Retraite sur l’esprit des Oblates de l’Assomption.

Informations générales
  • TD51.333
  • Retraite sur l'esprit des Oblates de l'Assomption.
  • XI - Le désir du ciel.
  • Orig.ms. ACOA; cop.ms. J48; T.D. 51, pp. 333-334.
Informations détaillées
  • 1 BONHEUR
    1 CIEL
    1 ESPERANCE
    1 OBLATES
    2 JOB, BIBLE
  • Oblates de l'Assomption.
  • septembre 1876
  • Nîmes.
La lettre

Jésus-Christ ressuscité est le gage de notre espérance, mais il faut désirer le ciel, avec quels sentiments?

1° Il faut désirer le Ciel.

1. – Parce que tout ce qui passe n’est rien, vapor est ad modicum parens, et deinceps exterminabitur. Voilà la vie et je me demande ce que sont à certains moments les gens sans espérance, comme dit l’apôtre. Qu’est-ce que la mort pour eux? Qu’est ce moment terrible où tout échappe, s’ils ne comptent pas sur le ciel? Ce sont des brutes. Mais alors où sont les sentiments généreux? Où est le dévouement? La vie s’en va et si l’on n’a pas l’espérance, voilà deux abîmes, le néant ou l’enfer!

2. – Il faut désirer le ciel, à cause du besoin de bonheur qui nous obsède. Voyez les religions qui n’espèrent pas, où la foi affaiblie laisse l’espérance s’évanouir. Ce désir infini de bonheur ne se trouve qu’en Dieu.

Examinez autour de vous où en sont les protestants avec leurs troubles et leurs incertitudes; où en sont tant de catholiques avec la perte de l’espérance, parce qu’ils ont perdu la foi. Et pourtant Dieu est le bien suprême, que de nous-mêmes [nous] ne pouvons atteindre, mais que l’espérance nous donne le droit de considérer comme nôtre un jour par les mérites de Jésus-Christ. Là sera le bien infini et la jouissance sans partage.

3. – Il faut désirer le ciel, parce que Dieu nous en fait une vertu. Et certes, [c’est] un fait assez étrange qu’ayant le désir du bonheur, Dieu nous ordonne de désirer d’être heureux.

Expliquons-nous. Dieu a mis en nous le désir du bonheur dès le premier instant de notre vie et c’est là une condition de notre être. Mais ce désir s’égare souvent sur les créatures ou sur nous-mêmes. Il faut le redresser. La nature humaine n’en est pas capable à elle seule, il faut le secours de la grâce; et cette grâce c’est le don de l’espérance. Aussi avec le désir du bonheur, nous ne serons jamais heureux que par la possession éternelle d’un bien infini. L’espoir de l’atteindre n’existe qu’autant que Dieu nous en donne la puissance, qu’autant qu’il nous soulève vers en haut.

C’est ce qui faisait dire à Job: « Je sais que mon rédempteur est vivant, et que je ressusciterai dans ma chair, cette espérance repose dans mon coeur ». Mais il y a plusieurs demeures dans la maison du Père de famille, laquelle devons-nous occuper? Celle où Dieu nous appelle, mais aussi celle que nous mériterons par nos efforts.

2° Avec quels sentiments faut-il désirer le Ciel?

1. – Avec le sentiment que nous en sommes indignes par nos péchés et les abus de grâces dont nous nous sommes rendus coupables. Et voyez comme une retraite est un temps favorable à constater l’état où nous sommes descendus. Pourtant, il ne faut pas désespérer, au contraire, il faut espérer toujours. La contrition, le regret, le ferme propos de changer vont bien avec l’espérance. J’espérerai, je ne pécherai plus, je n’abuserai plus des dons de Dieu.

2. – Avec le sentiment de l’immense bonté de Dieu qui dans l’état où je suis, me permet de lui dire: ne projicias me a facie tua; car s’il me repoussait de sa face, l’enfer serait mon partage. Plus je me jetterai par une espérance sans bornes dans le sein de Dieu, plus je suis assuré qu’il m’ouvrira la porte de sa demeure, qu’il m’ouvrira sa demeure.

3. – Avec la confiance absolue, non dans nos mérites, mais en ceux du divin Sauveur. Ah! les mérites de Jésus-Christ, nous n’y pensons pas assez et c’est pourquoi notre espérance s’ébranle. Considérons Jésus-Christ nous donnant sa vie et nous disant: que voulez-vous de plus pour avoir les moyens d’être heureux? Déjà le psalmiste s’écriait: Que vais-[je] chercher au ciel? Et qu’est-ce que je vous demande sur la terre, Dieu de mon coeur et mon partage, O Dieu pendant l’éternité? Elançons-nous avec le désir vers Dieu par la grâce de Jésus-Christ, et le véritable bonheur nous sera accordé.

Notes et post-scriptum