- Aux Oblates de l'Assomption
- Instructions de 1874-1875 aux Oblates de l'Assomption
Instruction du mercredi de Pâques. - 31 mars 1875 - CN 17, pp. 71-73.
- 1 AMOUR DU CHRIST
1 APPARITIONS DE JESUS-CHRIST
1 AUGUSTIN
1 CONFESSION DU NOM DE JESUS-CHRIST
1 CONVERSION SPIRITUELLE
1 DON DE SOI A DIEU
1 GENEROSITE
1 GLORIFICATION DE JESUS-CHRIST
1 GRACE
1 IMITATION DES SAINTS
1 MARTYRS
1 MIRACLES DE JESUS-CHRIST
1 OBLATES
1 PRIMAUTE DU PAPE
1 SOUFFRANCE ACCEPTEE
1 SUPERIEUR
1 TRAHISON
1 TRAVAIL MANUEL
2 GREGOIRE I LE GRAND, SAINT
2 JEAN, SAINT
2 PAUL, SAINT
2 PIERRE, SAINT
3 ROME
3 TIBERIADE - Oblates de l'Assomption
- Oblates
- 31 mars 1875
- 31 MAR 1875
Mes chères filles,
Il est rapporté dans l’Evangile de ce jour la troisième apparition de Notre-Seigneur à quelques-uns de ses disciples, sur les bords de la mer de Tibériade. Nous y voyons saint Pierre qui depuis la mort du Sauveur est retourné à son ancien métier de pêcheur et à ce sujet il y a de graves réflexions à faire. Ecoutons d’abord là-dessus saint Grégoire; il nous fait observer qu’il est bon que saint Pierre retourne à ce travail des mains et saint Augustin renchérit encore en disant que l’état de pêcheur étant après tout un métier honorable, nulle raison ne pouvait empêcher saint Pierre de reprendre ses travaux. Nous voyons encore saint Paul qui, pour ne pas être à charge aux premiers chrétiens se fait apprendre aussi un métier. Jugez par là de l’utilité du travail des mains; utilité non seulement matérielle mais utilité morale même par rapport à la sanctification de nos âmes. Vérité confirmée par les exemples des apôtres, des saints et de Notre-Seigneur lui-même qui a travaillé jusqu’à 30 ans. Avis aux personnes paresseuses. Il arrivera que votre travail vous semblera quelquefois bien inutile tel que les apôtres qui ayant travaillé toute la nuit n’avaient cependant rien pris. A deux fois différentes la même chose leur arrive. La première fois, c’est avant la résurrection. Jésus-Christ vient à eux, marchant sur les eaux, il monte dans la barque et leur dit alors de jeter leurs filets et ils prirent une telle quantité de poissons que les filets en rompaient. Dans cette autre pêche merveilleuse faite après sa résurrection Notre-Seigneur n’est point dans la barque, il ne marche pas sur les eaux; il est au contraire sur le rivage et ayant donné l’ordre de jeter leurs filets, la pêche se trouve complète, les filets ne se rompent pas et le nombre des poissons est de 153. Si vous voulez, mes filles, avoir l’explication théologique et mystique de ce nombre, vous le trouverez en saint Augustin; mais ce que je veux vous dire pour renouveler votre ardeur c’est que ce nombre signifie le nombre des élus qui est connu par la prescience de Dieu comme il connaît aussi le nombre des damnés. Dans la première pêche, Jésus dit simplement: jetez vos filets, aujourd’hui Jésus-Christ ajoute: jetez à droite, c’est-à-dire du côté des prédestinés, du côté des élus. Les apôtres dans leur barque ne reconnaissent pas d’abord le Seigneur. Mais bientôt saint Jean le reconnaît et dit à Pierre: c’est le Seigneur. A peine saint Pierre a-t-il entendu ces mots, qu’il met ses vêtements car il était nu et se jette à la nage pour être plus vite auprès de Notre-Seigneur. Par cette manière d’agir, jugez, je vous prie, mes filles, de la différence d’amour de saint Pierre et de saint Jean. Il semblerait que ce dût être saint Jean, l’apôtre que Jésus aimait, qui à son tour devait aimer le plus Notre-Seigneur et cependant c’est le contraire qui est; aussi verrons-nous saint Jean appelé l’apôtre, l’Evangéliste, le prophète mais saint Pierre seul sera le chef de l’Eglise du Christ. Saint Jean reconnaît le premier; mais il reste dans la barque; pour saint Pierre, à peine sait-il que le Seigneur est là qu’il part et va à Lui. Il a offensé son Maître par son reniement, il veut maintenant réparer cette faute par l’excès de son amour. Trois fois il a renié Jésus-Christ, trois fois aussi il va lui dire qu’il l’aime et cette triple profession d’amour rachètera son triple reniement. Simon, fils de Jean, m’aimes-tu plus que ceux-ci, lui dit Jésus. – Oui, Seigneur, vous savez que je vous aime! – Pais mes agneaux; quelques instants après, Jésus reprend: Simon, fils de Jean, m’aimes-tu plus que ceux-ci? – Mais oui, Seigneur, vous savez bien que je vous aime! – Pais mes agneaux, lui dit encore Jésus. Simon, fils de Jean, reprend Notre-Seigneur, m’aimes-tu plus que ceux-ci? – Alors, saint Pierre, tout affligé lui dit: Mais Seigneur qui voyez tout, vous voyez bien mon coeur, vous savez bien que je vous aime. – Pais mes agneaux, pais mes brebis, lui dit Jésus; quand tu étais plus jeune tu te ceignais et allais où tu voulais; mais bientôt viendra un temps où un autre te ceindra et te mènera où tu ne voudras pas aller. C’est ainsi que Notre-Seigneur prédit à saint Pierre la mort qu’il doit subir, il lui annonce des tribulations sans nombre, des souffrances atroces.
Mais, dites-moi, mes filles, quel est celui que Notre-Seigneur doit le plus aimer, n’est-ce pas celui dont il est le plus aimé. Aussi Notre-Seigneur donne-t-il à saint Pierre la plus admirable preuve de confiance qu’il puisse donner jamais puisque c’est son Eglise tout entière qu’il confie à ses soins; à lui qui cependant l’a renié 3 fois. Cette manière de procéder de Notre-Seigneur dans cette occasion doit servir de modèle aux supérieurs qui eux aussi sont obligés de tenir compte de toutes les circonstances qui ont pu faire agir. Notre-Seigneur prédit à saint Pierre les souffrances et un jour que saint Pierre s’éloignait de Rome pour éviter la mort il rencontra Jésus et lui dit: Seigneur, où allez-vous? – Je vais à Rome, répondit Notre-Seigneur afin d’y être crucifié de nouveau. Saint Pierre comprenant aussitôt ce que Jésus voulait, revint sur ses pas, fut pris quelque temps après, enfermé dans la prison Mamertine et crucifié la tête en bas. Envisagez, je vous prie, mes filles, vous qui devez travailler à sauver des âmes, l’obligation où vous êtes de souffrir, de vous donner, de vous livrer comme saint Pierre. Cette manière pleine de foi et d’ardeur dont saint Pierre confesse la divinité de Jésus-Christ lorsqu’il dit: Tu es Christus filius Dei; cette façon de refuser que Notre-Seigneur lui lave les pieds et puis de le demander ensuite, ce reniement pleuré avec tant de douleurs; cette profession d’amour si ardente et si sincère, voilà les traits qui caractérisent l’amour de saint Pierre, amour plein d’ardeur dont la flamme consume l’imperfection et les défauts qui peuvent s’y trouver. Non seulement toute religieuse mais toute chrétienne qui veut donner des preuves de son amour doit savoir se donner et il ne faut pas avoir ces dévotions tranquilles, endormies, soyez généreuses en tout comme saint Pierre, je vous souhaite son entrain, ne soyez pas endormies car telle n’est pas la vocation d’une Oblate. Il est excellent d’avoir des extases comme saint Jean mais saint Pierre en a aussi, qu’il soit donc votre modèle en tout.
Revenons au miracle de l’apparition. Notre-Seigneur ne craint pas d’entrer dans les plus simples détails: Enfants, avez-vous quelque chose? Non, et alors Jésus-Christ pourvoit à leur nourriture: ils trouvèrent des charbons allumés, un poisson et du pain. Avez-vous remarqué qu’hier les apôtres ont offert la moitié d’un poisson, aujourd’hui Jésus-Christ leur rend un poisson tout entier et du pain qu’il n’y avait pas hier. Une âme qui voudrait entrer dans ce commerce réciproque avec Notre-Seigneur y gagnerait beaucoup non seulement elle recevrait pour elle mais encore pour les autres. Au moment où vous vous croiriez le plus abandonnées, Jésus-Christ viendrait à vous, vous consolerait de ces instants de tristesse et de défaillance mais ce qu’il faut alors c’est qu’à l’exemple de saint Pierre vous surmontiez tous les obstacles et vous alliez vers Lui pour y demeurer toujours. Voyez la différence qu’il y a entre un revenant et un ressuscité. Le revenant vient un instant à la vie et retourne ensuite à la mort. Les revenants spirituels retourneront donc au péché mais les vrais ressuscités ne retomberont plus dans l’abîme du mal.
Considérez, mes filles, comment vous devez transformer vos âmes; voyez Jésus-Christ cet être transfiguré; le miracle qui cachait sa divinité a cessé maintenant et sa gloire apparaît. Que Notre-Seigneur soit donc votre modèle, le but vers lesquel tous vos coeurs doivent tendre. Appelez-le sans cesse afin qu’Il vienne dans vos âmes semer sa grâce qui est le germe de sa gloire, et dire que tant de chrétiens sont appelés et qu’ils ne le comprennent pas. Pour vous, montez vers Dieu, tenez vos coeurs élevés afin qu’il soit très vrai que Jésus-Christ est mort pour votre salut et ressuscité pour votre gloire.
Ainsi soit-il.