Aux Adoratrices

10 APR 1865 Nîmes ADORATRICES
Informations générales
  • Aux Adoratrices
  • Instruction de la Semaine Sainte 1865
    Lundi saint 1865
  • CC 4, pp. 63-70 (carnet d'Isabelle de Mérignargues).
Informations détaillées
  • 1 ACCEPTATION DE LA VOLONTE DE DIEU
    1 ACTION DU CHRIST DANS L'AME
    1 AMOUR DE DIEU SOURCE DE L'APOSTOLAT
    1 CHARITE ENVERS DIEU
    1 EFFORT
    1 FIDELITE A LA GRACE
    1 FIERTE
    1 FOI
    1 GENEROSITE
    1 GRACES
    1 HUMILITE
    1 REFORME DU CARACTERE
    1 REFORME DU COEUR
    1 SAINTETE
    1 SEMAINE SAINTE
    2 MARIE-MADELEINE, SAINTE
    2 MERIGNARGUES, ISABELLE DE
  • Adoratrices du Saint-Sacrement
  • ADORATRICES
  • 10 avril 1865
  • 10 APR 1865
  • Nîmes
La lettre

Sur l’évangile du jour. Madeleine répandant du parfum sur les pieds de Jésus-Christ (Jean, 12, 1-8).

Pourquoi ne sommes-nous pas des saints? Parce que nous ne savons pas faire un effort généreux, que nous n’avons pas l’énergie qu’eut Madeleine, quand prenant un vase de parfum elle fut le répandre sur les pieds de Jésus et les essuyer de ses cheveux. Pour faire cet acte, Madeleine fit un effort pour s’humilier aux pieds de son maître, pour manifester ainsi sa foi et son amour devant les disciples de Jésus et s’exposer à leurs critiques.

Pour nous rendre mieux compte de l’effort qu’elle fit essayons de nous mettre à sa place; et que feriez-vous si l’on venait vous dire le Jeudi saint que Jésus-Christ est là dans un des tombeaux qui lui sont préparés… Aurions-nous le courage en face de toute une ville d’aller arroser ses pieds avec un parfum et de les lui essuyer de nos cheveux… Ne craindrions-nous pas de nous poser d’une manière extraordinaire, d’être remarquées, d’être blâmées…

Notre amour ne serait pas assez fort pour tout surmonter et c’est justement cela qui nous empêche d’être des saintes. La sainteté exige l’effort et ne s’établit que sur l’effort. Eh bien, il ne s’agit pas toujours d’un acte extérieur, d’un acte extraordinaire pour arriver à la sainteté, mais d’un effort à faire pour dominer son coeur, son caractère, d’un effort pour sacrifier à Dieu ce je ne sais quoi d’intime qu’il nous demande et que vous connaissez fort bien… Ce n’est peut-être presque rien et cependant à ce peu de chose est attachée une grâce toute spéciale, une grâce qui, en vous attirant bien d’autres grâces, fera de vous une sainte… Votre sainteté donc dépend d’un effort généreux à faire; cet effort sera décisif pour vous…

Il est dans la vie de ces moments suprêmes desquels dépend toute la sainteté d’une âme… si elle sait être généreuse à l’appel de la grâce… le moment passe et ne revient plus… Je plains les âmes qui l’ont laissé passer sans y correspondre. Pour d’autres il est à venir, et il est bon qu’elles soient prévenues qu’un jour une heure importante et décisive arrivera pour elles. Enfin il en est d’autres pour lesquelles ce moment suprême, cette heure décisive est arrivée… Notre-Seigneur au fond de leur coeur réclame un effort… quel est-il? peu importe… que ce soit un acte plus grand d’abandon entre ses mains… le sacrifice d’une jouissance du coeur… ou bien une vie plus surnaturelle… l’acte en lui-même ne me préoccupe pas… mais ce qu’il importe, c’est que sachant fort bien ce que Dieu réclame de vous… vous le lui accordiez, c’est que généreusement vous lui donniez tout ce qu’il vous demande… comme Madeleine qui surmonta ses propres répugnances, la critique des hommes et ne craignit pas de manifester hautement sa foi et son amour.

Madeleine répandit sur les pieds de Jésus un parfum du plus grand prix fait avec des épis [?] de nard et l’odeur de ce parfum se répandit dans toute la maison… Madeleine arrosa les pieds de Jésus avec le parfum le plus délicat qui existât, à nous aussi Notre-Seigneur demande peut-être ce qu’il y a de plus délicat dans nos sentiments et dans nos affections; il veut que nous les répandions ainsi sur ses pieds. Il veut que nous [nous] tenions à ses pieds; cette place sera-t-elle désormais la nôtre? Nous tiendrons-nous à ses pieds? Mettrons-nous ces pieds divins sous notre tête et resterons-nous là sous ses pieds… dans l’humilité et dans l’amour comme Madeleine…

Ou bien entourerons-nous ces pieds et ce corps divin de bandelettes pour lui enlever la liberté d’agir en nous, avec les bandelettes de notre orgueil, de notre amour-propre, de nos recherches personnelles, de nos défauts de caractère [liant ?] son amour pour qu’il ne puisse pas nous transformer et nous renouveler!! A vous, mes filles, de voir si faisant un effort vous couperez toutes ces bandelettes et si vous plaçant aux pieds de Jésus, vous placerez ces pieds adorables sur vos têtes pour qu’il les domine et qu’il en soit véritablement le maître dans l’humilité de l’amour.

Et l’odeur de ce parfum se répandit dans toute la maison. Si nous sommes à Jésus, si dans l’humilité de l’amour nous restons à ses pieds et sous ses pieds, de notre humilité, de notre amour s’échappera comme à notre insu une odeur de sainteté qui se répandra tout autour de nous. Ce sera quelque chose de doux, de suave, de délicat, à l’aide duquel les âmes seront attirées à la vertu. C’est ce parfum-là que je vous souhaite à toutes et qui, en vous tenant sous les pieds de Jésus, vous aidera à le manifester aux autres.

Notes et post-scriptum