A des dames ou jeunes filles

DEC 1861 Alès
Informations générales
  • A des dames ou jeunes filles
  • Retraite prêchée à Alais en décembre 1861. Sur le Très Saint Sacrement
    Deuxième instruction - N.S.J.C. considéré comme victime dans l'Eucharistie
  • ECRITS SPIRITUELS, pp. 956-961.
  • BZ 4, pp. 12-18 (cahier de Cécile Varin).
Informations détaillées
  • 1 ANEANTISSEMENT DE JESUS-CHRIST
    1 BIEN SUPREME
    1 CHARITE ENVERS DIEU
    1 COMMUNION FREQUENTE
    1 DIEU LE PERE
    1 EUCHARISTIE
    1 HUMANITE DE JESUS-CHRIST
    1 IMITATION DE JESUS CHRIST
    1 INGRATITUDE ENVERS DIEU
    1 LUTTE CONTRE LE CORPS
    1 OBEISSANCE DE JESUS-CHRIST
    1 OUBLI DE SOI
    1 PAPE
    1 PARTIES DE LA MESSE
    1 PECHE MORTEL
    1 PENITENCES
    1 PRIERE DE JESUS-CHRIST
    1 SOUFFRANCE ACCEPTEE
    1 SOUFFRANCES DE JESUS-CHRIST
    1 TITRES DE JESUS-CHRIST
    1 UNION A JESUS-CHRIST
    1 VIE DE SACRIFICE
    1 VOIE UNITIVE
  • Décembre 1861
  • DEC 1861
  • Alès
La lettre

Et voilà que je vis au milieu du Trône, et des quatre animaux, et au milieu des vieillards, un agneau comme égorgé.

Quel est cet agneau que vit l’apôtre lorsqu’il lui fut donné de contempler les merveilles du Ciel?… Cet agneau, cette victime qui était au milieu du trône, c’est Notre-Seigneur Jésus-Christ et c’est comme victime immolée pour le salut du monde que nous le considérons aujourd’hui dans l’Eucharistie. Que voyez-vous lorsque vous assistez à la messe?… Un prêtre revêtu d’ornements symboliques monte à l’autel; au moment de la Consécration ses paroles font descendre Jésus-Christ sur ce même autel. Après avoir pris sa part de la victime, il la distribue aux fidèles qui approchent de la Table sainte, et ce sacrifice auguste où Jésus-Christ est toujours la victime, se renouvelle tous les jours, un nombre infini de fois, depuis l’Orient jusqu’à l’Occident.

Nous allons considérer en premier lieu ce qu’est Notre-Seigneur Jésus-Christ comme victime, ce qu’il fait comme victime, et enfin ce qu’il demande de nous après avoir été victime pour nos péchés.

I. La Victime offerte au Père céleste.

Et d’abord quelle est cette victime offerte au Père céleste? C’est Notre-Seigneur Jésus-Christ avec son intelligence humaine, avec son coeur d’homme, avec son corps uni à la Divinité, et toute sa nature humaine unie à sa nature divine en reçoit une perfection que nous ne pouvons imaginer. C’est cette victime si parfaite qui vient s’offrir à son Père, en disant: vous n’avez point voulu le sang des boucs et des taureaux et j’ai dit: me voici. Me voici pour faire votre volonté. Et alors le Père acceptant cette oblation a pris toutes les iniquités commises depuis le commencement du monde et toutes celles qui devaient se commettre jusqu’à la fin des siècles, et il les a toutes mises sur cette unique Victime! Oh! pourrons-nous jamais concevoir tout ce qu’a souffert Notre-Seigneur Jésus-Christ dans son intelligence humaine la plus parfaite qui fut jamais, en se voyant chargé de tous ces crimes? Cette intelligence si pure fut pour ainsi dire écrasée sous le poids de tant de prévarications. Et que dire des souffrances de son coeur, de ce coeur qui aimait tant les hommes et qui prévoyait combien peu il en serait aimé?… A-t-il davantage épargné son corps, auquel l’union avec la Divinité communiquait une délicatesse, une sensibilité que nous ne pouvons comprendre!… L’a-t-il épargné au jardin des Olives, au Prétoire, au Calvaire? Dans l’Eucharistie, Notre-Seigneur ne peut plus ni souffrir, ni mourir corporellement, mais il n’en est pas moins victime. Au moment où les paroles du Prêtre le font descendre sur l’autel, il est vraiment cet agneau comme égorgé que vit l’Apôtre. Chargé de tous les crimes des hommes, son intelligence, son coeur, son corps, sa Divinité tout entière est anéantie, et il est encore plus voilé, plus caché par toutes ces prévarications qu’il expie, que sous les espèces sacramentelles.

II. Victime d’expiation et de propitiation.

Que fait Notre-Seigneur Jésus-Christ dans l’Eucharistie?… Non seulement il s’offre, mais encore il accepte, il subit toutes les douleurs que lui imposent les continuelles ingratitudes des hommes. Délaissé par ceux-mêmes pour lesquels il s’est réduit aux abaissements de l’Eucharistie, notre divin Sauveur du fond de ses tabernacles, voit des hommes insensibles à son amour, entraînés par les choses de ce monde, refusant les trésors qui leur sont offerts dans la sainte Communion et mettant quelquefois toute une vie d’intervalle entre leur Première Communion et le Viatique. Rendons-nous compte, s’il est possible, des tourments imposés à cette intelligence sacrée, par la vue de tant d’oubli et surtout par le sentiment de l’insulte faite à son Père céleste par les crimes des hommes. Oh! si nous pouvions comprendre ce qu’est un seul péché mortel pour l’intelligence très pure et pour le coeur très parfait de Notre-Seigneur Jésus-Christ, que ne ferions-nous pas pour en diminuer le nombre?… Pensons au moins tous les matins en assistant à la messe que Notre-Seigneur s’offre pour tous les péchés commis sur toute la surface de la terre, qu’il s’est anéanti sous le poids de tant de crimes, et sans parler de ceux qui sont commis dans tout le monde, pensons seulement que les péchés mortels commis dans cette ville depuis la veille suffisent pour accabler cette divine victime!… Et il accepte tout cela, tous les jours et plusieurs fois par jour, et nous n’y faisons pas attention parce que nous y sommes habitués. Nous profitons même de l’abondance de ses grâces pour l’oublier.

Que fait encore Notre-Seigneur dans l’Eucharistie? Pendant que la foule des hommes le laisse dans une solitude complète pour courir après un bonheur qu’ils ne trouveront pas, ce divin Sauveur ne se lasse pas de prier pour eux, et d’arrêter par sa continuelle expiation la main de Dieu prête à frapper sur des ingrats. Mais Notre-Seigneur ne se lasse pas de tant de souffrances et de tant d’humiliations, lorsqu’au milieu de la foule des âmes indifférentes et sourdes à sa voix, il rencontre quelques âmes généreuses qui consentent à devenir victimes avec lui.

III. Ce que cette victime nous demande.

C’est ici, Mesdames, qu’il faut penser sérieusement à tout ce que Notre-Seigneur Jésus-Christ victime demande de vous. Après l’institution de l’Eucharistie, et au moment de se livrer à ses persécuteurs, Jésus-Christ dit à ses apôtres: Je vous ai donné l’exemple afin que, comme j’ai fait, vous fassiez. Bien que ces paroles ne s’adressaient alors qu’aux Apôtres et à leurs successeurs, elles peuvent( cependant s’appliquer à toutes les âmes qui participent au divin banquet de l’Eucharistie, et qui par cela même doivent se sacrifier comme Jésus-Christ s’est sacrifié. Il a été victime le premier afin que ces âmes privilégiées soient victimes après lui. Lorsque le Prêtre dépose sur votre langue l’adorable Hostie, c’est Jésus-Christ tout chargé des péchés du monde, comme l’indiquent ces paroles: Ecce Agnus Dei, etc., qui vient vous demander d’expier, de souffrir, d’être victimes avec lui. On ne peut fixer à chacune la mesure et le genre de sacrifices qu’elle doit à Notre-Seigneur, mais ce qu’on peut dire à toutes, c’est que dans quelque position qu’on se trouve, il faut se sacrifier, s’immoler et savoir souffrir pour Jésus-Christ qui n’a évité aucune souffrance pour nous. Et plus une âme est possédée de l’amour de Jésus, plus elle désire souffrir pour lui. Il faut un aliment à la flamme pour qu’elle puisse continuer à subsister, et l’aliment de la flamme de l’amour divin, c’est la souffrance, parce qu’en souffrant on continue pour ainsi dire le sacrifice de Jésus-Christ. Si nous avions un peu de foi, pourrions-nous, en contemplant le Crucifix, rechercher ensuite tout ce qui flatte nos sens, tout ce qui nous satisfait, et tout sacrifier au monde tandis que nous sacrifions si peu à Dieu!…

Une âme qui comprend un peu la sainte Communion doit comprendre aussi que plus elle s’unit à Jésus-Christ dans ce Sacrement, plus elle doit s’unir à son sacrifice. Notre-Seigneur persécuté dans la personne de son vicaire, demande maintenant bien des sacrifices pour expier tous les crimes qui se commettent sur la terre. Il cherche des âmes généreuses qui viennent se consumer dans cet immense foyer de l’amour, allumé par l’Esprit Saint, pour consumer la divine victime, et d’où s’élèvent des flammes dont toutes les flammes de la terre réunies ne peuvent donner une idée. Ces flammes doivent brûler et consumer tout ce qu’il y a d’humain en nous afin qu’après avoir reçu Notre-Seigneur Jésus-Christ par la Communion, nous puissions dire: j’ai en moi la divine victime, je dois m’unir à son sacrifice pendant toute ma vie afin d’aller ensuite avec confiance dans la vie éternelle jouir des fruits de son immolation.

Notes et post-scriptum