A des dames ou jeunes filles

DEC 1861. Alès
Informations générales
  • A des dames ou jeunes filles
  • Retraite prêchée à Alais en décembre 1861. Sur le Très Saint-Sacrement
    Quatrième instruction - N.S.J.C. considéré dans l'Eucharistie comme source de toute science
  • ECRITS SPIRITUELS, pp. 965-969.
  • BZ 4, pp. 26-32 (cahier de Cécile Varin).
Informations détaillées
  • 1 AMOUR DIVIN
    1 APOTRES
    1 BIEN SUPREME
    1 COMMUNION DES SAINTS
    1 COMMUNION FREQUENTE
    1 CONNAISSANCE DE DIEU
    1 CONNAISSANCE DE SOI
    1 CREATION
    1 DON DE SOI A DIEU
    1 EFFORT
    1 EUCHARISTIE
    1 FAIBLESSES
    1 INCARNATION DE JESUS-CHRIST
    1 INGRATITUDE
    1 JESUS-CHRIST DOCTEUR
    1 JESUS-CHRIST MEDIATEUR
    1 JESUS-CHRIST NOURRITURE DES AMES
    1 JUSTICE DE DIEU
    1 LEGERETE
    1 PUISSANCE DE DIEU
    1 REDEMPTION
    1 RESISTANCE A LA GRACE
    1 SACRIFICE DE JESUS CHRIST
    1 SAGESSE DE DIEU
    1 SAINTS DESIRS
    1 TIEDEUR
    1 UNION A JESUS-CHRIST
    1 VERTU DE FORCE
    1 VIE DE SACRIFICE
    2 PIERRE, SAINT
    2 VARIN d'AINVELLE, CECILE
    3 CAPHARNAUM
  • Décembre 1861.
  • DEC 1861.
  • Alès
La lettre

A qui irions-nous, Seigneur, vous avez les paroles de la vie éternelle?

Le divin Sauveur venait de faire entrevoir aux habitants de Capharnaüm le mystère de l’Euchristie, et ces hommes charnels avaient répondu en s’éloignant de lui: Ces paroles sont dures et qui peut les entendre?… Alors Jésus se tournant vers ses Apôtres leur dit: Et vous, ne voulez-vous point aussi me quitter? Pierre prenant la parole, répondit: A qui irions-nous, Seigneur, vous avez les paroles de la vie éternelle?

Nous pouvons aussi répéter ces paroles du prince des apôtres, car c’est vraiment dans l’Eucharistie que Notre-Seigneur Jésus-Christ nous enseigne les paroles de la vie éternelle. C’est vraiment dans la sainte Communion que Jésus-Christ enseigne sans bruit à l’âme chrétienne trois sciences qui n’en forment qu’une: la science de Dieu, la science de l’homme, et enfin la science de l’union de l’homme avec Dieu.

I. La science de Dieu.

La science de Dieu! Quel autre maître que Notre-Seigneur Jésus-Christ pourrait nous faire comprendre toute la grandeur de Dieu, puisque pour satisfaire à sa justice, il a fallu une si grande immolation; la sagesse de Dieu que nous ne pouvons concevoir si quelques rayons de la lumière éternelle n’éclairaient notre intelligence; l’amour de Dieu pour les hommes, cet amour si prodigieux que, suivant les Saintes Ecritures: Dieu a tant aimé le monde qu’il lui a donné son Fils unique.

Contemplons un instant cette immensité de l’amour de Dieu pour ses créatures. Une seule immolation de Jésus-Christ était nécessaire pour satisfaire à la justice divine, mais elle ne suffisait pas à l’Amour d’un Dieu, et le Père céleste consent à ce que son Fils unique soit encore immolé tous les jours! Il consent à ce que ce Fils bien-aimé obéisse tous les jours, et plusieurs fois par jour, à la voix d’un homme, et descende dans des mains, peut-être hélas, sacrilèges!… Et pourquoi tant de sacrifices et d’immolations?… Pour donner ce Fils bien-aimé à quelques âmes privilégiées qui ne réfléchissent pas à toutes les ignominies par lesquelles Notre-Seigneur Jésus-Christ a voulu passer avant d’arriver jusqu’à elles! Et Dieu le Père accepte pour son Fils toutes ces insultes et toutes ces ingratitudes! Pour ces quelques âmes privilégiées qui ont le bonheur de recevoir souvent Notre-Seigneur Jésus-Christ, Dieu le Père consent à renouveler le mystère de la Création dans celui de la Transsubstantiation, car l’Eucharistie est comme un abrégé de tous les mystères les plus insondables de la Toute-Puissance divine. L’Eucharistie renouvelle l’Incarnation, puisque par la communion Jésus-Christ s’incarne dans les âmes, et, si nous portons envie à la Très Sainte Vierge qui avait Jésus-Christ en elle, nous pouvons nous dire après avoir communié que nous avons le même bonheur. Le mystère de la Rédemption est aussi renouvelé dans l’Eucharistie, et c’est ici vraiment qu’on peut répéter ces paroles du Roi-prophète: Memoriam fecit mirabilium suorum, etc. car l’Eucharistie est vraiment l’abrégé, le mémorial de toutes les merveilles de Dieu. Voilà cette science de l’amour que Jésus-Christ nous enseigne dans l’Eucharistie, de cet amour dont les flammes ardentes enveloppent le globe tout entier. L’amour de Dieu dans l’Eucharistie est à notre âme ce que l’air est à notre corps, il nous enveloppe, nous presse de toutes parts, et après la science de l’amour vient celle du sacrifice, car on prouve son amour par le sacrifice, et Jésus-Christ nous enseigne cette science toute divine du don entier de soi-même à Dieu. Quelle est l’âme chrétienne qui, dans une communion fervente, n’a pas entendu la voix de Jésus, cette voix qui se fait entendre sans bruit, lui révéler des choses merveilleuses, et que nulle autre voix n’aurait pu lui apprendre? C’était un éclair qui brillait à ses yeux, et si les divines inspirations de cette science ne restaient pas dans son âme, c’est qu’elle les dissipait par sa légèreté. Quelle est l’âme qui n’a pas senti l’amour de Jésus la presser de se donner et de se sacrifier pour lui?… Oh! que nous sommes coupables si notre tiédeur et notre légèreté mettent obstacle à l’effusion de cette science divine dans nos âmes!… C’est Jésus-Christ le Verbe de Dieu, la science par excellence, qui veut lui-même nous instruire, mais nous sommes sourds à sa voix!…

II. La science de l’homme.

Notre-Seigneur Jésus-Christ nous enseigne dans l’Eucharistie la science de l’homme, la plus utile pour nous après celle de Dieu. Eclairés par la divine lumière, nous pouvons mesurer la profondeur de notre faiblesse et mieux connaître par cela même l’immense amour de Dieu pour nous. Combien de bonnes résolutions prises et ensuite si facilement oubliées. Et cependant Dieu ne se lasse jamais; il est plus persévérant dans son pardon que nous ne le sommes dans notre faiblesse. Il y a des personnes qui croient devoir se dispenser de la sainte communion à cause de leur faiblesse, mais elles sont bien coupables, puisque connaissant leur impuissance elles refusent d’aller à la force véritable, qui est Jésus-Christ. Pourquoi se laisser arrêter par de ridicules scrupules et se demander si on est prêt à communier, ou si on ne l’est pas?… Il faut aller toujours à Jésus-Christ qui nous appelle et se donner sans calculer, se donner toujours et ne pas dire: Sacrifierai-je ceci? ou donnerai-je encore cela? Il faut être prêt à tout sacrifier, à tout donner et une âme ainsi disposée est toujours prête à communier.

III. La science de l’union de l’homme avec Dieu.

En troisième lieu, Jésus-Christ nous enseigne la science de l’union de l’homme avec Dieu, c’est-à-dire la science de sa médiation entre Dieu et nous. Jésus-Christ qui est un seul et même Dieu avec son Père, en s’unissant à la nature humaine, l’a unie à la substance divine. Mais cette union se consomme d’une manière encore plus admirable dans l’Eucharistie, car par la sainte Communion nous ne faisons plus qu’un avec Jésus-Christ et par conséquent aussi nous ne faisons plus qu’un avec le Père céleste. Quel admirable mystère que cette union divine que Notre-Seigneur Jésus-Christ nous presse de contracter avec lui, et n’est-ce pas dans l’Eucharistie et dans la communion que nous apprenons cette science divine?… Nous y apprenons aussi l’union de toutes les âmes en Dieu, car de même que par la communion l’âme unie à Jésus-Christ ne fait plus qu’un avec lui, de même aussi les âmes unies à ce divin Sauveur ne font plus ensemble qu’une seule et même chose. L’Eucharistie n’est pas comme les aliments ordinaires qui se transforment en la substance de notre corps, cette divine nourriture transforme au contraire les âmes en sa propre substance; Jésus-Christ nous absorbe entièrement et n’est-il pas vrai alors que les âmes ainsi nourries du corps de Jésus-Christ et ainsi absorbées en lui, sont admirablement unies?… Et cette union si merveilleuse se consommera d’une manière plus merveilleuse encore dans la vie éternelle, où notre être tout entier sera absorbé en Dieu. Puisque notre destinée est si glorieuse, puisque l’union avec Dieu doit faire un jour notre éternelle félicité, n’est-il pas juste et raisonnable que toutes les aspirations de notre être soient pour Dieu, et qu’en nous efforçant dès cette vie de nous unir à lui, nous commencions déjà la vie toute en Dieu, qui doit être la nôtre pendant l’éternité?…

Notes et post-scriptum