Retraite pour les hommes à la rue François Ier, 1873

3 APR 1873 Paris Hommes

Le droit de Dieu, Père, Verbe et Amour.

Informations générales
  • Retraite pour les hommes à la rue François Ier, 1873
  • De la cause de Dieu
  • DA 6, pp. 9-24 (ms d'inconnu).
Informations détaillées
  • 1 AMOUR DIVIN
    1 BAPTEME
    1 CREATION
    1 DIEU LE FILS
    1 DIEU LE PERE
    1 DOMINATION DE DIEU
    1 DROITS DE DIEU
    1 HAINE CONTRE DIEU
    1 LIBERTE
    1 LOI DIVINE
    1 LOI HUMAINE
    1 PROPRIETES FONCIERES
    1 PUISSANCE DE DIEU
    1 REVOLUTION ADVERSAIRE
    1 SOCIETE
    1 TRINITE
    1 UNION DES COEURS
    1 VERITE
  • A des hommes
  • Hommes
  • Jeudi [3 avril 1873]
  • 3 APR 1873
  • Paris
  • Chapelle de la rue François Ier
La lettre

« Allez donc, instruisez toutes les nations, et baptisez-les, au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit ».

Toute créature intelligente doit être baptisée au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit, car c’est Dieu qui nous a créés, nous sommes sa propriété et nous devons porter sur nos fronts notre certificat d’origine.

La cause de Dieu se résume dans la cause du Père, car si le mystère de la Ste Trinité nous démontre un Dieu en trois personnes, le principe repose spécialement dans le Père; en effet il est père donc il est principe. Il y a une question de combat entre Dieu et sa créature, résumons quels sont les éléments que Dieu apporte dans cette lutte et ceux de l’homme. Les éléments de Dieu sont qu’il est le principe, qu’il est le Verbe et qu’il est l’Amour. L’homme n’apporte qu’un seul élément dans cette lutte: c’est la haine.

Quoique le Père, le Fils et le St Esprit s’unissent dans la même substance, c’est Dieu le Père qui a eu la puissance de créer des êtres finis. Nous sommes de sa race; il est notre père, notre principe, il est notre cause. Il est donc bien plus consolant de placer notre origine au point de vue divin, de remonter à un principe parfait qu’à un principe imparfait; et en plaidant notre origine à ce point de vue, nous plaidons la cause de Dieu. Dieu est tout puissant mais l’attribut de la puissance appartient à Dieu le Père, et le principe de la société humaine découle de sa substance éternelle.

Toute puissance vient de Dieu, toute société qui n’a pas Dieu à sa base est appelée à une destruction fatale, car tous les pouvoirs humains émanant de la puissance de Dieu ont la raison d’obéissance envers ce pouvoir et servir Dieu c’est régner, c’est plus que d’être libre, c’est être roi.

Ici se présente une objection: voilà un pouvoir, qu’est-ce qui nous prouve qu’il n’est pas arbitraire? Non! Ce pouvoir n’est pas arbitraire s’il a Dieu pour base. En effet, Dieu nous a créés, nous lui appartenons, nous sommes sa chose, sa propriété. « Je vous ai créé, vous m’appartenez », dit Dieu. Dieu, c’est le grand propriétaire, c’est en lui que se résume le principe de la propriété. Dieu a été chassé successivement de ses propriétés. Le paganisme reconnaissait pourtant la légitimité des possessions de leurs divinités, eh bien! que voyons-nous de nos jours, nous chrétiens??

Sachons-le bien, l’invasion, l’occupation de l’humble domaine du Vatican, cette parcelle de terre sacrée, conservée par Dieu à son Eglise, est le coup le plus terrible porté au principe de la propriété de ce monde; car s’il est établi que Dieu est le principe; que Dieu est la puissance, que Dieu résume la propriété; Dieu est aussi le droit, et toute atteinte portée au droit de Dieu, c’est la négation du droit humain, c’est la justification du bouleversement des principes du droit moderne.

Dieu est non seulement le Père, le principe universel, il est aussi le Fils, il est le Verbe.

Le Verbe, c’est la vérité. La vérité est une équation entre l’être et son affirmation, la vérité c’est l’exactitude d’une proposition qui n’a pas besoin d’être démontrée. Le Verbe, c’est l’affirmation de Dieu, c’est la connaissance que Dieu a de lui-même; pour avoir la vérité, il faut remonter au Verbe. L’Eglise, pour nous enseigner les vérités éternelles, a les yeux sur le Verbe; le Verbe s’identifie en N.S. Jésus Christ qui est Dieu le Fils: « Et Verbum caro factum est », et le Verbe s’est fait chair.

La vérité est divine, c’est l’expression de la substance de Dieu. La vérité donne des notions exactes sur les rapports avec les hommes, sur les rapports des hommes entre eux et sur les rapports des hommes avec Dieu. Mais pour régler ces rapports, il faut une loi et cette loi est en Dieu, elle se communique à nous par le Verbe qui est la source de la loi, et la loi c’est l’application de la vérité. La loi de Dieu régit les rapports entre Dieu et nous, et tous les rapports qui existent entre nous en son nom. Toutes les lois qui régissent les sociétés humaines, leur ordre légal, politique, tout cela est vide de sens et ne peut avoir la raison d’exister, si tout cela ne repose pas sur la loi de Dieu, car le Verbe c’est la vie. « Ego sum vita ». Je suis la vie, a dit N.S.J. Christ. L’ordre, c’est l’accomplissement de la loi et c’est dans cette harmonie que réside la vie. La vie sans l’ordre, c’est la mort. Tout désordre dans nos organes physiques ou intellectuels est un commencement de mort, et là où le désordre est complet, où l’harmonie n’existe plus, il y a la mort.

Dieu est plus, il est Amour.

Un lien infini unit Dieu le Père à Dieu le Fils, ce lien c’est l’amour. Dieu est parfaitement heureux, c’est la conséquence de ses perfections. Si Dieu n’était pas parfaitement heureux, il ne serait pas parfait, et s’il n’était pas parfait il ne serait pas Dieu. Il n’a donc pas besoin de nous pour augmenter son bonheur; il veut nous aimer, son amour est donc désintéressé. « Je t’ai aimé d’un amour éternel », dit-il. Pourquoi Dieu ne nous a-t-il pas laissés dans l’esclavage de notre création? Pourquoi nous a-t-il laissé notre libre arbitre, notre liberté, nous a-t-il élevés jusqu’à lui par cela même, et nous a-t-il dit: « Viens, tu es mon fils »?

La source de cette liberté qu’il nous a concédée est dans cette aspiration éperdue de Dieu de vouloir être aimé des hommes pour lui-même.

« Je vous aime, mon Dieu, parce que vous êtes souverainement bon et souverainement aimable, ce n’est pas vos dons que j’ambitionne, ce n’est pas votre grâce que je sollicite en ce moment… je vous aime, oh mon Père, je vous aime pour vous-même »… Que peut être la liberté humaine, la liberté politique à côté de cette ineffable faculté, la liberté sublime de l’amour de Dieu.

Les hommes, pour combattre tous ces éléments de Dieu, ont une arme qui est la haine, ils ont cet esprit d’indépendance haineuse qui gouverne toutes les sociétés; la base de nos révolutions, c’est la haine, c’est la négation de l’amour, de la charité.

A une certaine époque d’un de nos bouleversements – périodiques – qu’on décore du nom pompeux de révolutions, on avait gravé sur les pièces de monnaie cette devise: « L’union fait la force ».

Emparons-nous de cette devise, unissons-nous par les liens de l’amour de Dieu, de la charité, plaidons la cause de Dieu, par nos paroles, nos oeuvres. Plaidons-la par notre esprit de charité, plaidons enfin cette cause qui est la nôtre, avec une ardente conviction pour l’amour de notre Père, de notre Dieu qui résume en lui tous les principes: la propriété, la loi, l’ordre, la liberté et la vie.

Ainsi soit-il.

Notes et post-scriptum
1. Notes du P. d'Alzon : D01935 où cette instruction porte le n° 9.