- Aux Oblates de l'Assomption
- Retraite prêchée par le R. Père d'Alzon - 18 septembre 1875
Quatorzième instruction - CM 380, pp. 35-36.
- 1 ACCEPTATION DE LA VOLONTE DE DIEU
1 AMOUR DU PROCHAIN SOURCE DE L'APOSTOLAT
1 COMMUNAUTE RELIGIEUSE
1 CONVERSION SPIRITUELLE
1 EFFORT
1 ESPRIT DE FOI A L'ASSOMPTION
1 FIDELITE A L'ESPRIT DE LA REGLE
1 MANQUEMENTS A LA REGLE
1 MAUVAIS PRETRE
1 OBLATES
1 PRATIQUE DE L'OBEISSANCE
1 PRATIQUE DE LA CHASTETE
1 PRATIQUE DE LA PAUVRETE
1 REGLES DES RELIGIEUX
1 SALUT DES AMES
1 SUPERIEURE
1 TIEDEUR
1 VOEUX DE RELIGION
1 ZELE APOSTOLIQUE
2 PIE IX
2 PIERRE, SAINT
3 ITALIE
3 ROME - Oblates de l'Assomption
- Oblates
- du 18 au 25 septembre 1875
- SEP 1875
Mes chères filles,
Je vous ai déjà conté l’histoire d’un curé qui n’avait pris qu’une seule résolution en sa vie: celle d’avoir toujours dans sa poche une ardoise et un crayon. Deux fois par jour, il y réglait l’emploi de son temps et cela il le fit jusqu’à sa mort. Pour vous, la résolution que vous devez prendre, c’est de pratiquer votre règle, car une communauté où la règle est pratiquée est une communauté fervente, et une communauté au contraire où la règle est négligée, c’est une communauté en décadence. Dites-vous donc sérieusement: Je pratiquerai ma règle, l’esprit de ma règle et les voeux de ma règle; la pauvreté par le détachement et le retranchement de tout ce que je pourrai. Je respecterai ma personne pour accomplir le voeu de chasteté; mais surtout je respecterai la volonté de Dieu pour pratiquer l’obéissance. Obedite praepositis vestris. Obéissez à vos supérieurs parce qu’ils répondent de vous et afin qu’ils ne vous portent pas avec tristesse. Il arrive parfois que l’on arrache les permissions aux supérieurs. On les tourmente pour arriver à ses fins; ne faites pas ainsi, mes filles, sachez vous soumettre avec joie en tout et pour tout. N’usez pas d’habileté pour obtenir ce que vous souhaitez. Il y a 10 ou 15 ans, il y avait en Italie un couvent dont les religieux ne sortaient jamais sans permission, ils la demandaient donc pour aller faire le mal et parce qu’ils avaient la permission, cela empêchait-il que le mal se fît? Vous n’en viendrez jamais là, mes filles, c’est un exemple excessif, mais pourquoi toute religieuse que vous êtes, trouve-t-on encore certaines finesses dans votre conduite? C’est bien cette dépravation du clergé et des personnes religieuses qui attire les châtiments de Dieu. Pendant que j’étais à Rome, Pie IX me dit un jour: ce sont les désordres du clergé qui me brisent le coeur. Eh bien, mes filles, à la fin de cette retraite, proposez-vous de pratiquer avec fidélité votre règle; je vous engage à la lire souvent ainsi que votre Directoire afin que par votre conduite toute religieuse, vous dédommagiez Dieu et consoliez le coeur du Pape. Une chose très importante pour vous maintenir dans la ferveur c’est l’attention et l’effort, il est des religieuses qui sont dans un endormissement habituel qui fait que l’on ne pense à rien, on va comme je te pousse. Je vous engage à ne pas être endormies; pratiquez la règle avec vigueur; certain jour, sa pratique pourra vous paraître ennuyeuse; mais croyez qu’elle aura bien aussi ses charmes. Pour vous aider dans ces efforts de chaque instant, renouvelez souvent vos voeux, vous souvenant avec bonheur que vous êtes liées à Dieu par des liens magnifiques.
Aujourd’hui, fête de Notre-Dame de la Merci, je voudrais que les Oblates prennent la résolution de faire revivre la charité des religieux de la Merci, leur amour pour les âmes qui les portait à se faire captifs à la place de ceux qu’ils voulaient racheter. Renouvelez donc aussi vos voeux pour le rachat des âmes, offrez-vous à Dieu pour obtenir leur salut. Ayez le désir d’aller en mission, de vous dévouer, de vous immoler pour le salut de ceux qui ne connaissent pas Dieu. Je voudrais que vous comprissiez bien que le caractère des Oblates n’est pas d’avoir de petites dévotionnettes, d’avoir le cou tordu; non, ayez le cou bien droit, mais sachez vous donner avec toute l’ardeur dont vous êtes capables; ne marchandez pas avec Dieu, livrez-vous, abandonnez-vous sans réserve. La réalité de l’obéissance est dans l’acceptation de tout ce que l’on pourra vous commander, quelque dur et pénible que cela vous paraisse.
Je vous conjure, mes filles, de conserver l’esprit que j’ai tâché de vous inculquer pendant cette retraite et je vous le répète encore: si quelqu’une trouvait que cela est trop dur, elle ferait bien, je crois, de se retirer. Notre-Seigneur fut abandonné par plusieurs disciples après le discours qu’il fit sur la Sainte Eucharistie, disant qu’il donnerait sa chair à manger et son sang à boire. Les disciples révoltés, s’écrièrent: ceci est trop dur et qui peut l’entendre? et ils se retirèrent et Jésus se tournant vers ses apôtres leur dit: et vous aussi, vous me laisserez? Mais Pierre au nom de tous, répondit: à qui irions-nous, Seigneur, vous avez les paroles de la vie éternelle.
Mes filles, si vous persévérez dans la résolution de vous donner toujours davantage, je vous dirai alors: Allez en avant, allez avec amour à tout ce que Notre-Seigneur pourra vous demander. La Congrégation est dans un moment important et solennel, c’est le moment où elle se noue, c’est-à-dire le moment où les fleurs tombent et où les fruits commencent à se former et à paraître. Laissez donc toutes vos misères, qu’on ne reconnaisse plus la communauté, mais que toute transformée en Dieu cette petite famille soit vraiment l’image du Ciel.