Aux Adoratrices

MAR 1862 Nîmes ADORATRICES
Informations générales
  • Aux Adoratrices
  • Instructions sur l'Eucharistie - Carême 1862
    L'amitié du Christ dans l'Eucharistie
  • Cahiers d'Alzon, 2, pp. 131-135.
  • CC 1, pp. 100-104 (cahier d'inconnue).
Informations détaillées
  • 1 ABUS DES GRACES
    1 ACTION DU CHRIST DANS L'AME
    1 AMOUR DE JESUS-CHRIST POUR LES HOMMES
    1 AMOUR-PROPRE
    1 BONHEUR
    1 EGOISME
    1 EUCHARISTIE
    1 FIDELITE A LA GRACE
    1 GENEROSITE
    1 GRACES
    1 HUMILITE DE JESUS-CHRIST
    1 INCARNATION DE JESUS-CHRIST
    1 INDIFFERENCE
    1 INGRATITUDE
    1 LUTTE CONTRE LE PECHE
    1 OUBLI DE SOI
    1 PATIENCE DE JESUS-CHRIST
  • Adoratrices du Saint-Sacrement
  • ADORATRICES
  • Carême 1862
  • MAR 1862
  • Nîmes
La lettre

Jésus-Christ ne veut plus nous traiter comme des serviteurs, mais comme des amis. Il nous convie à sa divine amitié et ne néglige aucun moyen pour nous la faire accepter. Il se fait homme pour se rapprocher de nous, meurt sur le bois de la croix, de la mort des esclaves, pour nous racheter du péché et, poussant l’amour encore plus loin, Il consent à devenir ce qu’il y a de plus petit, de plus vil, en un mot, à se renfermer dans un peu de pain, pour venir au plus intime de nous-mêmes, s’unir à nous et nous attirer à Lui. Quel est l’homme qui eût imaginé un semblable moyen, pour gagner l’amitié des autres hommes. Ces moyens ne pouvaient être que l’invention de l’amour d’un Dieu pour gagner et conquérir l’affection de sa créature. C’est de cette divine amitié que nous nous occuperons aujourd’hui, et vous en développant les principaux caractères, nous verrons ce qui y met obstacle et comment nous devons y correspondre.

L’amitié de Jésus-Christ dans l’Eucharistie est désintéressée, prévenante, patiente, remplie de délicatesse pour nous.

a) Amitié désintéressée.

En effet, quel besoin Dieu a-t-il de nous? Ne se suffit-il pas à Lui-même et ses complaisances ne se trouvent-elles pas éternellement dans son Fils, dans ce Verbe divin. Le bonheur de l’homme ne peut donc rien ajouter à son propre bonheur; il ne le recherche, il n’y travaille qu’en vue du bonheur de l’homme lui-même; l’amitié de Jésus ne connaît aucun obstacle, elle les surmonte tous; elle franchit la distance qui sépare le ciel de la terre; elle a rapproché le fini de l’infini en se faisant homme, et allant toujours plus loin, Lui, l’Infini, a voulu devenir la nourriture du fini. A tant de désintéressement nous opposons notre égoïsme, nos idées personnelles; elles nous suivent même jusqu’à la sainte Table, et là où Dieu pousse jusqu’aux dernières limites l’oubli et le don de Lui-même, nous y apportons notre personnalité, notre amour de nous-mêmes, et notre coeur met ainsi obstacle à tout ce que l’amour désintéressé de Dieu voudrait faire en nous.

b) Amitié prévenante.

Les prévenances de l’amitié de Jésus à notre égard sont infinies. Jetons un regard sur notre passé, et voyons tout ce qu’il nous a ménagé de grâces, de lumières, d’inspirations dans notre vie, pour nous attirer vers Lui! Il y a eu surtout un moment qui est un moment bien solennel pour une âme, où, venant à nous, soit dans la communion, soit dans un moment de recueillement, il nous a dit dans le plus intime de notre être: mon enfant, viens à Moi! donne-moi ton coeur, Je veux être ta vie et ton tout! Si ce moment a passé inaperçu pour vous, je vous plains… Que faisiez-vous donc pendant que Dieu frappait à la porte de votre coeur?… et qu’il vous offrait sa divine amitié?… Certainement que dans son amour, il ne s’est pas tu, une première fois. Revenez par le souvenir, sur tous ses appels intimes et secrets… vous ne pouvez les avoir ignorés… mais vous étiez distraites et vous traitiez même avec une sorte de dédain ces avances d’un Dieu. Votre dédain se traduisait par un défaut de préparation à la sainte communion, ou bien, réfléchissez-y, il se traduisait également en communiant plus rarement. Ces prévenances d’un Dieu, ne semblaient-elles pas une gêne et un fardeau pour vous… Que désormais, il n’en soit plus ainsi. Oh! aimons ce Dieu qui nous a aimés le premier.

c) Amitié patiente.

L’amitié patiente de Jésus est le troisième caractère de son amour. En effet, un Dieu qui s’est fait homme et qui devient pain, pour se rapprocher de nous, pouvait-il supposer chez les hommes tant de froideur, tant de négligence, tant de chutes. Oui, il le supposait et son amour ne s’est point rebuté. Rien n’est capable de lasser sa divine patience. Il supporte tout: mépris, trahisons, oubli, et il ne cesse pas un instant du fond de son tabernacle, de nous attirer à Lui. Nous irons donc l’y trouver, nous Lui apporterons nos chutes, nos ingratitudes, nos inconstances, et nous Lui demanderons la grâce de ne plus être pour Lui, un exercice de patience. Oh! y avons-nous jamais sérieusement réfléchi. Etre pour Dieu un exercice de patience, avoir provoqué cette divine patience est quelque chose de terrible, car nul ne sait le moment où la patience de Dieu sera à bout, et alors que deviendra l’âme qui s’y sera exposée?

d) Amitié délicate.

Quant aux délicatesses de l’amour de Jésus, quelle est celle d’entre vous qui ne les a pas senties? et qui ne les a pas goûtées? Qui peut dire qu’elle n’en a pas été l’objet? Depuis votre première communion, que d’attentions, que de délicatesses de la part de Jésus pour votre âme! Sans cesse il vous recherche, sans cesse il vous prévient; tantôt dans vos prières, tantôt dans vos communions, il semble vous dire: « Mon enfant, mes délices sont d’être avec les enfants des hommes; donne-Moi ton coeur pour que Je le remplisse entièrement, donne-le Moi et tu seras heureuse: heureuse même dans la lutte que Je t’imposerai contre tes inconstances, tes inégalités, tes défauts. »

A cette prière si amoureuse de l’amour d’un Dieu, vous vous êtes peut-être donnée, mais le lendemain, ne vous êtes-vous pas reprise? Cependant, Dieu est encore là, attendant que vous lui rouvriez la porte d’un coeur qui devait être tout à Lui; quand le Lui livrerez-vous avec générosité? C’est là ce que vous avez à rendre à Dieu pour tant de délicatesses, c’est de ne plus mettre de bornes à votre amour en Lui en donnant sans cesse des preuves.

Notes et post-scriptum