A des dames ou jeunes filles

JAN 1868 Alès Dames Miséricorde
Informations générales
  • A des dames ou jeunes filles
  • Retraite prêchée par le R.P. d'Alzon en janvier 1868 (à Alais).
  • BZ 6, pp. 97-119 (notes de Cécile Varin).
Informations détaillées
  • 1 ACTION DE DIEU DANS L'AME
    1 ADVENIAT REGNUM TUUM
    1 AMOUR DE JESUS-CHRIST POUR LES HOMMES
    1 AMOUR DIVIN
    1 AMOUR DU PROCHAIN SOURCE DE L'APOSTOLAT
    1 ANGES
    1 ANNONCIATION
    1 CHANDELEUR
    1 CHARITE ENVERS LE PROCHAIN
    1 CIEL
    1 COMMUNION FREQUENTE
    1 COMPASSION DE LA SAINTE VIERGE
    1 DEMARCHE DE L'AME VERS DIEU
    1 DEVOTION AUX ANGES
    1 DEVOTION AUX SAINTS
    1 DEVOTION EUCHARISTIQUE
    1 DON DE SOI A DIEU
    1 DROITS DE DIEU
    1 EDUCATION
    1 ESPERANCE
    1 FORMATION DE JESUS CHRIST DANS L'AME
    1 FORMATION DES JEUNES AUX VERTUS
    1 GLOIRE DE DIEU
    1 IDEES DU MONDE
    1 IMITATION DE LA SAINTE VIERGE
    1 INGRATITUDE ENVERS DIEU
    1 JOUISSANCE DE DIEU
    1 JUIFS
    1 LOUANGE
    1 LUTTE CONTRE LE MONDE
    1 MAUVAISES LECTURES
    1 MERE DE FAMILLE
    1 PASSION DE JESUS-CHRIST
    1 PATIENCE DE JESUS-CHRIST
    1 PRIERE DE JESUS-CHRIST
    1 REFORME DU COEUR
    1 SACRILEGE
    1 SAINTS DESIRS
    1 SALUT DES AMES
    1 SERVICE DE L'EGLISE
    1 SOUFFRANCE ACCEPTEE
    1 VIE DE PRIERE
    1 VIE DE SILENCE
    1 VIE PUBLIQUE DE JESUS-CHRIST
    1 ZELE APOSTOLIQUE
    2 DAVID, BIBLE
    2 ISAIE, PROPHETE
    2 JEAN, SAINT
    2 JEREMIE
    2 PIERRE, SAINT
    2 SIMEON, VIEILLARD
    2 VARIN d'AINVELLE, CECILE
  • Dames de la Miséricorde d'Alès
  • Dames Miséricorde
  • Entre le 17 et le 24 janvier 1868(1)
  • JAN 1868
  • Alès
La lettre

Première instruction. Sur le renouvellement(2).

Deuxième instruction. Sur l’esprit de foi(2).

Troisième instruction. Sur l’espérance.

Il est meilleur de se confier en Dieu plutôt que de se confier dans les hommes. Détachement et mépris de toutes les choses créées pour s’attacher à Dieu, seul fondement inébranlable de notre espérance et qui peut seul nous soutenir au milieu de toutes les défaillances de la vie.

Quatrième instruction. Sur l’amour de Dieu.

Toute âme baptisée est aimée de Dieu particulièrement et sollicitée par lui de l’aimer. Ingratitude et folie de l’âme qui laisse attendre Dieu à la porte de son coeur et qui refuse ou néglige de se livrer sans réserve à son amour.

Cinquième instruction. Sur l’amour du prochain.

Aimer surtout les âmes parce que N.S. les aime, et on ne peut même lui prouver son amour qu’en se laissant embraser de cet amour pour les âmes qui a consumé son coeur et qui l’a fait mourir pour nous. Cette pensée, faire du bien au prochain parce que J.C. aime les âmes, doit dominer dans la vie des chrétiens et faire taire toutes les rancunes, toutes les susceptibilités, toutes les antipathies, et on ne peut témoigner un plus grand amour au divin Maître que d’aimer sans mesure les âmes qu’il a tant aimées.

Aimer, dans le même esprit d’amour qui est l’esprit de l’Eglise, les Saints qui ont comme nous habité la terre et qui en ont connu toutes les amertumes, les Anges qui formeront dans le ciel notre société et que nous pouvons déjà aimer sur la terre. Ces pensées purifieront et sanctifieront nos affections les plus légitimes qui ne doivent subsister que pour l’éternité, où sans crainte de les voir brisées, nous chanterons tous: Ecce quam bonum etc.

Sixième instruction. Sur le respect humain(2).

Septième instruction(2).

Huitième instruction. Sur l’éducation.

Ce n’est pas seulement les mères qui ont des enfants à élever, toute âme chrétienne a d’abord à s’élever elle-même, c’est-à-dire à se porter tous les jours davantage vers Dieu, puis elle répond des âmes qui lui sont directement confiées, et dans une certaine mesure des âmes de ceux qui l’entourent. C’est une grande et terrible mission que celle d’élever les âmes, ne fût-ce que la sienne propre, et N.S. lui-même l’a tellement considérée qu’avant de former son collège apostolique, avant de donner à ses apôtres leur solennelle mission, que fait-il?… L’Evangile nous dit qu’il passa la nuit en prières, et en descendant de la montagne où il avait prié il se met à enseigner ses apôtres. Quel exemple, mesdames, et quelle puissance n’auriez-vous pas si à l’exemple de N.S. avant de travailler à ce noble et grand ouvrage de la sanctification et de l’éducation des âmes, vous passiez de longues heures en communication avec Dieu? Et je dis ceci non pas seulement pour les mères, mais pour toutes, pour celles qui ont l’âme d’un mari, d’un père, d’un frère à sanctifier, pour les vierges chrétiennes qui se dévouent à l’éducation, pour celles qui par leur position peuvent atteindre les âmes des pauvres et des riches, pour toutes celles en un mot qui s’associant à ce grand ouvrage que N.S. est venu opérer sur la terre disent à ce divin Sauveur: Oui, mon Dieu, je veux comme vous aimer les âmes, consacrer ma vie à les élever et à les diriger vers vous, je veux être mère selon la grâce de quelques âmes qui peut-être me sont inconnues, mais que je veux aimer et pour lesquelles je veux travailler et souffrir!…

En pénétrant ainsi dans le coeur de N.S., vous comprendrez, mesdames, quelle pureté et quelle sainteté exige ce grand travail. Comment alors pourriez-vous élever vos enfants, votre famille, vos domestiques, avec un esprit rempli de pensées légères et mondaines, de lectures que vous ne voudriez pas leur livrer!… Comment une âme souillée peut-elle se livrer à l’éducation, et si la société décline, si tout s’affaiblit dans le monde, c’est que les femmes chrétiennes ne comprennent plus la grande et noble mission qui leur est confiée d’élever et de former des âmes pour le ciel…

Neuvième instruction.

Je suis venu apporter le feu sur la terre, et qu’ai-je désiré sinon qu’il s’allume?

Quel est, mesdames, ce feu consumant que N.S.J.C. est venu apporter sur la terre et qu’il souhaitait avec tant d’ardeur voir embraser toute la terre, sinon le zèle de la gloire de Dieu et le salut des âmes?… Avant la venue de J.C. dans le monde, David avait pu dire: le zèle de votre maison m’a dévoré, quelques Juifs fidèles et fervents avaient pu gémir lorsque le temple de Dieu avait été souillé, Isaïe allant annoncer la parole de Dieu avait eu ses lèvres purifiées avec un charbon ardent, Jérémie avait exhalé ses plaintes sur les malheurs de son peuple, mais tout ce zèle du peuple de Dieu, ce n’était pas encore ce feu ardent qui embrasait le coeur de N.S. et qu’il devait communiquer à son Eglise dans la suite des âges. Le premier motif de ce zèle, c’était la gloire de Dieu: voyez N.S. dans sa vie publique allant d’une ville à l’autre, prêchant partout sa divine doctrine et consacrant ses jours et ses nuits aux travaux de l’apostolat, puis enfin donnant sa vie pour réparer la gloire de son père outragée, et au moment où il allait se livrer à ses ennemis disant: Mon Père, j’ai accompli l’oeuvre pour laquelle vous m’avez envoyé sur la terre, glorifiez-moi donc de cette gloire, etc.

Et au moment où il adressait cette prière à son Père céleste, il semblait cependant que cette oeuvre de réparation et de rédemption qu’il était venu accomplir, était à jamais perdue… En effet, pendant ces heures douloureuses de la Passion, qu’étaient devenus les apôtres, les disciples? Tous avaient fui, même Pierre le chef de l’Eglise naissante, et aux pieds de Jésus mourant il ne restait que le disciple bien aimé et quelques saintes femmes qui sont, mesdames, votre modèle et votre honneur. Alors l’Eglise semblait perdue, les ténèbres avaient envahi la terre, et les âmes faibles et dont la foi était chancelante pouvaient dire: tout est fini!…

Mesdames, votre zèle ressemble-t-il à celui de N.S.?… Comme lui êtes-vous consumées du désir de réparer la gloire de Dieu? Lorsque vous voyez les grandes iniquités qui couvrent la terre, sentez-vous votre coeur frémir d’indignation et pourriez-vous dire avec David: Vidi praevaricantes et tabescebam! Mon Dieu, j’ai vu les prévaricateurs de votre loi et j’en ai séché de douleur? On se dispute pour un lambeau de terre, pour une maison, pour une fortune, et le mépris des droits de Dieu à qui cependant appartient toute la terre, nous laisse insensible. Le zèle de N.S. était non seulement ardent, mais il était patient; il savait attendre, car les voies de Dieu ne sont pas celles des hommes, et lorsque votre zèle trop ardent et trop inquiet croit que tout est perdu, parce que tout ne réussit pas immédiatement, pensez à la Passion et à la mort de N.S. qui sembla anéantir toutes ses oeuvres. Le second motif du zèle de N.S. c’était le salut des âmes; c’est pour elles qu’il est descendu du ciel et qu’après avoir vécu sur la terre il veut encore continuer à y demeurer dans le T.S. Sacrement de l’autel. Pensez-vous quelquefois, mesdames, à ces longues heures de solitude, à ces longues nuits et ces longs jours que N.S. passe dans un pauvre tabernacle sans qu’un adorateur vienne lui apporter ses hommages. Avez-vous songé quelquefois, lorsque vous vous réveillez au milieu de la nuit, à envoyer votre coeur auprès du tabernacle le plus voisin pour demander au divin Maître: Seigneur, que faites-vous là?…Jésus vous répondrait qu’il accepte cet abandon, cet isolement, sans parler des profanations et des outrages, pour l’amour des âmes, et qu’il se consume silencieusement, non pour les anges qui ne quittent pas le tabernacle, mais pour les hommes qui l’abandonnent.

N’abandonnez pas ce divin Maître, mesdames, et au milieu des défections et de l’affaiblissement général des sociétés, dites-lui comme St Pierre: A qui irions-nous, Seigneur; vous avez les paroles de la vie éternelle?… Laissez consumer votre coeur par ce feu que Jésus est venu apporter sur la terre; les hommes le laissent s’éteindre, mais qu’il brûle dans le coeur des prêtres et des femmes chrétiennes, et que par des inventions sans cesse renouvelées il atteigne toutes les âmes qui s’en vont chaque jour se perdant, parce que personne ne leur montre la Vérité. Le zèle chrétien se revêt de différentes formes, et les femmes sont ingénieuses à le rendre fécond. Mettez ce feu dans votre coeur et puis allez, mesdames, vers vos familles, vers vos amis, dans le monde, chez les pauvres, et soyez uniquement préoccupées de la pensée de faire régner J.C. Adveniat regnum tuum, voilà quelle doit être la passion, l’aspiration d’une âme chrétienne, et avec ce but vous serez fortes et puissantes, mesdames, vous serez des apôtres dont la voix retentira par toute la terre, et si l’édifice de l’Eglise chancelait, ce qui est une supposition impossible, vous devriez le soutenir. Ayez une sainte jalousie pour apporter à cet édifice, à ce temple saint qui va s’élevant à travers les siècles, des pierres polies et taillées, destinées à le soutenir et à l’embellir, et votre bonheur sera augmenté par celui de toutes les âmes qui vous devront leur salut.

Dixième instruction.

Mulier, ecce filium tuum. Femme, voilà votre fils.

Je viens vous parler ce soir, mesdames, à la fois du fils et de la mère, et au lieu de mettre avec l’Evangile cette parole sur les lèvres de N.S., je la place avec la tradition sur les lèvres de St Jean lorsqu’après l’Ascension il donnait la communion à la Très Sainte Vierge pendant les années qu’elle passa encore sur la terre. Je veux vous montrer comment la Ste Vierge est surtout votre modèle dans la Communion, comment toute âme chrétienne peut devenir en quelque sorte la mère de N.S.J.C. en retraçant en elle les dispositions de Marie lorsque par l’Incarnation son divin Fils s’unit à elle, et comment sa vie correspondit à ces grâces.

La Ste Vierge se prépara d’abord à l’union divine par la retraite et le silence et ici, mesdames, ne croyez pas que je viens vous proposer à toutes d’être des religieuses; non, je prends la vie ordinaire d’une femme ou d’une jeune fille dans le monde, et je dis que sans le quitter, elle peut se faire au fond du coeur une solitude où elle puisse quelquefois penser sérieusement à Dieu. La vie de Marie fut celle de toutes les jeunes filles d’Israël et quoique comblée des grâces d’en haut, comme jamais créature ne le fut, son grand mérite fut de correspondre à l’appel de Dieu. Aussi lorsque troublée par la voix de l’ange qui la saluait pleine de grâces elle demanda comment ce grand mystère s’accomplirait, et que l’Ange lui répondit: Le Saint-Esprit surviendra en vous et la vertu du Très-haut vous couvrira de son ombre, Marie s’incline et obéit. Elle se livre sans réserve à l’action du Saint-Esprit qui forme en elle J.C. Pourquoi donc, mesdames, lorsque vous allez à la Sainte Table, trop rarement peut-être, pourquoi ne vous livrez-vous pas sans réserve à l’action de l’Esprit de Dieu?… Pourquoi avez-vous peur de cet esprit qui vous transformerait, qui vous sanctifierait, qui vous agrandirait, car c’est par la communion qu’on devient des saints, et si elle agit si peu en nous, c’est que nous ne laissons pas agir et opérer en nous le St Esprit… Marie répondit donc: Ecce ancilla Domini, et lorsque neuf mois après, le mystère annoncé par l’ange fut accompli, lorsqu’au jour de la Purification le St vieillard Siméon tenant entre ses bras l’Enfant Jésus prédit à Marie que son coeur maternel serait percé d’un glaive, alors Marie comprit dans toute son étendue ce que c’était que de se dire la servante du Seigneur!… Mais elle accepta ce glaive de douleur qui désormais ne la quitta plus, et au pied de la croix où expirait son divin Fils, elle répétait encore ce beau cantique qu’elle avait prononcé dans l’extase de son union avec Dieu: Magnificat anima mea Dominum!… Allez, mesdames, allez auprès de Marie apprendre toute l’étendue de cette parole: voici la servante du Seigneur! Comprenez à quoi cela vous engage, recevez J.C. dans votre coeur, et livrez-vous à lui sans réserve, prêtes à lui obéir et à marcher dans la voie de la perfection et de la souffrance aussi loin qu’il voudra vous conduire. S’il vous conduit sur le Calvaire, dites toujours avec Marie: Mon âme glorifie le Seigneur; que ce soit toujours là votre action de grâces et quittant la Table sainte, en rentrant dans le monde, emportez Jésus comme votre trésor, et n’ayez d’autre désir que de le glorifier. Marie voit tous les jours encore les contradictions dont Jésus est l’objet, et bien que Jésus ressuscité ne puisse plus mourir, le coeur de sa Mère qui veille sans cesse auprès des saints tabernacles, est tous les jours percé d’un nouveau glaive à la vue des profanations dont il est l’objet. Quelle douleur pour les Saints Anges, et pour Marie, lorsque la Sainte Hostie portée par des mains quelquefois hélas! indignes va descendre dans des poitrines encore plus indignes! Pensez, mesdames, à cet amour infini de N.S. qui se soumet pour votre amour, pour rester avec nous, à d’horribles sacrilèges, et allez souvent avec un coeur pur recevoir des mains de Marie son divin Fils, qu’elle aime confier à des âmes saintes.

Marie est encore le modèle des âmes souffrantes et éprouvées, des âmes qui portent comme un fardeau la vie de ce monde. Quelle fut sa vie depuis l’Ascension pendant les longues années qu’elle passa encore sur la terre? Ce fut une vie de désir et d’attente jusqu’à ce moment bienheureux où l’amour brisa son coeur et laissa prendre à son âme un libre essor vers le ciel. Ainsi il est des temps où l’âme chrétienne est consumée de désirs, où la possession de son Dieu sous les voiles de l’Eucharistie ne lui suffit pas, elle voudrait le voir face à face. Puis quelquefois le Bien-aimé se cache et semble vouloir se dérober aux recherches de cette âme; il ne regarde qu’à travers les treillages, comme le chantait l’Epouse des Cantiques, et qui peut dire alors les souffrances d’un coeur aimant?…Jésus devient quelquefois comme un pesant fardeau pour l’âme qui le reçoit souvent, mais il ne permet ces souffrances du désir et de l’attente que pour exciter son amour. Pensez alors, mesdames, à ces paroles que prononce le prêtre en vous donnant la Ste communion: Que le corps de N.S.J.C. garde votre âme pour la vie éternelle! Oui l’attente finira et le corps de J.C. est un gage de cette bienheureuse éternité qui comblera vos longs désirs. Un jour viendra où N.S. vous ayant transformées en lui par la Ste communion et trouvant votre âme trop belle, trop grande pour la terre, vous emportera sur les ailes de son amour et vous fera entrer dans cette bienheureuse patrie après laquelle soupirent toutes les âmes qui à l’exemple de la Ste Vierge ne cherchent leur bonheur qu’en Dieu. Communiez donc souvent, mesdames, et en terminant je vous laisse ce souhait déposé dans votre coeur chaque fois que vous vous approchez de la table sainte, en même temps que le gage de son accomplissement est déposé sur vos lèvres: Que le corps de N.S.J.C. gard votre âme pour la vie éternelle!

Notes et post-scriptum
1. Le titre de Cécile Varin dit "prêchée... le 20 janvier 1868". - Ce ne peut être la date de toute la retraite qui comporte 10 instructions.
2. Rien que ce titre.