Retraite sur l’esprit des Oblates de l’Assomption.

Informations générales
  • TD51.349
  • Retraite sur l'esprit des Oblates de l'Assomption.
  • XXI - La Perfection.
  • Orig.ms. ACOA; cop.ms. J48; T.D. 51, pp. 349-351.
Informations détaillées
  • 1 CHARITE ENVERS DIEU
    1 EPISCOPAT
    1 OBLATES
    1 PERFECTION
    1 PRATIQUE DES CONSEILS EVANGELIQUES
    1 RELIGIEUX
    1 VIE RELIGIEUSE
    1 VOCATION RELIGIEUSE
    2 JEROME, SAINT
    2 PAUL, SAINT
  • Oblates de l'Assomption.
  • septembre 1876
  • Nîmes.
La lettre

Il y a dans l’Eglise divers états: ceux qui commencent, ceux qui avancent et les parfaits; le commencement, le milieu et la fin.

La perfection nous donne un esprit de liberté qui se développe en nous, selon cette parole de St. Paul: Là où est l’esprit de Dieu, là est la liberté. – Or toute perfection se trouve dans la charité: par-dessus tout, ayez la charité qui est le lien de la perfection. Toute perfection nous unit à Dieu, et c’est la charité qui opère cette union. On est plus disposé, quand on aime, à penser et à agir en union avec l’objet aimé, qui pour le religieux est Dieu même. Sur la terre la perfection ne consiste pas dans l’accomplissement de tout ce qu’implique la perfection, mais dans la disposition par laquelle nous empêchons tous les obstacles à la perfection. La perfection consiste avant tout dans la charité qui est le plus grand des commandements, et en ce sens tous sont appelés à la perfection. Voilà pour le fond, mais en second lieu et comme moyen, la perfection consiste dans les conseils en tant qu’ils écartent les obstacles opposés à la charité. On peut donc dire que les conseils ne sont pas la perfection, mais des moyens plus puissants d’arriver à la perfection.

Pour être dans l’état de perfection, on n’est pas parfait pour cela; de même il y a des personnes parfaites qui ne sont pas dans l’état de perfection. Extérieurement par l’épiscopat, par les voeux, on est dans l’état de perfection. Intérieurement, aux yeux de Dieu, on peut être plus parfait que certains évêques et certains religieux. Sujet épouvantable de confusion pour le religieux. Il y a, en effet, des gens qui ne tiennent pas leurs promesses et des gens qui tiennent plus qu’ils n’ont promis.

La vie religieuse est un état de perfection, parce que par les voeux on se donne entièrement à Dieu et que rien dans la vie ordinaire ne dépasse cette disposition; mais de ce que le religieux ne s’en tient pas au précepte, mais embrasse encore les conseils, il ne s’ensuit pas qu’il soit obligé de les suivre tous, ce qui à proprement parler paraît impossible; comme il n’est pas tenu à tous les exercices de la vie religieuse.

La pauvreté qui nous sépare des choses créées est un élément de perfection. Celui-là aime moins, qui aime plusieurs choses à la fois. Celui qui sacrifie les richesses a plus de facilité pour aimer Dieu. Christum nudum nudus sequere, disait St. Jérôme à un moine. Disons la même chose de la chasteté qui sacrifie les plaisirs des sens comme aussi de l’obéissance. Et c’est dans ces trois voeux, comme nous le verrons plus tard, que consiste le voeu de perfection.

Il n’est pas nécessaire d’être parfait pour se faire religieuse, témoins les apôtres qu’appelle Notre-Seigneur. L’entrée en religion convient aux parfaits, pour qu’ils continuent à l’être, aux imparfaits pour qu’ils deviennent parfaits. Certaines personnes font très bien de faire le voeu d’entrer en religion, car il est très parfait de faire le voeu de pratiquer la perfection. Il est très bon de laisser les enfants s’exercer à la vie religieuse, il est très louable de pousser les chrétiens à embrasser la vie religieuse; pour le même motif qu’il est très louable de pousser les gens à se convertir. Il n’est pas du tout nécessaire de réfléchir longtemps pour entrer en religion, il faut sans doute réfléchir sérieusement, mais le parti peut être pris promptement et les longs retards sont nuisibles. Les idées du monde sont opposées à cette manière de voir, mais les idées du monde sont loin d’être celles de Jésus- Christ. Il est plus nécessaire que jamais à l’esprit chrétien.

Notes et post-scriptum