Aux Oblates de l’Assomption

SEP 1869 Nîmes Oblates
Informations générales
  • Aux Oblates de l'Assomption
  • Retraite sur l'Imitation de Jésus-Christ
    Livre II. Chapitre XI. - Du petit nombre de ceux qui aiment la croix.
  • CN 12, pp. 6-7.
Informations détaillées
  • 1 ACCEPTATION DE LA CROIX
    1 AMOUR DES AISES
    1 AMOUR DU CHRIST
    1 CAPRICE
    1 CHEMIN DE LA CROIX
    1 CROIX DE JESUS-CHRIST
    1 DESESPOIR
    1 DEVOTION AU CRUCIFIX
    1 EPREUVES SPIRITUELLES
    1 HUMILITE
    1 IMITATION DE JESUS CHRIST
    1 LOUANGE
    1 LUTTE CONTRE SOI-MEME
    1 ORGUEIL
    1 PAUVRETE DE JESUS-CHRIST
    1 PORTEMENT DE LA CROIX PAR LE CHRETIEN
    1 PURETE D'INTENTION
    1 REFORME DU COEUR
    1 RENONCEMENT
    1 VOEU DE PAUVRETE
    3 FRANCHE-COMTE
  • Oblates de l'Assomption
  • Oblates
  • du 12 au 19 septembre 1869
  • SEP 1869
  • Nîmes
La lettre

Du petit nombre de ceux qui aiment la croix de Jésus-Christ. Il y en a beaucoup qui désirent le céleste royaume de Jésus-Christ mais peu consentent à porter sa croix.

Voulez-vous, mes filles, aujourd’hui jour de l’Exaltation de la Sainte Croix prendre une résolution énergique de porter votre croix avec Jésus-Christ, non comme vous le voulez mais comme Il le voudra. Combien qui diront aujourd’hui à Notre-Seigneur: Mon Jésus, je veux porter votre croix non comme je le veux mais comme vous le voulez. Oui, me direz-vous, je porterai ma croix, j’y consens, mais je veux la porter de telle ou telle façon, je veux qu’elle soit de tel ou tel poids, autrement je me retire. Et à quoi vous sert-il de porter des crucifix, de porter des croix sur vous si ce n’est pour vous y laisser attacher avec Notre-Seigneur non comme vous le voulez, mais comme il le veut. Beaucoup aiment ses consolations, mais peu ses souffrances. Il trouve beaucoup de compagnons de sa table, mais peu de son abstinence. Tous veulent partager sa joie, mais peu veulent souffrir quelque chose pour Lui. Plusieurs suivent Jésus jusqu’à la fraction du pain, mais peu jusqu’à boire le calice de sa Passion. Voyons, mes filles, quelles sont celles d’entre vous qui tout à l’heure en faisant leur méditation vont prendre la résolution de boire le calice qui leur sera présenté, quelle qu’en soit l’amertume, quelle qu’en soit l’aigreur. Plusieurs admirent ses miracles, mais peu goûtent l’ignominie de sa Croix. Aimer l’ignominie de la Croix, c’est rechercher les humiliations, les opprobres, c’est désirer d’être humilié, méprisé, critiqué, abandonné, foulé aux pieds, et cela pour être conforme à Notre-Seigneur.

Plusieurs le louent et le bénissent tandis qu’ils reçoivent ses consolations, mais, si Jésus se cache et les délaisse un moment, ils tombent dans le murmure ou dans un excessif abattement.

Il faut aimer la croix de Notre-Seigneur malgré les ennuis, malgré les sécheresse spirituelles, il faut toujours se soumettre et accepter de bon coeur toutes les peines qui peuvent nous arriver. Mais ceux qui aiment Jésus pour Jésus et non pour eux-mêmes le bénissent dans toutes les tribulations et dans l’angoisse du coeur, comme dans les consolations les plus douces. Oh! que ne peut l’amour de Jésus quand il est pur et sans mélange d’amour, ni d’intérêt propre. Où trouvera-t-on quelqu’un qui veuille servir Dieu pour Dieu seul! Entendez-vous: pour Dieu seul. Les dévotes de la Franche-Comté donnent presque toutes à leur confesseur un petit tableau où il est écrit: Dieu seul. Et puis va-t-en voir s’ils viennent. Ce mot Dieu seul est bon en théorie, mais où est la pratique? Je veux bien Dieu seul, mais je veux aussi mes caprices. Je veux bien Dieu seul, mais en compagnie de mon orgueil, de mes habiletés, de mon indépendance, etc… Rarement on trouve un homme assez avancé dans les voies spirituelles pour être dépouillé de tout. Il y a une station dans le chemin de la Croix qui me fait frémir. C’est la station où Jésus est dépouillé de ses vêtements. Ce dépouillement du Sauveur me fait faire des réflexions très salutaires et des filles qui doivent un jour faire le voeu de pauvreté veulent-elles, consentent-elles à être dépouillées de tout. Je veux me laisser clouer à la Croix, mais je veux garder le mien et le tien. Je veux me laisser clouer à la Croix, mais je veux garder au moins ma chemise. Notre-Seigneur a été attaché nu à la Croix afin de nous servir de modèle, il faut consentir à nous laisser attacher pareillement à cette croix et renoncer au mien et au tien qui porte souvent un si grand préjudice dans les communautés, et je ne parle pas seulement ici de la fortune, je parle de tout en général. Faites-y une sérieuse attention. Si un homme donne tout ce qu’il possède, c’est peu; s’il fait une grande pénitence, c’est peu; s’il a une grande vertu et une piété fervente il lui manque encore beaucoup, qu’est-ce que? C’est qu’après avoir tout quitté il se renonce lui-même, et qu’après avoir bien travaillé il dise encore mais sincèrement et du fond du coeur: Je ne suis qu’un serviteur inutile qui n’ai rien fait de bon. Mais c’est épouvantable! ainsi il faudra que je dise quand j’aurai fait tous mes efforts que je n’ai rien fait de bien, je le dis maintenant que je n’ai pas encore commencé, ainsi laissez-moi tranquille, que de fois ne raisonnons-nous pas ainsi.

Allons, mes chères filles, au pied de notre crucifix, voyons si nous voulons être les amantes de la Croix.

Notes et post-scriptum