Aux Adoratrices

MAR 1862 Nîmes ADORATRICES
Informations générales
  • Aux Adoratrices
  • Instructions sur l'Eucharistie, Carême 1862
    Jésus-Christ Pontife dans la Sainte Eucharistie
  • Cahiers d'Alzon, 2, pp. 145-149
  • CC 1, pp. 112-119.
Informations détaillées
  • 1 ABUS DES GRACES
    1 ACTE DE CREATION
    1 ACTION DE DIEU DANS L'AME
    1 ACTION DU CHRIST DANS L'AME
    1 ANGES
    1 DESIR DE LA PERFECTION
    1 DON DE SOI A DIEU
    1 ETERNITE DE DIEU
    1 GENEROSITE
    1 INCARNATION DE JESUS-CHRIST
    1 JESUS-CHRIST MODELE
    1 JESUS-CHRIST NOURRITURE DES AMES
    1 LUTTE CONTRE LE PECHE
    1 PERFECTIONS DE DIEU
    1 PERFECTIONS HUMAINES DE JESUS-CHRIST
    1 PROGRES DANS LA VIE SPIRITUELLE
    1 PUISSANCE DE DIEU
    1 PURIFICATION
    1 PURIFICATIONS SPIRITUELLES
    1 ROI DIVIN
    1 SACERDOCE DE JESUS-CHRIST
    1 SERVICE DU ROYAUME
    1 VERTU DE PENITENCE
  • Adoratrices du Saint-Sacrement
  • ADORATRICES
  • Carême 1862
  • MAR 1862
  • Nîmes
La lettre

Jésus-Christ est tout à la fois Pontife et Victime. Lui seul a pu être en même temps victime et sacrificateur; aussi est-il réellement le seul prêtre, les autres ne sont que ses représentants. Ce sacerdoce dont il est dit dans l’Ecriture qu’il est éternel, saint, sans tache et tout-puissant, regarde directement Jésus-Christ, Dieu et homme tout à la fois. Il nous invite tous comme chrétiens à y participer; c’est ce que nous allons étudier aujourd’hui.

a) Prêtre et victime par une éternelle prédestination, le Christ nous invite à participer à la pérennité de son sacerdoce et de son sacrifice.

Jésus-Christ, Pontife éternel, est en un sens aussi, la victime éternelle: Dieu en créant le monde avait en vue l’homme, cette créature animée de son souffle, mais son regard allait plus loin et déroulant les temps sans cesse présents à sa pensée, puisque, pour Dieu, il n’y a ni passé, ni avenir, il entrevoyait cette Vierge de laquelle devait naître cet homme parfait, Dieu et homme tout à la fois. En un sens, tout dans la création a eu lieu pour arriver à cette union si admirable de la nature divine avec la nature humaine.

Comme Dieu donc, il est pontife éternel, et comme homme(1), il est victime. Pour qu’il y eût rapport entre le Pontife et la victime, il fallait que la victime fût éternelle.

Il nous invite à être comme Lui, prêtre et victime; pour cela, à nous immoler nous-mêmes dans nos défauts, dans nos penchants et dans nos affections. Nous devons tout sacrifier, tout immoler et être nous-mêmes notre propre bourreau. Cette immolation ne cessera jamais; il faudra que nous la renouvelions sans cesse pour perpétuer jusqu’à la fin de nos jours un sacrifice égal à celui qui se continue sur nos autels. Le repos est donc impossible et incompatible avec le sacerdoce auquel nous devons participer.

b) Prêtre et victime de toute sainteté, le Christ nous invite à participer à cette sublime sainteté.

Dans le ciel, les Chérubins et les Séraphins, tout ce qu’il y a de plus élevé dans la hiérarchie céleste, répètent sans cesse: Saint, Saint est le Seigneur… Qu’est-ce que cette sainteté qu’ils louent et exaltent continuellement, sinon la perfection de Dieu. C’est ce Dieu trois fois saint dont les anges chantent éternellement les louanges qui descend dans nos âmes par la communion. Il y vient pour nous communiquer sa sainteté et nous aider à y tendre. Ne dites pas qu’elle est au-dessus de vos forces, quand Dieu lui-même vient dans vos coeurs pour vous rendre en un sens, comme participants de ses divines perfections. Présent en vous par la sainte Hostie, il désire vous communiquer sa sainteté, il vous y appelle; écoutez-le et dites si, souvent, dans de pressants et entraînants colloques entre votre âme et Lui, il ne vous a pas puissamment sollicitées. Il semble vous dire: mon enfant, me voilà au-dedans de ton âme avec toutes mes perfections, pour les opposer à tes misères. Ma sainteté est en toi; ne mets pas obstacle à son action et elle renouvellera ton âme. Si tu veux réellement devenir une sainte, laisse-Moi faire, Je suis là pour te communiquer celle que Je tiens de mon Père céleste.

Quoi! la sainteté serait en nous et nous la repousserions! et nous ne la laisserions pas libre dans son action, ou bien nous nous éloignerions de la sainte Table! Ah, que ce crime ne soit jamais le nôtre; ne dédaignons pas, ne méprisons pas la sainteté de Dieu venant en nous pour nous aider, changer nos défauts en perfection.

c) Prêtre et victime sans tache, le Christ nous invite à nous purifier de tout péché.

Dieu, Pontife et Victime sans tache ne veut avoir aucun rapport avec le péché. Il repousse et rompt même avec le pécheur quand il n’est pas repentant, tant sa nature est incompatible avec la plus légère souillure. Sa pureté est si admirable qu’elle repousse tout ce qui est souillé. Comment donc ferons-nous pour participer à ce sacerdoce, nous en qui le péché habite?

Nous romprons avec lui; nous nous purifierons par la pénitence et nous nous pénétrerons surtout d’une vive et profonde horreur pour tout ce qui est mal. Il est dit dans l’Ecriture que le coeur de Dieu s’incline vers ceux qui haïssent l’iniquité. Travaillons sans cesse à la purification de notre âme, haïssons tout ce qui peut ternir en nous cette pureté à laquelle nous sommes appelés et Dieu arrêtera son regard sur nous.

d) Prêtre et victime d’une puissance infinie, le Christ nous invite à nous dépouiller de toute faiblesse et pusillanimité.

Oh! qui jamais pourra raconter la puissance du Seigneur. Il a dit et tout a été créé; à sa voix, le néant a obéi et tous les êtres sont sortis des profondeurs de l’abîme. C’est ce Dieu au nom duquel tout obéit que l’homme reçoit au fond de son âme par la communion et auquel il opposerait sa coupable et infirme volonté s’il ne le laissait pas agir en maître. Quoi! au moment où cette puissance divine consent à se faire pain, pour devenir sa nourriture, l’homme oserait lui dire: arrête, je mettrai des bornes à ta puissance, elle n’aura aucun droit sur moi, sur mes affections, mes tendances… Quel crime horrible que celui-là, et n’est-il pas quelquefois le nôtre! quand nous disons à Dieu: je vous sacrifierai ceci, mais je me réserve cela, nous limitons sa puissance en la condamnant à l’inaction. Tout au contraire, si forts de cette puissance divine qui est là à notre disposition, nous en usons dans le travail de notre sanctification, comme la lutte, le travail, et le sacrifice nous deviendraient faciles et forts de la force de Dieu même, il s’opérerait en nous des changements merveilleux.

Laissant de côté ce que nous aurions pu être, armés de cette puissance divine, examinons ce que nous voulons désormais entreprendre avec elle, et prenons la résolution de laisser désormais Dieu agir dans notre âme. Acceptons-Le comme Pontife et comme Victime; laissons sa sainteté, sa pureté et sa puissance agir en nous. Forts de cette puissance, nous immolerons en nous tout ce qui s’opposerait à l’incomparable pureté et avec elle nous arriverons à la participation de cette sainteté que chantent les Séraphins dans le ciel et dont ils ne peuvent souvenir l’éclat.

Jésus-Christ dans l’Eucharistie nous est encore proposé comme l’homme parfait et l’homme par excellence, comme notre modèle, ensuite comme notre roi et ayant droit de régner sur nous et de nous employer à son service. Enfin comme principe de toute pureté(2)

Notes et post-scriptum
1. Le Christ, Homme-Dieu, est prêtre par une référence plus spéciale à sa divinité; il est victime par une référence plus spéciale à sa très sainte humanité. (Note de l'éditeur).
2. Ce dernier paragraphe n'a pas été reproduit par les *Cahiers d'Alzon*.