- Aux Oblates de l'Assomption
- Retraite sur l'Imitation de Jésus-Christ
Chapitre XVII. - De la vie religieuse. - CN 12, pp. 3-4.
- 1 CONNAISSANCE DE SOI
1 CRITIQUES
1 FOLIE DE LA CROIX
1 HABIT RELIGIEUX
1 HUMILITE
1 HUMILITE FONDEMENT DE VIE SPIRITUELLE
1 OBLATES
1 ORGUEIL
1 OUBLI DE SOI
1 PAIX DE L'AME
1 PARESSE
1 PRATIQUE DE L'OBEISSANCE
1 RECHERCHE DE DIEU
1 REFORME DU COEUR
1 RENONCEMENT
1 SIMPLICITE
1 SOUFFRANCE ACCEPTEE
1 SOUMISSION DE L'ESPRIT
1 SUPERIEUR
1 TRAVAIL
1 UNION DES COEURS
1 VIE RELIGIEUSE
2 PAUL, SAINT
3 NIMES
3 VIGAN, LE - Oblates de l'Assomption
- Oblates
- du 12 au 19 septembre 1869
- SEP 1869
- Nîmes
Je vais vous parler de la vie religieuse et pour cela je me servirai des chapitres XVII, XVIII et XIX de l’Imitation de Jésus-Christ. Nous lisons dans le chapitre XVII: Il faut que vous appreniez à vous briser en beaucoup de choses si vous voulez conserver la paix et la concorde avec les autres. En communauté on a affaire à toutes espèces de caractères, à toutes espèces d’humeurs. Voulez-vous être heureuses et rendre les personnes qui sont autour de vous également heureuses. Soyez toujours mécontentes de vous, si vous êtes mécontentes de vous, vous trouverez toujours que l’on vous estime assez, que l’on a pour vous assez d’égards, assez d’attention, vous serez toujours à votre place et vous vous rendrez heureuses et les autres le seront aussi. Ce n’est pas peu de chose de vivre dans un monastère ou dans une congrégation, de n’y être jamais un sujet de plainte, et d’y persévérer jusqu’à la mort. Il y a des gens qui vous mettent de suite le jeu en main, et qui vous disent: Je sens que je suis pour mes compagnes une pierre d’achoppement, je vais me retirer; et si vous ne pouvez être dans un couvent une pierre d’édification, ne ferez-vous pas mieux d’y rester et de vous corriger de vos défauts. Il faut pour l’amour de Jésus-Christ devenir insensé selon le monde si vous voulez vivre en religieux, et n’est-ce pas une bonne folie que celle de la croix. Saint Paul le dit, et j’espère qu’il n’était pas un si triste personnage; il faut donc se décider à passer pour des fous et des insensés aux yeux du monde pour devenir de véritables disciples de Jésus-Christ. Du reste, mes chères filles, vous n’ignorez pas tout ce que l’on a dit de vous au Vigan et ici, il faut être résolu à supporter cela patiemment et de plus à penser que ceux qui disent ont raison. Si en passant quelqu’un s’avise de dire: qu’elles sont bêtes! supportez cela et ne vous récriez pas en demandant avec hauteur: Qui est-ce qui se permet de dire que je suis bête? Pensez au contraire que l’on a bien raison de le dire et que vous n’êtes pas autre chose.
L’habit et la tonsure servent peu, c’est le changement de moeurs et la mortification entière des passions qui font le vrai religieux. En effet, à quoi vous sert-il d’avoir une robe noire, une guimpe, un voile, si vous ne domptez vos passions, et si, au fond du coeur votre orgueil, votre paresse, votre lâcheté, votre habileté, vos murmures sont les mêmes que si vous étiez restées dans le monde.
Celui qui cherche autre chose que Dieu seul et le salut de son âme ne trouvera que tribulation. Celui-là ne saurait non plus demeurer en paix qui ne s’efforce point d’être le dernier de tous, et soumis à tous. Vous devez vous efforcer à vous oublier vous-mêmes, à ne vous rechercher en rien, à soumettre votre jugement et votre volonté à celle de vos supérieurs et en même temps à celle de Dieu, car vos supérieurs tiennent sur la terre la place de Dieu; mais vous devez avoir une obéissance simple et je vous conseille en prenant vos résolutions si vous y mettez le mot d’obéissance d’y ajouter simple à côté. Vous êtes venues pour servir et non pour dominer; sachez que vous êtes appelées pour souffrir et pour travailler. L’obéissance, les souffrances, les humiliations et le travail, tels sont les principaux points de la vie religieuse. Se renoncer entièrement, renoncer à ses caprices, à ses aises, à ses bouderies, renoncer à sa volonté, accepter les souffrances, accepter de n’être compté pour rien, et travailler, telle doit être la vie d’une Oblate, et une Oblate qui ne se fatiguerait pas dans le travail ne serait pas une véritable Oblate. Ici nul ne peut vivre s’il ne consent à être humilié pour Notre-Seigneur Jésus-Christ.