Aux Adoratrices

17 APR 1862 Nîmes ADORATRICES
Informations générales
  • Aux Adoratrices
  • Trois caractères des Adoratrices
  • ECRITS SPIRITUELS, pp. 1270-1274 et Cahiers d'Alzon, 17, pp. 151-157.
  • CC 1, pp. 119-128 (cahier d'inconnue).
Informations détaillées
  • 1 ACCEPTATION DE LA VOLONTE DE DIEU
    1 ACTION DU CHRIST DANS L'AME
    1 ADORATION DU SAINT-SACREMENT
    1 AME EPOUSE DE JESUS CHRIST
    1 AMOUR DE JESUS-CHRIST POUR LES HOMMES
    1 ANEANTISSEMENT DE JESUS-CHRIST
    1 ANGES
    1 AUGUSTIN
    1 CHARITE ENVERS DIEU
    1 DESIR DE LA PERFECTION
    1 DON DE SOI A DIEU
    1 EXAMEN DE CONSCIENCE
    1 JEUDI SAINT
    1 JOIE SPIRITUELLE
    1 PERSEVERANCE
    1 PURIFICATION
    1 PURIFICATIONS SPIRITUELLES
    1 RECHUTE
    1 REINE DES ANGES
    1 SOUMISSION SPIRITUELLE A JESUS-CHRIST
    1 TIEDEUR
    1 UNION A JESUS-CHRIST
    1 VIE DE SACRIFICE
    1 VIERGES CONSACREES
  • Adoratrices du Saint-Sacrement
  • ADORATRICES
  • Jeudi Saint 1862, 17 avril 1862
  • 17 APR 1862
  • Nîmes
La lettre

Jeudi Saint 1862

J’ai tenu, mes chères filles, à vous réunir aujourd’hui et à cette heure, qui est réellement celle où fut instituée la divine Eucharistie, car ce jour et cette heure semblent plus particulièrement vous appartenir à cause de votre titre d’Adoratrice et de votre consécration plus grande à l’amour et à l’adoration de Notre-Seigneur dans l’Eucharistie. Ce sera donc de votre titre d’Adoratrice que nous nous entretiendrons. Liées comme vous l’êtes par des voeux, vous devez, mes filles, avoir des caractères distinctifs, je les résume à trois.

Je vais remonter bien haut pour indiquer votre premier caractère comme Adoratrice; mais en l’étudiant avec moi, vous comprendrez que quelqu’élevé qu’il soit, il doit être réellement votre point de départ.

Séraphins.

Eh bien! mes enfants, par l’amour, vous devez être ici-bas des Séraphins! Dans le ciel, au-dessus des Anges, des Archanges, des Trônes, des Dominations, des Puissances, au plus haut de l’échelle angélique, sont les Séraphins qui brûlent d’amour et se consument en chantant ce cantique immortel: Saint, Saint, Saint… C’est à eux, mes enfants, que je ne crains pas de vous comparer; vous devez brûler d’amour pour Dieu. Oui, ici-bas, la vie d’une Adoratrice doit être semblable à l’existence de cette petite lampe; votre coeur doit se consumer d’amour pour Dieu, et briller comme une flamme. Votre amour serait-il digne de celui qui en est l’objet, s’il n’était pas infini; votre pauvre coeur, borné en lui-même, cesse de l’être en se donnant dans toute l’étendue de son être et de sa puissance; de ce côté, votre amour peut être infini, il s’agit que de vous-même vous n’y mettiez point de bornes! Oh! ne dites pas: c’est au-dessus de mes forces; je vous le disais, il y a quelques jours, en communiant, ne recevez-vous pas l’auteur de toute sainteté, de toute perfection, de toute pureté, l’auteur même de l’amour! Il est donc là, dans votre coeur, au moment de la communion, pour vous communiquer sa sainteté, sa pureté et son amour; il ne tient qu’à vous d’y participer, laissez-le faire, n’opposez aucun obstacle à son action, et il embrasera votre coeur d’un amour aussi ardent et aussi consumant que celui des Séraphins. Laissez Notre-Seigneur maître d’agir en vous, et il y opérera de véritables transformations, car l’amour est un feu qui brûle; en brûlant il consume et il purifie! Oh! que de choses ne brûlerait-il pas, ne consumerait-il pas, ne purifierait-il pas en vous, si vous lui livriez votre coeur, et l’intensité de sa flamme augmenterait d’autant plus qu’elle consumerait davantage!

Oui, mes enfants, vous pouvez prétendre à égaler les anges par l’amour; Marie votre Mère n’est-elle pas la reine des Anges, et par là au-dessus d’eux? C’est elle qui réalise cette parole de l’Ecriture: L’homme a été placé un peu au-dessus des anges. Que votre vie soit désormais une vie d’amour, que votre coeur devienne une flamme et vous serez véritablement Adoratrices.

Epouses.

Votre second caractère, au premier abord, va vous paraître inférieur au premier, mais tel que je l’envisage, vous sentirez bientôt le progrès qui s’y trouve. Votre second caractère est celui d’Epouse. Oui, mes filles, vous êtes les épouses d’un Dieu! Avez-vous jamais songé à tout ce que ce titre crée d’intimité et d’union entre Dieu et vous?…

Si, comme Séraphins, vous devez aimer Dieu, d’un amour ardent et surnaturel, comme épouses, vous êtes appelées à ne faire qu’un avec lui!… Cette parole, que l’Eglise met dans la bouche de ses ministres, pour le sacrement du mariage: vous serez deux dans une seule chair, peut s’appliquer aussi à vous, mes enfants! Avec Notre-Seigneur, vous ne serez qu’un dans une seule chair. C’est surtout à la communion que ce prodige s’accomplit; Jésus-Christ s’y empare de votre corps, il s’incorpore avec lui et vous n’êtes plus qu’un avec lui! Quelle union plus grande, plus intime et plus complète que celle de l’épouse et de l’époux. C’est la vôtre, mes enfants, et vous la devez à votre titre de Vierge.

Vous le voyez donc, cette union implique un accord parfait. Saint Augustin vous le dit: la maison bien ordonnée est celle où l’époux commande et où l’épouse obéit. Prenant ces paroles du côté sérieux et les appliquant avec tout le respect voulu à nos rapports avec Notre-Seigneur, nous y puiserons de grands enseignements sur la soumission et l’abandon avec lesquels nous devons suivre la volonté de notre céleste Epoux. Ses désirs doivent être les nôtres et notre joie doit être de lui complaire dans les plus petites choses.

Jésus-Christ, étant votre Epoux, est aussi votre Maître, il a le droit de vous commander, et si vous êtes de fidèles épouses, vos regards fixés sur les siens, préviendront ses moindres désirs; et vous verrez dans tout ce qui vous arrive, la manifestation de la volonté de celui auquel vous êtes unies par les liens les plus intimes. Cette pensée qu’en acceptant les moindres événements qui vous arrivent, vous acceptez la volonté de votre Epoux, sera pour vous un soutien et une force.

Victimes.

Votre troisième caractère, mes chers enfants, est celui de Victime. L’amour des Séraphins et l’union de l’épouse ne serait rien, si vous ne deveniez pas victimes avec Jésus-Christ. Pour être réels l’amour et l’union de l’épouse exigent une immolation continue, et cette immolation resserre si bien vos liens avec votre Epoux, que, ne faisant plus qu’un avec lui, vous deviendrez d’autres Jésus-Christ.

Jésus-Christ s’immole sur nos autels, et vous aussi vous vous immolerez et vous deviendrez victimes avec lui. Vous le voyez, ce caractère dépasse les autres. Le premier vous oblige à un amour unique et ardent; le second à une union parfaite de coeur et de volonté avec votre époux; le troisième vous oblige à devenir un autre lui-même par l’immolation, par le sacrifice sans cesse renouvelé de votre coeur, de votre corps, de votre volonté, de votre intelligence, de votre liberté, en un mot de tout votre être. Voilà, mes enfants, ce que vous devez être à Dieu. Voyez maintenant ce que vous lui avez donné depuis que vous êtes Adoratrices, et liées d’une manière particulière par les saints voeux?…

Notre-Seigneur, par ses divins abaissements, s’est également lié par amour pour nous! Que lui avez-vous donné en retour! Sur quoi avez-vous fait porter votre vie de sacrifice et de victime? Songez, mes filles, que cette vie de sacrifice et de victime, ne cessera pour vous qu’à la mort. Vous vous y êtes engagées par vos voeux et Notre-Seigneur, qui est un Dieu jaloux, trouvera toujours de nouveaux sacrifices à vous imposer; malheur même à l’âme à laquelle il cesserait de demander; c’est qu’il se retirerait d’elle. Si jamais, dans votre vie, à un moment de ferveur a succédé un moment de tiédeur, vous devez l’attribuer à un refus de sacrifice, ou à un manque de générosité!

Conclusion.

Examinez-vous sérieusement sur le passé, mes enfants, sur tout ce que vous auriez à faire, que vous n’avez pas fait. Prenez, ensuite, de fortes résolutions, non pas en général, car qui donne tout, ne donne souvent rien; mais faites-les porter sur les points les plus importants pour votre âme. Les unes les prendront et marcheront avec élan, c’est bon; d’autres les mûriront avec réflexion, c’est également bon; que votre nature vous pousse vers l’une ou l’autre voie, peu importe, pourvu que vous vous portiez avec générosité, ardeur et persévérance à être réellement Séraphin par l’amour, épouse par l’union et victime par l’immolation de vous-même.

L’important, c’est que vous ne reveniez jamais sur le don de vous-même. Dieu me garde de penser qu’un jour, l’une d’entre vous puisse reculer et revenir sur ce qu’elle a promis à Dieu, mais laissez-vous presser de vous donner tous les jours davantage à Notre-Seigneur. Méditez sérieusement sur ce que Dieu vous demande comme Adoratrices et surtout ce à quoi vous vous êtes engagées par vos voeux. Il est ensuite un point qui devient si intime pour l’âme, que je ne peux plus l’y suivre; c’est avec Dieu lui-même qu’elle doit communiquer et traiter de sa perfection et de sa purification! En un mot, voyez ce que vous voulez être désormais comme Séraphin, comme épouse et comme victime. L’amour enflammé des Séraphins ajoutera à l’union de l’épouse et par l’immolation vous mériterez de suivre éternellement cet agneau immolé, dont vous aurez dès ici-bas suivi les traces.

Notes et post-scriptum