Aux Adoratrices

DEC 1864 Nîmes ADORATRICES
Informations générales
  • Aux Adoratrices
  • [Marie, modèle de nos adorations. Jésus, image à reproduire en nous]
  • CC 4, pp. 42-52 (carnet d'Isabelle de Mérignargues).
Informations détaillées
  • 1 ADORATION
    1 AMOUR DE JESUS-CHRIST POUR LES HOMMES
    1 AMOUR DU CHRIST
    1 ANEANTISSEMENT
    1 ANEANTISSEMENT DE JESUS-CHRIST
    1 COMMUNION FREQUENTE
    1 DETACHEMENT
    1 ENFER
    1 HUMILITE
    1 IMITATION DE JESUS CHRIST
    1 IMITATION DE LA SAINTE VIERGE
    1 INCARNATION DE JESUS-CHRIST
    1 JESUS-CHRIST MEDIATEUR
    1 PERSEVERANCE
    1 PRIERE DE JESUS-CHRIST
    1 PRIERE POUR L'EGLISE
    1 PURETE D'INTENTION
    1 REFORME DU COEUR
    1 SALUT DES AMES
    1 SILENCE DE JESUS-CHRIST
    1 VERTUS
    2 MERIGNARGUES, ISABELLE DE
  • Adoratrices du Saint-Sacrement
  • ADORATRICES
  • décembre 1864
  • DEC 1864
  • Nîmes
La lettre

Avent 1864.

Demander à la Sainte Vierge de nous apprendre à adorer Jésus-Christ comme elle l’adorait elle-même durant les mois où elle le portait dans son sein et surtout au moment où elle allait donner au monde son divin fils. C’est à Marie à nous apprendre dans quels rapports intimes nous devons vivre avec Jésus-Christ; à nous apprendre à vivre de la vie même de Jésus-Christ. Avec elle nous étudierons les caractères de l’adoration de son divin fils dans le sein de Marie; les trois principaux sont: son immolation, sa prière, sa médiation.

Jésus-Christ dans le sein de Marie était dans un état d’immolation pour le salut de nos âmes et la gloire de son père. Lui, le Dieu saint, le Dieu parfait, le Dieu de toute pureté, le Dieu puissant, s’était réduit à l’abjection de n’être rien et au silence; il s’était volontairement dépouillé de toutes les prérogatives de sa nature divine pour prendre la forme d’un esclave; pour se réduire même à moins que cela, car qu’était-il encore dans le sein de Marie, sinon moins que rien…

Jésus-Christ immolé, silencieux, oublié, inconnu dans le sein de Marie, voilà le modèle de mes adorations. Jésus-Christ, l’être par excellence, se dépouillant de tout pour devenir esclave, pour embrasser les humiliations de la crèche et le mépris des hommes, doit m’apprendre à immoler mon orgueil, ma fierté, mes susceptibilités.

Jésus-Christ est dans le sein de Marie dans un état de prière continue. Sans cesse son amour, ses adorations, ses louanges s’élèvent jusqu’à Dieu son père, objet de toutes ses préoccupations. Si je veux faire de ma vie une prière continue à l’exemple de J.C., il faut tout d’abord que je me détache de tout ce qui est de la terre et des affections de la terre.

Mon coeur pour s’élever jusqu’à Dieu doit être pur et si je ne purifie tous mes sentiments, toutes mes affections, si j’aime quelqu’un ou quelque chose en dehors de Dieu ou pour sa gloire, ma prière ne sera pas agréable à Dieu. Pour être parfaite et efficace il faut que la prière parte d’un coeur pur et détaché de tout. La pureté est une condition et une conséquence tout à la fois de la prière.

Jésus-Christ comme médiateur nous apprend à aimer les âmes, à aimer l’Eglise, à nous dévouer pour elle, soit en accomplissant des oeuvres de zèle, soit en priant… Jésus-Christ médiateur veut faire de nous toutes des apôtres, non par les actes mais par le coeur… par ce besoin [mot illisible] de faire du bien aux âmes avec lesquelles nous sommes en contact; par ce désir continu du coeur qui porte à rechercher en tout la gloire de Dieu. Nous devrions avoir au coeur un seul désir: aimer et faire aimer Jésus-Christ.

La Sainte Vierge doit être le modèle de nos adorations, Jésus-Christ ensuite et en troisième lieu Dieu lui-même. Jésus-Christ nous dit: « Soyez parfait comme mon père céleste est parfait ». La perfection de Dieu même nous est donc proposée comme modèle de la nôtre…

Au moment de la communion nous pouvons comparer nos âmes à une toile sur laquelle nous allons reproduire les traits mêmes de Jésus-Christ qui descend en nous. Voilà connu le travail que N.S. vient nous aider à faire. Il vient en nous pour que nous reproduisions tous ses traits; pour que le regard fixé sur lui nous tracions ses propres traits en nous; de même qu’un peintre pour faire un portrait regarde l’objet qu’il veut reproduire et reporte ensuite ses yeux sur la toile pour les peindre, de même nos regards doivent aller de Jésus-Christ notre divin modèle sur notre âme…

Ce travail est double. En un sens il tient de la terre car nous avons à graver en nous une image et ce travail demande des efforts, de l’attention et de la persévérance. Il tient également du ciel puisque notre modèle Jésus-Christ est au-dessus de tout ce qui est créé et que pour le contempler il faut que nous tenions nos coeurs et nos yeux en haut.

Les regards donc fixés sur Jésus-Christ étudions quelques-uns de ses traits divins pour les reproduire ensuite dans notre âme.

Le premier, celui qui domine tous les autres est son anéantissement. Jésus-Christ seconde personne de la Sainte Trinité, Dieu égal à son père en puissance, en sagesse, en sainteté, s’anéantit jusqu’à prendre la forme d’un esclave, jusqu’à devenir un ver de terre. Lui, celui qui est, se réduit à moins que rien puisqu’il prend la forme du péché. Voilà comment celui qui est pousse l’amour de l’anéantissement et du mépris.

Et tandis qu’il se réduit à rien, moi qui ne suis rien j’ose réclamer quelque chose… Comme créature, je ne suis rien, je n’ai droit à rien qu’au mépris et encore est-ce trop car pour mériter d’être méprisé il faut être quelque chose… Si je mérite quelque chose c’est uniquement l’enfer à cause de mon péché. Me voilà donc si je veux être dans le vrai… ma situation: ou l’oubli ou l’enfer… Après cela que puis-je réclamer? De quoi puis-je me plaindre? Dieu et les hommes m’accorderont toujours plus que je ne mérite…

Nous vivons comme si ce trait de l’anéantissement d’un Dieu n’était pas tracé en nous. Nous ne sommes pas précisément mauvaises et à cause de cela nous ne nous plongeons pas dans le mépris, nous croyons valoir quelque chose parce qu’il y a en nous des qualités naturelles. Nous sommes douces, gracieuses, obligeantes, affables, actives, capables; nous aimons la vie silencieuse et retirée, nous avons du zèle, nous n’aimons pas le monde… Et à cause de ces qualités naturelles, nous avons confiance en notre vertu. Nous croyons être quelque chose et nous ne sommes rien, car ces qualités dès ici-bas trouveront leur récompense et n’entreront pas dans le ciel. Il vaudrait mieux en un certain sens, avoir fait une chute, avoir commis une faute qui en nous mettant aux pieds de tous nous apprendrait à n’être rien sous le regard de Dieu.

Etudions ensuite l’amour de Jésus-Christ pour aimer comme lui, pour n’aimer que ce qu’il aime et pour aimer tout en Lui…

Notes et post-scriptum