Méprise tout ce qui n’est pas moi. Unis-toi à moi, je te veux. Prends donc ton parti de n’être rien. J’ai dit par mon St. Esprit: celui qui s’attache au Seigneur ne fait qu’un esprit avec lui: Qui adhaeret domino, unus spiritus est. Tu ne seras jamais Dieu. Par mon amour tu peux ne faire qu’un avec Dieu, le veux-tu? Si tu le veux, mets la main à l’oeuvre et commence.

Notes et post-scriptum