Aux Oblates de l’Assomption

SEP 1875 Oblates
Informations générales
  • Aux Oblates de l'Assomption
  • Retraite prêchée par le R. Père d'Alzon - 18 septembre 1875
    Douzième instruction
  • CM 380, pp. 30-31.
Informations détaillées
  • 1 CHAPELET
    1 EFFORT
    1 ENNUI SPIRITUEL
    1 EXERCICES RELIGIEUX
    1 FIDELITE A L'ESPRIT DE LA REGLE
    1 LEVER
    1 LUTTE CONTRE SOI-MEME
    1 ORAISON
    1 PIETE
    1 PURETE D'INTENTION
    1 SAINTETE
    1 VOIE UNITIVE
    3 PARIS
  • Oblates de l'Assomption
  • Oblates
  • du 18 au 25 septembre 1875
  • SEP 1875
La lettre

Mes chères filles,

Dans la vie religieuse les exercices de piété ne sont pas tout certainement mais ils sont cependant une chose très importante. Ils sont pour vous un soutien. On peut, il est vrai, les faire machinalement, alors ils n’aboutissent pas à grand chose, mais si élevant son âme, on les offre à Dieu, par ce seul acte on acquiert un mérite. Tenez, mes filles, étudions l’exercice de la présence de Dieu dans le lever. Si en vous éveillant, vous offrez votre coeur à Dieu, vous vous levez sans paresse, vous vous habillez avec décence et sans vanité. Vous descendez à la méditation l’âme toute préparée pour entrer en communication avec Dieu même; vous pensez à vos besoins présents, vous les dites à Dieu et vous lui demandez sa grâce. Si au contraire vous n’aviez pas fait ainsi vous auriez perdu un moyen efficace dont Dieu certainement vous aurait demandé compte un jour. Le but que vous vous proposez c’est l’union avec Dieu. Eh bien, que ne considérez-vous dans le son de la cloche par exemple, la voix de Dieu, dans le Benedicite, les grâces, des exercices excellents pour élever votre coeur vers Dieu au moment des repas et dans toutes vos actions la volonté de Dieu. Tous les moments de votre journée ainsi donnés à Dieu seront autant d’actes de vertus qui attireront sur vous la miséricorde divine. Vous avez de l’ennui à monter l’escalier, vous avez de l’ennui à rester dans une chambre qui ne vous paraît pas aussi commode que ce que vous le souhaiteriez, vous avez de l’ennui à recevoir des visites, offrez-le au bon Dieu et vous acquerrez ainsi des mérites pour le ciel. Quel temps bien employé que celui pendant lequel vous réciterez simplement des Pater et des Ave. Voilà une religieuse qui aura à réciter son rosaire sur les mystères joyeux, elle pensera à l’humilité, la charité de la Sainte Vierge, à son obéissance, à sa pauvreté. Aux mystères douloureux elle offrira ses découragements, ses souffrances, ses pénitences en union au découragement, aux souffrances de Notre-Seigneur. Elle pensera ensuite à la gloire de sa résurrection, de son ascension, au Saint-Esprit qui lui a été donné et son âme s’unissant à tous ces mystères en retirera des grâces de force et de patience qui l’aideront à se vaincre.

Mais ce ne sont pas seulement des exercices de piété que je veux vous parler ce soir, c’est aussi de la piété, vous devez devenir pieuses, or qu’est-ce que la piété? La piété est le culte que nous rendons à Dieu. Ce ne sont pas les exercices qui font la piété, c’est la disposition intérieure du coeur. Il y a des jours où l’on trouve que c’est ennuyeux, les exercices sont monotones, les jours sont longs, il faut alors faire des efforts et des efforts généreux pour sortir de cet ennui. Il faut lutter contre soi, car tant qu’une religieuse ne saura pas se porter au plus pénible, elle ne sera rien. Il ne faut pas laisser les exercices de piété mais ces exercices ne seront vraiment bons et profitables à l’âme qu’à la condition qu’on fera des efforts. Ne faites pas comme un prêtre qui a été mon professeur à Paris. Comme on lui demandait s’il disait son bréviaire, il répondit: cela va sans dire, c’est-à-dire qu’il ne le disait pas. Vous, mes filles, n’omettez pas vos exercices, ils sont faits pour vous aider, usez-en, aimez-les. Il est dit dans un ouvrage: la cellule continuée devient très douce, les exercices continués deviennent aussi pour l’âme un repos, une consolation.

Je terminerai par cette considération. Par eux-mêmes les exercices de piété ne sont pas la perfection, mais il faut cependant les traiter avec beaucoup de respect. Cela dit, je vous engage à donner un sentiment de foi à vos exercices de piété. Si tous les jours vous négligez ou retranchez un exercice, il ne vous restera bientôt plus qu’un squelette de vie religieuse. Et croyez, mes filles, qu’il y a plus de mérites dans un petit acte d’obéissance par rapport à un exercice de la règle, qu’à prendre une forte discipline. Pratiquez donc votre règle avec ferveur, demandez à Notre-Seigneur de vous faire trouver une grande force dans les exercices de piété et croyez que par ce moyen, si vous êtes fidèles, vous arriverez à toute la sainteté que Dieu exige de vous.

Notes et post-scriptum