- A des dames ou jeunes filles
- Retraite aux Enfants de Marie du Prieuré de Nîmes, 1862
Dixième instruction. Désir du ciel. - BZ 6, pp. 4-9 (cahier de Cécile Varin d'Ainvelle).
- 1 BIEN SUPREME
1 CIEL
1 CONSEQUENCES DU PECHE
1 ESCLAVAGE
1 IDEES DU MONDE
1 INDIFFERENCE
1 LIBERTE
1 MISERES DE LA TERRE
1 PECHE ORIGINEL
1 REPOS SPIRITUEL
1 TRAVAIL - Enfants de Marie du Prieuré de Nîmes
- ENFANTS de Marie
- octobre 1862
- OCT 1862
- Nîmes
- Prieuré des Religieuses de l'Assomption
Toute créature désire naturellement son bien, et pour l’homme, créature intelligente, le souverain bien c’est Dieu. Or nous ne pouvons posséder complètement Dieu que dans le ciel, et lorsqu’on est convaincu de cette vérité, n’est-ce pas une chose déplorable que l’indifférence des chrétiens, même fervents, pour ce bienheureux séjour où ils doivent posséder l’unique bien qui doit les satisfaire. Comment, mesdames, pouvons-nous tant aimer la vie de ce monde et ne pas désirer le ciel?… A cause du péché d’Adam, nous sommes condamnés sur la terre au travail, à l’esclavage, à l’exil et à la souffrance, quatre choses bien propres à nous dégoûter de la vie et à nous faire soupirer après le moment où nous posséderons Dieu, qui sera notre repos après le travail, notre liberté après l’esclavage, notre patrie après l’exil, notre joie après la souffrance.
1° Le travail avait été ordonné à nos premiers parents avant leur chute, mais alors ce n’était pas une peine. Maintenant, au contraire, tout homme est condamné à un travail incessant et pénible, et il est de notre devoir de nous soumettre à cette loi de la justice de Dieu. Il faut non seulement travailler, mais encore désirer de travailler, parce que tant que nous sommes sur la terre nous sommes pécheurs, et par conséquent obligés à l’expiation. Mais Dieu permet que tout en travaillant péniblement nous désirions le repos. Non seulement il ne défend pas ce désir du repos, mais il l’ordonne, et nous devons pour lui obéir soupirer sans cesse après ce beau ciel, où Dieu sera lui-même notre souverain repos.
2° Nous sommes ici-bas comme des prisonniers chargés de chaînes, retenus par mille liens qui empêchent notre âme de s’élever, de s’élancer vers son souverain bien. Comment pouvons-nous tant nous complaire dans une vie, où tout devient un lien pour nous retenir loin de Dieu. La terre est une prison, notre corps est une prison dont St Paul souhaitait avec ardeur d’être délivré, les diverses choses qui nous occupent, les relations de société, les convenances, etc. sont des chaînes qui retiennent l’âme captive, et cependant nous aimons cet esclavage de tous les instants. On se croit pour toujours sur la terre, on tapisse sa prison de roses, on s’y établit, on dore ses chaînes en y mêlant même quelques diamants, et puis on reste là, on se trouve bien, on ne désire pas cette nouvelle liberté des enfants de Dieu qui devrait captiver toutes nos pensées et nous faire soupirer sans cesse après ce moment où Dieu brisant nos liens et ouvrant notre prison rendra notre âme libre en l’attirant à lui!…
3° Si l’homme exilé soupire sans cesse après sa patrie et gémit de ne pouvoir y rentrer, combien plus un chrétien fervent, s’élevant par la foi au-dessus des idées de ce monde, devrait-il désirer de voir finir ce temps où il vit loin de Dieu qu’il ne peut connaître que si imparfaitement sur la terre. Le coeur de l’homme exilé est toujours tourné vers sa patrie où il a laissé ses amis et ses relations les plus douces. Si nous n’avons pas encore de relations dans le ciel que nous ne connaissons pas, nous devrions au moins penser que le ciel c’est Dieu et que loin de lui, loin de cette belle patrie où il se découvre et se révèle tout entier à ses élus, notre coeur ne saurait trouver le bonheur, pas plus que l’exilé sur une terre étrangère. Oh! pourquoi désirons-nous si peu entrer dans notre patrie? C’est que là où est notre trésor, là est notre coeur, et Dieu n’étant pas tout pour nous, notre coeur n’habite pas où il est. Et puis entre l’exil et la patrie il y a le tombeau qui nous fait peur. Mais il faut que la foi nous fasse regarder au-delà de cette barrière qui est, il est vrai, bien effrayante, et la pensée des joies de la patrie adoucira les terreurs de ce passage.
4° Les souffrances dont la vie est remplie devraient encore nous détacher de la terre; regardons autour de nous et voyons de combien de douleurs nous sommes environnés. Cette vue ne nous fera-t-elle pas désirer le ciel où toutes les souffrances ayant cessé, il ne nous restera plus qu’une joie infinie qui sera la possession de Dieu lui-même?…
Gémissons donc de notre indifférence et désirons ardemment ce bienheureux séjour où nous trouverons après le travail le repos, après les chaînes la liberté, après l’exil la patrie, et après les souffrances la joie qui ne finira jamais. En pensant souvent au ciel, nos pensées d’élèveront et nous ne serons pas si facilement absorbés par les choses de la terre auxquelles nous devons si peu être attachés.