Informations générales
  • TD52.191
  • [Notes sur] DIEU.
  • Orig.ms. BW17, pp. 17-18 et BW18; T.D. 52, pp. 191-198.
Informations détaillées
  • 1 ABUS DES GRACES
    1 CONNAISSANCE DE DIEU
    1 DIEU
    1 GRACE
    1 IMITATION DE DIEU
    1 JESUS-CHRIST MEDIATEUR
    1 ORAISON
    1 PENITENCES
    1 PERFECTIONS DE DIEU
    1 PERFECTIONS DE JESUS-CHRIST
    1 TEMOIN
    1 THEOLOGIE NATURELLE
    1 VOIE UNITIVE
La lettre

1. – Première idée, Dieu connu de soi, mais non par rapport à nous.

Connu de tous d’une manière confuse, dit saint Thomas, comme terme de notre bonheur.

On ne peut prouver Dieu que par les effets. Mais les chrétiens peuvent et doivent le prouver par les effets. Premier devoir.

Je remonte vers Dieu comme à mon principe et je le prouve par ma foi et par ma conduite.

Les effets produits seront imparfaits, mais je puis faire effort.

On prouve Dieu par le mouvement.

Dieu mon premier moteur.

Dieu prouvé par sa providence.

Deus cum sit summe bonus. St Aug.

1[bis]. – Dieu est. Mais pour le connaître parfaitement, il faut être Dieu.

Nous le connaissons naturellement d’une manière confuse comme terme de notre bonheur. Toutefois on le prouve de plusieurs manières.

Disons-en trois:

1° Comme première cause, premier principe.

2° Comme premier moteur.

3° Comme principe d’ordre et de providence.

Trois conclusions: Ma vie doit [être] une preuve a posteriori de l’existence de Dieu.

Tous mes mouvements doivent partir de lui.

Tout en moi doit être réglé par lui.

2. – Simplicité de Dieu.

Dieu essentiellement simple. En lui point de composition, point de matière, point de progrès, point de défaillance; il est toujours tout ce qu’il peut être. C’est un acte pur. En nous composition, matière et forme, corps et âme, commencement et mort. Mais nous pouvons nous approcher de Dieu en nous séparant de la matière.

En nous séparant de ce qui passe.

En fuyant la décadence.

En prenant la simplicité divine pour notre terme.

3. – Perfection de Dieu.

Dieu est parfait. Idée de la perfection.

Perfection de tous les attributs.

Infiniment c.à.d. absolument parfait.

Perfection absolue de Dieu, modèle de la perfection relative de l’homme.

Il y arrive par Jésus-Christ qui est la voie, la vérité, la vie.

La voie, il conduit, il porte.

La vérité, il illumine.

La vie, il donne plus d’être et par conséquent plus de perfection.

Jésus-Christ, Dieu et homme, amoindrit en quelque sorte dans son humanité les perfections divines, afin de les rendre plus accessibles par l’imitation à la faiblesse humaine.

In quantum sumus, boni sumus. St Aug.

Bonum est quod omnia appetunt. Aristote.

Omnis creatura Dei est bona.

Le bien suprême, terme suprême.

Modus species ordo. Satio boni consistit in modo, specie et ordine.

Bonus est Dominus sperantibus in eum, animae quaerenti eum. Jer.

Bonus dicitur Deus, sicut ex quo omnia subsistunt. St Denys.

En cherchant le bien dans les créatures, nous cherchons des ressemblances de l’être suprême.

Trinitas divinarum personarum est summum bonum, quod a purgatissimis mentibus cernitur. St Aug.

Toutes les perfection désirables sont en lui comme être ou comme cause.

Mea omnia in Deo sunt bona per participationem. Boetius. Non igitur per essentiam. St Th.

Dieu seul est bon par essence.

Selon son être, sans accident.

Comme fin suprême, sa fin à lui, fin de tous les êtres.

Les êtres sont bons de leur propre bonté.

Toutefois on peut dire les êtres bons de la bonté divine, comme tirant à la fois leur être et leur bonté de l’être et de la bonté première comme de leur cause.

Et ils peuvent être dits bons de la bonté divine par ressemblance à leur modèle.

4. – Bonté infinie de Dieu.

Le bien absolu c’est ce que tous les êtres désirent. L’être et le bien sont en un sens identiques.

En désirant un plus grand bien, les êtres désirent plus d’être.

L’être suprême et le bien suprême,

c’est Dieu, cause et terme de tous les êtres. Etre suprême, il leur donne l’être; bien suprême, il leur donne le bonheur de l’être.

Bonus dicitur Deus, sicut ex quo omnia subsistunt. St Denys.

Trinitas divinarum personarum est summum bonum, quod a purgatissimis mentibus cernitur.

Toutes les perfections désirables sont en lui.

Dieu seul bon par essence, les autres par participation, quoique d’une bonté propre.

Toutefois on peut dire qu’ils sont bons de la bonté de Dieu en tant que Dieu est la cause et le modèle de toute bonté.

Allons à notre cause, allons à notre modèle.

Bonus est Dominus sperantibus in eum, animae quaerenti illum.

Perfection et infinité, une seule et même chose. En Dieu pas de limite à ce qui peut le rendre parfait; tout ce qui est, est de Dieu comme de son principe.

Rien d’infini ni quant au nombre ni quant à la grandeur.

5. – Dieu infini.

L’infini et la perfection sont en un sens synonymes. Dieu parfait est infini, sans limites. Il n’en connaît aucune.

L’homme limité dans son corps, son intelligence, son coeur.

L’univers limité – Dieu à la fois simple et infini. Toutes les perfections dans la simplicité.

Or In ipso vivimus.

Quelles relations entre le fini et l’infini?

Se simplifier.

Quitter tout ce qui est limité.

Tendre vers l’infini.

Rompre toute chose qui nous attache au fini.

6. – De l’omniprésence de Dieu.

Omnia opera nostra operatus est in nobis Dominus.

Dieu est en toutes choses.

En tant que premier moteur et principe de tout être.

Dieu est partout.

Le propre de Dieu est d’être partout.

Respect dû à la présence de Dieu.

Mais pourquoi alors l’adorer au Saint-Sacrement? Parce qu’il y est plus intimement dans l’ordre de la grâce.

7. – Immutabilité de Dieu.

Dieu, acte pur, est tout ce qu’il peut être, par conséquent immuable. Parfait, il ne peut changer que pour l’être moins, ce qui est impossible.

Nous, au contraire, nous sommes changeants par notre nature,

par l’action des créatures, le chaud, le froid,

la volonté de Dieu.

Quels rapports entre notre changement et l’immutabilité divine? Dieu, acte pur, principe de toute action, notre principe, notre terme, dans le repos éternel.

Dieu, notre terme, demande la persévérance; – notre terme dans le repos, veut que nous y préludions par la paix. La persévérance et la paix, les deux fruits pratiques de l’immutabilité divine.

8. – Eternité de Dieu.

Peu de choses à dire; si Dieu est immuable, il est éternel.

Qu’est-ce que l’éternité?

En face de cela qu’est-ce que le temps?

Eternité des peines.

Eternité des récompenses.

[8bis] – Sa sainteté(1).

Pacem sequimini cum omnibus et sanctimoniam, sine qua nemo videbit Deum, contemplantes ne quis desit gratiae Dei. Heb. 12, 14.

Sans sainteté point de Dieu.

Qu’est-ce que la sainteté en Dieu?

Qu’est-ce que la sainteté dans l’homme?

Sans ainteté point d’union entre l’homme et Dieu. La sainteté est le trait d’union.

Il y en a deux. Sur la terre les abaissements de Jésus-Christ qui va vers l’homme.

Dans le ciel la perfection de l’homme qui va vers Dieu.

Jésus-Christ vous a pris dans les bas-fonds de votre dégradation, élevez-vous à toutes la hauteur.

Comment cela se fera-t-il? Par la grâce.

Dieu vous l’offre. Quel concours y prêtez-vous? quelle sincérité? quelle énergie?

Deux éléments de votre sainteté: la grâce et votre volonté. La grâce ne vous manque pas. C’est vous qui manquez à la grâce. Voilà pourquoi vous n’êtes pas saints. Voilà pourquoi vous vous exposez de gaieté de coeur à ne pas voir Dieu.

Voilà pourquoi il faut méditer sur les trésors de la grâce dont vous abusez, pendant le carême qui commence.

[8ter] – De la connaissance de Dieu.

Dieu est infiniment cognoscible, mais sa clarté même le rend invisible, comme le soleil à la chauve-souris.

D’où nécessité de fortifier son oeil.

In lumine tuo videbimus lumen.

Les bienheureux le verront en proportion de ce qu’ils auront désiré de le voir sur la terre.

On ne peut le voir que par [la] grâce.

Haec est autem vita aeterna.

Voilà deux objets: le monde et Dieu.

Averte oculos meos, ne videant vanitatem.

Impossible à la créature seule de voir l’essence de Dieu.

Pour voir Dieu, il faut lui devenir semblables: Cum apparuerit, similes ei erimus.

La lumière dans laquelle on voit Dieu est l’amour; plus on l’aime, plus on le voit. Nous y verrons tout d’un seul regard. On peut connaître par la raison que Dieu est, non pas ce qu’il est.

Grande consolation. Vous pouvez connaître Dieu par la grâce infiniment mieux que le philosophe par la raison.

Aimez, priez, cherchez en priant et en aimant.

9. – De la manière dont Dieu peut être connu.

Rien de plus facile à être connu que Dieu. Mais cela même fait mon obscurité.

Rien de plus difficile pour un oiseau de nuit que de voir le soleil. L’objet matériel le plus lumineux.

D’où nécessité de fortifier notre oeil.

1° par la grâce; 2° par la pénitence; 3° par la prière.

1° Par la grâce ceci sans doute ne dépend pas de nous. 1° Obstacles, les ténèbres. Mais comparaison:

Notre oeil ne voit pas un objet qui n’est pas éclairé. La grâce est ce moyen, elle nous rend semblables à Dieu: Dei forma cum apparuerit, similes ei erimus.

Ecoutons la grâce, ne repoussons pas la lumière: Lux in tenebris lucet.

2° par la pénitence.

L’obstacle, le péché: animalis homo.

Le monde: deux buts: le monde, Dieu.

Il faut faire disparaître la taie qui est dans notre oeil par la séparation du monde, du péché et du principe du péché.

Mais pour voir il faut désirer voir. Renverser [= rechercher] les occasions de voir, aimer à voir, fixer son attention avec amour.

C’est la prière.

Mais cette prière, c’est l’amour, et plus nous aurons aimé à voir ici-bas, plus nous verrons là-haut.

De plus, la lumière de la grâce est tout autre que celle de la raison. Avec la seule raison nous pouvons savoir que Dieu est, la grâce seule nous apprend ce que Dieu est.

Deum nemo vidit unquam: unigenitus Dei Filius ipse enarravit.

Demandons-lui de nous faire connaître.

10. – De la vie en Dieu.

Il y a trois manières d’être: La matière brute, les corps organisés, les êtres intelligents.

Les plus parfaits sont les intelligents et c’est par l’intelligence qu’ils le sont.

Dieu, le plus parfait des êtres, est le plus intelligent. La perfection de l’être et de la vie est donc dans l’intelligence et en ce sens il y a équation entre la vie et la vérité.

L’être absolu, la vie absolue, la vérité absolue c’est Dieu.

Mais quel moyen de participer à son être, à sa vie? C’est de participer à sa vérité c’est de nous nourrir de la vérité divine.

D’où nécessité d’avancer dans l’oraison.

Qu’est-ce que l’oraison?

La vie de l’âme se transformant dans la vie divine.

D’où deux courants dans la vie de l’homme: le courant animal et le courant divin.

Notes et post-scriptum
1. Sur une feuille volante.