[Retraite aux hommes, rue François Ier, 1873]

Informations générales
  • TD52.282
  • [Retraite aux hommes, rue François Ier, 1873]
  • 7 - DU MAL SOCIAL.
  • Orig.ms. BP3, pp. 155-160; T.D. 52, pp. 282-284.
Informations détaillées
  • 1 ATHEISME
    1 CONCUPISCENCE DES YEUX
    1 EGOISME
    1 ENNEMIS DE L'EGLISE
    1 HAINE CONTRE DIEU
    1 HOMMES
    1 LOI DIVINE
    1 MAUX PRESENTS
    1 MORALE INDEPENDANTE
    1 PENITENCES
    1 PREDICATION DE RETRAITES
    1 RENONCEMENT
    1 SALUT DES AMES
    3 PARIS
  • Hommes
  • avril 1873
  • Paris
La lettre

Scito, et vide quia malum et amarum est, dereliquisse te Dominum Deum tuum.

Que la société soit tourmentée par un mal terrible, qui en doute? Il faut en sonder les profondeurs, en indiquer les remèdes.

1 – Profondeur du mal social.

Je réduis le mal social à trois principaux caractères: caractère d’égoïsme, caractère d’amour de la terre, caractère d’incrédulité.

1° Egoïsme. – Rien ne me heurte comme certains amours de l’humanité. Je les ai étudiées de près ces tendresses humanitaires et j’en ai bien vite trouvé l’enflure, le creux, l’imposture. On parle philanthropie au-dehors, et au-dedans on dit: Après moi le déluge! Et personne ne s’occupe du bien général. Et l’on rapporte tout à soi, et, à un moment donné, les pauvres rapportent tout à eux.

2° L’amour de la terre. – C’est avilissant, mais c’est ainsi. Notez que Dieu exige que l’homme travaille la terre. Le travail est donc une bonne chose, l’industrie aussi. C’est l’excès qu’il faut blâmer.

Mais il s’agit bien d’industrie et de travail; l’homme se courbe pour avoir de l’or, pour avoir des plaisirs, pour avoir la fumée de la gloire. Et c’est où en sont les masses. Depuis longtemps on nous a parlé du bien-être matériel, comme aujourd’hui on se charge de réprimer le désordre matériel.

Quant à la morale, qu’il n’en soit plus question. Et nous avons vu les appétits et ils sont là. Ce n’étaient pas les pétroleurs qu’il fallait fusiller, mais ceux qui les avaient formés: tristes élèves de maîtres infâmes.

3° L’incrédulité. – J’en compte trois: incrédulité philosophique, incrédulité indifférente, incrédulité politique.

L’incrédulité philosophique a la haine de Dieu et de la vérité surnaturelle.

L’incrédulité indifférente, que j’appellerai si vous voulez incrédulité bourgeoise; elle descend comme d’écho en écho dans les classes populaires et elle creuse des gouffres. Puis, le silence se fait, la haine s’éteint dans la stupidité.

Haine politique. On excite les passions et l’on fusille. Haine calculée savamment, et les prêtres sont persécutés avec des formes sinon de politesse, au moins de police. Incrédulité violente, incrédulité diplomatique.

2 – Remèdes au mal social.

1° L’esprit de sacrifice et de charité.

De charité – Voyez les haines qui s’accumulent. Vince in bono malum. Ayez beaucoup d’amour pour les pauvres âmes.

Du sacrifice – Oui, il faut du dévouement.

La charité pratique sociale faite aux âmes.

2° Vie austère, en face de ces richesses mal acquises.

La vie austère vous remplit les mains de ressources. La vie austère console le pauvre. Il faut le faire travailler, dites-vous. Oui, mais pas d’un travail qui excite ses convoitises. Faites travailler, mais faites des travaux utiles à tous.

3° La pratique de la loi de Dieu.

C’est là qu’il faut en revenir. C’est là la source de la justice et du droit. L’homme veut se faire sa morale, son droit, sa justice. Cela n’est pas possible. Il faut la pratiquer et la faire pratiquer.

Justitia elevat gentes, miseros autem facit populos peccatum.

Notes et post-scriptum