A des dames ou jeunes filles

OCT 1862 Nîmes ENFANTS de Marie
Informations générales
  • A des dames ou jeunes filles
  • Retraite aux Enfants de Marie du Prieuré de Nîmes, 1862
    Treizième instruction. [La force]
  • BZ 6, pp. 17-23 (cahier de Cécile Varin d'Ainvelle).
Informations détaillées
  • 1 AUGUSTIN
    1 DEMARCHE DE L'AME VERS DIEU
    1 DONS DU SAINT-ESPRIT
    1 ESPERANCE
    1 FEMMES
    1 HUMILITE
    1 IDEES DU MONDE
    1 LACHETE
    1 LUTTE CONTRE LA TENTATION
    1 LUTTE CONTRE SATAN
    1 ORGUEIL
    1 PERSECUTIONS
    1 TOLERANCE
    1 TRIPLE CONCUPISCENCE
    1 VERTU DE FORCE
    2 CAIN
    2 EVE
    2 PAUL, SAINT
    2 PIERRE, SAINT
  • Enfants de Marie du Prieuré de Nîmes
  • ENFANTS de Marie
  • Octobre 1862
  • OCT 1862
  • Nîmes
  • Prieuré des Religieuses de l'Assomption
La lettre

Un des caractères de l’esprit chrétien, c’est la force, don du St Esprit que nous devons demander avec ardeur; mais il y a trois sortes d’obstacles qui s’opposent au développement de cette force en nous. Ces obstacles viennent du démon, du monde et de nous-mêmes.

1° Et d’abord, mes chères filles, je dis qu’on ne se préoccupe pas assez du démon. Cependant St Pierre dit: Mes frères, soyez sobres et veillez, etc. et je suis sûr que pendant cette retraite vous pouvez vous figurer comme une procession de diables tournant autour de cette chapelle et cherchant à faire tomber quelques âmes dans leurs filets. Le démon détruit en nous la force par ses tentations, parmi lesquelles il faut distinguer la présomption et le découragement. Il inspire à une personne pieuse une grande confiance en elle-même et lui insinue qu’elle est capable de beaucoup de choses sans le secours de Dieu. C’est de cette manière que Eve est tombée. Vous serez comme des dieux, lui dit-il, et Eve le croit. Il dit la même chose aux âmes pieuses et leur persuade que connaissant le bien et le mal, elles peuvent se conduire elles-mêmes et n’ont pas besoin de conseils. Eve, qui était dans un état de justice et de piété, est tombée, pourquoi ses filles ne tomberaient-elles pas?… Après la tentation de présomption vient celle du découragement. Le démon persuade à une âme qu’elle n’est bonne à rien, qu’elle n’est pas capable d’aspirer à la perfection qu’on lui propose, et cette âme, comme Caïn, qui voyant ses sacrifices dédaignés ne voulut plus en offrir, devient jalouse des progrès des âmes qui marchent devant elle dans la voie de la perfection; alors elle s’arrête et s’asseyant sur le bord du chemin se dit: à quoi bon aller plus loin?… Je ne pourrai jamais atteindre ceux que je vois devant moi, il vaut mieux ne plus rien faire. Tel est le triste état d’une âme qui écoute les paroles décourageantes de l’ennemi. Comment résister à une si terrible et si dangereuse tentation? Il faut d’abord répondre au démon: En effet, je ne suis capable de rien, et faible comme je le suis, je ne pourrai jamais atteindre les hauteurs de la perfection. Mais après cet acte d’humilité, il y a une prière intime de l’âme à Dieu que Satan ne pourra jamais empêcher, car il ne peut s’interposer entre une âme et Dieu lorsque l’âme cherche Dieu de tout son coeur. Satan lui a montré sa faiblesse et s’est trompé lui-même, car l’âme ayant connu son inefficacité se tourne vers Dieu et lui dit: Je ne puis rien sans vous, mais avec vous, avec votre grâce je puis tout: Satan est vaincu par ce silence de l’âme qu semble d’abord l’écouter, mais qui se tourne ensuite vers le Dieu qui fortifie. C’est ainsi que pendant toute sa vie mortelle N.S. a gardé le silence à l’égard de l’esprit de ténèbres, lui cachant toujours l’union de la divinité à son humanité.

2° Le monde met des obstacles au développement de la force dans une âme. Je ne parle pas ici du monde dans le sens qu’on donne ordinairement à ce mot, mais de cet esprit du monde que nous portons tous en nous-mêmes. Qu’est-ce en effet que le monde, sinon la triple concupiscence que tout homme apporte en naissant. Ainsi les personnes pieuses doivent-elles tout autant redouter le monde que celles qu’on appelle des mondaines, car souvent il se fait plus de mal dans une certaine petite intimité que dans ces grandes réunions où la plupart d’entre vous ne sont pas appelées à paraître. N.S. a dit: Toutes les fois que deux ou trois personnes seront réunies en mon nom, je serai au milieu d’elles. Or, si on ne se réunit pas au nom de J.C., on peut être sûr que le prince du monde prend sa place et cherche à séduire les âmes. La cause principale du mal qui se fait dans le monde, c’est le respect humain qui revêt plusieurs formes. Ainsi on se trouve en compagnie de personnes très pieuses, on parlera et on agira comme une sainte. On se trouve avec des personnes moins chrétiennes: sous prétexte de tolérance et de concession on changera sa manière de voir et d’agir, et en cédant peu à peu à cette coupable faiblesse, on en viendra à commettre le mal parce qu’on n’osera pas se poser comme une chrétienne forte et généreuse. On dira: mais il faut bien se faire tout à tous, comme dit St Paul. Imitez d’abord St Paul dans sa force comme dans sa condescendance et si vous avez, pour agir, des motifs aussi surnaturels que ce grand apôtre, vous n’aurez rien à craindre, mais vous ne lui ressemblez pas encore. On abuse beaucoup de ce mot de tolérance dans ce siècle, et c’est en vertu de la tolérance et des concessions qu’on attaque l’Eglise. St Augustin avait prédit trois persécutions: une persécution sanglante, la persécution de l’hérésie et enfin la troisième, la plus terrible de toutes, celle de la séduction. Or il semble que nous touchons à cette troisième persécution: on voit les caractères s’affaiblir, la force se perd, et si les chrétiens ne développent pas en eux le don de force, l’enfer triomphera par la séduction. Rappelez-vous que c’est un devoir pour des femmes de protester par leur vie contre cet affaiblissement général. Elles doivent donner aux hommes l’exemple de la force, et alors, comme la perte du genre humain est venue par une femme, la réparation viendra par les femmes, c’est-à-dire par ce qu’il y a de plus faible dans l’ordre de la nature, mais la faiblesse s’appuie sur la force de Dieu et alors de quoi n’est-elle pas capable.

Notes et post-scriptum