Retraite sur l’esprit des Oblates de l’Assomption.

Informations générales
  • TD51.337
  • Retraite sur l'esprit des Oblates de l'Assomption.
  • XIII - Amour pour Jésus-Christ crucifié.
  • Orig.ms. ACOA; cop.ms. J48; T.D. 51, pp. 337-339.
Informations détaillées
  • 1 AMOUR DU CHRIST A L'ASSOMPTION
    1 AUGUSTIN
    1 DEVOTION A JESUS CRUCIFIE
    1 IMITATION DE JESUS CHRIST
    1 OBLATES
    1 RECONNAISSANCE
    2 MOISE
    2 PAUL, SAINT
  • Oblates de l'Assomption.
  • septembre 1876
  • Nîmes.
La lettre

La confiance aux mérites du Sauveur est la base de l’espérance, mais le Saint-Esprit m’ayant appris à aimer d’un amour désintéressé, n’est-ce pas ainsi que je dois m’appliquer à aimer Jésus-Christ qui est mort par amour pour moi?

Nous l’avons considéré déjà, en acquérant les mérites dont j’ai besoin il me les distribue avec surabondance, mais je lui dois un amour: 1° de reconnaissance, 2° d’imitation.

1° Amour de reconnaissance.

Nous l’avons vu hier, Dieu pouvait sauver les hommes par un autre moyen que la mort de son Fils. Pourquoi a-t-il pris ce moyen? Pour nous prouver sans doute son horreur du péché, mais aussi pour nous montrer son amour. Ah! nous ne pouvons rien dire de ce qui se passe dans le coeur d’un Dieu, mais allons à la force de cet amour. Quelques jours avant sa passion, Notre-Seigneur avait dit à son Père: « Je sais que vous m’exaucez toujours », et au moment de consommer son sacrifice, il est tellement écrasé par la vue de ce qui l’attend que prosterné par terre, il s’écrie: « Mon Père, s’il est possible, que ce calice s’éloigne de moi! » Son Père l’exaucera-t-il? Non, le calice ne sera pas éloigné, et il devra le boire jusqu’à la lie. Mais quoi! Dieu n’aime-t-il pas son fils? Il l’aime, mais il faut que le décret s’exécute, non pas d’une manière fatale. Quand le Père l’a porté, il en prévoyait les conséquences, et Dieu son Fils a accepté volontairement ce qui a eu lieu. Mais enfin l’amour de Jésus-Christ a été jusqu’à nous montrer sa faiblesse divine, pour nous montrer à quel point le Père et le Fils nous aiment en allant jusqu’à la mort d’un Dieu.

Eh! oui, de même que Moïse a élevé le serpent au désert, de même il faut que le fils de l’homme soit élevé au-dessus de terre afin que quiconque croit en lui ne périsse pas, mais soit sauvé par lui. Car Dieu qui est riche en miséricorde, à cause de l’immense amour dont il nous a aimés, Propter nimiam caritatem qua dilexit nos, tandis que nous étions morts par nos péchés, nous a faits participants de la vie de Jésus-Christ. Cum essemus mortui peccatis, convivificavit nos in Christo.

Nous l’avons dit hier, Dieu pouvait pour nous sauver prendre un autre moyen, mais il n’en pouvait trouver de plus convenable que la croix, à cause même de l’horreur qu’il inspirait. Entre tous les genres de mort, dit St. Augustin, il n’y en a pas de plus exécrable et de plus formidable. Et Jésus-Christ est mort de ce supplice pour nous prouver son amour. Comment lui témoigner le nôtre? Sic nos amantem, quis non redamaret?

3° Amour d’imitation.

Le protestantisme est bien le fils d’êtres dépourvus de coeur, quand il a dit que Jésus-Christ ayant souffert, nous n’avons plus à souffrir.

Pourtant St. Pierre a dit que Jésus-Christ a souffert pour nous, afin que suivant l’exemple qu’il nous laisse, nous marchions sur ses traces. Quand il n’y aurait à la vie d’immolation d’autre motif [que] de montrer à Jésus-Christ qu’on l’aime, ce serait certes bien assez.

Voilà l’amour d’imitation prêché à tous les saints du haut de la croix. Voilà la vraie science de l’amour. Et je comprends St. Paul disant: « pour moi, je n’ai pas cru savoir autre chose parmi vous que Jésus-Christ, et Jésus-Christ crucifié ». Que l’incrédule passe devant l’image du Sauveur suspendu pour nous sur la croix, je le comprends, mais qu’un chrétien baptisé dans le sang de Jésus-Christ, dont l’eau du baptême est la figure, ne s’écrie pas: « Allons et mourons avec lui », c’est ce qui dépasse les plus grossières idées de la foi. Que des âmes chrétiennes ne se pénètrent pas de cet adorable mystère, c’est ce qui est au-delà de tout sentiment excité dans l’âme par la croyance au mystère de la rédemption.

Allons, allons au Calvaire, voyons comment Jésus-Christ nous y a aimés, repassons dans notre esprit et dans notre coeur les mystères de la passion et sachons autant que nous sommes capables de le comprendre tout ce qu’un Dieu a souffert pour nous dans son immense amour. Et par amour pour lui acceptons toutes les douleurs, toutes les souffrances toutes les immolations, afin de pouvoir dire désormais: Je suis attaché avec Jésus-Christ à la croix, Christo confixus sum cruci.

Notes et post-scriptum