Retraite sur l’esprit des Oblates de l’Assomption.

Informations générales
  • TD51.351
  • Retraite sur l'esprit des Oblates de l'Assomption.
  • XXII - Les Voeux.
  • Orig.ms. ACOA; cop.ms. J48; T.D. 51, pp. 351-354.
Informations détaillées
  • 1 CHARITE THEOLOGALE
    1 OBLATES
    1 PERFECTION
    1 PRATIQUE DES CONSEILS EVANGELIQUES
    1 THOMAS D'AQUIN
    1 VIE RELIGIEUSE
    1 VOEUX DE RELIGION
  • Oblates de l'Assomption.
  • septembre 1876
  • Nîmes.
La lettre

Plenitudo legis dilectio.

Nous l’avons dit dans l’entretien précédent, la perfection consiste dans l’amour, et dans quelque état que ce soit, celui qui aime le plus est le plus parfait. Mais il est des moyens d’arriver à la perfection, et parmi ces moyens, un des [= les] plus excellents, ce sont les voeux. Disons-en quelque chose.

Ce qui constitue la différence d’un acte accompli en vertu d’un voeu, c’est qu’il a le mérite de s’être engagé à Dieu, et quand le voeu est permanent, il est, comme le disent les théologiens, aux actes ordinaires ce qu’est un arbre à un fruit. Un fruit est une bonne chose, l’arbre en porte constamment.

Aussi le voeu n’est pas seulement une intention, c’est une promesse de faire ou de ne pas faire avec délibération de la raison à laquelle il appartient de mettre de l’ordre dans la vie.

Le voeur implique donc trois choses: 1° la délibération; 2° la résolution arrêtée; 3° enfin, la promesse faite qui complète la raison du voeu.

Le voeu est une promesse faite à Dieu. Or il faut que cette promesse soit agréable, sans quoi Dieu ne l’accepterait pas. On voit de suite que si l’on est libre de promettre à Dieu une chose bonne, mais non obligatoire par elle-même, on ne l’est pas de lui offrir une chose mauvaise. Il importe donc que le voeu renferme quelque côté de vertu. Le voeu fait à Dieu implique une idée d’adoration, d’où il résulte qu’il y a péché à vicier le voeu sans motifs supérieurs d’une charité plus haute.

J’aborde une question terrible, l’observation [du voeu]. Le Saint-Esprit a dit: Tenez tous les voeux que vous avez faits, car il vaut mieux ne pas en faire que de ne pas les tenir.

L’homme, dit Saint Thomas, doit sa fidélité à Dieu pour les voeux en vertu du domaine divin et des bienfaits reçus, mais bien plus en vertu des promesses faites. La violation du voeu est en quelque sorte une infidélité.

C’est pourquoi il importe tant de tenir ses voeux, et peut-être tant de personnes qui ont fait des voeux ne cherchent-elles à s’y soustraire que parce qu’elles en ignorent l’importance.

Est-il utile de faire des voeux? Quand nous faisons une promesse à un homme, c’est dans son intérêt; quand nous faisons une promesse à Dieu, c’est dans le nôtre. On dit que le voeu ôte la liberté absolue; erreur profonde, il la fortifie. Jésus-Christ ne pouvait pas faire des voeux, parce qu’il était Dieu; les apôtres en ont fait.

Faire des voeux est un acte de religion, de culte. La religion vient de religare, relier. – Le voeu lie plus parfaitement. – Faire des voeux de religion, c’est le culte le plus parfait, puisqu’on s’offre plus parfaitement en victime. Il y a trois raisons pour lesquelles les actes accomplis par les voeux sont plus parfaits que les autres.

1 – Parce que, dit St. Thomas, le voeu est un acte de latrie qui nous met en rapport avec Dieu. Neque ipsa virginitas, quia virginitas est, sed quia Deo dicata est, honoratur, dit s. Augustin.

2 – Parce que le voeu nous met plus dans la dépendance de Dieu, ce qui est excellent.

3 – Parce que, en vertu du voeu, la volonté prend quelque chose d’inébranlable. L’obstination dans le mal aggrave le péché, l’immutabilité dans le bien accroît le mérite.

On appelle état de perfection celui dans lequel on se consacre à Dieu de la manière la plus parfaite pour son service. Ceux-là réalisent la figure du sacrifice le plus parfait dans l’ancienne loi: l’holocauste, mais pour cela il faut se donner joyeusement dans un très grand amour.

Nous avons déjà dit que la perfection n’impliquait pas la pratique de tous les conseils évangéliques, qu’il suffisait d’en grouper quelques-uns selon un certain but bon en lui-même. Et c’est ce qui constitue la beauté de l’armée de l’Eglise, qui, si l’on peut dire ainsi, a des régiments de diverses armes.

Mais les voeux sont requis pour la stabilité du service, pour la stabilité de la vie religieuse, puisqu’il n’y a pas de vie religieuse sans voeux.

Sachons nous souvenir que les péchés des religieux sont plus graves que ceux des simples fidèles, afin d’en avoir plus d’horreur. Souvenons-nous enfin que si la charité est la perfection, elle est aussi la motrice de toute la vie, la charité donne un plus rapide développement aux vertus qu’impliquent les voeux, et si l’on peut se servir de cette comparaison, la charité dans le coeur est ce que la vapeur est dans la locomotive. Avec de l’eau et une machine vous avez l’immobilité. Chauffez l’eau, la machine marchera en proportion de ce que la vapeur se formera. Accroissons la charité et nous irons rapidement à la sainteté.

Notes et post-scriptum