DOCUMENTS NE FIGURANT PAS DANS LES T.D.

Nîmes
Informations générales
  • DOCUMENTS NE FIGURANT PAS DANS LES T.D.
  • Extrait des procès-verbaux du chapitre de 1868. - Une prophétie (1).
  • *L'Assomption et ses Oeuvres*, p. 631-635, Paris, 1893.
  • Procès-verbaux originaux des Chapitres généraux 1850-1903. ACR, C 31, p.75-78.
Informations détaillées
  • 1 ACTION POLITIQUE
    1 ACTION SOCIALE
    1 ATHEISME
    1 CONGREGATION DES AUGUSTINS DE L'ASSOMPTION
    1 CONSERVATEURS
    1 DEMOCRATIE
    1 ESPRIT CHRETIEN
    1 HISTOIRE DE L'EGLISE
    1 INSTITUTS RELIGIEUX
    1 REVOLUTION ADVERSAIRE
    1 TRIOMPHE DE L'EGLISE
  • 7-17 septembre 1868
  • Nîmes
La lettre

Le caractère distinctif de la Congrégation peut encore résulter de la part qu’elle prendra au mouvement social et aux événements politiques. Nouvelle question tout à fait digne d’examen et qui offre plus d’un point de vue.

On prend part au mouvement social ou comme initiateur à un nouvel ordre de choses, ou comme restaurateur d’un passé en ruine, ou comme défenseur d’un présent que l’on aime d’un amour exclusif, ou comme adorateur non moins partial de je ne sais quel avenir merveilleux qu’on se plaît à espérer et à prédire.

Or, de même que l’on peut être initiateur pour le bien, comme les anciens Ordres monastiques, on peut être encore initiateur pour le mal, comme les révolutionnaires.

Ensuite, la restauration du passé n’est jamais possible en tout ce qui l’a constitué : il est des ruines que, sans doute, il faut regretter et relever; mais il en est d’autres qu’il est opportun de laisser dans la poussière.

En troisième lieu, le présent n’est pas toujours parfait; il est souvent défectueux, et il est nécessaire en bien des circonstances de n’être pas homme de son temps.

Enfin, ne saluer que l’avenir, c’est s’exposer à ne saluer que des fantômes et même des abîmes.

Dans ces diverses participations au mouvement social, il y a donc, si on les considère chacune à part, des abus faciles, des impossibilités insurmontables, des dangers intéressant la conscience et des illusions perfides. Mais il y a aussi des côtés heureux par où il serait bon de les concilier ensemble, au grand avantage de la vérité catholique, à laquelle avant tout doit s’attacher un Ordre religieux, parce qu’elle seule est également à l’abri de toute imperfection et de toute caducité.

De nos jours, par exemple, le monde s’en va tout entier à la démocratie, et il y va par l’incrédulité. Ne pourrait-on point participer à ce mouvement comme initiateur d’abord, en versant de nouveau dans les rouages de la société civile l’esprit catholique qui s’y dessèche de plus en plus, au détriment de la civilisation ?

Et pour y parvenir plus sûrement, ne serait-il pas permis de faire, quoique avec respect, bon marché de certaines institutions anciennes, qui n’étaient que des formes, et dont la résurrection importe peu aux principes?

Y aurait-il péril à pardonner au présent certains défauts secondaires, qui tiennent plutôt à la nécessité du moment qu’à des idées antichrétiennes bien arrêtées?

Ne serait-il pas expédient, en face des prophéties plus ou moins fausses de l’avenir, de s’en préoccuper, d’en tenir compte, d’en étudier les aspirations et les tendances, afin de s’y attacher dans ce qu’elles ont de noble et de vrai, et de pouvoir de la sorte les diriger vers des possibilités légitimes?

En un mot, n’y a-t-il pas moyen, en profitant sans parti pris de ce qu’il y a par un certain côté de bien et de généreux dans la transformation sociale à laquelle assiste le XIXe siècle, d’en tirer des éléments favorables au triomphe de l’Eglise sur la Révolution, dont ils doivent être les adversaires.

Notes et post-scriptum
1. Titre emprunté à l'extrait publié par l'*Assomption et ses Oeuvres*.