A des dames ou jeunes filles

JAN 1864 Alès Dames Miséricorde
Informations générales
  • A des dames ou jeunes filles
  • Retraite commencée le 18 janvier 1864
    Quatrième instruction [La résistance à la grâce]
  • BZ 6, pp. 67-63 (notes de Cécile Varin).
Informations détaillées
  • 1 ABUS DES GRACES
    1 AFFRANCHISSEMENT SPIRITUEL
    1 CHARITE ENVERS DIEU
    1 DEFAUT DOMINANT
    1 DESIR DE LA PERFECTION
    1 FAUTE D'HABITUDE
    1 LEGERETE
    1 LUTTE CONTRE LA TENTATION
    1 MALADIES
    1 REFORME DE LA VOLONTE
    1 REFORME DU CARACTERE
    1 RESISTANCE A LA GRACE
    1 ROUTINE
    1 VIE DE SACRIFICE
    2 CATHERINE DE GENES, SAINTE
    2 JACOB
    2 PAUL, SAINT
    2 ROSE DE LIMA, SAINTE
    2 THERESE, SAINTE
    2 VARIN d'AINVELLE, CECILE
    3 CRIMEE
    3 DAMAS
    3 JERUSALEM
  • Dames de la Miséricorde d'Alès
  • Dames Miséricorde
  • Du 18 au 24 janvier 1864
  • JAN 1864
  • Alès
La lettre

Il vous est dur de regimber contre l’aiguillon.

Ces paroles adressées par une voix surnaturelle à St Paul renversé sur le chemin de Damas, je vous les adresse aussi, mesdames, et je vous dis: il vous est dur d’ententre la voix de Dieu et de n’avoir pas le courage de lui obéir. St Paul sentait que Dieu lui demandait d’entrer dans une vie nouvelle, de voir le bien désormais autre part qu’il ne l’avait vu jusqu’alors; il lui obéit et se laissa terrasser par la grâce divine. Ainsi Jacob lutta contre Dieu pendant la nuit de ce monde jusqu’au grand jour de l’éternité, et nous allons examiner ensemble quelles sont les luttes que vous devez soutenir, quels sont les obstacles qui vous font regimber contre la grâce.

Il y a des personnes pieusement paresseuses qui n’avancent ni ne reculent, ou qui du moins ne semblent pas reculer; elles restent là!… dans une vie commode, une piété facile, avec un bon caractère, mais elles restent là; ce sont des personnes nulles dans leur piété, elles ne peuvent supporter l’idée de se forcer un peu pour avancer et demeurent toujours dans cette sainte paresse qui afflige tant N.S.J.C.

D’autres personnes ont des habitudes; non pas de mauvaises habitudes, mais de petites manies auxquelles rien ne les ferait renoncer. Elles ont organisé leur vie, elles se lèvent, elles se couchent, elles font un peu de méditation, vont se confesser assez souvent, entendent quelques sermons; bonnes personnes d’ailleurs, mais qui ne voudraient rien changer à la moindre de leurs habitudes. Elles regimbent contre l’aiguillon de la grâce qui voudrait leur faire sacrifier telle habitude trop naturelle, elles ne veulent pas entendre parler de réforme et alors, mesdames, souvent Dieu est arrêté par des riens! Oui, ce sont souvent des riens qui enchaînent ces âmes, des péchés d’habitude, des manies qu’elles mettent en parallèle avec Dieu et qu’elles préfèrent à Dieu.

Il y a des personnes légères, non dans la mauvaise acception du mot, mais dans un sens très vrai; elles prennent tout dans la vie par le côté léger et frivole; il n’y a rien de sérieux dans leur vie; elles prennent un peu de dévotion, un peu des plaisirs du monde, ne réfléchissent pas et ne sentent pas quelle injure c’est faire à Dieu que de traiter sa grâce aussi légèrement. La grâce de Dieu qui est le moyen de s’unir à lui est ainsi arrêtée par la paresse qu’on ne veut pas secouer, par des habitudes auxquelles on ne veut pas renoncer, par la légèreté avec laquelle on traite Dieu. Mesdames, je suis saisi de douleur lorsque me trouvant devant un auditoire de femmes chrétiennes comme vous êtes toutes je me dis: voilà à peu près 80 personnes qui pourraient devenir autant de flambeaux qui brûleraient devant le tabernacle, autant d’autels sur lesquels pourraient se consommer les plus généreuses immolations, autant d’âmes qui pourraient arriver à l’union avec Dieu, et les voilà ces âmes qui par de petits obstacles qu’elles ne veulent pas vaincre empêchent la grâce d’opérer en elles des miracles de sanctification!… Je suis convaincu, mesdames, que dans ce moment-ci N.S. demande des âmes qui s’appliquent à la réparation avec tout le sérieux dont elles sont capables: il faut que le monde ait les Catherine de Gênes, les Thérèse, les Rose de Lima, et cela non pas dans les cloîtres, mais au milieu même du monde; il y a des âmes qui aspirent toujours à la perfection, qui ont comme des volcans dans leur coeur, qui voudraient s’élancer vers le bien infini qui est Dieu, et c’est pour celles-ci maintenant que je parle: qu’est-ce qui arrête leurs généreux élans vers le ciel? C’est souvent un défaut caché au fond de leur coeur, comme une plaie horrible qui les dévore. Hé! bien, mesdames, il faut avoir le courage de se servir de ces défauts de caractère ou autres comme d’un instrument de pénitence. J’ai vu dernièrement sur un lit de douleur une sainte religieuse dévorée par un affreux cancer. Après avoir consumé ses forces à soigner les soldats sur les champs de bataille de la Crimée, elle avait demandé à ses supérieurs pour récompense de ses longs travaux, la permission d’aller à Jérusalem. Là elle avait prié afin d’obtenir une part des souffrances de la plaie du côté de N.S., et Dieu exauçant sa prière lui avait envoyé cette atroce maladie. Je l’ai vue aux prises avec la souffrance qui en a fait une sainte, et il y a quelque temps son âme purifiée s’est envolée vers le ciel. Sachez de même, mesdames, faire servir à votre sanctification les plus terribles maladies de l’âme; laissez à Dieu le champ libre, et s’il vous renverse comme St Paul, répondez-lui aussi: Seigneur, que voulez-vous que je fasse?… Laissez-vous vaincre et Dieu vous conduira à la perfection. Je vous le dis d’avance, la perfection c’est la souffrance, c’est le sacrifice, c’est l’humiliation, c’est la route du calvaire qu’ont suivie tous les saints, mais la perfection c’est l’amour avec Dieu, c’est-à-dire une chose si belle que nos esprits bornés ne sauraient la comprendre et que dans le ciel seulement nous serons consommés dans cette divine Unité. Quoi, mesdames, Dieu vous offre dès cette vie un avant-goût du ciel et vous refusez par paresse, par légèreté, par attachement à mille riens!… Ne faites plus à Dieu cette injure, mais laissez-vous conduire, et pensez qu’après les luttes de cette vie Dieu vous ayant vaincues se donnera à vous pour être votre éternelle récompense!…

Notes et post-scriptum