Aux Religieuses de l’Assomption

AUG 1861 Auteuil RA
Informations générales
  • Aux Religieuses de l'Assomption
  • Retraite aux Religieuses de l'Assomption d'Auteuil en août 1861
    Sixième instruction - Les manifestations de Jésus
  • Cahiers d'Alzon, XI, pp. 79-94.
  • CZ 93, pp. 24-28 (Cop. dactyl. des notes de Soeur M.-Antoinette d'Altenheim).
Informations détaillées
  • 1 ACTION DE DIEU DANS L'AME
    1 AME EPOUSE DE JESUS CHRIST
    1 AMITIES PARTICULIERES
    1 AMOUR FRATERNEL
    1 ANEANTISSEMENT
    1 ANGES
    1 APOSTOLAT DE L'ENSEIGNEMENT
    1 AUGUSTIN
    1 BON EXEMPLE
    1 COMMUNAUTE RELIGIEUSE
    1 CRECHE DE JESUS-CHRIST
    1 EDUCATION HUMAINE
    1 ENFANCE DE JESUS-CHRIST
    1 ENNUI SPIRITUEL
    1 ESPERANCE
    1 ESPRIT DE COMMUNAUTE
    1 ESPRIT DE FRANCHISE A L'ASSOMPTION
    1 ESPRIT DE L'ASSOMPTION
    1 ETUDE DES PERFECTIONS DE JESUS-CHRIST
    1 FOI BASE DE L'OBEISSANCE
    1 GRACES
    1 HUMANITE DE JESUS-CHRIST
    1 HUMILITE
    1 IDEES DU MONDE
    1 INCARNATION DE JESUS-CHRIST
    1 JUIFS
    1 LEGERETE
    1 MAGES
    1 ORGUEIL
    1 PAGANISME
    1 PARLOIR
    1 PATIENCE
    1 PAUVRETE
    1 PERFECTION
    1 PERSEVERANCE
    1 PRATIQUE DE L'OBEISSANCE
    1 PRESENTATION AU TEMPLE
    1 RECHERCHE DE DIEU
    1 REGLEMENTS
    1 RESPECT HUMAIN
    1 SIMPLICITE
    1 SUPERIEURE
    1 TENUE RELIGIEUSE
    1 THOMAS D'AQUIN
    1 UNION DES COEURS
    1 VIE DE PRIERE
    1 VOCATION
    2 ALTENHEIM, MARIE-ANTOINETTE D'
    2 ANNE, PROPHETESSE
    2 FENELON
    2 HERODE I LE GRAND
    2 JEAN-BAPTISTE, SAINT
    2 JOSEPH, SAINT
    2 PAUL, SAINT
    2 SIMEON, VIEILLARD
    2 THERESE, SAINTE
    3 BETHLEEM
    3 JERUSALEM
  • Religieuses de l'Assomption
  • RA
  • Du 17 au 23 août 1861
  • AUG 1861
  • Auteuil
La lettre

« Je vous annonce une grande joie(1). »

Notre-Seigneur s’adresse à tous les hommes.

Lorsque Notre-Seigneur apparut au monde, il crût pour se manifester; les Saints Pères et les théologiens se demandent: était-il convenable que Dieu fait chair se manifestât lui-même? et ils répondent que non; il ne fallait pas que venant se faire homme, du premier coup, on pût douter qu’il était homme. Il était convenable qu’il fût venu dans l’humilité de la chair, tant d’hérésies devaient dans la suite, attaquer la sainte humanité du Sauveur. Il convenait qu’il y opposât une réponse anticipée, dans les infirmités de la chair. Jésus-Christ s’est manifesté à plusieurs sortes de personnes: Saint Paul dit: qu’en Jésus-Christ, « il n’y avait ni Juif, ni Gentil, ni esclave, ni Homme libre, ni homme ni femme(2). » Toutefois, la bonté divine a disposé les choses de façon que l’on pût juger du premier coup que notre divin Sauveur s’adressait à tous; aux ignorants, dans la personne des bergers; aux savants, dans la personne des Mages; aux gens grossiers, encore dans les bergers; aux spirituels dans la vie, pour ainsi dire, lorsqu’il se révèle à saint Siméon et à sainte Anne; aux Juifs, dans les habitants de Bethléem; aux Gentils, par les hommes d’Orient. Mais, dans ces différentes manifestations, il y a quelque chose que nous pouvons prendre; si vous voulez connaître Jésus-Christ il faut certains moyens. Je veux vous les donner dans l’ordre de cette manifestation qui s’opère à la venue de Jésus-Christ dans ce monde.

Il se manifeste aux bergers par le ministère des anges; à Siméon et à Anne, par l’inspiration du Saint-Esprit; aux Mages par une étoile. Examinons ces différentes manifestations et voyons quels enseignements nous pouvons en tirer. En dehors de saint Joseph et de la Sainte Vierge que je laisse, et vous comprenez pourquoi, cette triple étude vous aidera à avancer dans la connaissance de Jésus-Christ. Si vous voulez le permettre, je prendrai l’inverse.

I. Manifestation aux Mages.

Le fait évangélique.

Je commencerai par les Mages, j’ai un motif pour cela. Notre-Seigneur se manifeste aux Mages par une étoile. Où les conduit l’étoile? à Jérusalem, à la crèche, à Jésus. – Dans leur simplicité, ils vont à Jérusalem, et ils demandent: « Où est le roi des Juifs nouveau-né(3)? » Ils s’en vont à Bethléem et là, ils voient un pauvre petit enfant encore dans la crèche selon quelques Pères, saint Augustin en particulier, puisqu’il dit: « Il se cachait dans l’étable, et il était reconnu dans le ciel(4) », toujours dans un endroit pauvre, peu importe… la conclusion que je vais tirer de la conduite des Mages, vous paraîtra étrange peut-être.

Le respect humain. 1° Au parloir.

La simplicité des Mages, allant à Jérusalem, à Bethléem, trouvant le pauvre petit enfant Jésus dans un état très humble, est le contraste d’un défaut dont on prêche peu la destruction aux religieuses: le respect humain.

Je vous trouve dans trois circonstances où vous pouvez avoir à combattre le respect humain. Au parloir, avec les enfants, avec vos compagnes. Avez-vous toujours dans les parloirs, le courage de vous présenter comme de parfaites religieuses? – Par votre tenue, oui; – mais, les concessions que l’on fait au monde! Il faut non seulement battre en brèche ces grandes énormités du monde, mais il y a une foule de petites propositions antichrétiennes que nous sentons contraires à l’esprit de Jésus-Christ et que nous acceptons. Est-ce à dire qu’il faille briser en face avec toutes les personnes? Non; mais par votre tenue, par votre air, montrez que vous improuvez solennellement ce qui est dit et préparez à accepter plus tard vos propositions. Ne veut-on pas passer pour une religieuse aimable, pour une personne qui a quelque connaissance du monde?… vous ne trahissez pas un peu Jésus-Christ?…

2° dans les concessions.

Les Mages demandent brutalement: « Où est le roi des Juifs nouveau-né? » Comment? voilà Hérode… les docteurs de la loi, qui croyaient que les sacrifices de la loi devaient encore durer longtemps, les princes des prêtres, la multitude des Juifs réunis pour quelque grande fête qu’il y avait à cette époque… et vous venez leur demander où est né le Roi des Juifs? – Ces bons Mages vont ainsi… et vous, avez-vous le courage de vous poser ainsi? La tentation, ce ne sera jamais l’esprit de l’Assomption, la tentation des concessions… Il est si facile de faire des concessions… en sacrifiant un petit bout de la cause de Dieu, nous rendons la nôtre bonne… On dira: voilà une personne qui a l’expérience du monde, qui connaît le coeur humain… Madame, je veux que ma fille soit élevée dans ces grands principes de tolérance… Au nom de certaines phrases, on obtient des concessions. Je sais qu’il est très difficile de combiner la patience de supporter certaines absurdités crachées solennellement, avec l’énergie chrétienne… mais, je vais au fond de votre coeur: vous faites quelquefois certaines petites concessions dans le parloir, vous ne cherchez pas celui qui est né roi des Juifs. Si vous le cherchiez dans cette Jérusalem qui va bientôt le crucifier, vous l’y trouveriez, vous l’y porteriez et vous feriez un grand bien. Vous seriez vraiment des religieuses guidées par votre étoile, l’étoile de votre vocation de l’Assomption qui est une vocation apostolique.

Il y a une pieuse habileté qui résulte de l’esprit que vous avez toutes, de la bonne éducation… mais quand on s’examine soi-même, on frémit et on se demande si ce n’est peut-être pas pour cela que dans certaines conversations intimes avec les personnes du monde, on fait si peu de bien… Si vous avez le respect humain, vous n’osez pas confesser Jésus-Christ d’une manière trop forte… c’est une question de délicatesse, de tact, de mesure. Est-ce Notre-Seigneur que vous allez chercher au parloir? Si c’est lui, vous l’y trouverez.

3° avec les enfants.

Respect humain avec les enfants. Oui, quelquefois nous avons ce respect humain; nous ne savons pas nous poser selon les lois de la vie religieuse. Les Mages firent respecter leur vocation: ils étaient appelés: l’étoile était pour eux l’indice, le signe de leur vocation. Mais les enfants disent: Madame une telle, pourquoi s’est-elle faite religieuse? Ah! elle a les yeux rouges aujourd’hui… elle a mis son bonnet de travers en se levant… et le reste… Sous prétexte qu’elles nous observent, nous ne prêchons pas Jésus-Christ toujours aussi courageusement, dans la mesure intime, forte, que nous le devrions. C’est que Notre-Seigneur ne se prêche pas lui-même à nous dans l’intime de nos âmes. Si vous étiez dans la résolution de prêcher toujours Jésus-Christ, Notre-Seigneur, votre première vocation, votre tendresse… il vous apporterait à vous-même une manifestation toute particulière, des lumières intérieures plus grandes… je vous le garantis.

4° en communauté.

Ceci va paraître un blasphème: le respect humain des Soeurs avec les Soeurs. Dites-moi, depuis vingt-cinq ou vingt-six ans que l’Assomption est fondée, n’y a-t-il pas eu quelques jours, quelques mois où il y a eu un peu moins de ferveur?… je ne sais quel vent avait soufflé… une retraite viendra, une cérémonie, une vêture, la ferveur reviendra; mais cependant, sur certaines têtes, sur certains coeurs, un souffle avait passé… il avait atteint un groupe peut-être – cela n’arrive pas ici – mais quelquefois une maison entière. Une seule personne est atteinte, mais il se trouve que c’est celle-là pour qui nous avons plus d’inclination… les amitiés particulières… elles sont bannies d’ici… j’aime à le croire; mais une Soeur a plus d’influence sur nous qu’une autre… nous subissons certaine crainte, certaine influence; nous désirons telle approbation… ce je ne sais quoi de Fénelon, vous savez, c’est l’expression qu’il emploie quand il ne peut pas bien définir sa pensée… Ma chère Soeur se laisse prendre par ma Soeur une telle… les choses ne vont pas… Si cela n’est jamais arrivé ici, mettez que je n’ai rien dit; si c’est arrivé, réfléchissez. – Nous avons peur, ou bien nous avons dégringolé… c’est le vent du nord qui a soufflé… vous savez, il sèche; le vent du midi, au contraire, est humide… On a été sotte depuis quelque temps, depuis longtemps peut-être… on reste sotte. On prévoit que l’on ne tiendra pas ses résolutions, on reste sotte, on craint de passer pour une girouette, pour une tête légère… c’est un mal terrible… si cela est ici, c’est encore dans un état très guérissable… dans bien des communautés, c’est un principe épouvantable qui empêche la ferveur de revenir; c’est le cas de l’extirper dès les commencements… je n’en dis pas davantage… vous comprendrez tout ce qu’il y a d’odieux dans le respect humain.

Accepter la vie du couvent comme les mages ont accepté l’humilité de la crèche.

Les Mages sont arrivés à Bethléem: ce sont de grands personnages; ils apportent avec eux des trésors, des richesses… ils sont conduits par une étoile… ils pouvaient faire les fiers. – Où allez-vous? – Où Dieu nous appelle. Une jeune fille se fait religieuse, elle peut en répondre autant: je vais où Dieu m’appelle! Qu’est-ce qu’elle trouve au couvent? une cloche importune qui sonne à 5 h. du matin… une vie monotone… il faut garder sa langue quand on pourrait faire de si beaux discours sur le sacrifice… il faut adorer l’humilité de cet enfant couché dans la crèche, penser à lui au fond de son coeur, se nourrir de la société des Anges… sans doute, mais c’est quelquefois fatigant… Dans ma famille, je comptais pour quelque chose, j’étais choyée, consultée, mais une fois au couvent! Il y a des communautés où à midi moins le quart, chaque Soeur se présente avec un balai pour savoir quelle partie de la maison elle doit approprier. Ici, il se passe à peu près la même chose: ma Maîtresse des novices va m’imposer telle humiliation… comment ferai-je? mon respect humain… et cela, pour les religieuses jeunes et pour les vieilles aussi… Je connais une religieuse de plus de 40 ans à qui j’ai voulu faire baiser la terre aux quatre coins de la chambre où nous nous trouvions… et elle s’y est opposée… Il faut aller trouver Jésus-Christ là où il a voulu se réduire.

II. Manifestation au Temple.

Siméon et Anne attendaient le Messie.

Notre-Seigneur, « quand le temps fut venu », fut présenté au temple; je ne vous parlerai que de la manifestation à Anne et à Siméon. Quel âge avaient-ils? Sainte Anne avait 84 ans; par conséquent, elle n’était plus jeune. L’un et l’autre avaient attendu le salut d’Israël. L’attente! ils attendaient… et remarquez que la plus parfaite des manifestations, c’est la leur. Pour les Mages, c’est une étoile: un signe extérieur. Pour les bergers, des Anges, créatures spirituelles, il est vrai… mais la troisième manifestation se fit par l’inspiration du Saint-Esprit: « Il vint dans le temple poussé par l’Esprit(5). » L’Esprit-Saint avait parlé intérieurement: Siméon et Anne représentaient la société des justes, ils vivaient dans une grande perfection, aussi pour eux la manifestation fut suivie de lumières plus grandes…

Savoir attendre le moment de Dieu dans la prière.

Cette manifestation leur fut faite sur le déclin de leur vie. Voilà une religieuse que j’imagine ennuyée… je ne puis pas prier, je ne trouve rien… – Invoquez le Saint-Esprit – c’est ennuyeux – persévérez – il y a déjà si longtemps – il n’y a pas encore aussi longtemps qu’Anne… patience – « J’espérais le Seigneur d’un grand espoir, il s’est penché vers moi(6). » Ne pourrais-je pas vous montrer que c’est par votre faute que le Saint-Esprit ne vous a pas encore exaucée? votre légèreté, votre irrégularité, votre esprit mondain dans le cloître… voilà pourquoi vous êtes encore sèche et ennuyée. – C’est un grand mystère: ce petit enfant vient prendre possession du temple qui est son palais et son temple, il en est tout à la fois et le maître et le roi et le prêtre… et il passe inaperçu… Beaucoup de Juifs allaient et venaient et ne voyaient rien à l’endroit où Joseph offrait des tourtereaux… il fallut qu’il y eût un prophète poussé par l’Esprit-Saint pour reconnaître un Dieu dans cet enfant… de même, il se peut que Dieu vous repousse, vous laisse dans l’ignorance des grâces qui coulent à côté de vous; il entre dans les desseins de Dieu que vous ayez une attente patiente, respectueuse: c’est la préparation que Dieu veut de vous. Attente dans la foi: vous croyez et vous ne voyez pas. Attente dans l’espérance: désirez-vous voir Notre-Seigneur dans le ciel et ne sont-ce pas seulement les consolations d’ici-bas que vous cherchez?… et Dieu vous répond: « J’espérais d’un grand espoir. » – Et que ferai-je? – Oh! ma chère Soeur, pourvu qu’un jour, vous connaissiez Jésus-Christ… dix ans, quinze ans… qu’est-ce que cela?… Sainte Thérèse a passé, je ne sais jamais bien si c’est dix-neuf ou vingt-trois ans, dans l’attente… Soyez fidèle, persévérez… frappez, cherchez… Mais c’est un état cruel. – Il est très cruel… desséchant… – très desséchant. Notre-Seigneur veut dessécher certaines mauvaises petites racines, il vous fait attendre pour que vous ayez le courage de le mettre dans l’insensibilité, de l’estimer au-dessus de toutes choses. Il faut attendre avec courage, avec énergie.

Toute la vie doit être une attente.

Si vous voulez faire des progrès réels dans l’oraison, sachez attendre et n’étendez pas cette attente seulement à la durée de votre méditation… toute votre vie doit être une grande attente comme pour Anne et Siméon, sinon Notre-Seigneur pourra vous laisser sans se montrer à vous. Il ne s’est pas manifesté aux prophètes comme à Anne et à Siméon… il s’est fait voir quelques jours en passant, à saint Jean-Baptiste et encore saint Jean passa six mois en prison… C’eût été une grande joie pour Jean, s’il eût pu voir Jésus… de même ce bonheur n’est pas donné aux autres apôtres… si vous connaissez Notre-Seigneur uniquement dans le ciel, c’est déjà beaucoup… Mais, sous la loi de la grâce, je puis vous le garantir, Notre-Seigneur vous apparaîtra plus tôt ou plus tard. Grande épreuve, grande souffrance que l’attente, mais qu’est-ce que vous êtes? N’êtes-vous pas son épouse et sa très humble servante? Le serviteur attend sans savoir l’heure à laquelle son maître rentrera. Le Maître ne demande pas la permission pour rentrer dans votre coeur, ou plutôt pour s’y faire sentir, car il y est déjà. C’est le secret de la vie intérieure: vous croyez ne pas connaître Jésus-Christ et il se trouve que vous avez acquis une connaissance merveilleuse à l’insu de votre conscience. Dieu l’a permis ainsi pour vous mettre à l’abri de l’orgueil que vous auriez ressenti si vous aviez eu de grandes lumières, de grandes consolations… Il veut vous éviter ce petit péril, qui est grand pour quelques-uns, il lui plaît de vous faire marcher par cette grande et terrible nuit de la prière.

III. Manifestation aux bergers.

Imiter la simplicité des bergers dans l’obéissance.

Il est temps que j’arrive à la troisième manifestation, celle qui est faite aux bergers: elle se fait par les Anges. Voilà Notre-Seigneur qui naît… les bergers dorment, les Anges arrivent… Lorsque votre Supérieure, votre Maîtresse des novices, vos confesseurs vous instruisent: ce sont les Anges. « Je vous annonce une grande joie. » Les bergers répondent: « Rendons-nous à Bethléem(7). »

Et quoi? les bergers ne pouvaient-ils pas dire: venir nous réveiller à minuit… qu’est-ce que cela veut dire, un Dieu nous est né? C’est un prodige… il vous annonce que la plénitude des temps est arrivée, il vous annonce la gloire que Dieu veut tirer de la naissance de son Fils. Dans leur simplicité grossière, les bergers vont… Si vous voulez trouver Jésus-Christ, voyez la simplicité qu’il faut apporter dans la direction.

Vous êtes les bergers qui vont à Bethléem, dites avec eux: « Rendons-nous à Bethléem », obéissez. Vos Supérieures vous mèneront à l’humilité, à la pauvreté, à l’anéantissement… à des choses très tristes… Vous n’avez rien: Jésus non plus n’a rien, mais il se fera riche et il vous enrichira.

L’esprit de foi dans l’obéissance fait trouver Jésus.

L’esprit de foi dans la direction qui vous est donnée, est un moyen puissant d’avancer. Voyez, admirez comme Notre-Seigneur pétrit la vie religieuse… vous entendez tous les jours l’Ange quand vous entendez vos Supérieures… cela demande une grande pureté, une grande sainteté de leur part, cela les regarde… pour vous, vous savez que vous êtes entrées dans cette maison pour obéir, pour être pauvres. Allez à Jésus-Christ par cette voie. Si vous n’avez pas d’inspiration, et ne me parlez pas d’une fille qui tord le cou et qui a des extases… ayez l’obéissance, c’est la voie la plus simple, la plus courte et celle qui convient le mieux à notre humilité. Et alors, comprenez comment la religieuse conduite par la voie de l’obéissance et obéissante comme les bergers est mille fois plus assurée de trouver Jésus-Christ.

Ces bergers reçurent une grâce particulière pour trouver Jésus-Christ. Que devinrent-ils? tous des saints, je suppose; l’Evangile ne le dit pas. Une religieuse qui va à la table sainte après avoir profité de toutes les directions de ses Supérieures, trouve dans les directions intimes de Notre-Seigneur des lumières abondantes pour sa vocation. Vocation plus haute que celle des bergers qui représentaient les simples fidèles.

L’Apôtre comme les anges annonce Jésus-Christ.

Voici un autre côté de la question: vous aussi, vous êtes l’Ange si vous voulez entrer dans ce caractère apostolique de l’Assomption, de faire connaître Jésus-Christ. Vous, un jour, dans les classes avec les enfants, avec vos soeurs, avec vos parents, vous serez l’Ange. Je voudrais qu’une religieuse se dise: il faut que je sorte de ma cellule, de la chapelle, du cloître comme l’ange du ciel dans les plaines de Bethléem… il faut que j’annonce la bonne nouvelle. Il faut que vous soyez des Anges pour les enfants. Comprenez l’honneur qui vous est fait. Les Anges reçurent une illumination particulière pour annoncer la naissance du Fils de Dieu. Lorsqu’avec un sentiment de foi, vous instruisez les enfants, vous êtes semblables aux Anges, et à cause d’elles des lumières plus abondantes vous sont accordées. Dans cette condition d’Ange, se trouve une des conditions de la connaissance de Jésus-Christ. Les religieuses sont des Anges sur la terre. Saint Thomas dit que les Anges dans le ciel s’illuminent les uns les autres: vous vous illuminez les unes les autres. En cela consiste le grand travail de l’amour et de la prière qui fait un ciel d’une communauté, par cette communication des âmes aimant ce bon Maître dans les autres, le regardant dans les autres, lorsqu’elles ne peuvent pas le voir en elles-mêmes. Les bons exemples sont des traits de l’être infiniment parfait incréé tracés dans un être créé… Au ciel, vous vous connaîtrez dans la lumière de Dieu et vous vous aimerez dans son amour. Ainsi soit-il.

Notes et post-scriptum
1. Luc, II, 10.
2. Gal., III, 28.
3. Matth., II, 2.
4. Serm. 2 de Ep.
5. Luc, II, 27.
6. Ps. XXXIX, 2.
7. Luc, II, 15.