Retraite pour les hommes à la rue François Ier, 1873

31 MAR 1873 Paris Hommes

Les caractères de la pénitence.

Informations générales
  • Retraite pour les hommes à la rue François Ier, 1873
  • De la Pénitence
  • DA 6, pp. 5-9 (ms d'inconnu).
Informations détaillées
  • 1 ANCIEN TESTAMENT
    1 CHATIMENT DU PECHE
    1 HUMILITE
    1 JUSTICE DE DIEU
    1 PECHE
    1 PECHE ORIGINEL
    1 SACRIFICE DE JESUS CHRIST
    1 SOUFFRANCE ACCEPTEE
    1 VERTU DE PENITENCE
    1 ZELE APOSTOLIQUE
    2 ADAM
    2 EVE
    2 GREGOIRE I LE GRAND, SAINT
    2 JONAS, BIBLE
    3 NINIVE
  • A des hommes
  • Hommes
  • Lundi soir [31 mars 1873]
  • 31 MAR 1873
  • Paris
  • Chapelle de la rue François Ier
La lettre

Pourquoi faut-il faire pénitence?

Quels sont les principaux caractères de la pénitence?

Adam et Eve venaient d’être chassés du paradis terrestre pour avoir enfreint la loi divine, et Dieu, parfaitement bon, mais aussi parfaitement juste, voyait avec une douleur immense, mais aussi une immense colère, toute la race d’Adam maudite, damnée pour toute l’éternité; il voyait les hommes qu’il avait créés à son image condamnés par son éternelle justice à la douleur et à la mort; il voyait tout cet amoncellement de péchés, cet enchevêtrement de crimes, car l’humanité devint tellement corrompue qu’il ne se trouva qu’un juste au moment du déluge, châtiment terrible que Dieu infligea pour purger la terre des méchants. Plus tard, l’iniquité remplissait le monde de nouveau et appelait de nouveau toutes les sévérités de sa justice. Mais s’il punissait sévèrement, il se laissait désarmer par la pénitence; un exemple entre tous: Dieu envoya le prophète Joas à Ninive, ville immense, pour lui annoncer que la mesure de ses crimes était comblée, et qu’elle serait détruite sous trois jours. Aussitôt le peuple se couvrit de cilices, de cendres et fit pénitence; le roi publia un édit qui étendit cet esprit de pénitence jusque sur les animaux, et Ninive fut pardonnée, il faut donc faire pénitence si nous voulons être pardonnés.

Il faut faire pénitence non seulement pour nos péchés, mais pour tous les péchés du monde entier. N.S. Jésus Christ, s’offrant en holocauste pour désarmer la colère de son père, étant cloué sur le bois infâme, jetait autour de lui un regard triste, en voyant cette mer de péchés qui couvrait le monde, et Lui, le Juste par excellence, se sacrifiait pour tous.

Nous qui sommes sortis de cette race immonde, nous qui sommes les enfants du péché, mais qui pourtant avons été lavés de la souillure originelle par le baptême, nous, pour qui le plus sublime des sacrifices a été consommé, nous qui sommes chrétiens en un mot, nous sommes bien coupables; on ne sait ce que Dieu réserve dans sa justice immuable aux peuples chez qui le christianisme n’a pas pénétré, mais nous, qui avons été comblés de tant de bienfaits, notre châtiment sera terrible.

Jetons donc, à notre tour, un regard triste autour de nous, et si nous tous nous sommes dans la vérité, si quelques-uns d’entre nous sont dans le bien, acceptons tous la solidarité épouvantable de cette violation universelle de la loi de Dieu, et faisons pénitence pour nous-mêmes, pour tous, voilà pourquoi il faut faire pénitence.

Les principaux caractères que doit revêtir la pénitence sont: les caractères d’humilité, de réparation, de ferveur et d’expiation.

L’enfant prodigue, après avoir gaspillé son patrimoine et forcé de disputer sa nourriture aux pourceaux, songeait aux mercenaires qui habitaient la maison de son père et qui étaient bien plus heureux que lui; il rentra en lui-même, partit, et s’agenouillant devant son père, il s’humilia, et son père lui pardonna, l’accueillit comme son fils bien aimé, et lui donna la meilleure place qu foyer.

Combien d’enfant prodigues, après avoir gaspillé leur patrimoine, n’ont pas le courage de s’envisager, de peur de s’humilier à leurs propres yeux, et s’en vont mourant de faim. Il faut descendre en soi-même et s’humilier. Le deuxième caractère de la pénitence est la réparation.

« Le péché est une dette », dit St Grégoire; le péché est une dette qu’on a contractée envers Dieu par la violation de sa loi, une dette qu’on a contractée envers son prochain, par le scandale qu’on lui a causé et par le mauvais exemple qu’on lui a donné; il ne suffit donc pas d’en faire pénitence, il faut réparer, il faut payer sa dette à Dieu et à son prochain, à Dieu par des mortifications, des pénitences intimes, et à son prochain, en jetant à terre toutes considérations mondaines, foulant aux pieds tout respect humain, tout amour propre, et tâchant de réparer, par tous les moyens en notre pouvoir, les préjudices causés à son âme par nos mauvais exemples.

Un autre caractère de la pénitence est le caractère de la ferveur.

Dieu, dans son immense amour pour nous, a voulu que son fils descendît sur cette terre remplie d’iniquités pour racheter les hommes qui étaient à jamais bannis de leur patrie céleste. Il voulut par le sacrifice de son divin fils, N.S. Jésus Christ nous donner la preuve de son profond amour pour ses créatures, ses enfants, qui avaient attristé si souvent son coeur de Père, par leurs violations incessantes de sa loi divine, par leurs péchés. Il faut qu’un profond sentiment de ferveur, d’amour, de reconnaissance imprègne notre pénitence, il faut que nos coeurs attristés par le spectacle de nos péchés envers notre Dieu, notre Père, élève jusqu’à Lui notre pénitence dans une pensée d’ineffable amour.

Notre pénitence doit avoir aussi le caractère de l’expiation. C’est pour les péchés de l’humanité que N.S. Jésus Christ s’est immolé sur la croix pour désarmer la colère de son Père, il expiait ainsi par son sublime sacrifice toutes les corruptions du monde entier. Expions donc, par tous les sacrifices en notre pouvoir, cette accumulation des péchés du monde amoncelés sur nos têtes, faisons pénitence pleine et entière, faisons pénitence avec humilité, avec ferveur, réparons par notre exemple le mal que nous avons fait, et nous désarmerons à notre tour la colère de notre Père et il nous accueillera avec joie dans son royaume, notre patrie, notre maison paternelle.

Ainsi soit-il.

Notes et post-scriptum
1. Notes du P. d'Alzon: D01929 où cette instruction porte le n° 2.