A des dames ou jeunes filles

DEC 1861 Alès
Informations générales
  • A des dames ou jeunes filles
  • Retraite prêchée à Alais en décembre 1861. Sur le Très Saint Sacrement
    Troisième instruction - N.S.J.C. considéré comme prêtre dans l'Eucharistie
  • ECRITS SPIRITUELS, pp. 961-965.
  • BZ 4, pp. 19-25 (cahier de Cécile Varin).
Informations détaillées
  • 1 ACCEPTATION DE LA VOLONTE DE DIEU
    1 ANGES
    1 CIEL
    1 DETACHEMENT
    1 ETERNITE
    1 HUMILITE DE JESUS-CHRIST
    1 JESUS-CHRIST AUTEUR DE LA GRACE
    1 JESUS-CHRIST EPOUX DE L'AME
    1 LUTTE CONTRE SOI-MEME
    1 OFFRANDE
    1 PRETRE
    1 PRIERE DE DEMANDE
    1 PUISSANCE DE DIEU
    1 PURIFICATIONS SPIRITUELLES
    1 REDEMPTION
    1 REFORME DU COEUR
    1 SACERDOCE DE JESUS-CHRIST
    1 SALUT DU GENRE HUMAIN
    1 SOLITUDE
    1 SOUFFRANCE ACCEPTEE
    1 SOUFFRANCES DE JESUS-CHRIST
    1 UNION A JESUS-CHRIST
    1 VIE DE SACRIFICE
    2 MELCHISEDECH
    2 VARIN d'AINVELLE, CECILE
  • Décembre 1861.
  • DEC 1861
  • Alès
La lettre

Il convenait que nous eussions un semblable Pontife.

Après avoir considéré hier Notre-Seigneur Jésus-Christ comme victime dans l’Eucharistie, nous allons aujourd’hui voir en lui le Prêtre. Notre-Seigneur ne se contente pas d’être victime pour nous: son amour se dédouble pour ainsi dire, il veut être à la fois le Prêtre qui offre, et la victime qui est offerte. C’est de ce sacerdoce de Jésus-Christ que parlait le Prophète en disant: Juravit Dominus et non paenitebit eum; tu es sacerdos in aeternum secundum ordinem Melchisedech. Et tous aussi, nous sommes prêtres, car si notre divin Sauveur veut que nous soyons victimes avec lui, il veut aussi que nous soyons prêtres avec lui. C’est à toute âme régénérée par le baptême que s’adressent ces paroles: tu es sacerdos in aeternum et unis à Jésus-Christ, nous sommes aussi revêtus de son royal sacerdoce. C’est en examinant les différents caractères du sacerdoce de Jésus-Christ que nous pourrons nous rendre compte de ce qu’il exige de nous comme prêtres. Le sacerdoce de Jésus-Christ est éternel, il est tout puissant, il est très pur, et enfin il est efficace.

I. Sacerdoce éternel.

En premier lieu, c’est un sacerdoce éternel, comme l’indiquent ces paroles déjà citées: Tu es sacerdos in aeternum. Pénétrons un instant dans les splendeurs des cieux, passons successivement parmi tous les choeurs des anges, arrivons près des Séraphins dont l’amour est comme une pure flamme qui brûle sans cesse devant le Très-Haut, voyons Marie élevée au-dessus des Anges et intercédant pour nous, ce n’est pas encore la prière du sacrifice. Il faut se perdre dans le sein même de la Divinité et contempler Notre-Seigneur Jésus-Christ revêtu de son humanité, debout à la droite de son Père, et lui offrant sans cesse son sang et ses souffrances pour le salut des hommes et la réparation de sa gloire outragée. A chaque instant de notre vie, nous pouvons nous représenter Jésus-Christ comme prêtre devant le Très-Haut, s’offrant lui-même de ses propres mains. Après s’être offert sur l’autel par les mains d’un homme qui n’est que son instrument, mais qu’il a plus particulièrement revêtu de la grâce du sacerdoce, Jésus-Christ remonte vers le ciel et va présenter son sacrifice à son Père, il revient ensuite les mains pleines des trésors de ses grâces, mais ceux vers lesquels il revient refusent de s’appliquer les fruits de son sacrifice. N’est-ce pas là un sacerdoce éternel, et Jésus-Christ n’a-t-il pas le droit d’exiger que le sacerdoce dont il a revêtu ses créatures soit aussi marqué du sceau de l’éternité?… c’est-à-dire que notre vie soit un perpétuel sacrifice?… Il nous revêt d’un sacerdoce royal, qui demande des victimes royales, c’est-à-dire grandes, magnifiques, dignes de celui à qui elles doivent être offertes. Mais où prendrons-nous ces royales victimes?… Jésus-Christ lui-même veut être une victime offerte par nos mains et quoiqu’il appartienne aux prêtres seuls de monter à l’autel, toute âme chrétienne doit elle aussi offrir cette victime toute pure. Ensuite prenant dans nos mains toutes les souillures et toutes les misères de notre âme, tous nos efforts pour la purifier, et les mettant sur l’autel du sacrifice, le feu qui consume la divine victime purifiera ces holocaustes qui deviendront ainsi des victimes royales. Et voilà comment tout chrétien en vertu du sacerdoce royal dont il est revêtu est obligé de sacrifier à Dieu; et c’est lui-même qu’il doit sacrifier. Nous devons être comme Jésus-Christ à la fois prêtre et victime: il faut que le sang du sacrifice et de l’immolation coule sur l’autel de notre coeur et si nous ne nous sacrifions pas, non seulement un moment mais à tous les instants de notre vie, nous ne sommes pas chrétiens.

II. Sacerdoce tout puissant.

Le sacerdoce de Jésus-Christ est un sacerdoce tout puissant, et cette toute-puissance réside dans ses souffrances et dans ses humiliations. Au milieu des tourments de sa Passion, et des anéantissements du Calvaire, Jésus-Christ était tout-puissant, alors même qu’il réalisait cette prophétie: il semblait un ver et non pas un homme. Mais il s’offrait, il expiait, et sûr de la toute-puissance de son offrande, il savait que sa force augmenterait en proportion de la profondeur de ses abaissements. C’est aussi dans les anéantissements de l’Eucharistie que je vois la force et la toute-puissance du sacerdoce de Notre-Seigneur Jésus-Christ. C’est lorsqu’il est déposé sur notre langue, et que, caché dans la Sainte Hostie, il se laisse détruire en nous comme un aliment vulgaire, que son triomphe est le plus complet, car pour s’anéantir ainsi il faut la toute-puissance d’un Dieu. C’est ainsi que la force de votre sacerdoce résidera dans vos humiliations et dans vos abaissements, et de même que Jésus-Christ entrant en nous par la sainte Communion se laisse détruire, de même en travaillant à la destruction de vous-même, et de tout ce qu’il y a de plus intime en vous, vous deviendrez fortes et puissantes pour sacrifier à Dieu tout ce qu’il vous demandera, parce que si vous vous détruisez, Jésus-Christ, le divin Pontife, grandira en vous.

III. Sacerdoce très pur.

Le sacerdoce de Notre-Seigneur Jésus-Christ est un sacerdoce très pur. Que voyons-nous en effet dans l’oeuvre de la Rédemption?… Jésus-Christ, le Pontife par excellence, s’avance seul vers l’autel du sacrifice. Aucune créature humaine ne vient le soutenir. Il est sans père, sans mère, comme dit l’Ecriture en parlant de Melchisédech. Et lorsque sa sainte Mère qu’il a quittée pour aller évangéliser et ses autres parents, ne pouvant l’aborder à cause de la foule qui l’environne, lui font demander un moment d’entretien, il répond: Qui est ma mère, et qui sont mes frères?… Quoiqu’uniquement occupé des intérêts et de la gloire de son Père, il ne veut pas qu’aucune affection humaine semble l’entourer de ses liens; il veut aller s’offrir seul, et même au moment de consommer son sacrifice, il consent à éprouver la peine la plus affreuse à l’âme, à être abandonné de Dieu, et il s’écrie sur la Croix: Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’avez-vous abandonné?

Notes et post-scriptum