- Aux Religieuses de l'Assomption
- Retraite aux Religieuses de l'Assomption d'Auteuil en août 1861
Septième instruction - Présentation de Jésus au temple - Cahiers d'Alzon, XI, pp. 95-110.
- CZ 93, pp. 28-33 (Cop. dactyl. des notes de Soeur M.-Antoinette d'Altenheim).
- 1 ACCEPTATION DE LA VOLONTE DE DIEU
1 ADORATION
1 CHRIST CENTRE DE LA VIE SPIRITUELLE
1 COMMUNION FREQUENTE
1 DETACHEMENT
1 DON DE SOI A DIEU
1 FAIBLESSES
1 FIDELITE A LA GRACE
1 FORMATION DE JESUS CHRIST DANS L'AME
1 GRACE
1 HUMILITE DE LA SAINTE VIERGE
1 IMITATION DE JESUS CHRIST
1 JESUS-CHRIST AUTEUR DE LA GRACE
1 JESUS-CHRIST MODELE
1 LACHETE
1 LOI ANCIENNE
1 LUTTE CONTRE LA TENTATION
1 LUTTE CONTRE LE PECHE
1 MISERICORDE DE DIEU
1 OBEISSANCE DE JESUS-CHRIST
1 PAUVRETE DE JESUS-CHRIST
1 PECHES CAPITAUX
1 PERFECTIONS HUMAINES DE JESUS-CHRIST
1 PERSEVERANCE
1 PRATIQUE DE L'OBEISSANCE
1 PRESENTATION AU TEMPLE
1 PROGRES DANS LA VIE SPIRITUELLE
1 PURETE D'INTENTION
1 PURIFICATION
1 RECHERCHE INTERIEURE
1 RECHUTE
1 RECONNAISSANCE
1 REFORME DE L'INTELLIGENCE
1 REFORME DU COEUR
1 RESISTANCE A LA GRACE
1 SACRIFICE DE JESUS CHRIST
1 SACRIFICE DE LA CROIX
1 SOUVERAINETE DIVINE
1 SUPERIEURE
1 THOMAS D'AQUIN
1 UNION A JESUS-CHRIST
1 VERTU DE RELIGION
1 VERTUS RELIGIEUSES
1 VIE DE PRIERE
1 VIE DE SACRIFICE
2 ALTENHEIM, MARIE-ANTOINETTE D'
2 CAIN
2 ISAAC
2 JOSEPH, SAINT
3 JERUSALEM - Religieuses de l'Assomption
- RA
- Du 17 au 23 août 1861
- AUG 1861
- Auteuil
« Ils le portèrent à Jérusalem pour le présenter au Seigneur(1). »
Les droits de Dieu exigent des victimes.
Je considérerai le mystère de la Présentation non du côté de la Sainte Vierge, mais du côté de Notre-Seigneur, pour suivre le plan que j’ai adopté en commençant cette retraite.
Que se passe-t-il dans ce mystère? Dieu dans la loi ancienne, voulait rappeler à son peuple que tout lui appartenait, qu’il avait un droit spécial sur les premiers-nés, et il exigeait en échange une double victime, « un couple de tourterelles ou deux jeunes colombes(2) ». Quand il s’agit de Notre-Seigneur, c’est tout autre chose: Notre-Seigneur n’avait pas à offrir de victimes en échange… il était la Victime par excellence. Les victimes pour Notre-Seigneur étaient des gages; comme il était l’Agneau immolé dès l’origine, lorsqu’il se présente à Jérusalem, il s’offre déjà, c’est le commencement du sacrifice: un gage que plus tard il s’immolera entièrement sur la croix. Je m’empare de ces deux idées, et cherchant à vous les appliquer, je vous demanderai des choses difficiles.
D’abord, en imitation de ces victimes, je vous demanderai d’offrir vous aussi, vos gages, d’offrir des sacrifices et des sacrifices en gage.
Puis, de vous offrir vous-même pour arriver à la perfection de l’offrande que je vous donne aujourd’hui pour modèle.
I. Offrir des gages de l’offrande parfaite.
L’agneau de Dieu est racheté par deux oiseaux et non par un agneau.
Notre-Seigneur offre des gages: je vois deux oiseaux que ses parents donnent, parce qu’ils étaient pauvres. C’est une chose étonnante que Jésus-Christ étant l’Agneau… ses parents n’aient pas offert un agneau, puisque la loi le permettait. L’harmonie aurait été complète entre la victime figurative et la victime réelle. Le don que Notre-Seigneur avait fait par sa pauvreté était tel qu’en offrant la plus pauvre offrande, il montre combien il s’était dépouillé; et de là, quel dépouillement est demandé de vous?…
Notion du sacrifice.
Savez-vous quelle est la véritable notion du sacrifice? C’est rendre sacrées certaines choses, en les consacrant à Dieu. Quand vous avez donné à Dieu certaines choses, vous n’y avez plus droit, elles lui appartiennent. Voilà la notion littérale et la plus profonde du sacrifice. Quelle était l’espèce de sacrifice dans cette présentation? il y avait une double victime: « un couple de tourterelles ou deux petites colombes ». L’une était offerte en sacrifice pour le péché, l’autre, pour l’holocauste.
Premier gage de sacrifice: offrir ses péchés en les détruisant.
Si le Fils de Dieu a pris la peine d’indiquer la figure, c’est que la réalité se trouve dessous. Or, quelles seront les réalités applicables à nous? Qui dit sacrifice pour le péché, dit péché, je ne veux parler que des imperfections ici. Si la figure a disparu, c’est pour que la réalité vienne; rappelons-nous nos premiers principes: nous voulons incarner Jésus-Christ en nous, vivre de sa vie, être d’autres Jésus-Christ, marcher en union avec Jésus-Christ… Jésus-Christ qui n’avait pas d’imperfections, offre une victime pour le péché; nous qui avons des péchés, si nous nous unissons à Jésus-Christ, nous devons consacrer nos péchés, nos imperfections à Dieu. Voilà notre travail si nous voulons être présentés dans le temple de Dieu avec Jésus-Christ. Jésus-Christ innocent offre une victime pour le péché: donc, il y a des péchés à expier; offrez la réalité, vos péchés. La première consécration qui doit être immolée à Dieu, est celle de vos imperfections. Si vous voulez entrer dans la vie intérieure, commencez à consacrer vos péchés, à les faire disparaître; et pas seulement le péché, mais les sources du péché… vous êtes obligées de les faire disparaître du fond de l’âme.
Offrir les causes du péché.
Nous avons le libre arbitre, mais telle est l’infirmité de la nature tombée que je suis entraînée comme malgré moi. C’est mon sang qui est trop bouillant, mon caractère que j’ai négligé, mon imagination à laquelle je n’ai pas mis de bandeau. Si notre victime pour le péché n’est pas une moquerie, nous devons demander pardon et chercher ce qui cause en nous le péché. C’est une étude assez intéressante que je vous propose; vous êtes chacune dans l’obligation d’examiner quel péché, quelle victime du péché vous avez à offrir. Cette victime sera peut-être un ensemble de choses: orgueil, impatience, paresse, gourmandise, lâcheté, recherche de vous-même. Les sept péchés capitaux… vous ne les avez pas tous; mais peut-être en avez-vous le germe, et ils paraissent selon les saisons; comme ces plantes qui fleurissent in tempore opportuno… avec cette différence, que c’est toujours un temps très importun.
Lorsque vous rentrez au fond de votre coeur, que vous voyez ces mauvaises choses, sentez-vous l’obligation rigoureuse d’en faire un sacrifice, de les consacrer à Dieu pour les détruire? Et remarquez, si vous avez donné votre imagination à Dieu: elle ne vous appartient plus. Vous avez un sacrifice pour le péché à offrir à Dieu, avant de vous offrir vous-même, il vous faut ôter ce qui lui déplaît. Ces gages sont des sacrifices préparatoires que Dieu demande de vous. Mon Dieu, je vous sacrifie tout ce qui vous déplaît en moi, en union à votre divin Fils; lui, l’innocence même a offert un sacrifice pour mes péchés: moi, sous la loi de la réalité, je vous offre en sacrifice mes péchés et les germes de mes péchés.
Deuxième gage de sacrifice: offrir ses vertus sans retour sur soi-même.
Deuxièmement, il y avait le sacrifice d’holocauste, c’est-à-dire destructif: et c’était une hostie pure, des tourtereaux, ou des petits de colombe, qui était offerte pour ce sacrifice dans lequel la victime devait être entièrement consumée. Vous avez, vous aussi, un gage de ce sacrifice d’holocauste à offrir. Lequel? Après vos défauts, vos vices, vos péchés, vos imperfections… vous avez vos vertus. Mais voici comment. Nous offrons les trois vertus théologales, les quatre cardinales et les sept ordinales, c’est très bien; mais nous les retenons ensuite pour nous… Point du tout, il faut que tout cela soit offert à Dieu sans retour; il en fera ce qu’il voudra… il faut que ce lui soit un sacrifice d’agréable odeur… ce n’est plus notre bien, c’est celui de Dieu. Et faites-y attention, il ne faut pas seulement détruire le bien que l’on fait… si quelque chose en reste dans notre coeur… l’envie de la propriété… aussitôt l’imperfection commence. Vous faites tous les jours un peu de bien… il ne peut pas en être autrement… et dès qu’il est fait, vous avez cette tendance à le reprendre pour vous: il ne faut pas; vous l’avez placé sur l’autel de Dieu comme victime et comme gage que vous voulez lui appartenir. Faites un retour sur le passé: combien y trouverez-vous d’actes de vertu qui soient entièrement à Dieu, auxquels vous ne prétendiez absolument plus rien? Dieu dans le ciel, en a fait ce qui lui en a plu, nous ne devons plus nous en occuper. Si en prenant toutes ces bonnes actions, et vos mains en sont pleines tous les jours, vous les offrez et vous les reprenez… Je regrette de ne pouvoir vous faire comprendre comme je le voudrais, ce qu’il y a de blessant pour le coeur de Dieu et pour son infinie majesté, qu’une créature appelée à la perfection qui offre de bonnes choses, mais qui ne les donne qu’à moitié; qui offre son sacrifice de mauvaise grâce… c’est contraire aux intentions de Dieu qui veut tout pour lui. En donner la moitié à Dieu et en garder la moitié pour soi… mais, c’est le sacrifice de Caïn: cela fait frémir… les sacrifices de Caïn ne montaient pas droit devant Dieu, parce qu’il en gardait un morceau pour lui. Dans la loi inspirée de Dieu, le sacrifice doit être entier, entrer dans le pouvoir, dans le domaine de Dieu. J’offre certaines choses et je les donne en ce sens que je ne les donne pas. Que notre vie est affreuse à ce point de vue! que de choses que nous avons cru données et que nous avons retenues! Et vous voulez que le Bon Dieu croie au sacrifice que vous lui ferez de vous-même plus tard, quand ces gages que vous lui en donnez aujourd’hui sont si incomplets?… Voici une lumière triste, mais utile, nécessaire: vous n’êtes pas données entièrement, lorsque vous reprenez une à une chacune de vos bonnes actions. Prenez notre divin Sauveur pour modèle: vous figurez-vous Jésus-Christ offrant sans cesse tous les actes de sa vie à son Père, et retenant pour lui un seul de ces actes? Pouvons-nous le supposer? Non… Il en aurait eu le droit, il était Dieu… Si nous nous faisons une idée exacte de la vie de Notre-Seigneur, cela nous oblige à dire qu’il a tout donné à son Père, dans le détail, pour lui donner un gage de son sacrifice complet et absolu sur le Calvaire. Je vous livre ces réflexions… Offrez vos imperfections pour les détruire, vos bonnes oeuvres pour les oublier en les abandonnant à Dieu, à Jésus-Christ…
II. L’offrande parfaite de soi-même.
L’offrande: 1° par l’adoration qui reconnaît les droits de Dieu.
C’est l’offrande même de notre divin Sauveur. J’ai besoin de reposer certains principes que nous oublions trop souvent parce que nous n’en sommes pas pénétrés: qu’est-ce que l’adoration? C’est la reconnaissance du suprême domaine de Dieu sur toutes les créatures, sur nous; et le premier acte de notre intelligence est la reconnaissance de ce suprême et absolu domaine. Peut-il y avoir des relations plus nobles pour une créature que les relations avec Dieu? – une relation de créature à Créateur… Mon Dieu, je ne suis rien; je n’existe que par vous, c’est à vous que j’appartiens, vous m’avez tirée du néant… – Je ne vous demanderai pas d’avoir un autre principe constamment présent, pour que vous deveniez des saintes… L’acte des Séraphins dans le ciel n’est pas autre chose qu’un acte d’adoration: sans doute, ils y joignent l’amour, la reconnaissance pour les dons les plus précieux, l’être et les grâces de Dieu.
2° par l’adoration qui nous déifie.
Savez-vous ce que saint Thomas dit? Notre-Seigneur en s’offrant à son père, par ce premier acte officiel, extérieur, nous mérite la grâce d’être déifiés, « afin que par sa grâce il nous fît dieux ». Notre-Seigneur en s’offrant ainsi dès les premiers jours de sa vie et ouvrant les sources de ses grâces, ouvre la source des dons par lesquels nous sommes faits participants de la divinité. Si nous devons être reconnaissants pour l’être qui nous a été accordé, quelle reconnaissance ne devons-nous pas avoir pour cette participation à la divinité qu’il nous a méritée par l’oblation de lui-même! Donc, disons en face de cette offrande par laquelle Notre-Seigneur nous mérite la grâce qui nous déifie, selon l’expression de saint Thomas, « afin que par sa grâce il nous fît dieux », que nous ferons quelque chose de semblable, ou plutôt, que nous ferons tout ce qui dépendra de nous pour reconnaître cette grâce. Jésus-Christ nous la mérite par un don de lui-même à son Père: je ne vois rien de mieux à faire pour nous que de nous consacrer, de nous sacrifier tout entier à lui.
Perfection de l’offrande de Notre-Seigneur.
Je vous prie de revenir sur ce que j’ai dit du sacrifice, sacrifier: c’est rendre une chose sacrée, nous devons sacrifier nos imperfections, nos vertus… mais Notre-Seigneur qui s’est consacré, sacrifié, offert comme une oblation qui devait être plus tard détruite entièrement sur le Calvaire, nous avertit de la manière dont nous devons nous consacrer. Notre-Seigneur est Dieu, saint par conséquent, sacré par excellence: « Dieu, ton Dieu t’a oint d’une huile d’allégresse(3) », sacré dans son humanité par l’onction de la divinité… je ne fais que rappeler ces choses, vous les savez aussi bien que moi… Etant Dieu, il était très saint, son humanité était ointe… et Jésus-Christ homme se présente au temple, et là… il se donne. Faites-vous une idée de la plénitude du don que Notre-Seigneur fit de lui-même, permettez-moi une comparaison: je prends cette nappe, cet autel, ce chandelier, je les offrirai… ils n’ont pas le sentiment de l’offrande que je fais… de même pour les tourterelles, pour l’agneau qui est la plus parfaite victime; mais je prendrai une créature intelligente et je l’offrirai… Isaac posé sur le bûcher et sentant le couteau de son père, avait le sentiment de l’oblation. Franchissons, pour ainsi dire, la distance infinie qui sépare la créature du Créateur: Notre-Seigneur en s’offrant, victime infinie, parfaite, donnait des mérites infinis à son humanité; victime par excellence, il avait un sentiment comme infini de l’offrande qui était faite de lui-même à son Père. Dans la profondeur de ce sentiment est la perfection de cette oblation… Isaac avait douze ans, il se débattait peut-être un peu… Pour l’âme chrétienne, à qui Dieu ne demande pas le sacrifice douloureux du martyre comme à Isaac, mais la consécration d’elle-même, entre les répugnances et le sacrifice imparfait d’Isaac, et l’acceptation parfaite de Notre-Seigneur, il y a des degrés infinis à parcourir.
Notre déification proportionnée à la plénitude de notre offrande.
Par son oblation, Notre-Seigneur nous donne la grâce qui nous rend dieux… nous participons donc à la divinité à mesure que nous participons à la grâce. Cette grâce veut que nous soyons semblables à Jésus-Christ. A mesure qu’en union avec lui, nous nous offrons davantage, nous devenons davantage dieux. Par la grâce, je puis devenir dieu; et, en un sens, être participant de la nature divine; à mesure que je m’offrirai davantage, j’arriverai à la plénitude de mon être. J’ai été très rigoureux dans mon raisonnement; je ne sais si j’ai été bien clair? Voici toujours la conclusion que nous pouvons tirer: Notre-Seigneur s’étant offert, quelle est la mesure du don que je ferai à Dieu quand il s’agira de moi? Si je veux vivre comme une chrétienne ordinaire, commune, il y aura une mesure de participation à la divinité; mais à mesure que je m’élèverai pour ne faire du don de Jésus-Christ et de moi qu’un seul don, je serai de plus en plus participante à la divinité.
Plénitude de l’offrande du Christ.
Lorsqu’on a suivi ce raisonnement comme des personnes intelligentes, qui n’a pas envie de se donner tout entier, afin de devenir par le don de soi-même de plus en plus participant à la divinité? En théorie, c’est magnifique, reste la pratique. Je voudrais vous donner une idée de la plénitude du don de Jésus-Christ. Notre-Seigneur comme Dieu avait vu de toute éternité, l’humanité à laquelle il devait être uni et il l’avait offerte de toute éternité; nous ne pouvons l’imiter en cela. Il était comme homme dans les langes et dans le silence de l’enfance; selon sa divinité, il avait la plénitude de l’intelligence; selon son humanité, son intelligence paraissait se développer avec le temps… il savait ce qu’il faisait. Jésus-Christ, maître des temps et des lieux, je reviens encore à saint Thomas, avait disposé toutes choses du fond de sa crèche; il avait disposé toutes choses touchant le mystère de sa Présentation au temple.
A l’exemple de Notre-Seigneur se laisser offrir par l’obéissance.
Il y a une grande leçon pour nous: Jésus-Christ ne s’offre pas lui-même, il s’est mis dans une telle dépendance, qu’il se fait offrir: « Ils le portèrent à Jérusalem, pour le présenter au Seigneur », il ne paraît pas extérieurement, maître du jour… Il y avait une loi, il l’accomplira; la pauvreté à pratiquer, il la pratiquera; une cérémonie humiliante pour sa Mère, elle la subira. Quant à lui, sa Mère le portera; il sera offert et porté, il se laissera faire…
Faites de moi ce que vous voudrez, je me donne, je me laisse faire… quelle lumière cela jette sur le don de l’âme religieuse dans la vie religieuse: il faut qu’elle laisse pétrir son coeur, qu’elle soit comme l’enfant dans les langes… qu’elle suive les paroles de ses Supérieures, de tous ceux qui sont au-dessus d’elle. Notre-Seigneur n’a pas l’air de se donner, son père et sa mère le donnent; il se consacre par la voie des autres. C’était un sacrifice pour Joseph, pour Marie, surtout; mais un enfant de quarante jours… a-t-il le sentiment de ce qu’on fait de lui?… et lorsqu’un sacrifice est demandé de nous, que de questions, de controverses, de lamentations, de gémissements, de regards, de si et de mais… Que c’est beau, le don de Jésus-Christ! et que notre répugnance à nous donner est laide! Remarquez la miséricorde infinie de Notre-Seigneur: Dieu est si parfait, qu’à force d’être parfait, il est inaperçu. Il nous faut bien chercher avec les yeux de la foi, alors, nous découvrirons les merveilles. Vous en trouverez de mille fois plus grandes…
Colloque divin.
Pourquoi ces détails si simples, ces linéaments imperceptibles dans l’Evangile? Voyez la délicatesse de la tendresse de cet enfant: mon enfant, vous dit-il, il est bon de me suivre au Calvaire; mais tu es faible; et pour cela, dans la série de mes mystères, je te présente mes commencements: tu ne peux pas encore donner tes pieds et tes mains pour le crucifiement, laisse-moi t’envelopper de langes, laisse-toi faire; entre dans la plénitude de la dépendance la plus absolue, avec amour. Du fond de mon coeur encore si petit, je prends possession de ma dignité de prêtre dans le temple, ma mère fait les fonctions de prêtre et la loi nouvelle commence. De même, laisse-toi faire, laisse-toi présenter; demande que l’on te porte, en disposant complètement de toi; sacrifie ton coeur, ton âme, tout ton être; je me suis offert tout entier. Pour moi, il n’y avait pas d’échange, pas de gages, je m’offrais en effet. Maintenant que je me suis offert pour toi, veux-tu t’offrir à ton tour pour l’amour de moi? Je t’ai montré dans les mystères de ma naissance et de ma circoncision la préparation à cette offrande au temple. De toi-même tu es faible, abandonne-toi à tes Supérieures, comme moi à Joseph et à Marie. Vous répondrez: Je ne veux plus être à moi; je me ferai manifester la volonté de Dieu par une bouche extérieure, et Lui: Moi, je n’en ai pas besoin, mais je l’ai voulu, pour te montrer à toi, l’exemple.
Eucharistie modèle de plénitude de l’offrande.
Quant à la plénitude de ce don, une langue humaine ne peut pas l’exprimer… Au pied des autels, dans vos oraisons, dans les visites au Saint Sacrement, dans vos communions avec l’adorable Victime, vous pouvez avoir une idée de la manière dont vous devez vous donner, entièrement, complètement, sans réserve. C’est là le grand travail du don de soi. Par un acte d’une miséricorde infinie, Jésus-Christ l’a voulu continuer et le continue dans toutes les hosties; sous toutes il est là, se donnant… vous, vous ne devez pas vous donner une seule fois, mais toujours.
Après nous être donnés, que de fois nous nous reprenons par un effet de la corruption de notre nature; aussi le mystère de la grâce est-il que nous pouvons nous redonner; ainsi, pas de découragement. Trouvons dans cette reprise de nous-mêmes, une occasion de nous redonner. Après nous être donnés dans nos imperfections, dans nos vertus, si nous en avons, peu à peu nous arriverons à cette magnifique union avec Jésus-Christ dans le temple de Dieu jusqu’à ce que nous arrivions à l’union consommée dans le temple éternel. Ainsi soit-il.
2. Luc, II, 24 et Levit., XII, 8.
3. Ps. XLIV, 8.