A des dames ou jeunes filles

JAN 1864 Alès Dames Miséricorde
Informations générales
  • A des dames ou jeunes filles
  • Retraite commencée le 18 janvier 1864
    Fragments de quelques autres instructions [Sur la gloire de Dieu et sur l'Eucharistie]
  • BZ 6, pp. 88-95 (notes de Cécile Varin).
Informations détaillées
  • 1 BUT DE LA VIE
    1 COMMUNION DES SAINTS
    1 CORPS DE JESUS-CHRIST
    1 DIEU CENTRE DE LA VIE SPIRITUELLE
    1 EUCHARISTIE
    1 GLOIRE DE DIEU
    1 HUMILITE DE JESUS-CHRIST
    1 IDEES DU MONDE
    1 MAGNIFICAT
    1 ORGUEIL
    1 PASSION DE JESUS-CHRIST
    1 PERFECTIONS DE DIEU
    1 SACRILEGE
    1 SAINTE COMMUNION
    1 SCHISME ORIENTAL
    1 SILENCE DE JESUS-CHRIST
    1 SOUFFRANCE ACCEPTEE
    1 UNION A JESUS-CHRIST
    1 VIE DE PRIERE
    1 VIE DE SACRIFICE
    2 VARIN d'AINVELLE, CECILE
  • Dames de la Miséricorde d'Alès
  • Dames Miséricorde
  • Du 18 au 24 janvier 1864
  • JAN 1864
  • Alès
La lettre

[I] Sur la gloire de Dieu.

Gloire à Dieu au plus haut des cieux, etc.

Dieu étant infiniment parfait a tout fait pour lui-même, il est le centre de toutes choses et à lui doivent tendre toutes les créatures. C’est pourquoi, mesdames, tous, en tant que créatures nous devons travailler pour la gloire de Dieu, et ne croyez pas ici que je vienne vous demander des choses extraordinaires, comme de verser votre sang, ou de vous livrer à la prédication; non, je prends au contraire la vie la plus vulgaire et la plus commune, et je dis que cette vie, cette suite d’actions ordinaires, peut admirablement glorifier Dieu. Plusieurs femmes peuvent faire les mêmes actions communes et sans éclat, et parmi ces femmes l’une peut être une sainte, l’autre une personne nulle, suivant l’intention qui les dirige. Or, mesdames, je viens vous dire de mettre dans toute votre vie cette intention de plaire à Dieu, ce désir de procurer sa gloire qui doit dévorer toute âme chrétienne qui sait par son catéchisme qu’elle n’est créée que pour connaître, aimer et servir Dieu, souverain Seigneur de toutes choses.

Glorifiez Dieu, mesdames, par la prière, et si quelquefois les hauteurs des cieux vous paraissent impénétrables, pensez que sur la terre vous avez le Verbe de Dieu fait chair, qui s’est abaissé, qui habite parmi nous dans l’Eucharistie, afin que vous puissiez venir plus facilement vous mettre en communication avec lui. N’y a-t-il pas de quoi être saisi d’étonnement et de douleur en voyant l’abandon où on laisse N.S. dans la divine Eucharistie, lorsque surtout on compare l’obscurité d’un sanctuaire éclairé par la faible lueur d’une lampe, seul témoin de la présence d’un Dieu, à ces salons brillants de lumière où se donnent des fêtes dont le moindre mal est la perte du temps!… Que d’heures perdues, mesdames, dans ces frivolités du monde, tandis que vous pourriez aller en consacrer quelques-unes à ce divin Maître qui rend gloire à Dieu pour des créatures ingrates et légères. Rendez gloire à Dieu, mesdames, par de ferventes communions, et cherchez par votre amour à réparer tous les outrages auxquels N.S. s’est soumis pour arriver jusqu’à votre coeur, pour devenir la nourriture de votre âme. Pensez que dans les contrées de l’Orient, des prêtres schismatiques consacrent réellement le corps et le sang de N.S. et qu’il se commet un sacrilège à chaque messe qui se célèbre. Que de réparations ne devez-vous pas à Dieu qui livre ainsi son divin Fils à toutes ces profanations!

Je pourrais vous montrer la gloire de Dieu procurée par la passion de N.S., par les mérites des saints qui enrichissent sans cesse l’Eglise par le trésor de leurs vertus et de leurs sacrifices dont elles dispose ensuite pour le rachat des âmes; mais je préfère vous montrer la très Sainte Vierge glorifiant Dieu de la manière la plus excellente, par une vie toute vulgaire en apparence, mais dont chaque acte glorifiait Dieu. Une seule fois, dans un élan d’amour et de reconnaissance, Marie a rompu ce silence habituel avec lequel elle conservait toutes les grandes choses que Dieu opérait en elle, et qu’a-t-elle dit? Mon âme glorifie le Seigneur! Voilà, mesdames, tout le secret de la vie de Marie; elle glorifiait le Seigneur et son âme tressaillait sans cesse dans Celui qu’elle appelait son salut. Puissiez-vous dire aussi, mesdames, tous les jours de votre vie, par toutes vos actions, même les plus indifférentes et les plus vulgaires, par tous les battements et les tressaillements de votre coeur, que vous glorifiez le Seigneur, car si vous le glorifiez sur la terre, à son tour il vous glorifiera dans le ciel d’une manière admirable, et vous direz alors en toute vérité: et exultavit spiritus meus in Deo salutari meo

[II] Sur l’Eucharistie.

Memoriam fecit mirabilium suorum, etc.

L’abrégé des merveilles de Dieu, c’est bien l’admirable sacrement de l’Eucharistie dans lequel nous voyons se renouveler la création, les mystères de l’Incarnation et de la Rédemption. Mais ce divin sacrement produit aussi dans les âmes des merveilles non moins étonnantes; il est pour nous un principe d’humilité, de sacrifice et de charité.

Avez-vous jamais réfléchi, mesdames, à toutes les humiliations auxquelles est soumis N.S.J.C. renfermé dans une hostie? Avez-vous jamais pensé qu’il veut bien être sous la plus petite parcelle d’hostie consacrée, pourvu qu’elle soit visible à l’oeil, et qu’on ne peut par conséquent saisir la limite où le corps de N.S. disparait dans un atome de pain?… Avez-vous pensé que quelquefois l’humidité peut altérer de telle manière les saintes espèces que la corruption gagnant les saintes hosties, on ne peut définir le moment où J.C. cesse d’être caché sous un peu de pain et qu’il se soumet ainsi à mille accidents de la matière causés souvent par la négligence d’une de ses créatures? Voilà à quoi J.C. se soumet, et vous, mesdames, voyez et comparez votre orgueil, votre délicatesse, votre désir de paraître, tandis que votre Dieu se renferme dans un continuel silence! Apprenez donc à vous humilier pour honorer les anéantissements de J.C.; allez à l’Eucharistie, allez recevoir le Dieu caché, et vous apprendrez de lui à vous soumettre aux créatures et à souffrir d’elles sans vous plaindre tout ce qu’il veut que vous souffriez.

Notes et post-scriptum