Aux Adoratrices

23 SEP 1862 Nîmes ADORATRICES
Informations générales
  • Aux Adoratrices
  • [La Vierge et l'Agneau. Septembre 1862]
    [A la suite de l'Agneau]
  • CC 1, pp. 74-80 (cahier d'inconnue).
Informations détaillées
  • 1 ACCEPTATION DE LA CROIX
    1 AME EPOUSE DE JESUS CHRIST
    1 CHARITE ENVERS LE PROCHAIN
    1 CHATIMENT DU PECHE
    1 COMPASSION DE LA SAINTE VIERGE
    1 CRITIQUES
    1 DON DE SOI A DIEU
    1 LUTTE CONTRE LE CORPS
    1 LUTTE CONTRE LE MONDE
    1 MORT
    1 OBEISSANCE DE JESUS-CHRIST
    1 PATIENCE
    1 PENITENCES
    1 REFORME DU CARACTERE
    1 REFORME DU COEUR
    1 SOUFFRANCE ACCEPTEE
    1 TITRES DE JESUS-CHRIST
    1 VIE DE SACRIFICE
    1 VIE DE SILENCE
  • Adoratrices du Saint-Sacrement
  • ADORATRICES
  • 23 septembre 1862
  • 23 SEP 1862
  • Nîmes
La lettre

« Elles sont vierges et suivront l’Agneau partout où il ira. »

Nous avons vu dans nos précédentes instructions ce qu’était l’Agneau de Dieu, sa pureté, sa puissance, sa douceur, nous avons reconnu que nous lui appartenons comme épouses et avons étudié les différentes exigences de notre époux. Aujour’hui nous nous préoccuperons de ces paroles: « Elles sont vierges et suivront l’Agneau partout où il ira ».

Où va donc ce divin Agneau et où nous conduira-t-il? L’Agneau va au sacrifice, il marche à l’immolation, en un mot il est victime. Si l’Agneau va au sacrifice, la vierge doit l’y suivre et la vierge doit aussi être victime avec l’Agneau. En considérant la manière dont l’Agneau a été victime, nous verrons celle dont la vierge doit l’être. Toutes rapides qu’elles soient, je livre ces considérations à vos réflexions et désire qu’elles vous tiennent lieu d’examen. L’Agneau a été victime et vous devez l’être comme lui:

1° du côté du monde qui a méprisé, bafoué, insulté, calomnié l’Agneau et qui vous calomniera, vous insultera, vous méprisera, vous bafouera parce que vous marchez à sa suite… Victime en acceptant tous ses jugements sévères, toutes ses critiques, toutes ses fines railleries, qui s’attachent généralement à ceux qui par leur vie protestent contre l’esprit du monde. Victime en acceptant un certain cachet qui révolte et qui froisse certaines idées encore trop humaines; victime non seulement en acceptant le mépris mais encore en l’aimant et en nous réjouissant d’en être l’objet. Souvent à ces critiques du monde viennent se joindre nos propres répugnances, quelquefois même les exagérations de notre imagination; n’importe, tout cela est bon et en ajoutant à nos souffrances nous aidera à être victime, car Dieu ne considère pas le motif et la cause de nos souffrances mais leur intensité et l’intention avec laquelle nous les supportons.

Nos souffrances, même imaginaires, peuvent nous rendre victimes si nous résistons à leur entraînement et les supportons avec patience. Quant au mépris du monde, aimons-le, acceptons-le, désirons-le; l’agneau ayant été méprisé, tous ceux qui le suivent doivent avoir part à ce mépris… Quelle est la vierge qui n’a pas été méprisée? Tôt ou tard, d’une manière ou d’une autre, comme vierge marchant à la suite de l’Agneau, le mépris vous atteindra.

Etre victime du monde ne suffit pas; il faut l’être dans votre coeur, par les souffrances volontaires, par l’acceptation de celles qui ne le sont pas. Je ne parle des premières que pour constater la nécessité d’être victime dans tout notre être, dans ce qu’il y a de plus bas et de plus infime en nous. Ce doit être comme un besoin pour la vierge de faire souffrir son corps, de lui imposer des privations… M’adressant à des personnes de petite santé et peu capables de grandes austérités, je me hâte de vous parler de la manière dont vous pouvez être victimes en acceptant les malaises, les souffrances, les maladies que Dieu vous envoie… Si vous savez les accepter, elles pourront être pour vous une source féconde de mérites et vous tenir dans un état habituel d’immolation. En effet, de tout ce qui répugne le plus à la nature, n’est-ce pas la mort? n’est-ce pas la destruction de nous-même, qui n’est après tout que le châtiment du péché? Eh bien toute maladie est un apprentissage de la mort, et toute souffrance un avertissement donné par elle… Que de mérites donc à acquérir en assistant avec calme et résignation à la lente destruction de son corps et, en offrant à Dieu ce long et douloureux travail, nous pouvons être sans cesse à ses pieds, comme la victime qui n’attend que la consommation de son sacrifice.

Victime par le coeur. Oui, mes filles, votre corps ne suffit pas; Dieu réclame ce qu’il y a de meilleur en nous et ce qui nous est le plus cher; aussi se servira-t-il pour vous immoler de tous ceux qui vous sont les plus chers; ils deviendront comme les bourreaux de votre coeur. Ne dites pas: d’un autre je le supporterai mais de ceux que j’aime le plus, c’est trop dur. C’est justement de ceux que vous aimez le plus que vous souffrirez, et c’est là une des tristes conditions de la nature humaine; si vous ne souffriez pas de ceux que vous aimez, vous n’aimeriez pas. La souffrance dénote ici l’amour et vous ne souffrez que parce que vous aimez; laissez-vous donc immoler par ce que vous avez de plus cher en ce monde, en acceptant toutes les souffrances qui vous viendront de ce côté.

Etudiez les grands modèles que l’Eglise vous offre. Notre-Seigneur n’est mort que pour satisfaire à la justice de son père; c’est Dieu le père qui l’a livré à la souffrance et à la mort. La Sainte Vierge, de qui a-t-elle souffert sinon de son fils, de tout ce qu’elle aimait le plus? Jésus-Christ a été comme son bourreau, je me trompe, son sacrificateur, c’est lui qui lui a transpercé le coeur d’un glaive, et qui en a fait la Mère des douleurs.

Prenez garde ensuite que dans bien des circonstances, c’est moins les autres que vous-même qui vous faites souffrir. C’est votre excessive sensibilité, que d’autres pourraient appeler susceptibilité, c’est votre caractère qui aggrave et décuple certaines souffrances, et si vous teniez compte de tout ce que vous ajoutez d’intensité et d’amertume à vos souffrances, les autres seraient moins coupables que vous ne les accusez. Soyez donc également victime en réprimant votre caractère afin de ne pas devenir par votre susceptibilité une cause de souffrance pour les autres. Mais direz-vous, comment changer son caractère? En un sens, je ne veux pas que vous le changiez mais que vous vous en serviez comme d’un moyen de sanctification, en le modifiant, en le réprimant, et en acceptant les souffrances qu’il vous occasionne.

Il y a encore quelque chose de plus qui dépasse toutes ces immolations, c’est d’être victime de l’amour de N.S., c’est de se laisser immoler par Dieu lui-même. Oui, mes filles, si vous vous livrez à Dieu pour qu’il vous immole, son amour s’en chargera lui-même. Dans la prière, dans la communion, il vous poursuivra sans cesse, il ne sera content et ne vous laissera de repos qu’après avoir tout immolé, et même tout consommé. Mettez-vous sur l’autel du sacrifice et dans le silence de la prière et sous l’action de la communion, livrez-vous à Jésus-Christ qui veut être lui-même votre sacrificateur.

Notes et post-scriptum