Aux Adoratrices

MAR 1862 Nîmes ADORATRICES
Informations générales
  • Aux Adoratrices
  • Instructions sur l'Eucharistie. Carême 1862
    Jésus-Christ, docteur des âmes dans la Sainte Eucharistie
  • Cahiers d'Alzon, 2, pp. 137-143
  • CC 1, pp. 104-112 (cahier d'inconnue).
Informations détaillées
  • 1 ABUS DES GRACES
    1 ACTION DE DIEU DANS L'AME
    1 AMOUR DIVIN
    1 COMMANDEMENTS DE DIEU
    1 COMMUNION FREQUENTE
    1 CONNAISSANCE DE DIEU
    1 CONNAISSANCE DE SOI
    1 DESIR DE LA PERFECTION
    1 DIEU CENTRE DE LA VIE SPIRITUELLE
    1 EUCHARISTIE
    1 FAIBLESSES
    1 FIDELITE A LA GRACE
    1 FOLIE DE LA CROIX
    1 JESUS-CHRIST AUTEUR DE LA GRACE
    1 JESUS-CHRIST DOCTEUR
    1 JUSTICE DE DIEU
    1 LUTTE CONTRE LE PECHE
    1 LUTTE CONTRE SOI-MEME
    1 PUISSANCE DE DIEU
    1 SAGESSE DE DIEU
    1 SOUMISSION SPIRITUELLE A JESUS-CHRIST
    1 SPIRITUALITE TRINITAIRE
    1 VIE DE SACRIFICE
    1 VOLONTE DE DIEU
    2 PIERRE, SAINT
  • Adoratrices du Saint-Sacrement
  • ADORATRICES
  • Carême 1862
  • MAR 1862
  • Nîmes
La lettre

Les Capharnaïtes, effrayés des paroles de Jésus-Christ qui venait de leur annoncer qu’Il leur donnerait sa chair à manger et son sang à boire, se retirèrent; alors s’adressant à ses disciples, Jésus leur dit: et vous aussi, voulez-vous Me quitter? Saint Pierre alors lui répondit avec son impétuosité ordinaire qui était celle de l’amour: Seigneur, à qui irions-nous, Vous avez les paroles de la vie éternelle. C’est donc Jésus-Christ qui possède les paroles de vie et qui est par excellence le docteur de la vie éternelle.

Je me sens toujours faible et impuissant quand il s’agit de parler de Notre-Seigneur dans l’Eucharistie; mais jamais je ne m’étais senti écrasé par mon sujet comme aujourd’hui où je vais essayer de vous parler de Jésus-Christ comme docteur des âmes dans la divine Eucharistie.

Ce divin docteur nous apprend à connaître Dieu, à nous connaître nous-mêmes et nous enseigne également les rapports qui doivent exister entre Dieu et nos âmes.

a) Jésus-Christ dans l’Eucharistie nous apprend à connaître Dieu.

Jésus-Christ, docteur dans la divine Eucharistie, nous apprend à connaître Dieu dans sa puissance, dans sa justice, dans sa sagesse, dans son amour. Nous avons déjà parlé de la puissance de Jésus-Christ dépassant celle de son Père en donnant à l’homme même droit de création sur Lui, puisqu’il suffit à un prêtre de prononcer les paroles sacramentelles pour faire descendre Dieu sur la terre et de sa volonté pour le renouveler aussi souvent qu’il voudra et dans autant d’hosties qu’il aura à consacrer.

Jésus-Christ, docteur, nous apprend la grandeur de la justice de Dieu; pour la satisfaire, il a fallu qu’il s’offrît à son Père et qu’il s’immolât pour nos péchés. La grandeur de la victime doit nous donner une idée exacte de la grandeur de cette divine justice; il fallait qu’elle fût bien grande pour exiger une pareille réparation. C’est donc cette justice divine, car Jésus-Christ est Dieu et homme tout à la fois, qui descend dans nos âmes; nous la portons en nous par la communion; elle y est avec ses exigences auxquelles nous ne pourrions jamais satisfaire, si Jésus-Christ lui-même ne se posait pas sur nos coeurs, pour que nous puissions l’offrir à cette justice qui n’a point de rapport avec ce qui est souillé.

La sagesse de Dieu nous sera découverte par la divine Eucharistie; elle seule nous apprendra à connaître tout ce qu’il y a de prévoyance, d’ordre, de science, dans cette volonté divine, source et principe de toute chose. Elle nous dévoilera des trésors de sciences et de lumières spirituelles dont nous avons besoin pour lutter contre nous-mêmes et nous approcher de Dieu.

b) Jésus-Christ dans la communion nous apprend à nous connaître nous-mêmes.

Jésus-Christ dans la communion est, par excellence, le docteur des âmes. Il leur apprend à connaître Dieu d’abord, ensuite à se connaître elles-mêmes. Il leur découvre leur faiblesse, leur misère, leur infirmité, leur impuissance. Il leur apprend leur néant et par dessus-tout, cette pureté qui consiste autant dans l’horreur du péché et de toute souillure que dans l’éloignement de certaines fautes. Il redresse dans les âmes tout ce qui n’est ni assez pur ni assez droit. Oui, adressez-vous à Jésus, docteur des âmes, et il vous apprendra sa science en dehors de toute science; il vous révélera ce que vous êtes vous-même; il vous éclairera sur ce que vous devez être et sur ce que vous n’êtes pas! Cette divine science deviendrait lumière pour vous si vous le vouliez, et alors, elle serait véritablement cette lumière qui éclaire et qui donne la vie éternelle. Elle vous apprendrait ce que ni les livres ni les hommes ne peuvent vous apprendre; vous vous verriez telle que vous êtes aux yeux de Dieu. Mais généralement on redoute cette lumière; on craint de trop voir; on a peur qu’un premier sacrifice en entraîne un autre, et dans la crainte d’aller trop loin, on ferme les yeux à la lumière. Jésus-Christ docteur nous apprendrait à mieux connaître nos devoirs, si nous acceptions tous ses divins enseignements. Tous nous connaissons les commandements de Dieu, mais nous redoutons ces commentaires intimes qui viennent ajouter mille délicatesses à l’observance rigoureuse de la loi de Dieu.

Nous ne voulons pas de ces déductions intimes et secrètes que Jésus-Christ tire au fond de l’âme, surtout avant ou après la communion. On consent à accepter les paroles d’un prédicateur bien qu’elles remuent quelquefois et éveillent un remords, mais elles ne font que passer. A peine une syllabe est-elle prononcée, qu’elle tombe pour toujours dans l’éternité; mais ces paroles intimes et toutes intérieures que Jésus-Christ nous adresse au-dedans de nous-mêmes, ne passent pas, elles nous éclairent sur nos défauts et sur ce que Dieu demande de nous. Elles ne peuvent périr, car elles sont véritablement cette parole qui mène à la vie éternelle. C’est Jésus-Christ descendant en nous par la sainte communion qui la conserve et la développe en nous; mais nous la redoutons, nous craignons qu’elle nous éclaire trop et nous lui imposons silence. Malheur à nous si nous ne l’avons jamais entendue, car elle est là, attendant pour se faire entendre que nous voulions bien l’écouter. Mais direz-vous, je ne connais pas le son de ces paroles, comment pourraient-elles m’arriver? C’est par toutes ces bonnes impressions, ces inspirations d’en-haut, tous ces avertissements intimes que vous avez reçus avant ou après la communion. La première fois que vous aurez le bonheur de vous approcher de la sainte Table, demandez à Jésus-Christ, docteur des âmes, de prendre votre langue pour la chaire de vérité, de laquelle il vous enseignera tout ce que vous avez à retrancher, à mortifier, à sacrifier et tout ce que Dieu exige de vous, pour vivre selon cette vie éternelle qu’il vient vous communiquer.

c) Jésus-Christ dans l’Eucharistie nous enseigne la science des rapports de Dieu avec nos âmes.

Jésus-Christ, en nous apprenant tout ce que nous sommes, nous instruit aussi des rapports qu’il veut avoir avec notre âme; de ceux qui s’établissent entre nous et la sagesse, la puissance, la sainteté de Dieu. Il nous communique ses admirables attributs, jusqu’à un certain degré. Nous avons donc à notre disposition cette sagesse de Dieu qui nous éclairera sur tout ce que nous Lui devons et sur le peu que nous sommes; cette justice à l’aide de laquelle nous rendrons à Dieu tout ce que nous Lui devons; cette puissance divine qui s’est jouée comme d’un jeu quand il s’est agi de la création du monde et qui a poussé ses limites jusqu’à la folie de la Croix et la folie de l’Eucharistie.

Nous avons également dans la communion des rapports directs avec la sainteté de Dieu, cette sainteté qui ne peut supporter la moindre souillure et la plus légère imperfection! Ayant donc en nous, par la communion, toutes les perfections divines, comment restons-nous si froids, si imparfaits, si lâches, si faibles? C’est que nous ne savons pas user de tous les trésors que Dieu, dans son amour, met à notre dispositions dans la communion. Réfléchissez-y sérieusement, et songez que, vous approchant souvent de Jésus-Christ par l’adoration, et recevant en vous par la communion, cette sainteté de Dieu, vous devez y participer et ne pouvez plus vous appuyer sur aucune excuse pour ne pas tendre à la perfection; car le Dieu de toute perfection est là, dans votre âme, pour vous la communiquer selon le degré de désir et de générosité que vous lui apporterez.

Jésus-Christ nous éclaire aussi sur les rapports que nous devons avoir avec la Sainte Trinité! avec le Père et le Saint-Esprit, cet Esprit d’amour qui vient pour tout embraser et tout consumer, qui vient aussi en esprit de réparation.

En communiant, pensez à remercier Dieu du gage de pardon et de réparation qu’il vous donne dans la sainte Hostie; pouvait-il être plus consolant, plus rassurant et plus efficace que celui-là?

Notes et post-scriptum