Sermons divers

28 NOV 1867 Le Vigan
Informations générales
  • Sermons divers
  • Résumé de l'oraison funèbre des volontaires pontificaux prononcée au Vigan le 28 novembre 1867
  • Semaine religieuse de Nîmes, 3e année, n° 41 (8 décembre 1867), pp. 484-486
Informations détaillées
  • 1 DEFENSE DE L'EGLISE
    1 ENSEIGNEMENT DE L'HISTOIRE
    1 FORNICATION
    1 INFIRMIER
    1 INTEMPERANCE
    1 JUSTICE
    1 LEGISLATION
    1 MEURTRE
    1 PAPE SOUVERAIN
    1 REVOLUTION ADVERSAIRE
    1 SACRILEGE
    1 SATAN
    1 SOINS AUX MALADES
    1 VOL
    1 ZOUAVES PONTIFICAUX
    2 ORSINI, FELICE
    2 PASCAL, HENRI
    3 BRIGNON
    3 CASTELFIDARDO
    3 FRANCE
    3 IRLANDE
    3 MENTANA
    3 ROME
    3 VIGAN, LE
  • 28 novembre 1867
  • 28 NOV 1867
  • Le Vigan
La lettre

C’était, ce jour-là, le tour du Vigan(1). Au centre de l’église, la pyramide funèbre présentait, sur chacune de ses faces, les noms des champs de bataille où la victoire a couronné des miracles de bravoure. Des fusils, des haches, des épées, toute la panoplie des sapeurs-pompiers, en lignes croisées, couronnait le monument que surmontaient le drapeau français et le drapeau pontifical. Les sapeurs-pompiers étaient représentés par une garde d’honneur; la musique de la ville mêlait ses funèbres symphonies aux mâles et nobles accents de la liturgie; l’assistance d’un clergé nombreux relevait le caractère religieux de la cérémonie.

L’oraison funèbre de nos héros a été prononcée par le T.R.P. d’Alzon, vicaire-général de Nîmes. Nous sommes fatalement condamnés à ne donner qu’une idée des principales considérations que l’orateur a tour à tour développées; c’est un motif de plus pour nous d’émettre le voeu que ce discours soit bientôt publié à côté de celui-ci qui a été prononcé à la Cathédrale aux mêmes intentions, à côté de celui que nous avons entendu à Brignon.

Le Révérend Père a commenté le texte suivant de l’apocalypse: « Et je vis comme une mer de verre, mêlée de feu, et ceux qui avaient vaincu la bête, son image et le nombre de son nom, qui étaient debout sur cette mer, tenant des harpes de Dieu. » (Apoc. XV, 2). Le monde est une mer où le sang des vainqueurs est venu mêler sa flamme. Sur cette mer, debout, dans l’attitude du triomphe, voyez nos martyrs qui ont vaincu la bête, Satan incarné pour ainsi dire dans la Révolution; ils ont, eux, l’invincible poignée, défait ce nombre effrayant, ces légions recrutées dans tous les pays, hélas! et jusqu’en France, il est permis d’en rougir.

Il y a du sang, et par conséquent des larmes inévitables; mais la gloire essuie les larmes et le triomphe est sorti du sang. Ils chantent maintenant le cantique de l’Agneau en s’accompagnant sur les harpes divines.

L’orateur a dit les faits et ce qu’ils nous enseignent:

I. Des hordes qui font oublier les Vandales, ont profané par l’orgie et la prostitution les lieux les plus saints; les nouveaux barbares ont souillé les vases sacrés, et la sainte Eucharistie a été l’objet de leurs sacrilèges attentats. Un religieux de l’Assomption, bien connu au Vigan, a pu voir lui-même des fragments de vases sacrés, débris du pillage.

Ils ont cherché à corrompre les infirmiers pour assassiner des blessés! Il a fallu faire venir de France des médicaments pour échapper au poison! Des bombes Orsini, des sacs de poudre, tous les engins que les lâches emploient pour détruire, étaient préparés, dans le but infernal de faire sauter la capitale de la religion, qui est aussi celle des arts et de la civilisation! L’argent et les armes leur sont venus, en plein jour, de cette île qui porta jadis le nom glorieux d’île des Saints! Et si une invisible main n’avait protégé les nôtres, nous aurions vu Rome en proie aux meurtres et au pillage.

II. L’orateur, dans l’enseignement qui résulte des faits, signale plusieurs chefs: 1° Autour des principes mêmes du droit et de la justice, on a amassé tant de nuages, il s’est fait un tel chaos, que les définitions mêmes de ces mots finissent par échapper aux plus habiles. La poitrine de nos volontaires a offert à ces immortelles notions un dernier sanctuaire. Relisons la lettre de Pascal montant la garde au Vatican. L’enthousiasme de Brignon ne peut manquer de se communiquer au Vigan qui, grâce au zèle de son digne Curé, est la première ville d’où aient surgi de nouveaux volontaires pour remplacer les victimes. Voilà pourquoi l’orateur se sent heureux d’être Viganais.

2° Le rocher sur lequel est assis le successeur de Pierre a vu tomber et se renouveler toutes les institutions humaines; que sont les couronnes séculières en présence du Pontife-Roi? Or les volontaires ont sauvé cette vieille institution qui domine tant de ruines et console la société de ses défaites en l’entretenant de ses espérances! La France, à ce suprême effort, s’est réveillée et s’est levée pour en assurer le succès. Un éclair parti de son drapeau a déchiré, pour un moment, d’impénétrables nuages.

3° La Révolution n’est pas détruite. Fille de Satan, elle tient de lui l’immortalité, et ce sera la confusion de son orgueil. Castelfidardo fut une défaite glorieuse, on pourrait dire nécessaire; Castelfidardo relève le triomphe de Mentana. Car le sang des premiers martyrs ne semblait pas promettre la victoire à ceux qui s’étaient levés pour les remplacer.

Sans être prophète, il est permis de signaler de nouveaux orages, menaçants pour l’Eglise. Donc, que de nouveaux volontaires ne craignent pas de rester oisifs en s’enrôlant sous les drapeaux du Souverain Pontife: plus que jamais on a besoin d’eux!

L’orateur termine sa péroraison par un appel aux Viganais. Pascal vivra bientôt dans l’histoire; mais déjà il est vivant dans le ciel et rayonnant de gloire. Un double honneur est acquis aux courageux défenseurs de la plus sainte des causes. L’Eglise recueille leur mémoire, et le ciel nous les montre debout, le pied sur une mer de cristal où courent des flammes, et chantant sur des harpes de Dieu le cantique éternel.

– Nous n’essaierons pas de rendre l’enthousiasme produit au Vigan par ce discours enflammé et rendu plus entraînant encore par l’énergique accent de foi et de patriotisme que nos lecteurs connaissent. Si le Vigan est fier de ses volontaires, il ne l’est pas moins de compter parmi ses enfants un homme qui sait prêter à la vérité une si généreuse éloquence fortifiée de si généreux exemples.

Notes et post-scriptum
1. Titre de cet article non signé: *Le 28 novembre 1867 au Vigan*.