- Retraite pour les hommes à la rue François Ier, 1873
- De la préparation à l'Eucharistie
- DA 6, pp. 16-18 (ms d'inconnu]
- 1 CREATION
1 DEVOTION EUCHARISTIQUE
1 FORMATION DE JESUS CHRIST DANS L'AME
1 INCARNATION MYSTIQUE
1 PROGRES DANS LA VIE SPIRITUELLE
1 REDEMPTION - A des hommes
- Hommes
- Mercredi [2 avril 1873]
- 2 APR 1873
- Paris
- Chapelle de la rue François Ier
Pour nous préparer efficacement à la participation du divin mystère de l’Eucharistie, il est de toute nécessité de se rendre compte, de se pénétrer des mystères qu’accomplit dans nos coeurs l’acte de la communion.
Il y a quatre prodiges opérés en nous.
C’est le prodige de la création, le prodige de l’Incarnation, de la Rédemption, et enfin un prodige de sanctification.
C’est un prodige de création que la communion opère en nous, il n’y a que celui qui a créé la substance qui peut avoir le pouvoir d’en créer une nouvelle en opérant la destruction de l’ancienne, par les paroles du prêtre, il y a destruction de la substance matérielle, et la création pour ainsi dire d’une substance divine.
Dieu veut que nous opérions quelque chose de semblable en nous, c’est une création nouvelle qui doit se faire en nous, une création de substance divine et la destruction des principes corrupteurs, voilà ce que Dieu demande. « Seigneur, créez en moi un coeur pur », dit le prophète. Le prêtre à l’autel prononce ces paroles: « Seigneur, que votre corps adhère à mes entrailles », que l’union soit complète entre Dieu et la créature; et l’identification du Créateur fait, du chaos qui existe dans le coeur d’un pécheur, une terre nouvelle parée de tous les dons de la nature. La grande préoccupation de Dieu, c’est sa gloire, c’est dans l’Eucharistie que nous rendons à Dieu la gloire qu’il demande. Si tous les chrétiens savaient communier, Dieu trouverait l’image de son Fils, créée dans chaque chrétien. Il faut donc, en vue de ce prodige de création nouvelle, qui va se faire en nous, il faut renouveler sa foi, il faut posséder ce sentiment d’amour et de reconnaissance qui doit nous en rendre digne.
Le deuxième prodige opéré en nous est un prodige d’Incarnation.
L’Incarnation, c’est l’union d’un Dieu avec l’humanité. « Je serai heureux de venir en toi », a dit N.S. Jésus Christ. De même qu’il s’est incarné; qu’il est venu au monde dans une étable à Bethléem, de même il veut naître dans l’étable de notre coeur. Imitons les bergers qui venaient l’adorer dans ses langes. Portons en nous l’Enfant Dieu, nous devons être les pères de Jésus Christ quand il vient en nous. On doit s’écrier: « Je vis, ce n’est plus moi, c’est J.C. qui vit et règne en moi ». La vie du chrétien, c’est l’incarnation perpétuelle de Dieu dans son coeur, jusqu’à ce qu’à la fin, il ne fasse plus qu’un avec Dieu.
La Rédemption est le troisième des mystères qui se produit en nous. Il est plus facile de créer que de réparer, c’est pour réparer l’oeuvre de Dieu que l’Agneau sans tache s’est immolé, Dieu dans l’Eucharistie vient en nous comme réparateur, pour y opérer par la résurrection de notre âme notre rédemption, il vient en nous pour y opérer aussi le prodige de la sanctification. N.S. après les pâques fictives donna à ses apôtres les Pâques véritables, en s’immolant, en se donnant lui-même; que le même prodige s’accomplisse en nous. Donnons-nous, la perfection consiste à se donner, la perfection de l’amour c’est de se donner. Quand Dieu se donne, nous aime avec un pareil excès, nous devons nous livrer avec toutes les forces de notre âme à l’amour de Jésus Christ. « Aimez Dieu, et faites ce que vous voudrez », a dit St Augustin. Dieu descend en nous avec le Saint Esprit, pour nous combler de ses grâces, car nous sommes trop impuissants pour aimer Dieu comme il veut. Il faut étudier l’Eucharistie de tous ces points de vue, et quand nous serons bien intensément pénétrés de toutes ces questions, nous nous approcherons de la Sainte Table, et nous participerons saintement à cette oeuvre sublime de création; d’incarnation, de rédemption et de sanctification.
Ainsi soit-il.