Aux Adoratrices

MAR 1862 Nîmes ADORATRICES
Informations générales
  • Aux Adoratrices
  • Instructions sur l'Eucharistie - Carême 1862
    Jésus Dieu
  • ECRITS SPIRITUELS, pp. 979-982, et Cahiers d'Alzon, 2, pp. 126-129.
  • CC 1, pp. 94-100 (cahier d'inconnue).
Informations détaillées
  • 1 ACTE DE CREATION
    1 ADORATION
    1 AMOUR DE JESUS-CHRIST POUR LES HOMMES
    1 ANEANTISSEMENT DE JESUS-CHRIST
    1 CHARITE ENVERS DIEU
    1 COMMUNION FREQUENTE
    1 CONSECRATION
    1 CORPS DE JESUS-CHRIST
    1 DIEU LE FILS SOURCE DE L'ESPERANCE
    1 DIVINITE DE JESUS-CHRIST
    1 EUCHARISTIE
    1 GRACE
    1 INCARNATION DE JESUS-CHRIST
    1 INCARNATION MYSTIQUE
    1 JESUS-CHRIST AUTEUR DE LA GRACE
    1 JESUS-CHRIST NOURRITURE DES AMES
    1 MAUVAIS PRETRE
    1 OBEISSANCE DE JESUS-CHRIST
    1 OUBLI DE SOI
    1 PUISSANCE DE DIEU
    1 UNION A JESUS-CHRIST
    1 VERTUS THEOLOGALES
    1 VIE SPIRITUELLE
  • Adoratrices du Saint-Sacrement
  • ADORATRICES
  • Carême 1862
  • MAR 1862
  • Nîmes
La lettre

Nous parlerons tout d’abord de la divinité de Jésus-Christ, prouvée par l’Eucharistie elle-même.

1. Toute-Puissance divine.

Jésus-Christ, seconde personne de la Sainte Trinité, Dieu fait homme, égal en tout à son Père, nous prouve sa puissance divine, en instituant l’Eucharistie. Dieu le Père avait montré la sienne en créant le monde et en créant l’homme; plus tard, en nous donnant son Fils unique, dans le mystère de l’Incarnation, il avait poussé encore au-delà et sa puissance et son amour. Mais Dieu le Fils va encore plus loin; cette nature humaine à laquelle il a été uni par son Père ne satisfait pas encore son amour pour les hommes. Il le poussera jusqu’à se réduire à ne paraître qu’un peu de pain! Il s’anéantira jusqu’à être contenu dans cette matière morte et sans vie qu’on appelle hostie. Dieu le Père, en créant l’homme, avait en vue cet homme parfait, qui n’est autre que Jésus-Christ.

Mais Jésus-Christ, dépassant son Père, veut devenir, en un sens, la créature de l’homme. Il donne à quelques-unes de ses créatures, sorties du néant en vue de Lui-même, la puissance créatrice et elles l’exerceront sur Lui-même, la seconde Personne de la Sainte Trinité! A l’aide des paroles de la Consécration, l’homme aura droit de création sur Dieu Lui-même; il aura la puissance de le faire descendre du ciel sur la terre à toute heure du jour et sur tous les points du monde, et de le multiplier autant qu’il consacrera d’hosties, car en toutes se trouve Jésus-Christ, Dieu et homme tout à la fois. Oh! ce miracle dépasse tous ceux qui ont précédé. Par l’Incarnation, le Fils de Dieu était descendu dans le sein d’une Vierge; mais dans le mystère de l’Eucharistie, à la voix de l’homme, il descend sur nos autels, pour être à la disposition de tous ceux qui veulent le recevoir, pour être leur nourriture et s’incarner dans autant de coeurs qu’il visite.

2. Amour infini.

Jésus-Christ nous prouve autant son amour que sa puissance en demeurant en nous sous les voiles eucharistiques. Comme Dieu, il ne pouvait rien nous donner de plus cher à son coeur que lui-même, l’objet de toutes les complaisances du Père, et comme homme, après nous avoir donné sa vie, il imagine de nous donner sa chair à manger! Malgré la crudité et la rudeté de ses paroles, je ne crains pas de les employer telles que les donne la sainte Ecriture! Pouvez-vous imaginer rien de plus fort? Quel est l’homme qui donna jamais dans un tel excès d’amour? Eh bien! c’est Dieu Lui-même qui en arrive là; qui s’abaisse et s’anéantit par amour pour nous, jusqu’à devenir notre nourriture, pour ne plus faire qu’un avec Lui, et nous rendre comme participants de sa divinité, car ce pain est le Pain de vie qui fait germer pour l’éternité. S’il est le pain de vie, il est aussi le pain de mort, et il ne nous fait mourir que pour nous faire vivre éternellement avec Lui… Tout cela nécessite des explications qui viendront plus tard. Pour aujourd’hui, contentons-nous de reconnaître qu’un Dieu ne pouvait nous aimer davantage, il cherche à nous rendre participants de sa divinité, il nous appelle à être comme des dieux, et un jour, dans le ciel, il nous donnera une part à ce bonheur dont il jouit.

3. Adoration.

Pour tant d’amour, que devons-nous rendre à Dieu? L’adoration, ce sentiment par lequel on rend à Dieu tout ce que nous sommes, nos sens, nos coeurs, nos corps, nos intelligences et nos âmes. Combien peu adorent ainsi et combien disputent à Dieu ces mêmes dons qu’il nous a faits, pour aider à l’aimer uniquement et entièrement. Nous devons adorer Dieu sous les voiles eucharistiques à l’aide des trois vertus théologales. La foi nous le révèle anéanti, humilié, amoindri et borné, Lui, le Dieu infini, le Dieu fort, le Dieu puissant; l’espérance nous le montre comme le motif de notre espérance et le seul sur lequel nous puissions et devions compter, car qui nous a jamais aimés et nous aimera comme cet amour incréé. Comment séparer l’espérance de l’amour: ils se confondent; comment ne pas aimer ce Dieu qui, à la voix de l’homme, descend sans cesse sur nos autels, se renferme sous les saintes Espèces et y demeure jusqu’à ce que l’homme s’unisse à Lui de l’union la plus intime que l’on puisse imaginer. Comment ne pas aimer un Dieu qui pour venir dans nos âmes s’expose à obéir à la voix d’un homme, quelquefois indigne du caractère dont il est revêtu, qui se laisse poser sur des lèvres coupables et sacrilèges, qui se résout à habiter des coeurs impurs. Oh! que rendrons-nous à ce Dieu qui ne recule devant aucun sacrifice? Il nous donne sans cesse et nous Lui refusons quelque chose; quand est-ce que son sang cesse de couler sur nos autels? et quand est-ce que sa chair n’est pas à notre disposition? Par la communion, il nous donne plus que la vie, car il est l’auteur de la vie; plus que la grâce, puisqu’il est l’auteur de la grâce; il nous donne sa divinité, en un mot. Consumons-nous donc pour Lui, pendant notre vie, ici-bas, ne cherchons pas le repos; il n’est pas possible avec Jésus au tabernacle. Jésus s’y repose-t-il? Il ne cesse de se donner; donnons-nous donc aussi, en communiant d’abord, mais ensuite en venant l’adorer dans le sacrement de nos autels. Si alors nous nous sentons incapables d’offrir à Dieu une adoration digne de Lui, armons-nous par la foi de l’adoration de cet Homme-Dieu, devenu pain par amour pour nous et offrons-la Lui, assurés qu’elle Lui sera d’une agréable odeur. Offrons-le Lui-même à son Père; il suppléera à nos propres adorations.

Notes et post-scriptum