Aux Adoratrices

MAY 1857 Nîmes ADORATRICES
Informations générales
  • Aux Adoratrices
  • Instruction du P. d'Alzon à l'occasion de la fondation des Adoratrices du Saint-Sacrement
  • Orig.ms. ACR, DJ 1 (notes de Juliette Combié).
Informations détaillées
  • 1 ABAISSEMENT
    1 ACTION DE DIEU DANS L'AME
    1 ADORATRICES DU SAINT-SACREMENT
    1 AMOUR FRATERNEL
    1 ANEANTISSEMENT
    1 APOSTOLAT DE LA CHARITE
    1 BON EXEMPLE
    1 CHARITE ENVERS DIEU
    1 CHARITE ENVERS LE PROCHAIN
    1 DEPASSEMENT DE SOI
    1 DESIR DE LA PERFECTION
    1 EFFORT
    1 EGOISME
    1 ESPRIT DE L'ASSOMPTION
    1 EXAMEN DE CONSCIENCE
    1 EXAMEN PARTICULIER
    1 EXERCICE DE L'OBEISSANCE
    1 FIDELITE A L'ESPRIT DE LA REGLE
    1 FOI
    1 HUMILITE
    1 HUMILITE FONDEMENT DE VIE SPIRITUELLE
    1 IDEES DU MONDE
    1 IMAGINATION
    1 INDIFFERENCE
    1 JOIE
    1 LEGERETE
    1 LIBERTE
    1 LUTTE CONTRE LE MONDE
    1 LUTTE CONTRE SOI-MEME
    1 OUBLI DE SOI
    1 PENITENCES
    1 PENTECOTE
    1 PRIERE AU SAINT-ESPRIT
    1 PURIFICATIONS SPIRITUELLES
    1 REGLE DU TIERS-ORDRE
    1 RENONCEMENT
    1 RESPECT
    1 RESPECT HUMAIN
    1 SAINT-ESPRIT SOURCE DE LA CHARITE
    1 SOUFFRANCE ACCEPTEE
    1 TEMPLE DU SAINT-ESPRIT
    1 TRIPLE CONCUPISCENCE
    1 VERTU DE PENITENCE
    1 VIE DE PRIERE
    1 ZELE APOSTOLIQUE
    2 FRANCOIS D'ASSISE, SAINT
  • Adoratrices du Saint-Sacrement
  • ADORATRICES
  • mai 1857
  • MAY 1857
  • Nîmes
La lettre

Tiers-Ordre Sainte Thérèse

Cette petite association se forme dans la pensée de pratiquer la règle du Tiers-Ordre d’une manière plus forte et plus sévère. Il est des personnes que Dieu retient dans le monde mais à qui il demande une vie plus parfaitement chrétienne. Pour s’exercer à la pratique des vertus religieuses, ne peuvent-elles pas s’unir ensemble pour s’imposer une vie plus sévère et s’adonner davantage à une vie d’apostolat?

Désirant chacune de nous arriver à une vie plus parfaite, ne devons-nous pas regarder comme providentielle une association dont le but est de nous y conduire et de nous y soutenir?

Dans une association de ce genre, il faut nécessairement des liens communs qui unissent les membres entre eux afin de n’en faire qu’un seul corps. Mais à côté de cette obéissance et souplesse de volonté, la volonté individuelle doit être respectée pour ne froisser en rien les devoirs respectifs de chacun des membres. On ne peut donc exiger une certaine dépendance qui entraverait le bien particulier que nous sommes chacune appelées à faire dans une sphère différente.

En nous arrêtant aux premières lignes de la règle du T.O. nous trouverons de quoi méditer et à travailler sur nous-mêmes.

Vivre en religieuse dans le monde n’est pas peu de chose. Que de devoirs et d’obligations sont contenus dans ces seules paroles. On ne peut vivre religieuse dans le monde qu’en protestant contre son esprit et ses maximes. Le monde étant concupiscence de la chair ou amour du bien-être et des plaisirs, concupiscence des yeux ou curiosité et vanité, orgueil de la vie, nous devons lui opposer une vie pénitente et mortifiée, une grande modestie et simplicité, et par dessus tout une humilité profonde.

L’humilité se présentera à nous à chaque pas sous toutes les formes dès que nous nous poserons ces principes fondamentaux que nous ne sommes rien, que nous ne méritons rien et que rien ne nous est dû. Alors rien ne nous étonnera, ne nous froissera, ne nous blessera. Ces mille petites souffrances et susceptibilités disparaîtront de notre vie.

Accepter les humiliations que Dieu nous envoie est fort bon, mais cela ne suffit pas: il faut en rechercher d’autres. Les saints ont toujours agi ainsi, et ils ne se sont jamais contentés uniquement de celles que la Providence leur ménageait, c’est du reste un moyen certain d’accepter plus humblement et généreusement celles qui ne dépendent pas de nous.

En troisième lieu, il faut aimer la main qui nous humilie. De quelque côté que nous vienne l’humiliation, peu importe, nous devons regarder plus haut ayant été choisie de Dieu pour nous exercer. Que cette main soit amie ou ennemie, elle doit nous être chère. Il est des blâmes dont on se fait gloire, il en est d’autres bien amers. De quelque nature qu’ils soient, nous devons aimer non seulement l’humiliation, mais encore la main qui l’impose.

Eprouver dans tous ces degrés de l’humilité une joie sensible n’est pas nécessaire et encore moins [à demander](1): c’est à N.S. à nous diriger dans ces voies. Ce qu’il y a de certain, c’est que la générosité dans l’humilité est le plus sûr moyen de parvenir au parfait contentement dont parlait saint François d’Assise et qu’il ne goûtait ni dans la prière ni dans la mortification et l’apostolat, mais dans l’humilité, le rebut et l’injure.

Pour en arriver là, il faut beaucoup prier et encore plus aimer. L’amour est la base de l’humilité. Aimons Dieu et tout les reste nous sera indifférent.

Pour s’encourager dans la pratique de l’humilité, méditons sur les irrévérences dont nous nous rendons coupables dans nos prières, nos communions, nos oraisons envers ce Dieu qui s’est tant abaissé pour nous. Considérons attentivement toutes les humiliations, tous les manques de respect que nous lui faisons souffrir et demandons-nous si [nous] supporterions à notre égard tant de légèreté, d’indifférence et de manque de respect de la part de notre prochain.

Pratique. S’examiner tous les soirs sur la manière dont on aura supporté durant le jour les humiliations qui se seront présentées. S’imposer une pénitence quand on les aura repoussées ou mal acceptées.

30 mai 1857. Un mois, deux mois ne suffiront pas pour accueillir ce degré d’humilité qui nous met aux pieds de toutes les créatures et qui nous y retient avec la profonde conviction qu’on fait encore beaucoup de nous y souffrir.

Examinons ensuite les rapports que nous devons avoir ensemble. Ils doivent être forts, respectueux, libres…

L’intimité n’est point nécessaire. Si elle vient, tant mieux. Si elle ne vient pas, les bons rapports ne doivent pas moins continuer et doivent avoir pour base un principe de foi et un sentiment de respect profond pour les âmes. La nécessité d’une mutuelle édification amènera naturellement un certain épanchement. Les unes donneront plus, les autres moins, mais chacune apportera un certain tribut d’ouverture que la prudence peut seule régler…

Toute âme qui tend à la perfection doit être dans cette disposition de coeur qui fait qu’on se donne et qu’on veut se donner toujours davantage. Elle doit l’avoir à l’endroit de ses soeurs: l’amitié chrétienne est une vertu, qui dit vertu dit effort, qui dit effort dit souffrance…

Un point essentiel est de savoir si nous voulons accepter la règle avec sa droiture et son inflexibilité. Il est bien peu de personnes qui l’acceptent ainsi. Généralement on la ploie à sa position, à son caractère, à son humeur, et de droite qu’elle était on la rend courbe. Il en est qui à force de la ployer la cassent. Nous autres comment l’accepterons-nous? Ce sera avec loyauté et j’insiste sur ce mot. Voulons-nous oui ou non la règle de la perfection qui n’est après tout que le simple exposé de la vie chrétienne telle que nous le dit le premier chapitre de l’Imitation. Rien de solide que d’aimer Dieu et de s’attacher à lui seul. La grande sagesse est de tendre au ciel par la voie du mépris du monde. Si nous acceptons ces paroles loyalement et dans toute leur étendue nous ferons de rapides progrès…

L’esprit de l’Assomption étant un grand amour de Jésus-Christ et de l’Eglise, nous le posséderons d’autant plus que nous nous donnerons davantage.

Le zèle de la gloire de Dieu, du salut des âmes, une vie apostolique en seront les conséquences.

31 mai. Jour de la Pentecôte. – Quel jour plus favorable pour commencer une association dont le but est l’amour de N.S. et l’apostolat dans le monde que [celui] où l’Eglise célèbre la descente de l’Esprit sur les apôtres.

Renouvelons-nous dans cette dévotion une des plus négligées et cependant une des plus belles de la religion.

Maintenant que nous prétendons à une vie plus forte, demandons-lui de diriger lui-même nos pas dans le chemin de la perfection, de faire sa demeure habituelle dans notre âme et de nous apprendre à aimer Dieu.

Le Saint-Esprit a été comparé plusieurs fois dans l’Ecriture à un feu qui brûle et qui consume. Qu’il produise cette double action dans nos âmes!

En brûlant il éclaire, il est cette lumière à l’aide de laquelle nous connaîtrons toute vérité.

Il est encore un feu qui consume. L’Esprit de sainteté ne pouvant rester en contact avec le péché, son action incessante en nous est de l’y détruire, de l’y poursuivre jusque dans ses derniers retranchements et de mettre à la place de ce moi humain, de cet amour désordonné que nous avons de nous-mêmes, l’amour de Dieu.

L’humilité en nous vidant de nous-mêmes, en nous arrachant à l’estime du créé fera en nous ce vide que N.S. exige de toute âme qui veut se donner à lui. En Dieu jaloux, il refuse tout coeur partagé.

31 mai(2). – Quant à la vie apostolique, seconde branche de l’esprit du Tiers-Ordre et second but de cette association, il faut examiner comment nous pourrons nous y exercer. En premier lieu les bonnes oeuvres, en second lieu l’exemple. Cette muette prédication de l’exemple, la seule qui soit donnée aux femmes et dont la puissance est immense, doit surtout nous préoccuper. Tout en nous devrait y être conforme. Si tout en nous était réglé par le Saint-Esprit, nous aurions ce droit que n’aura jamais une langue médisante de parler de Dieu au monde et de nous en faire écouter.

Ce qui s’oppose à cette efficacité de l’exemple, c’est notre légèreté, notre imagination, notre humeur, notre timidité et le respect humain.

Pratique. Joindre à l’esprit d’humilité un examen particulier touchant le zèle apostolique(3).

Notes et post-scriptum
1. Le ms a *demandée*.
2. Pourquoi cette répétition de la date? Est-ce une erreur? Ou bien une seconde instruction le même jour (de la Pentecôte)?
3. Note d'archiviste en tête de ce document: "Méditations ou instructions du P. d'Alzon les derniers jours de mai 1857, à l'occasion de la fondation des Adoratrices du Saint-Sacrement."