Retraite pour les hommes à la rue François Ier, 1873

1 APR 1873 Paris Hommes

Réception, développement et conservation des idées chrétiennes, c’est-à-dire de la loi de Dieu.

Informations générales
  • Retraite pour les hommes à la rue François Ier, 1873
  • Des idées chrétiennes
  • DA 6, pp. 10-15 (ms d'inconnu).
Informations détaillées
  • 1 AUGUSTIN
    1 COMPORTEMENT
    1 CONCILE DE TRENTE
    1 DOCTRINE CATHOLIQUE
    1 EDUCATION EN FAMILLE
    1 ENERGIE
    1 ENSEIGNEMENT DE L'ECRITURE SAINTE
    1 ENSEIGNEMENT OFFICIEL
    1 ENSEIGNEMENT PRIMAIRE
    1 ENSEIGNEMENT RELIGIEUX
    1 EVANGILES
    1 FOI
    1 FRANCHEMENT CATHOLIQUES
    1 HISTOIRE DE L'EGLISE
    1 LIBERTE DE L'ENSEIGNEMENT
    1 LOI DIVINE
    1 REFLEXION
    1 SERVICE DE L'EGLISE
    1 TIEDEUR
    1 TOLERANCE
    2 BOSSUET
    2 DARRAS, JOSEPH-EPIPHANE
  • A des hommes
  • Hommes
  • Mardi matin [1er avril]
  • 1 APR 1873
  • Paris
  • Chapelle de la rue François Ier
La lettre

Les idées chrétiennes sont la connaissance approfondie de la loi de Dieu, science qui nous est enseignée par l’Eglise.

Comment reçoit-on les idées chrétiennes?

Comment doit-on les développer?

Enfin, comment doit-on les conserver?

De la réception des idées chrétiennes.

On les reçoit de deux manières: la première par l’éducation de l’enfance, de la famille et par les études très imparfaites du collège; pour la plupart des chrétiens, c’est tout! ! Malheureusement, quelques-uns croient que cela suffit. (On demandait dernièrement à un jeune homme élève dans un lycée de vouloir bien étudier plus sérieusement la religion, de se pénétrer davantage de cette science qui est le piédestal de toutes les autres, qui est la science sublime par excellence et, après tout, la plus utile de toutes les sciences; ce jeune homme, quoique chrétien, appartenant à une famille chrétienne, répondit avec une admirable désinvolture: « Ah, bah! cela n’est pas demandé pour le baccalauréat!!! »).

La cause de cette coupable indifférence en est aux gouvernements passés et actuels. En effet, partant de ce principe irréfragable que tous les peuples ont été, sont et seront divisés en deux classes bien distinctes, les classes dirigeantes, c’est-à-dire les classes éclairées, douées d’une instruction supérieure, et les classes dirigées, celles d’une intelligence ordinairement plus imparfaite, ne possédant qu’une instruction plus secondaire; il est donc bien évident qu’un intérêt plus particulier, ou tout au moins plus immédiat, doit être porté à l’enseignement des classes dirigeantes. Eh bien! en ce moment on élabore un projet de loi sur la liberté de l’enseignement secondaire, c’est très bien, mais la plus utile, la plus efficace, la plus féconde en améliorations immédiates, c’est la loi sur la liberté de l’enseignement supérieur, et si cette loi était décrétée, mise en vigueur, si l’Université ne possédait pas le privilège exclusif de conférer les grades universitaires, alors l’enseignement de la religion, de ses sublimes vérités, de ses préceptes émanant de la sagesse divine, cet enseignement prendrait la place importante qu’elle doit occuper dans l’enseignement public, et nos jeunes générations seraient imprégnées de ces idées chrétiennes, qui sont les bases sur lesquelles reposent toutes les sociétés qui veulent être fortes, amies de l’ordre et de l’éternelle justice.

Il est un deuxième mode de réception des idées chrétiennes.

« Il ne peut y avoir aucune connexité, aucun lien, aucun rapport entre la lumière et les ténèbres », dit l’apôtre. Il faut donc fouiller dans nos âmes, et chercher s’il n’y existe aucun point obscur; si quelques doutes n’ont pas surgi, si quelque affaiblissement n’est pas survenu dans les multiples applications de nos idées chrétiennes, en un mot si notre âme ne resplendit pas de toute la lumière étincelante des vérités éternelles, si cela est, il faut faire la réification de l’origine de nos idées. Lisons l’Evangile, lisons-le, et nous serons surpris de la force nouvelle qu’il apportera à notre esprit, de l’énergie qu’il imprimera à nos résolutions, et de la science nouvelle qu’il inculquera dans notre intelligence: nous serons comme un voyageur qui revenant sur ses pas, découvre des sites ravissants qui lui étaient restés inaperçus, des beautés qui ne s’étaient point encore révélées à lui et des effets lumineux resplendissant devant ses yeux pour la première fois.

Pour cette réception nouvelle des idées chrétiennes, il est une disposition d’esprit qui est indispensable; c’est la disposition d’obéissance à l’Eglise qui est notre seconde mère, de l’obéissance la plus complète, la plus absolue; il ne s’agit pas de se dire: je penserai tout ce qu’il n’est pas défendu de penser, je puis faire tout ce qui n’enfreint pas les ordres qui me sont donnés, il ne faut pas faire une sorte de compromis entre les exigences de sa situation matérielle et les devoirs de sa situation intellectuelle; en un mot entre son âme, sa conscience d’un côté, et ses habitudes mondaines, ses relations, ses occupations, ses dispositions d’esprit de l’autre côté; il ne faut pas établir ce qu’on peut appeler un concordat, non, il ne faut pas de concordat, car concordat veut dire affaiblissement. Lisons l’Histoire de l’Eglise, et nous verrons que tous les concordats auxquels elle a cru devoir consentir, n’ont été pour elle qu’un affaiblissement de sa légitime puissance au détriment de son influence spirituelle.

Comment doit-on développer les idées chrétiennes?

Il s’agit non seulement d’avoir reçu, de posséder les idées chrétiennes, d’avoir eu, en quelque sorte la semence, mais faut-il encore faire grandir ces germes divins, les faire fructifier, les développer.

Il y a deux moyens de développement, vouloir d’abord, et les étudier ensuite: le vouloir sincèrement, énergiquement, ne pas s’endormir sur cette espèce d’oreiller qu’on fait à sa conscience, qui est l’accommodement avec soi-même; il faut ne pas être ce que l’on peut appeler un chrétien de routine. Il faut donc travailler ses idées chrétiennes, il faut les étudier: pour cela, une petite et modique bibliothèque religieuse est d’un grand secours. Les livres qui doivent y occuper la première place sont: la Bible, la Cité de Dieu de St Augustin, l’Histoire ecclésiastique de l’abbé Darras, le Discours sur l’histoire universelle de Bossuet et le Concile de Trente. La lecture de ces ouvrages est excellente; mais ce qui nous met le plus en rapport avec la source de la Vérité divine, c’est la méditation.

Méditons sérieusement sur les vérités de Dieu enseignées par l’Eglise. Il ne faut pas craindre de fouiller dans tous les replis de notre coeur, de mettre à nu toutes les plaies que nous nous cachons quelquefois à nous-même, dans la crainte d’y trouver notre condamnation car « il n’y a que les méchants qui ne veulent pas admettre l’existence de la vérité, par laquelle ils seront condamnés« .

Quand on a reçu les idées chrétiennes, quand on les a développées, il faut encore les conserver. Pour les conserver, il faut mettre d’accord ses pensées avec ses actes, n’agir que conformément à sa foi, en un mot, faire subsister l’harmonie la plus complète entre sa conduite et sa croyance; il ne s’agit pas de croire et de ne pas faire, il faut agir, ne faisant pas le bien pour le bien, comme ceux qui font de l’art pour l’art; il faut pratiquer sincèrement sa foi, affirmer hautement sa croyance, et alors la bénédiction de Dieu descendra en nous, il nous comblera de grâces toutes particulières et nous pourrons mener à bonne fin cette grande oeuvre qui est notre salut éternel.

Ainsi soit-il.

Notes et post-scriptum
1. Notes du P. d'Alzon: D01930 où cette instruction porte le n° 4.