Aux Adoratrices

18 APR 1864 Nîmes ADORATRICES
Informations générales
  • Aux Adoratrices
  • [L'image de Jésus-Christ en nous]
  • CC 3, pp. 137-145, impaires seules (carnet d'Isabelle de Mérignargues).
Informations détaillées
  • 1 ACTION DU CHRIST DANS L'AME
    1 ADORATION
    1 ANTIPATHIES
    1 BEAUTE DE JESUS-CHRIST
    1 COMMUNION FREQUENTE
    1 DEFAUTS
    1 DETACHEMENT
    1 DEVOIRS DE CHRETIENS
    1 IMITATION DE JESUS CHRIST
    1 INCONSTANCE
    1 JESUS-CHRIST EPOUX DE L'AME
    1 LUTTE CONTRE SOI-MEME
    1 ORGUEIL
    1 OUBLI DE SOI
    1 PERFECTIONS HUMAINES DE JESUS-CHRIST
    1 PERSEVERANCE
    1 RENOUVELLEMENT
    1 RESISTANCE A LA GRACE
    2 MERIGNARGUES, ISABELLE DE
  • Adoratrices du Saint-Sacrement
  • ADORATRICES
  • 18 avril 1864
  • 18 APR 1864
  • Nîmes
La lettre

18 avril 1864.

Les prophètes de l’ancienne loi étaient la figure de J.C., quoiqu’ils ignorassent eux-mêmes en quoi ils le représentaient. Quant aux chrétiens ils sont appelés sciemment à imiter J.C., à devenir son image, à être d’autres lui-même. Si c’est là en général la vocation des chrétiens, elle l’est d’une manière plus particulière des Adoratrices. L’Adoratrice doit plus que les autres reproduire Jésus-Christ en elle et trois moyens lui sont donnés pour cela.

1° L’adoration. En vivant sans cesse soit réellement, soit par la pensée au pied du tabernacle, pour y adorer la victime par excellence, l’Adoratrice dans ses adorations doit se poser en face de Jésus-Christ pour qu’il imprime son image et sa ressemblance au fond de son âme. Elle doit lui demander de photographier ses traits en elle; il faut qu’elle reste là sous les rayons de ce soleil par excellence, de ces rayons d’amour et de pureté pour que peu à peu, sous son action, l’image de Jésus-Christ, les vertus de Jésus-Christ s’impriment en elle. Elle doit être l’objet sur lequel se graveront ses traits, seulement avec cette différence que lorsqu’un objet reste plus de quelques minutes sous les rayons solaires, ils deviennent confus et disparaissent tandis que l’image de J.C. se gravera d’autant plus dans l’âme qu’elle restera plus longtemps et se placera plus immédiatement sous les rayons du soleil de Justice.

L’âme ne pourra recevoir les traits de Jésus-Christ qu’autant qu’elle fera disparaître les siens propres; il faut donc qu’elle efface ce qui est mauvais en elle pour y mettre ce qui est la vraie ressemblance de Jésus-Christ. Ni son orgueil, ni sa susceptibilité, ni ses sentiments humains ne peuvent rester en elle si elle veut que Jésus-Christ y grave ses traits.

De là un second travail. Rien ne nous aidera plus puissamment à détruire nos défauts que la communion. J.C. vient si souvent dans mon coeur avec sa sainteté, sa pureté, ses divines perfections, et je reste toujours humaine et imparfaite. Comment ne suis-je pas toute transformée en lui, sinon parce que j’oppose une résistance à son action, à cette douceur, à cette humilité, à cette charité, à cette admirable pureté qui habite en moi quand la Ste Hostie repose sur ma langue et dans mon coeur?

Ainsi se placer en face de Jésus-Christ par l’adoration et la méditation ne suffit pas, il faut effacer en nous tout ce qui s’oppose à ce que ces traits divins s’impriment en nous; ensuite à l’aide de la communion il faut se transformer en celui que nous avons reçu, prendre ses traits, ses vertus et sa perfection autant que le permet la nature humaine, afin de pouvoir lui dire: « Ce n’est plus moi qui vis, c’est J.C. qui vit en moi ». En sommes-nous là? Et cependant J.C. descend sans cesse dans mon âme.

En troisième lieu, il faut conserver les traits que l’adoration et la communion ont imprimés en nous. Au moment où nous adorons Jésus en nous, nous lui immolons tout ce qu’il y a de mauvais et d’imparfait dans notre coeur, notre caractère, nos sentiments; nous nous disons toutes neuves par le dépouillement, la dépendance, la douceur, etc… et cependant quelques heures après, que sommes-nous… Ne nous retrouvons-nous pas avec notre orgueil, nos antipathies, nos impatiences?

Ah! c’est qu’après avoir un instant accepté l’image de J.C., nous l’effaçons, nous la voilons, nous la déchirons. Ce n’est pas là ce que Dieu attend d’âmes auxquelles il accorde tant de grâces. Il leur demande plus de générosité et de persévérance. Il veut qu’elles ne se lassent jamais dans ce travail qui doit les rendre un jour semblables à lui.

Nous sommes si inconstants parce que nous ne connaissons pas et surtout n’aimons pas assez cette beauté divine de Jésus-Christ. Etudions-la davantage, préoccupons-nous-en davantage et tout ce qui passe, tout ce qui est nous perdra son faux prestige devant cette admirable beauté de Jésus-Christ, notre Epoux. Une fois que notre âme se sera éprise de cette beauté, rien, rien absolument ne pourra l’en distraire. Notre coeur en sera rassasié et elle remplira notre vie.

Notes et post-scriptum