Aux Oblates de l’Assomption

1 APR 1875 Oblates

L’amour de Marie-Madeleine pour le Sauveur.

Informations générales
  • Aux Oblates de l'Assomption
  • Instructions de 1874-1875 aux Oblates de l'Assomption
    Instruction du jeudi [de Pâques]. - 1er avril 1875
  • CN 17, pp. 74-75.
Informations détaillées
  • 1 ABANDON A LA MISERICORDE DE DIEU
    1 AMOUR DU CHRIST
    1 APPARITIONS DE JESUS-CHRIST
    1 ASCENSION
    1 CIEL
    1 CORPS DE JESUS-CHRIST
    1 DEMARCHE DE L'AME VERS DIEU
    1 DESESPOIR
    1 DIEU LE PERE
    1 DIVIN MAITRE
    1 PAROLE DE DIEU
    1 PERSEVERANCE
    1 PREDICATION
    1 PRIERE POUR L'EGLISE
    1 PURIFICATIONS SPIRITUELLES
    1 RECHERCHE DE LA PERFECTION
    1 SENSIBILITE
    1 TRISTESSE
    1 UNION A JESUS-CHRIST
    1 VOIE UNITIVE
    2 MARIE-MADELEINE, SAINTE
    2 PIERRE, SAINT
    3 MALABAR
  • Oblates de l'Assomption
  • Oblates
  • 1er avril 1875
  • 1 APR 1875
La lettre

Mes chères filles,

Aujourd’hui nous avons à parler de l’apparition de Notre-Seigneur à Marie-Madeleine et à établir les divines relations de l’amour très pur du Sauveur avec l’amour passionné de cette sainte femme. L’état de Madeleine est l’état d’une âme qui avance dans la perfection. Nous voyons dans l’Evangile les saintes femmes venir au tombeau et s’en aller aussitôt, les disciples viennent aussi et s’en vont de même, mais pour Madeleine, elle vient au sépulcre et y demeure; elle persévère non dans la joie mais dans les larmes. Je vous suppose toutes, mes filles, voulant avancer dans la vie intérieure, eh bien, faites comme Madeleine, demeurez, persévérez; mais direz-vous, je suis dans une sécheresse intolérable, sans goût, sans ferveur, qu’importe, demeurez quand même et votre persévérance sera récompensée. Marie-Madeleine au tombeau du Sauveur a bien encore des sentiments tout humaines, elle ne voit en celui qu’elle pleure que le céleste médecin qui l’a guérie, l’ami divin qui a ressuscité son frère; mais il y a aussi un tel amour dans son coeur que Jésus lui pardonne; chose consolante pour vous, mes filles, et quelles que soient les misères et les faiblesses que vous remarquiez en vous, aimez ardemment Notre-Seigneur et tout vous sera pardonné. Infirmorum sexum infirmat accensus, le sexe le plus faible est devenu le plus fort; en effet Madeleine demeure au tombeau et les disciples n’y sont restés qu’un instant; oh! c’est que Marie-Madeleine aime Jésus plus que toute chose au monde. Que fait-elle? elle pleure parce que Jésus est mort, elle pleure parce qu’on lui a ravi celui qui était son tout. Elle regarde dans le tombeau vide du Seigneur et aperçoit deux anges, l’un à la tête, l’autre aux pieds. Femme, lui dirent-ils, pourquoi pleurez-vous? C’est une sorte de reproche qu’ils adressent à Madeleine, ils semblent chargés de réprimer l’abondance de ses larmes. Femme, pourquoi pleurez-vous? les larmes sont une bonne chose puisque Notre-Seigneur lui-même a pleuré mais il ne faut pas pleurer sur vous, sur vos peines, sur ce que vous pouvez souffrir; pourquoi vous transformer en veuves du Malabar ou en nymphe Tirus qui fut changée en fontaine. Marie-Madeleine se détourne, elle semble contrariée de ce reproche et se détourne; alors Jésus lui apparaît et lui demande aussi: pourquoi pleurez-vous? Mais elle ne reconnaît pas le Seigneur, elle ne s’aperçoit pas que c’est Lui qui lui parle, elle croit que c’est le jardinier et lui dit: Ils ont enlevé mon Maître et je ne sais où ils l’ont mis. Marie-Madeleine aime Notre-Seigneur avec passion et elle ne recule pas de le déclarer non seulement devant les apôtres comme saint Pierre, mais même devant les étrangers. – Ils ont enlevé mon maître et je ne sais où ils l’ont mis; c’est son corps, c’est sa dépouille mortelle que Madeleine cherche; pour l’âme elle ne s’en préoccupe pas. Hélas, notre dévotion n’a-t-elle pas ces faiblesses et ne nous attachons-nous pas à ce que nous sentons. Madeleine continue: Seigneur, si c’est vous qui l’avez pris, dites-le moi et je l’emporterai. Dans l’excès de sa douleur elle ne pense pas à nommer qui elle cherche; elle croit que tout le monde le connaît. Si c’est vous qui l’avez pris, dites-le moi. Comprenez cet amour immense de Madeleine pour la dépouille divine du Sauveur; son désespoir est sans bornes mais sa persévérance est admirable malgré les sentiments humains qui la font agir. Et je l’emporterai. Ce corps vénéré peut vous embarrasser, vous qui ne l’aimez pas, qui ne connaissez pas le prix de ce trésor; oh! donnez-le, qu’il devienne mon bien, ma propriété, je saurai bien lui trouver une place choisie pour l’honorer et des coeurs dévoués pour l’aimer et lui plaire. Ainsi, je vous le répète, mes filles, ne vous découragez pas si vous retrouvez en vous les sentiments de Marie-Madeleine puisque malgré leur imperfection Notre-Seigneur en a été content. Ce fut alors que notre divin Sauveur lui dit ce mot de doux et tendre reproche: Marie! et à l’instant même la lumière se fait, elle reconnaît Jésus. Je suis convaincu, mes chères filles, que souvent vous avez entendu de ces mots divins qui vous transforment, vous ravissent et vous éclairent; qu’heureuse est celle qui mérite souvent de les entendre. – Rabboni, mon bon Maître, s’écrie Marie en se jetant à ses pieds. Mais il y a dans les relations que Jésus-Christ veut établir entre Marie et Lui quelque chose de si pur et de si délicat qu’il arrête l’élan de Madeleine. Noli me tangere, dit-il, ne me touche pas; que mon âme seule aille vers ton âme; que ton coeur seul reçoive comme un calice les effusions de ma grâce toute divine; car je ne suis pas encore remonté vers mon Père où je vais te préparer une place. Mais va trouver mes frères et dis-leur de ma part: Je monte vers mon Père et votre Père, vers mon Dieu et votre Dieu. Voilà une circonstance qui élève Madeleine; je monte vers mon Père et votre Père. Dieu, Père de Jésus-Christ est aussi le Père de Madeleine et il est aussi notre Père. Notre-Seigneur en disant: je ne suis pas monté vers mon Père parle sans doute de son ascension mais en considérant ces paroles par rapport à la vie intérieure nous voyons aussi que nous devons nous élever vers ce Père céleste qui est dans les cieux. Mes chères filles, qu’est-ce que la vie intérieure, sinon une perpétuelle ascension où Jésus nous précède; c’est là où il faut nous rendre compte de l’attraction divine de Jésus-Christ montant vers son Père et notre Père; l’amour de Marie-Madeleine est si grand qu’il lui mérite l’honneur d’être introduite dans la famille de Dieu et d’être chargée par Notre-Seigneur d’une mission pour ses apôtres et ses disciples. Va-t-en, dit-il, dire à mes frères: Je monte vers mon Père qui est votre Père; vers mon Dieu qui est votre Dieu. Notre-Seigneur semble vouloir établir les relations les plus intimes entre Dieu notre Père et nous si misérables; mais cela exige de notre part un amour perpétuel, une existence toute nouvelle. Voyez de quelle façon vous acceptez cette manière d’être, quelle est la perfection à laquelle vous aspirez; pour moi je ne connais pas d’autres moyens: union très intime avec notre Dieu, abandon complet entre ses mains comme un enfant entre les mains de son père. Considérez, je vous prie, comme Notre-Seigneur va prendre une pauvre créature pécheresse, l’envoie pour annoncer les merveilles de son amour. Chose extraordinaire, la première prédication est faite par une femme. C’est Marie-Madeleine qui la première voit Notre-Seigneur Jésus-Christ et la première aussi qui est chargée de prêcher, d’annoncer les choses de Dieu aux apôtres et aux disciples réunis. Mes enfants, je ne vous dirai pas d’aller prêcher les prêtres, cela ne vous regarde pas à moins que le bon Dieu vous charge d’une mission toute particulière; mais ce que vous devez faire c’est de prier pour que Notre-Seigneur donne à son Eglise de vrais apôtres. Priez aussi Notre-Seigneur de vous faire bien comprendre les rapports pleins de tendresse et d’amour qui doivent s’établir sur la terre avec votre Père céleste, votre Dieu tout-puissant afin que commençant ici-bas cette union et ces rapports, ils se terminent et reçoivent leur couronnement dans le ciel.

Notes et post-scriptum