Aux Adoratrices

9 SEP 1862 Nîmes ADORATRICES
Informations générales
  • Aux Adoratrices
  • [La Vierge et l'Agneau. Septembre 1862](1)
    [Notre-Seigneur, votre époux]
  • CC 1, pp. 47-55 (cahier d'inconnue).
Informations détaillées
  • 1 ACCEPTATION DE LA VOLONTE DE DIEU
    1 ACTION DU CHRIST DANS L'AME
    1 AME EPOUSE DE JESUS CHRIST
    1 AMOUR DE JESUS-CHRIST POUR LES HOMMES
    1 CORRECTION FRATERNELLE
    1 DIRECTION SPIRITUELLE
    1 DOUCEUR DE JESUS-CHRIST
    1 FAIBLESSES
    1 FAUTE D'HABITUDE
    1 JESUS-CHRIST EPOUX DE L'AME
    1 LUTTE CONTRE SOI-MEME
    1 PASSION DE JESUS-CHRIST
    1 PECHE VENIEL
    1 PERFECTION
    1 PERFECTIONS DE JESUS-CHRIST
    1 PURIFICATIONS SPIRITUELLES
    1 SAINTE COMMUNION
    1 SOUVERAINETE DIVINE
    1 UNION A JESUS-CHRIST
    1 VERTU DE CHASTETE
    1 VOEUX DE RELIGION
    2 JEAN, SAINT
  • Adoratrices du Saint-Sacrement
  • ADORATRICES
  • 9 septembre 1862
  • 9 SEP 1862
  • Nîmes
La lettre

Deuxième instruction, 9 septembre 1862.

Mes filles,

Puisque notre dernier entretien a été à plusieurs d’entre vous et que ces pensées sur le souverain domaine de Dieu vous font du bien, je vous parlerai aujourd’hui des rapports plus directs encore que vous devez avoir avec N.S. comme époux.

En méditant sur ce que j’avais à vous dire, je me suis arrêté sur ces paroles de l’Apocalypse: « Elles sont vierges et suivent l’Agneau partout où il va ». Vous êtes vierges, mes filles, vous appartenez à N.S. d’une manière toute particulière, c’est donc à vous que s’adressent les paroles de l’Apôtre saint Jean. En tant que vierges vous devez suivre l’Agneau… Mais quel est cet Agneau à la suite duquel vous marchez? C’est là ce que nous allons voir ensemble.

Cet Agneau c’est l’Agneau de Dieu… c’est l’Agneau sans tache… c’est l’innocence même… c’est la pureté par excellence… et cet Agneau est aussi votre époux… C’est donc à tout ce qu’il y a de plus pur, de plus saint que vous êtes unies. Oh! mes filles, quelle ne doit pas être votre pureté et votre innocence! Je ne parle pas ici de cette innocence dont nous dépouille le péché mortel. Je ne puis supposer que vous l’ayez perdue; liées comme vous l’êtes, vous avez le privilège de conserver votre corps intact de toute souillure, comme l’obligation de vivre loin du péril.

Laissant donc de côté cette sorte d’innocence, je vais vous parler de vos rapports plus intimes avec Dieu… de ce point de contact nécessaire dans toute union par lequel, si j’ose m’exprimer ainsi, vous touchez à l’époux… et devenez siennes. Ce point si délicat, mes filles, c’est votre coeur, c’est la pureté de votre âme! C’est donc du plus intime de votre être dont il est question.

Descendez-y à la suite de l’agneau sans tache pour vous rendre compte à sa lumière de toutes les souillures qui s’y trouvent et pour vous en purifier ensuite, car la pureté de l’époux est telle qu’il ne souffre aucune souillure dans l’âme de son épouse. Comme nous le disions il n’y a qu’un instant, le péché mortel n’est pas dans votre âme, mais le péché véniel en est-il banni? surtout l’affection au péché véniel et à ces mille misères qui sont en nous? Ne restent-elles pas sur notre coeur comme une couche épaisse et hideuse qui éloigne l’Agneau de nous et nous empêche de lui être unis? Ah! mes filles, si vous le laissiez faire, cet agneau opérerait en vous un travail admirable de purification. Quand vous vous êtes données à Dieu, vous avez vu et compris une certaine purification. Plus tard quand ces premiers retranchements ont été opérés, cette même purification vous est apparue tout entachée d’imperfections et une purification plus grande vous a été demandée… Quand vous l’aurez atteinte, mes filles, vous découvrirez de nouvelles souillures et d’autres horizons de perfection s’ouvriront devant vous… N’en soyez pas effrayées, plus vous approcherez de votre époux, plus sa pureté éclairera vos propres misères… Vous les verrez d’autant mieux que vous serez plus près de lui… Courage donc, si au rayon de sa divine lumière vous entrevoyez toutes les souillures de votre âme! Et malheur même à l’âme qui resterait dans l’obscurité et à qui ne serait pas révélée sa profonde misère. Il serait à craindre que le péché ou l’affection au péché ne s’élevât comme une barrière entre elle et l’Agneau sans tache.

Cet agneau est donc doux dans la charité, doux dans la patience, doux envers les souffrances, doux envers ceux qui font souffrir. Sa douceur nous apparaît ici comme la plénitude de la charité. Non seulement il aime ses bourreaux, il aime encore sa croix, les clous qui l’y attachent ainsi que les autres instruments de son supplice. On leur rend un culte particulier, et l’Eglise en s’agenouillant devant la croix, les clous, la lance et la couronne d’épines nous montre jusqu’où est allée la douceur de l’Agneau et nous apprend à l’imiter.

C’est avec cette douceur, mes filles, que nous devons accepter les événements et nous plier aux circonstances, que nous devons suivre l’Agneau partout où il va, que ce soit à travers les ronces et les épines parmi les ennuis de la solitude ou la contradiction de la foule, sa douceur doit être la nôtre. Cependant au milieu des circonstances ne vous fait-elle pas défaut, même dans les meilleures choses, je parle ici autant pour vous que pour moi, mes filles, puisque j’ai été obligé de me confesser avant la messe pour n’avoir pas su faire avec calme et douceur une observation que j’étais obligé de faire… Votre charité en n’étant pas assez douce reste par cela même défectueuse.

Cet agneau si faible en apparence est cependant tout puissant. En effet ne porte-t-il pas sur lui tous les péchés du monde sans en être écrasé! Il porte également les nôtres! Pourquoi restons-nous toujours les mêmes? Pourquoi ne surmontons-nous pas notre orgueil, notre paresse, nos humeurs? C’est que nous ne demandons pas à l’agneau divin de nous en décharger. Nous les conservons en disant qu’il est difficile d’arriver à la perfection. Oh! c’est comme un défi lancé à la puissance de l’agneau, vous semblez lui dire qu’il est incapable de vous purifier et trop faible pour porter le poids de vos fautes.

Réfléchissez-y et voyez si souvent, par ce côté vous n’avez pas froissé votre époux et exercé sa patience. L’Agneau est là, pour purifier votre âme, pour prendre sur lui toutes vos misères… le voulez-vous? et le laisserez-vous faire? Prenez garde que votre coeur ne soit pas familiarisé avec les petites fautes et que ces faiblesses volontaires ne soient pas un obstacle à votre union avec l’agneau sans tache.

En dernier lieu, un mot sur les exigences de l’agneau qui sont après tout celles de votre époux. Dieu vous a choisies de toute éternité pour être les épouses de son fils et former sa cour dès ici-bas. Vous avez vous-mêmes ratifié ce choix par les engagements que vous avez pris. J.C. de son côté en vous appelant pour épouse y met des conditions. La première, c’est la sainteté… Votre époux exige que vous deveniez des saintes… et ses divines exigences se porteront sur ce qu’il y a de plus intime en vous… Non seulement comme créateur mais aussi comme époux, il a le droit de vous appeler à la perfection. Et par ce côté nous oublions trop souvent son souverain domaine sur nous.

Votre jugement portera sur la manière dont vous aurez répondu aux exigences de l’Agneau. Vous ne vous appartenez plus, par le voeu de chasteté vos corps mêmes sont consacrés à Dieu et Jésus-Christ est à vous. Vous ne faites plus qu’un avec lui, surtout par la communion! Il vient en vous pour vous transformer en lui. Transformez votre coeur, votre esprit, vos sentiments, voilà ses exigences… Jésus-Christ est votre époux et votre Dieu! Y avez-vous songé? Et il ne vous suffisait pas. Nous ne devons nous appuyer que sur lui et ne voir dans la direction qu’une obéissance et un moyen d’être plus souvent à l’époux. En dehors de cela nous ne devons pas craindre de nous trouver seules.

Notes et post-scriptum
1. Nous donnons ce titre aux trois instructions aux Adoratrices de septembre 1862, car elles forment un tout à rapprocher d'une conférence portant ce titre, faite aux R.A. le 12 février 1871 (C00690).