Aux Adoratrices

16 SEP 1862 Nîmes ADORATRICES
Informations générales
  • Aux Adoratrices
  • [La Vierge et l'Agneau. Septembre 1862]
    [Les exigences de l'époux]
  • CC 1, pp. 67-73 (cahier d'inconnue).
Informations détaillées
  • 1 ACTION DU CHRIST DANS L'AME
    1 AME EPOUSE DE JESUS CHRIST
    1 AMOUR DE DIEU POUR SA CREATURE
    1 CREATION
    1 DESIR DE LA PERFECTION
    1 DON DE SOI A DIEU
    1 FIDELITE A LA GRACE
    1 IMITATION DE JESUS CHRIST
    1 INCARNATION DE JESUS-CHRIST
    1 JESUS-CHRIST EPOUX DE L'AME
    1 JESUS-CHRIST NOURRITURE DES AMES
    1 PRATIQUE DE L'OBEISSANCE
    1 PURIFICATIONS SPIRITUELLES
    1 SOUVERAINETE DIVINE
    1 UNION A JESUS-CHRIST
    1 VIERGES CONSACREES
    1 VOCATION
    1 VOEU DE CHASTETE
  • Adoratrices du Saint-Sacrement
  • ADORATRICES
  • 16 septembre 1862
  • 16 SEP 1862
  • Nîmes
La lettre

A la petite chapelle, 16 septembre 1862 (suite de l’instruction du 9 septembre).

Mes filles,

Nous avons vu dans notre dernière instruction quels étaient les attributs de l’Agneau de Dieu, sa pureté, sa douceur, sa puissance, et j’allais parler de ses divines exigences quand nous avons été interrompus.

J’y reviendrai aujourd’hui, seulement en vous les présentant par cet autre côté: cet agneau est votre époux; c’est donc des exigences de votre époux que je vous entretiendrai.

Dans le monde tout a été fait pour Dieu, tout se rapporte à lui. Mais dans l’ordre de la création, il y a plusieurs moments. Après le premier où tout était créé pour Dieu lui-même, Jésus-Christ entrait dans les temps à venir: l’incarnation de son Fils, ce fut là le second moment. Pour que le mystère de l’incarnation s’opérât, il fallait une mère de laquelle naîtrait le fils de Dieu, et Marie fut le troisième moment de la création. Le quatrième sont les élus. Dieu voulant donner à Jésus-Christ une escorte qui lui servît de cour, choisit les élus et parmi les élus les vierges. Voilà votre place, mes filles, dans la pensée de Dieu; toutefois je ne m’exprime ainsi que pour me faire plus facilement comprendre. Dieu dans sa préscience voit et connaît toutes choses et embrasse tout du même regard.

Dieu donc de toute éternité vous avait en vue pour former la cour de son fils, et après vous avoir créées pour lui, il vous avait choisies pour être les épouses de Jésus-Christ. Ce choix, vous l’avez accepté et ratifié vous-mêmes en vous liant par les saints voeux. On peut donc vous ranger parmi ceux dont il a été dit « que ces choses ne sont comprises que par ceux auxquels il a été donné de les comprendre ».

Ce n’est pas tout, mes filles, si Jésus-Christ vous a de son côté choisies et appelées, il y a mis des conditions, la première c’est la sainteté… Votre époux exige que vous arriviez à la sainteté… De là l’obligation pour vous d’y tendre sans cesse et d’une manière particulière. Il n’est pas question ici de réformes extérieures, je les suppose toutes accomplies et vous crois toutes dans votre vocation, là où Dieu vous veut. Je parle donc uniquement de réformes intérieures, de votre sanctification intérieure et des exigences intimes de votre époux. Ne dites pas: je l’accepterai dans une certaine limite; pourvu que je sois bonne chrétienne, régulière, pieuse, cela suffit, je n’ai pas besoin de tendre plus haut… Ce langage vous n’avez plus la liberté de le tenir; mettons de côté pour un instant les droits de Dieu sur nous comme créateur; admettons qu’ils n’existent pas pour nous. N’êtes-vous pas les épouses de Jésus-Christ? A ce titre, voulu et accepté de votre part, ne lui appartenez-vous pas en entier? N’a-t-il pas tout droit sur vous? Ah! si nous étions plus profondément pénétrées du souverain domaine de Dieu sur nous comme créatures et surtout comme épouses, bien des choses s’apaiseraient en nous et nous travaillerions plus sérieusement à notre sanctification. Prenez-y garde, un jour votre jugement portera sur cette perfection à laquelle vous étiez appelées et à laquelle vous ne serez pas arrivées pour avoir mis en doute les droits de Dieu sur vous.

Vous ne vous appartenez plus, mes filles, vos corps mêmes ne sont plus à vous; par votre voeu de chasteté vous les avez consacrés à Dieu et ces paroles: ils ne sont plus qu’un dans une même chair vous sont applicables! Vous êtes à Jésus-Christ et Jésus-Christ est à vous, vous ne faites plus qu’un avec lui… Ne descend-il pas tous les jours dans votre coeur… N’est-il pas votre nourriture habituelle… Or il ne peut y avoir d’union plus étroite. Comme je vous l’ai dit souvent, dans la nourriture ordinaire, les aliments se changent en ceux qui les prennent… ici, un travail contraire a lieu, c’est nous qui sommes transformés en Dieu, non pas en cessant d’être nous, ce serait le panthéisme, mais en devenant d’autres Jésus-Christ par le coeur, l’esprit et les sentiments. Voilà la transformation dont votre époux est jaloux et le travail intime qu’il exige, travail qui ne cessera jamais, qui ne finira qu’avec la vie… Vous ne vous contenterez pas de donner à Dieu ce que vous avez entrevu au premier appel de la grâce; en avançant, les exigences de votre époux augmenteront, il vous éclairera sur ce que vous avez à purifier et à immoler et en même temps vous sentirez à son contact que des forces nouvelles vous sont données pour [un mot illisible] le travail intime et incessant de votre sanctification.

Si Jésus-Christ est votre époux, il est aussi votre Dieu, un époux Dieu, y avez-vous jamais réfléchi? Oh! pourquoi ne vous suffit-il pas… pourquoi votre coeur cherche-t-il ailleurs appui et repos… Oui, il est effrayant de penser que Dieu pour époux ne peut vous suffire… Comme son coeur adorable doit être blessé de toutes nos aspirations en dehors de lui… Quel coeur plus tendre, plus aimant, plus compatissant que le sien… Mettez en parallèle l’amour immense qu’il vous porte et celui que vous lui rendez et voyez de quel côté penche la balance. Rien ne peut égaler la douceur et la tendresse des paroles qu’il vous adresse pour vous attirer à lui! Quand lui rendrons-nous amour pour amour! Quand vivrons-nous de sa vie? C’est tout notre être qu’il réclame. Notre esprit, notre coeur, notre intelligence; il veut tout et ne veut plus rien entre lui et notre âme.

Nous ne pouvons seuls, dans le chemin de la perfection aller à Dieu, nous appuyant sur nous-mêmes; il est nécessaire qu’il y ait entre Dieu et nous un intermédiaire qui nous garantisse la voie que nous suivons; ces rapports sont ceux de l’obéissance, mais une fois éclairés et guidés par elle, nous devons aller directement à Dieu et ne pas craindre de nous trouver seuls avec lui. C’est dans ce travail intime et salutaire de Dieu sur nous que nous deviendrons réellement épouses en ne refusant rien aux divines exigences de l’Agneau.

Notes et post-scriptum