Aux Oblates de l’Assomption

4 APR 1875 Oblates

L’envoi des apôtres en mission – Thomas l’incrédule.

Informations générales
  • Aux Oblates de l'Assomption
  • Instructions de 1874-1875 aux Oblates de l'Assomption
    Instruction du dimanche de Quasimodo - 4 avril
  • CN 17, pp. 82-83.
Informations détaillées
  • 1 AMOUR DU CHRIST
    1 APPARITIONS DE JESUS-CHRIST
    1 CHARITE ENVERS DIEU
    1 COMMUNION DES SAINTS
    1 CONTRARIETES
    1 CONVERSIONS
    1 CRAINTE
    1 CRITIQUES
    1 DOUTE
    1 FOI
    1 HUMILITE
    1 IDEES DU MONDE
    1 IMITATION DE JESUS CHRIST
    1 JOIE SPIRITUELLE
    1 PAIX DE L'AME
    1 SAINT-ESPRIT
    1 SALUT DES AMES
    1 SATAN
    1 TRAVAIL DE L'ETUDE
    1 VERTU DE FORCE
    1 ZELE APOSTOLIQUE
    2 ADAM
    2 ISAIE, PROPHETE
    2 JEAN CHRYSOSTOME, SAINT
    2 THOMAS APOTRE, SAINT
    3 NIMES
  • Oblates de l'Assomption
  • Oblates
  • 4 avril 1875
  • 4 APR 1875
La lettre

Mes chères filles,

Voilà que nous allons terminer aujourd’hui nos entretiens; je vous engage à méditer beaucoup sur l’apparition qui a eu lieu le dimanche de Quasimodo; vous y trouverez les renseignements nécessaires soit pour les dons que vous recevez, soit pour ceux dont vous devez faire part aux autres. Les portes du lieu où les disciples étaient rassemblés, dans la crainte des Juifs, étant fermées, Jésus vint et parut au milieu d’eux et leur dit: « La paix soit avec vous ». Comme je vous l’ai déjà dit, la paix vient de la force; Jésus vainqueur de la mort a donc bien le droit de donner sa paix. La paix est comme une partie de l’essence de Dieu même. Ce qui a fait dire à Isaïe: Et erit… et pax, c’est-à-dire plus les hommes seront unis à Dieu, plus ils auront la paix. Examinez un peu, mes enfants, ce qui vous trouble. ne sont-ce pas les considérations humaines, les vues terrestres. Dieu est la paix par excellence. Voyez le tabernacle: Jésus-Christ y est silencieux, ne saurai-je pas à mon tour entrer dans les intentions de Notre-Seigneur, dans ses vues, dans ses moindres désirs. Vous êtes filles d’Adam, c’est pourquoi vous vous troublez. Ecoutez Jésus lui-même vous dire: Ame chérie, épouse bien-aimée, demeure dans mon amour. Qu’est-ce alors, je vous prie, qui pourra troubler cette âme? les contrariétés, mais elle les accepte avec joie; les humiliations, elle est l’épouse d’un Dieu humilié, bafoué, honni, elle n’a qu’un désir: ressembler à Celui qu’elle aime uniquement, son coeur est consumé de cet amour ardent et a soif de sacrifices.

A la vue du Seigneur les disciples furent remplis d’une grande joie. Jésus leur dit une seconde fois: La paix soit avec vous. La première fois, en disant: la paix soit avec vous, Jésus donne sa paix à tous les chrétiens; mais cette seconde fois, elle est prononcée pour les apôtres et pour vous, mes enfants, qui êtes avant tout des filles apostoliques. Cette paix que Notre-Seigneur vous donne c’est pour que vous la donniez à votre tour.

Comme mon Père m’a envoyé, moi je vous envoie. Ayant dit ces mots, il souffla sur eux et leur dit: Recevez le Saint-Esprit, les péchés seront remis à ceux à qui vous les remettrez et seront retenus à ceux à qui vous les retiendrez. Jésus-Christ semble impatient de donner le Saint-Esprit à ses apôtres, c’est pourquoi il souffle sur eux mais ils ne reçoivent pas ce divin esprit comme au jour de la Pentecôte, ce n’est que comme une préparation, une disposition. Vous, mes chères filles, vous n’avez pas le pouvoir des clés, c’est-à-dire de remettre ou de retenir les péchés, c’est un droit réservé au Pape, aux évêques et aux prêtres; mais votre mission à vous est de préparer, de disposer les âmes à la conversion et à la rémission de leurs péchés. En ce sens, vous avez reçu le Saint-Esprit comme les apôtres et vous le recevrez encore d’une manière toujours plus grande. Quelle ardeur ne devez-vous donc pas avoir pour aider à la conversion des âmes. Il y a bien dans Nîmes 9 ou 10 personnes qui meurent par jour; que deviennent ces âmes? Voilà un pécheur qui va mourir, son âme est en danger de se perdre; vous faites une bonne communion, un acte de vertu, une pénitence et cette âme est sauvée. Elle a frisé l’enfer mais grâce à vous, Dieu lui a fait miséricorde, son crime est pardonné. Le démon est furieux de voir cette âme lui échapper, il redouble d’efforts et fait comme faisait la mer à un malheureux naufragé qui poussé par les flots sur le rivage était retiré encore par ces mêmes flots qui l’avaient apporté. Ainsi est le pécheur que le démon tourmente, au moment où il croit être hors des atteintes du diable est l’instant où le démon revient sur lui avec le plus de fureur. Mais si vos prières ont été efficaces, si cette pauvre âme a été sauvée, jugez quelle ne doit pas être sa reconnaissance. Et dire, mes enfants, que vous ne pouvez pas vous rendre compte du nombre d’âmes que vous pourriez sauver ainsi.

Or Thomas l’un des douze n’était pas avec eux lorsque Jésus-Christ vint. Les disciples lui dirent donc: Nous avons vu le Seigneur. Mais il leur répondit: si je ne vois dans ses mains les marques des clous et si je ne mets mon doigt dans la plaie des clous et la main dans son côté, je ne croirai point.

Hélas, il y a toujours dans les communautés, mes chères filles, quelques esprits biscornus qui ne veulent jamais ce que les autres veulent. Jésus est venu au milieu de ses apôtres; mais saint Thomas, ce léger opposant n’y était pas. Que fait Notre-Seigneur? Dans sa miséricorde infinie il a pitié de l’incrédule et apparaît une seconde fois. Il faut remarquer que rien n’arrive sans une permission particulière de Dieu et l’incrédulité de saint Thomas a été la source de la foi pour un grand nombre d’âmes. Nous voyons au moment de la Passion de Notre-Seigneur l’Eglise réfugiée dans le coeur de la Sainte Vierge et chose extraordinaire, c’est que si la foi semblait perdue pour l’Eglise naissante, elle était totalement perdue pour la synagogue. Jésus étant donc apparu et Thomas étant là, il dit encore: La paix soit avec vous, puis s’adressant à Thomas, il dit: Portez ici votre doigt et voyez mes mains, approchez votre main et mettez-la dans mon côté et ne soyez plus incrédule mais fidèle. Thomas lui répondit: Mon Seigneur et mon Dieu, cri de foi et d’amour qui devrait sortir de nos coeurs toutes les fois que nous avons le bonheur de communier. Jésus lui dit: Vous avez cru, Thomas, parce que vous avez vu. Heureux ceux qui n’ont point vu et qui ont cru. Et c’est là votre bonheur, mes filles, c’est là notre bonheur à tous afin que croyant sans avoir vu nous jouissions de la paix du Seigneur. Toutefois la foi n’exclut pas les motifs de croire, de là la nécessité d’apprendre et de s’instruire elles-mêmes pour les personnes destinées à instruire les autres. Je vous engage si on vous envoie en mission à vous y préparer sérieusement afin de pouvoir dire autre chose que: Mes enfants, aimez bien le bon Dieu, aimez bien le bon Dieu, mes enfants. Et saint Jean Chrysostome nous dit aussi qu’il faut étudier autant que l’on en est capable.

Concluons donc et disons que c’est au nom de Jésus-Christ seul que nous pourrons avoir la vie; il faut sans doute que nous ayons la foi mais souvenons-nous qu’il faut aussi la développer et la fortifier afin qu’elle soit pour nous le prélude de la vie éternelle. Ayant cette foi ardente en nos coeurs nous pourrons la transmettre aux autres; et remplissant avec amour non seulement les commandements, mais les désirs divins de Notre-Seigneur, nous mériterons alors une récompense dans le ciel.

Notes et post-scriptum