- Aux Oblates de l'Assomption
- Instructions de 1874-1875 aux Oblates de l'Assomption
Instruction du samedi de Pâques. - 3 avril 1875 - CN 17, pp. 79-81.
- 1 ATHEISME
1 BON PASTEUR
1 DIVIN MAITRE
1 DON DE SOI A DIEU
1 DOUCEUR
1 DOUCEUR DE JESUS-CHRIST
1 ENFER
1 EPOUSES DU CHRIST
1 FIDELITE A LA GRACE
1 FILLE DE L'EGLISE
1 FOI
1 GRACE
1 HUMILITE
1 JESUS-CHRIST CHEF DE L'EGLISE
1 JESUS-CHRIST EPOUX DE L'AME
1 LUTTE CONTRE SOI-MEME
1 MAUVAIS PRETRE
1 MISERICORDE DE DIEU
1 OBLATES
1 OUBLI DE SOI
1 PATIENCE
1 PEUPLE DE DIEU
1 PROGRES DANS LA VIE SPIRITUELLE
1 RECHERCHE DE LA PERFECTION
1 RECONNAISSANCE
1 REDEMPTION
1 RELIGIEUSES
1 RENONCEMENT
1 SACERDOCE DE JESUS-CHRIST
1 SACRIFICE DE LA MESSE
1 SAINTS DESIRS
1 VOCATION
2 ABRAHAM
2 DELOS, ABBE
2 JEAN CHRYSOSTOME, SAINT
2 PIERRE, SAINT - Oblates de l'Assomption
- Oblates
- 3 avril 1875
- 3 APR 1875
Mes chères filles,
Laissons aujourd’hui l’Evangile et méditons quelques instants sur cette magnifique épître de saint Pierre: Mes frères, dépouillez-vous de toute malice, de toute tromperie, de toute dissimulation, envie et médisance. Il y a une grosse question à se faire: savoir si on est enfin arrivé à connaître combien le Seigneur est doux et si cette douceur s’emparant de vos âmes lui donne le courage de vous montrer généreuses dans son service. J’écrivais, il y a quelque temps à une religieuse: le jubilé est un temps de miséricorde et c’est une sorte de douceur de l’Eglise pour les pauvres âmes à qui le joug du Seigneur paraîtrait trop lourd, mais ce n’est point de cette sorte de douceur dont je veux vous entretenir, mes filles; je veux vous parler de cette douceur infinie du coeur de votre Epoux. Tout à l’heure en me promenant dans le jardin, je goûtais la douceur des rayons du soleil; quelle doit être, dites-moi, la douceur des rayons de ce divin soleil de justice. Oui il est des gens qui ont goûté combien le Seigneur était doux; mais direz-vous peut-être, je l’ai goûté et je l’ai oublié. Ah! si vous l’aviez goûté sérieusement, si vous l’aviez goûté avec cette ardeur d’épouse pour Celui qu’elle aime et à qui elle a tout donné, croyez qu’alors vous ne l’auriez pas oublié. Ma soeur me disait sur son lit de mort qu’elle avait goûté la douceur des onctions lorsqu’on l’avait administrée et vous, mes filles, appliquez-vous à goûter la douceur des onctions de la grâce de Jésus-Christ. Approchez-vous de Lui comme de la pierre vivante que les hommes avaient rejetée; et vous comme des pierres vivantes soyez posées sur Lui pour former un édifice spirituel et un sacerdoce saint. Vous êtes des pierres vivantes de Notre-Seigneur et votre petite congrégation qui se forme et dont la pierre angulaire est Jésus-Christ est comme une petite chapelle où le corps de Notre-Seigneur est offert et qui est fondée sur l’édifice immense de l’Eglise. Mais ce qu’il y a de vraiment admirable c’est de voir ces édifices spirituels croître et se développer; c’est ce que vous devez faire, mes filles, grandir sous l’oeil de Dieu, prendre de l’accroissement et de la force et devenir une partie inébranlable de ce magnifique édifice spirituel: l’Eglise de Jésus-Christ. En tant que congrégation vous serez et l’Eglise où est offerte la Victime et le prêtre qui l’offre à Dieu et c’est ainsi que vous formerez un sacerdoce saint. Jésus-Christ a été le prêtre et la Victime et vous, vous serez le temple et le sacrificateur. Il n’est pas un instant où dans quelques parties du monde la sainte Victime ne soit offerte à Dieu dans le saint sacrifice de la messe; pour vous, ne pouvez-vous donc pas vous sacrifier sans cesse, offrir et immoler sur l’autel de votre coeur la Victime que Jésus vous demande et qui n’est autre que vous-même. Donnez-vous donc généreusement à Jésus, livrez-vous éperdûment à lui et même pendant votre sommeil reposez-vous, endormez-vous dans le baiser du Seigneur. Envisagée ainsi la vie devient un sacrifice perpétuel que doivent accepter généreusement les âmes qui tendent à la perfection; ce n’est point le sacrifice de quelques moments, c’est un sacrifice continu, un sacrifice de tous les instants, de tout le long du jour qui nous force à produire des vertus de patience, d’humilité, de douceur, d’abnégation, etc. Il y a des choses fort désagréables, il y a de très grandes douleurs dans cette voie de renoncements; mais vous êtes un sacerdoce saint et c’est pourquoi vous devez offrir des sacrifices. Jésus-Christ s’est sacrifié pour vous, êtes-vous dans la disposition de vous sacrifier pour lui; vous êtes ses épouses. Epouses d’un Dieu crucifié de quoi avez-vous à vous plaindre si vous êtes dans la souffrance et dans les larmes.
C’est donc une pierre précieuse pour vous qui croyez mais pour les incrédules c’est la pierre que ceux qui bâtissaient ont rejetée et qui néanmoins est devenue la pierre angulaire de l’édifice; une pierre de scandale et d’achoppement parce qu’ils s’élèvent contre la parole et qu’ils n’y croient point. Ceci est une application si frappante de ce qui arrive aujourd’hui qu’on peut dire que c’est une vraie prophétie. Mais vous, vous êtes la race choisie, le sacerdoce royal, la nation sainte, le peuple conquis, destiné à publier les grandeurs de Celui qui vous a appelées des ténèbres à son admirable lumière. Vos autem genus electum. Vous êtes la race choisie. Voyez un peu tout ce que Notre-Seigneur a fait pour vous faire ce que vous êtes, c’est-à-dire ses épouses bien-aimées qu’il a choisies entre mille. Pour cela il est vrai, il vous a imposé des sacrifices, il a fallu quitter une famille, des personnes aimées, retrancher de vos goûts, de vos sentiments, de vos désirs, etc.; mais vous êtes de la race choisie et comme à Abraham, Dieu vous a adressé cette parole: Egrede, sors; sors de ton pays, sors de ta famille, c’est moi qui veux être ta récompense et c’est pour cela que je t’ai choisie. Je veux marquer sur ton front et surtout dans ton coeur le sceau de mon amour. En attendant de régner dans le ciel sois aussi reine sur la terre et prêtre en même temps. Il y a deux victimes, la première c’est moi, vois comme je me livre, vois comme je m’immole; la seconde, c’est toi, vois dans quel degré d’amour tu veux t’immoler et t’offrir. Il faut donc s’immoler, mes chères filles, et s’immoler généreusement; la vertu n’est point vulgaire. Dites-moi, avez-vous rencontré des saints vulgaires?
Monsieur l’abbé Delos dit un jour une très grande vérité lorsqu’il s’écria: « Je jure que le Diable est un être vulgaire ». Eh bien, sans avoir cette vulgarité du diable, il y a des gens qui s’adonnent à une certaine vulgarité qui n’est ni le bien ni le mal; mais vous, mes filles, voulez-vous vous élever dans les régions plus hautes de la perfection, voulez-vous atteindre les sommets de ce christianisme tout divin, soyez généreuses dans le sacrifice. De quoi se repaît la plupart des hommes? de vent et de fumée; de quoi doit se repaître l’âme chrétienne? de foi, de renoncement, d’immolation. L’obligation de la vertu vous est imposée, vous êtes la nation sainte, le peuple choisi. Vos autem genus electum. Ecoutez cette parole terrible de saint Jean Chrysostome: Je suis évêque et ne mens pas et je vous le dis, il y aura plus de prêtres damnés que de prêtres sauvés. Or ce qui s’applique aux prêtres peut s’appliquer aussi aux religieuses, veillez donc sur vous afin qu’il n’y en ait aucune qui mérite la réprobation de Dieu au dernier jour.
Vous êtes le peuple de Dieu, mes chères filles, et Notre-Seigneur disant à ses apôtres: pauvre petit troupeau, n’ayez pas peur, vous adressait aussi ces paroles. Laissez-moi vous les dire à mon tour, mes enfants, et souvenez-vous que par votre vocation vous êtes une partie privilégiée du troupeau de Jésus-Christ; mais il faut mériter de telles faveurs, il faut faire valoir en vos âmes ce don de Dieu, faire croître en vos coeurs le germe divin de la sainteté. Petit troupeau, oh oui, n’ayez pas peur, c’est le divin pasteur qui vous appelle, c’est le bon Maître qui vous guide. Ce qui constitue donc la sainteté c’est d’écouter cet appel de Dieu, de répondre à cet attrait qu’il met en vos âmes. Race choisie, sacerdoce royal, vous êtes encore le peuple conquis c’est-à-dire le peuple que Jésus a racheté au prix de son sang. Ut virtutes annuntietis ejus. Vous êtes tous là afin d’annoncer les vertus, la gloire, les grandeurs de Celui qui vous a appelées. Vous avez donc été appelées. Pourquoi en effet, est-ce que vous n’êtes pas nées protestantes, turques ou chinoises? Qu’avez-vous fait pour mériter d’être enfants de l’Eglise catholique et puis ensuite appelées à la vie religieuse? Ah! c’est que Dieu vous a prises, il s’est emparé de votre coeur afin que vous annonciez les vertus de Celui qui vous a choisies; c’est le principe de la vocation des Oblates. Notre-Seigneur, divin soleil de justice, est le foyer ardent auquel vous devez venir puiser la lumière pour la donner aux autres. Qu’étiez-vous, mes filles, il y a 40 ans? rien hélas, pas une seule d’entre vous n’existait encore. Vous rendez-vous compte de la bonté de Dieu d’avoir pensé à vous? et que devez-vous lui rendre en retour, sinon une vie pleine de reconnaissance. Répondons tous avec amour à cet appel bienveillant de Dieu. Ames chrétiennes, votre vocation est de publier les vertus et les merveilles de Dieu; mais pour vous, mes filles les Oblates, remerciez-le de ce que son appel a été plus particulier encore; envisagez le côté pratique et voyez sous ces expressions: race choisie, sacerdoce royal, nation sainte, les expressions les plus propres pour vous faire comprendre la beauté de votre vocation et l’obligation où vous êtes de devenir des saintes.