Sermons divers

16 FEB 1862 Nîmes
Informations générales
  • Sermons divers
  • Sermons à Saint-Charles lors de la suppression de l'Association de Saint-François de Sales (février 1862)
    Sermon sur la conscience à Saint-Charles le 16 février 1862 au soir, d'après le procès-verbal du commissaire Bousquet
  • Photoc. ACR, DF 11/2 d'un original des Archives du Gard.
Informations détaillées
  • 1 ADMINISTRATION PUBLIQUE
    1 CONSCIENCE MORALE
    1 ENSEIGNEMENT CATHOLIQUE
    1 ESPRIT CHRETIEN DE L'ENSEIGNEMENT
    1 LOI DIVINE
    1 LOI HUMAINE
    1 REPUBLICAINS ADVERSAIRES
    1 SOCIALISME ADVERSAIRE
    2 DANTON
    2 FRANCOIS DE SALES, SAINT
  • 16 février au soir
  • 16 FEB 1862
  • Nîmes
  • Eglise Saint-Charles
La lettre

Préfecture du Gard.

Ville de Nîmes.

Commissariat central de police.

Cejourd’hui, seize février mil-huit-cent-soixante deux, nous Charles Bousquet, commissaire de police de la ville de Nîmes, plus spécialement chargé du troisième arrondissement, nous sommes rendu à six heures du soir, dans l’église St Charles de cette ville, à l’effet d’entendre le sermon annoncé de M. l’abbé d’Alzon, Vicaire général du diocèse, et rapportons ce qui suit:

Flatté de se trouver au milieu d’un auditoire aussi imposant, le prédicateur en a remercié l’assistance, et afin de ne pas donner à cette affluence considérable le caractère d’une protestation, il a annoncé qu’au lieu de faire le panégyrique de St François de Sales, il parlerait de la conscience.

Dans sa dissertation emphatique, qui débitée devant un auditoire instruit serait l’innocence même, cet homme qui connaît sa clientèle et son ignorance de la théologie, s’évertue à employer des mots sonores, seuls capables de l’émouvoir.

Ainsi il a parlé de Danton le conventionnel, le républicain de la république… rouge, il a dit que nulle puissance n’était plus grande que celle de l’Eglise héritière de Jésus-Christ, qu’à l’Eglise seule appartenait l’éducation des enfants qui comme on l’a dit n’appartiennent pas à la République, mais bien à leurs parents et à l’Eglise.

Le prédicateur prodigue les citations latines, dont il donne la traduction la plus élastique, afin de développer plus à son aise les nombreux sophismes que son langage amphibologique rend plus captieux. Il a parlé de l’inamovibilité du caractère du prêtre, il en a fait une magistrature supérieure à toutes les autres, et pour donner plus de poids à son argumentation, il a fait l’apologie de la magistrature civile, qui est aux yeux des hommes par son caractère inamovible, l’image la plus vraie et le miroir le plus parfait de la conscience.

Tout dans son discours tend à faire donner la priorité aux lois de l’Eglise sur les lois humaines. Ce thème, développé devant un auditoire peu instruit, assaisonné de mots sonores, de gestes impétueux, d’allusions à double sens, qui impressionnent lourdement les personnes auxquelles ces paroles s’adressent, ne peut produire que de très mauvais résultats sur ces masses.

Après un exorde ex abrupto, et une péroraison dans le même sens, le prédicateur a ajourné de sa plus forte voix son auditoire à dimanche prochain à six heures du soir.

Le silence n’a pas fait défaut au prédicateur pendant une heure qu’il a tenu la chaire, mais ses dernières paroles à dimanche prochain, ont été suivies d’une rumeur qui semblait dire: il n’a pas peur.

La cérémonie avait été précédée des Vêpres après lesquelles on a chanté un cantique dont le refrain semblait fait pour la circonstance, mais dont a changé l’ai bien connu.

La Religion nous appelle,

un chrétien doit vivre pour elle,

pour elle, un chrétien doit mourir.

Le choeur qui l’a chanté l’a longtemps répété afin sans doute de mieux préparer l’auditoire à écouter le sermon qui lui était destiné.

De tout ce qui précède, nous avons dressé le présent procès-verbal, les jour, mois et an sus-énoncés.

Le commissaire de police

Bousquet.

Notes et post-scriptum