A des dames ou jeunes filles

DEC 1861 Alès
Informations générales
  • A des dames ou jeunes filles
  • Retraite prêchée à Alais en décembre 1861. Sur le Très Saint Sacrement
    Sixième instruction - N.S.J.C. considéré comme ami dans l'Eucharistie
  • ECRITS SPIRITUELS, pp. 973-977.
  • BZ 4, pp. 40-45 (cahier de Cécile Varin).
Informations détaillées
  • 1 ACTION DU CHRIST DANS L'AME
    1 AMITIE
    1 AMOUR DE DIEU POUR SA CREATURE
    1 AMOUR FRATERNEL
    1 APOTRES
    1 COLERE
    1 CONNAISSANCE DE DIEU
    1 DETACHEMENT
    1 DIVIN MAITRE
    1 DONS EN ARGENT
    1 EDIFICE DU CULTE
    1 EUCHARISTIE
    1 FAIBLESSES
    1 FIDELITE A LA GRACE
    1 JOUISSANCE DE DIEU
    1 PATIENCE
    1 PAUVRE
    1 REFORME DU CARACTERE
    1 RESISTANCE A LA GRACE
    2 JEAN, SAINT
    2 VARIN d'AINVELLE, CECILE
  • Décembre 1861.
  • DEC 1861
  • Alès
La lettre

Je ne vous appellerai plus mes serviteurs mais mes amis.

Ces paroles étaient adressées par le divin Maître à ses apôtres, après la Cène, au moment où il allait mourir pour eux, et l’assurance si consolante de l’amitié de Jésus ne s’adresse pas seulement aux apôtres, mais à toutes les âmes chrétiennes. Oui, Jésus-Christ veut être votre ami, et c’est dans l’Eucharistie surtout qu’il nous offre cette précieuse amitié que nous ne pouvons refuser sans nous rendre coupables de la plus épouvantable ingratitude. Quels sont les caractères de cette divine amitié?… Elle est désintéressée, prévenante, patiente, et remplie de délicatesse.

1. Amitié désintéresée.

Qui oserait dire que l’amour que Jésus-Christ nous porte n’est pas désintéressé? Dieu a-t-il besoin de nous?… Sommes-nous nécessaires à son bonheur? Nullement et c’est par un effet incompréhensible de sa bonté qu’il daigne exiger son amour. N’était-ce pas assez pour lui de sauver ses créatures auxquelles il ne devait rien? Mais son amour ne s’arrête pas là et dans l’Eucharistie, il s’offre à nous sans avoir rien à gagner dans ses communications avec d’ingrates créatures. Mais, diriez-vous, Notre-Seigneur repose quelquefois dans de magnifiques temples bâtis par la main des hommes. Sans parler à présent des outrages que reçoit souvent Notre-Seigneur dans les lieux où l’on semble déployer le plus de magnificences pour l’honorer, pensez, je vous prie, que la plupart de ces monuments où Notre-Seigneur repose sont élevés non pas en son honneur, mais en l’honneur de sa Mère, ou de quelques-uns de ses Saints. Admirez jusqu’où va le dépouillement de ce divin Sauveur: il se cache, pour ainsi dire, dans la maison de l’un de ceux qu’il a appelés ses amis; admirez encore une autre forme de ce dépouillement: Notre-Seigneur repose dans des vases d’or et d’argent, mais si ses enfants les pauvres ont besoin de ces trésors, il se laisse dépouiller!…

N’a-t-on pas vu souvent dans la primitive Eglise, de saints papes et de saints évêques devinant les intentions du divin Maître et faisant fondre les vases sacrés, pour les distribuer aux pauvres? Et voilà l’ami qui s’offre à nous!… Que demande-t-il en retour? Ah! n’est-il pas juste que donnant à sa créature tous les trésors renfermés dans cette divine amitié, il exige d’elle un immense amour. Allez à la Table sainte puisque Jésus-Christ vous offre d’être votre ami, et ne soyez pas assez ingrates pour refuser de lui ouvrir la porte de ce coeur qui, après tout, est à lui par le baptême, et dans lequel il a le droit d’exiger une préparation convenable.

2. Amitié prévenante.

Notre-Seigneur Jésus-Christ est prévenant dans son amitié. De toute éternité, Jésus-Christ nous a aimés, il nous a vus chacun en particulier, et quand même il n’y eût eu qu’une seule âme sur la terre, de toute éternité, il aurait prévu qu’il la sauverait et qu’il lui offrirait son amitié. Jésus-Christ a vu de toute éternité le moment de notre naissance, de notre Première Communion. Il a vu aussi toutes nos infidélités, toutes nos résistances, et rien n’a pu l’empêcher de nous aimer avant que nous ne l’aimions. N’est-ce pas ce divin Sauveur qui au jour de notre Première Communion s’est révélé à notre âme comme son ami, qui l’a prévenue et comblée de ses grâces les plus précieuses afin de nous forcer aussi à être ses amis. Aimez donc Dieu, disait saint Jean, car c’est lui qui nous a aimés le premier.

3. Amitié patiente.

Non seulement Notre-Seigneur Jésus-Christ est prévenant dans son amitié, mais encore il est patient; il ne se lasse pas de nos langueurs dans le sacrifice entier qu’il demande de nous. Je ne veux pas dire ici que vous ayez porté des coups mortels à Notre-Seigneur Jésus-Christ, mais rendez-vous compte, avec toute la vivacité de votre caractère méridional, des épreuves auxquelles vous avez soumis la patience de Notre-Seigneur. Toutes ces petites impatiences, toutes ces petites faiblesses, tous ces petits manquements à la charité, en un mot, toutes ces petites misères dont votre vie est remplie sont comme autant de coups d’épingles pour Notre-Seigneur, et c’est ainsi, si j’ose le dire, que vous donnez matière à pratiquer la vertu au coeur de Notre-Seigneur Jésus-Christ. Et cependant il ne se lasse jamais d’offrir son amitié à de telles âmes qui ne savent pas faire un effort pour aller un peu vite à lui! Ici encore nous pouvons admirer le désintéressement de Notre-Seigneur; il veut que pour réparer toutes vos lenteurs dans son service, vous soyez à votre tour patientes envers le prochain, et il considérera comme fait à lui-même ce que vous ferez pour son amour à l’égard de vos frères. Supportez donc dans vos frères les défauts qui peuvent exercer votre patience, vous qui tant de fois avez mis à l’épreuve celle de Jésus, et prenez donc enfin la résolution de chasser de votre coeur toutes ces petites misères, toutes ces petites souillures, qui mettent tant d’obstacles, petits peut-être mais nombreux, à la divine amitié que Notre-Seigneur voudrait contracter avec vous.

4. Amitié pleine de délicatesse.

Notre-Seigneur Jésus-Christ est plein de délicatesse pour nous offrir son amitié; en effet que de moyens il emploie pour pénétrer jusqu’à notre coeur. C’est une bonne inspiration, c’est un trait de lumière venu pendant une lecture, c’est une humiliation, une joie, une épreuve, que sais-je?… Qui peut compter toutes les inventions de l’amour de Notre-Seigneur, pour arriver jusqu’à une âme?… Que demande-t-il en retour de tant de délicatesse? Mesdames, il faut que dans les ressources inépuisables de votre coeur de femme, vous trouviez aussi des inventions délicates pour répondre à tout l’amour de Dieu dans l’Eucharistie. Quoi, vous qui passez pour être aimable, pour savoir dire un mot agréable à tout le monde, vous auriez oublié pour Notre-Seigneur ce tact du coeur que Dieu a mis en vous!… Non, il n’en sera pas ainsi, et après la sainte communion, vous saurez prouver à Notre-Seigneur par la sainteté de votre vie, que vous avez compris tout ce qu’il y avait de consolant à l’avoir pour ami, et vous ne lui refuserez pas le don de votre coeur, car c’est là le seul tabernacle qu’il ambitionne sur la terre, et si dès cette vie il est votre ami par-dessus tous les autres, il sera encore plus votre joie dans le Ciel.

Notes et post-scriptum